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SafreIl y a quelques semaines j'ai consacré une chronique à des mots que m'avait suggérés madame Yvette Gaudet de Saskatoon. Elle me demandait, entre autre, de trouver l'origine du mot sarfe qu'elle se souvenait avoir entendu et utilisé dans sa jeunesse à Bellevue. Je ne pouvais trouver aucune référence à ce mot dans mes dictionnaires. Cette semaine, j'ai reçu une lettre de M. André Moquin de Gravelbourg. Il écrit: «Dans le numéro du 4 mai, Mme Gaudet a suggéré le mot sarfe. Chez nous papa utilisait le mot safre prononcé saf'e qui signifie – égoïste, chiche. Il l'employait souvent alors que nous, les enfants, ne voulions pas partager nos friandises. Je me demande si Mme Gaudet ne se réfère pas plutôt au mot safre qui se retrouve dans le dictionnaire de Léandre Bergeron.» Si, comme nous le dit monsieur Moquin, on avait tendance à laisser tomber le «r» dans safre et qu'on le prononçait saf'e, il est possible que dans certaines régions la prononciation du mot ait changé, ce qui expliquerait le sarfe que nous suggèrait madame Gaudet. J'ai réussi à trouver plusieurs références au mot safre. Dans le Dictionnaire Larousse de l'ancien français on peut lire: «Safre: (fin XIIe siècle. Base latine saphirus, du grec.) adj. (1260) 1. Adonné au plaisir, goulu, glouton. 2. Folâtre, vif, enjoué.» Dans son Dictionnaire du bon langage, l'abbé Étienne Blanchard parle de safreté: «Gloutonnerie, safrerie, gourmandise, voracité, goinfrerie.» Enfin, dans le Dictionnaire de la langue québécoise rurale, David Rogers nous donne des exemples de l'utilisation littéraire du mot. «Safre: glouton, goulu. (Voir aussi gouliat, safrement.) – Rien de plus safre qu'un ours. C'est cochon, c'est l'mot Y mange tout c'qu'y trouve.» Les jours sont longs de Harry Bernard à la page 43. Dans ce même ouvrage de David Rogers, on trouve le mot safrement. «Safrement: goulément. (Voir aussi safre.) – Il jeta ensuite une petite poigné de sel dans l'auge devant lui, et le veau safrement, s'attaque à cette friandise à grands coups de langue.» La Scouine d'Albert Laberge à la page 91. Un autre lecteur, monsieur Albert Lebastard de Saskatoon écrit pour nous dire que comme bien d'autres, il comprend «bien le dilemne du jeune cultivateur avec la machine qui porte un nom invraisemblable.» Monsieur Lebastard ajoute: «Moi aussi j'ai cherché dans mes documents pour trouver une expression convenable pour loader et auger. Oui j'ai trouvé une chargeuse mais il s'agissait pour la plupart des chargeuses de maïs ou de bottes (de foin). Comme expression je la trouve bien préférable à tarière mais peut-être on peut rendre la chose plus facile en l'appelant une vis-à-grain qui est tout à fait correcte aussi.» Personnellement, je ne déteste pas l'expression vis-à-grain. Nous devrions peut-être le soumettre à l'Académie française pour considération. Qu'en pensez-vous monsieur Lebastard? Il y a plusieurs semaines, j'ai parlé dans une chronique, de l'équipement d'attelage des chevaux. Entre autre, le mot neck-yoke ou nickyoke. Lorsqu'on attelait un cheval à un wagon, il était attelé à un backu ou baqu. L'abbé Roland Gaudet de Wakaw a communiqué avec l'Eau Vive pour suggérer l'expression suivante: «shier sue l'backu ou, question de politesse, assis sus l'backu.» Cette expression était communément utilisée pour décrire les paresseux. Ceux qui ont travaillé avec des chevaux savent qu'il y en avait toujours un qui refusait de tirer le wagon. Ce cheval avait souvent tendance à s'asseoir sur le backu. On se servait de l'expression assis sus l'backu pour décrire la personne qui, comme le cheval, refuse de faire le travail qu'il doit faire. |