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RatatouilleUn collaborateur régulier à la Parlure fransaskoise, Rossel Vien du Manitoba écrit: «Votre intéressante chronique sur la poutine et la fricassée (17 janv.) me porte à vous proposer un ajout à votre menu d'hiver! Il y a quelque temps, une grosse controverse a fait rage au collège de St-Boniface autour d'un projet de casse-croûte (malgré la présence d'une excellente cafétéria). On aurait voulu une sorte de café-rencontre, plus familière. Savez-vous quel nom on proposait pour ce carrefour? La ratatouille. Ce qui me reporte à un refrain que l'on chantait par chez nous, dans le temps des fêtes. «J'ai mangé du rat, pouah! Du rati-rata, pouah! J'ai mangé de la rata, de la ra-rata. De la ratatouille!» Remarquez que l'insertion du rat dans le ragoût n'est pas du tout imaginaire. Tout le monde sait que durant la disette du temps de guerre, en Belgique, on en était rendu à manger des rats. Et les cuisses de rats ont fait les délices de nos Canadiens amateurs de ratatouilles, en temps de guerre ou après. Je sais des cas où ces chairs ont ajouté leur saveur aux ragoûts ayant mijoté durant des heures sur le poêle, ou sur la «truie» dans le «campe» de nos forêts.» Le terme ratatouille nous vient de la vieille France. Selon le Dictionnaire général de la langue française (1924): «ratatouille s.f. emprunté du provenç. moderne ratatoulhe d'origine inconnu. Ragoût peu appétissant.» Dans le Petit Robert, on peut lire: «1778; de tatouiller et ratouiller, formes expressives de touiller. Un ragoût grossier. Mauvaise cuisine.» Cependant, le Petit Robert nous revoit au mot rata: «plat chaud servi aux soldats, ragoût grossier.» Bélisle, dans son Dictionnaire nord-américain de la langue française, ajoute quelques détails à cette description de ratatouille: «ragoût grossier composé ordinairement de viandes et de légumes. Un mauvais plat.» Au Canada, comme nous le dit M Vien, il y a sûrement eu bien des plats de ratatouille qui ont mijoté sur la truie ou, comme on le disait en Saskatchewan, sur la tortue. Mais, il faut ajouter qu'au Canada le terme ratatouille a pris un autre sens, comme nous l'explique Léandre Bergeron: «n.f. Une canaille, un vaurien, un camelote, une personne âgée et une personne cancanière.» (Camelote – ouvrage mal fait; marchandise de mauvaise qualité.) L'expression vieille fripouille a souvent été changée pour dire vieille ratatouille dans le langage populaire des Canadiens-français. C'est dans ce sens de vaurien que le mot ratatouille a fait son entrée dans la littérature canadienne-française. On retrouve cette citation dans le roman Marie-Calumet de Rodolphe Girard à la page 71: «Espèce de ratatouille, j'y ai répond, viens pas m'bâdrer avec tous tes bavassements ou ben j'te foute la meilleure rincée qu't'as jamais attrapée de ta vie.» |