Drapeau fransaskois le Musée Virtuel Francophone de la Saskatchewan
Accueil Musées Pionniers Récits Anecdotals Archives et Folklore Parlure Fransaskoise
Accueil Musées Pionniers Récits Archives Parlure
 
 

Ramasser


Il arrive souvent, lors de la recherche pour cette chronique, que je consulte différents dictionnaires. Je vous ai déjà parlé du Dictionnaire du bon langage de l'abbé Étienne Blanchard, du Dictionnaire de la langue québécoise de Léandre Bergeron, du Dictionnaire de la langue québécoise rurale de David Rogers et du Dictionnaire du français québécois.

Le printemps dernier, j'ai reçu une lettre de l'historien franco-manitobain, Rossel Vien, dans laquelle il proposait le mot slush. Dans une chronique subséquente, j'ai attribué à monsieur Vien la paternité pour la francisation du mot sloche.

Monsieur Vien écrit pour dire que l'idée de franciser ce mot ne vient pas de lui, mais qu'il l'a entendu «de la bouche de linguistes distingués, à Radio-Canada, il y a quelques années. Et je ne doute pas que cette orthographe sera acceptée un jour, si ce n'est déjà fait.»

Selon monsieur Vien, c'est déjà fait. Il ajoute: «Je trouve sloche dans le Dictionnaire du français Plus (1988), bien qu'il renvoie à slush: "mélange plus ou moins liquide de neige fondante, de sable ou de sels." Ce nouveau dictionnaire a été publié par le Centre éducatif et culturel (de Montréal).»

Monsieur Vien a aussi trouvé le mot sloche dans le Dictionnaire Nord-Américain de la Langue Française de Louis-Alexandre Bélisle, édition 1974. «Mélange de neige et d'eau.» Toutefois, Bélisle donne aussi un sens figuré pour le mot sloche: «affaire mal conçue, mal engagée.» Rossel Vien maintient que «Bélisle est peut-être le meilleur dictionnaire pour les francophones d'Amérique. Exempt du joual de notre ami Léandre Bergeron, et du purisme d'un Gérard Dagenais, qui classe garrocher parmi les "archaïsmes dialectaux"! Et j'en profite pour déplorer que ce verbe garrocher ne figure pas dans les dictionnaires français d'Europe, qui ne craignent pas d'admettre tant de mots anglais.»

Enfin, Rossel Vien termine en suggérant un mot de «franglais» couramment utilisé en Saskatchewan et au Manitoba: ramasser, traduction de «to pick up», mais dans le sens de aller chercher, rencontrer, prendre (une personne). Il écrit: «Un soir, à Saskatoon, un homme, ayant affaire au bureau où je me trouvais, s'excusa subitement en disant qu'il allait ramasser sa soeur à tel endroit. J'étais un peu inquiet, en pensant naïvement que cette fille devait être tombée le long du chemin et attendre dans une condition lamentable! Je n'ai été rassuré que longtemps après, en me rendant compte que "to pick up" s'emploie aussi pour les personnes.»

Il semblerait que ramasser, dans le sens de «to pick up» une personne, est commun seulement dans l'Ouest. Selon monsieur Vien, au Manitoba on entend souvent «je vais te ramasser chez Eaton à 5 h 00.» Je n'ai pu trouver ce mot utilisé dans ce sens dans aucun de mes dictionnaires, même pas dans celui de Bergeron.

Toutefois, dans son Dictionnaire de la langue québécoise, Léandre Bergeron propose un autre sens pour le mot ramasser qui est couramment utilisé en Saskatchewan, c'est-à-dire dans le sens de attraper une maladie. Exemple: «T'as dû ramasser c'te gratelle chez la veuve Martin.»

Je termine en vous suggérant un autre dictionnaire que je viens d'obtenir de la Librairie l'Épinette de Prince Albert. Il s'agit du Multi dictionnaire des difficultés de la langue française de Marie Eva de Villiers publié en 1988 aux Éditions Québec/Amérique. Il s'agit d'un dictionnaire à multiple usage; orthographe, grammaire, conjugaison, sémantique, abréviation, prononciation, typographie, canadianismes, anglicismes et correspondance.

Dans ce dictionnaire, on propose un autre sens du mot ramasser – collectionner. Exemple: «Elle ramasse les petits lapins sculptés.»

Retour