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SciauJ'ai terminé la dernière chronique en vous proposant une série de mots communément utilisés dans la communauté fransaskoise. Ces termes m'ont été suggérés par une lectrice de Regina qui préfère demeurer anonyme. Voici la liste: Dans le Dictionnaire des difficultés de la langue française au Canada, Dagenais nous explique l'origine du terme s'enfarger. «Conservé jusqu'à récemment encore par les patois de quelques régions de la France, du Berry en particulier, le verbe enfarger est vieilli. C'est l'une des formes qu'a prise le verbe d'ancien français enfergier, qui signifiait proprement – charger de fer, d'où le sens général d'entraver. Comme aujourd'hui au Canada, on s'en est servi en particulier en parlant d'un cheval auquel on a mis des entraves. Le terme a cessé de figurer au vocabulaire français vers la fin du XVe siècle, peu après l'apparition du verbe entraver. Les Canadiens emploient aussi enfarger dans la forme pronominale, en parlant de personnes, au lieu des verbes s'empêtrer et trébucher; elle s'est enfargée dans la traîne de sa robe de mariée et il s'est enfargé dans l'escalier et est tombé. Il faut dire elle s'est empêtrée dans la traîne de sa robe de mariée, il a trébuché dans l'escalier et on a entravé les chevaux.» Comme réponse à notre lectrice, semblerait-il qu'on dit communément s'enfarger dans quelque chose et non pas s'enfarger sur quelque chose. Sciau est un terme qui semble être exclusivement canadien français de l'Ouest canadien. Je n'ai pu le trouver dans aucun dictionnaire des difficultés du français au Canada. Notre lectrice me demandait si on devait dire sceau ou chaudière. Dans la dernière chronique, j'ai ajouté seau et selon le Petit Robert c'est bien le terme que l'on doit utiliser. Un sceau, comme nous le dit Bélisle dans son Dictionnaire nord-américain de la langue française, c'est le «grand cachet officiel sur lequel sont gravées en creux la figure, les armoiries, la devise d'un souverain, d'un État, d'un corps, d'une communauté, d'un seigneur, dont on fait des empreintes sur des lettres, des diplômes, des actes publics, etc. pour les rendres authentiques.» Selon Dagenais, chaudière est le foyer d'un système de chauffage central. «Le mot chaudière, comme fournaise, est d'origine latine. Il vient du substantif latin caldaria, qui eut deux sens – d'étuve et de chaudron. D'où vient chaudron, chauderon en ancien français, dans le vocabulaire de la cuisine – petite chaudière munie d'une anse mobile. Cette idée de récipient à anse explique que quelques patois du sud-ouest de la France aient pu utiliser chaudière, confondu avec chaudron, dont on élargissait localement l'emploi, comme synonyme de seau pour désigner un récipient à anse mobile pour transporter des choses.» Dagenais précise qu'on ne doit pas dire «apporter du charbon dans une chaudière pour charger la fournaise», mais plutôt «apporter du charbon dans un seau pour charger la chaudière.» Je vais garder pour la prochaine chronique une étude approfondie des termes gibelotte et restants. Je termine cette chronique avec le terme approcher quelqu'un et je cède la parole à Dagenais. «Le verbe approcher employé au sens – de chercher à connaître les dispositions de pressentir – est un anglicisme. C'est une acception du verbe anglais to approach que n'a pas le verbe français approcher. Il ne faut pas dire Jean a été approché à ce sujet et il acceptera la candidature si on la lui offre, mais Jean a été pressenti et il acceptera la candidature.» Alors, on le sait tous, Jean Chrétien a été approché (pressenti) et il a accepté d'être candidat au poste de chef du parti libéral du Canada. Il a sorti son sciau et est prêt à éteindre tous les feux que voudrait bien allumer Brian Mulroney, chose qu'il maintient que John Turner n'a pas fait depuis 1984. Et la majorité des Canadiens préférerait que l'on jette le tout dans la fournaise. |