Drapeau fransaskois le Musée Virtuel Francophone de la Saskatchewan
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Ravauder


Les gens tiennent à leur culture plus qu'on peut y croire ici en Saskatchewan. Malgré les affirmations des prophètes de la mort, la culture fransaskoise n'est pas à la veille de disparaître, même, peut-on dire, elle est en pleine période de croissance.

Personne ne peut nier que l'assimilation a causé des ravages parmi la population de langue française de la Saskatchewan, mais ce fléau n'a pas été la seule chose qui a mené à notre faible nombre. Nous sommes moins nombreux en 1990 que nous l'étions en 1930, mais rappelons que des sinistres, comme la grande dépression des années 1930, et une température peu clémente ont motivé de nombreux Fransaskois à quitter la province pour aller s'installer ailleurs. L'assimilation n'est donc pas la seule chose qui a réduit notre nombre dans cette province.

Ceux qui sont restés, même certains qui se sont assimilés, tiennent à leur culture, une culture qui est devenue véritablement fransaskoise. On me demande souvent de définir ce qu'est la culture fransaskoise, comme s'il était possible de le faire en quelques mots, comme si une culture était nécessairement une chose clairement identifiable, qualifiable, bref qu'on pouvait empaqueter dans un beau petit paquet.

Il y a une culture fransaskoise, oui, mais elle est difficile à cerner. On la retrouve de plus en plus dans les arts, la littérature, la politique, l'éducation, l'économie et notre vie de tous les jours. Souvent, très, très souvent, on n'y pense même pas. Elle est tellement ancré dans nos moeurs, nos idées, notre vie qu'on n'a même pas besoin d'y penser.

Pour quelle raison est-ce que j'y pense soudainement? J'arrive d'un voyage de deux semaines aux États-Unis, le pays du grand «melting pot». Deux semaines sans aucune nouvelle du Canada, sauf quelques petits sommaires des matchs de la Ligue nationale de hockey. Grant Devine aurais pu être assasiné et j'en aurait pas entendu un mot.

Par contre, dans ce pays du grand «melting pot», saviez-vous qu'il y a quatre postes de télévision espagnols dans la ville de Los Angeles? Saviez-vous que les Hispano-Américains de Los Angeles se battent, en cour, pour obtenir un district électoral municipal où ils pourraient élire un des leurs comme conseillers? C'est que le concept du «melting pot» n'a pas réussi à détruire la culture des Américains d'origine espagnole.

Non, il n'était pas possible de savoir ce qui se passait au Canada pendant mon séjour en Californie, mais j'ai eu la chance de me familiariser avec les potins californiens.

Et qu'est-ce que tout ça a à faire avec la parlure fransaskoise? Monsieur Wilfrid Fortier m'avait suggéré un mot l'automne dernier pour laquelle une déviation serait très applicable à un phénomène américain: le graffiti!

Monsieur Fortier écrit: «Ravauder – faire un dégât, va et viens sans nécessité. Si nos vaches entraient dans le champ de blé et faisaient du dégât, on disait qu'elles ont fait un moyen ravaudage. Si quelqu'un ne pouvait pas dormir et se levait souvent durant la nuit, il disait qu'il avait ravaudé toute la nuit.» Dans son Dictionnaire de la langue québécoise, Léandre Bergeron définit ravauder comme suit: «v. intr. Rôder. Aller ça et lâ. Passer et repasser. Fureter. Fouiller. Faire du bruit.»

Je me souviens que ma mère utilisait une autre expression pour amplifier le sens de ravauder, soit d'aller galvauder. Dans le dictionnaire de Bergeron, on trouve la définition suivante: «Galvauder: v. tr. Taquiner. Pourchasser. Ex. Galvauder les vaches. – Réprimander. Humilier par des reproches. – Vagabonder. Rôder avec l'intention de mal faire.»

À Los Angeles, semble-t-il, il y a des gangs qui galvaudent les rues le soir, laissant leur marque sur des murs avec des petites canettes de peintures. Ils appelent ça du graffiti. Les autorités californiennes, eux, appelent ça un crime. Et, il y a même le fiston de Tom Hayden et de l'actrice Jane Fonda qui se livre à ce sport culturel californien. Bien sûr, j'ai lu ça dans un journal canadien. On n'accuserait pas le fils de la grande dame de la culture américaine d'un tel crime dans un journal américain comme le Los Angeles Times.

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