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Soupone


Bien manger, c'est quelque chose que nous avons tous fait pendant le congé de Noël. La tourtière, la dinde, les atacas, les desserts: tous étaient disponibles en quantité pendant le temps des fêtes.

Il est très difficile de trouver l'origine des noms donnés à certains mets. La tourtière est facile; au début, elle était faite avec la viande de la tourterelle, un oiseau voisin du pigeon, mais plus petit. Mais, quelle serait l'origine de rababou, de flan, de glissante, de poutine glissante, tous des mets Métis. D'où viennent les termes chiard, farina et soupone?

Le rababou est une fricassée métisse composée de viandes d'oiseau, de chevreuil et de boeuf. Ce terme métis se rapproche au chiard qu'on retrouve chez les Canadiens français. Selon Léandre Bergeron, un chiard est «une fricassée ou hachis de boeuf bouilli et de patates.»

Le mot chiard existait déjà au début du siècle et l'abbé Étienne Blanchard, dans son Dictionnaire du bon langage, sermonnait tous ceux qui voulaient bien l'écouter qu'ils devaient arrêter de l'utiliser et de dire plutôt «c'était un bon hachis, une bonne fricassée, une bonne capilotade ou encore une bonne galimafrée Eh non! Surtout ne riez pas! L'abbé Blanchard n'inventait jamais de mot. Selon le Petit Robert, une galimafrée est «des mets peu appétissant.» Évidemment, l'abbé Blanchard n'avait jamais pu digérer les chiards de sa mère.

Le flan était un met délicieux chez les Métis; il s'agissait de prendre le lait d'une vache qui venait tout juste de donner naissance à un veau et de le faire cuire au four.

La glissante était le terme utilisé par les Métis pour parler des boulettes de pâte ou «dumpling» servie avec un ragoût. Les Métis préparaient la glissante en plaçant de la pâte dans un bouillon de poulet ou de boeuf pour la faire cuire.

Quant à la poutine glissante, il s'agissait d'un dessert; une pâte feuilletée servie avec de la mélasse ou du sirop et beaucoup de bonne crème fraîche.

Les descriptions pour ces mets métis ont été tirées du plus récent volume de Diane Payment, The Free People, Otipemisiwak, Batoche 1870-1930, Parcs Canada, 1990.

Chez les Canadiens-français, bien sûr, nous avions tous notre version de la poutine. Chez les Acadiens, par exemple, il y avait la poutine râpé ou encore la poutine en sac. Le terme poutine vient de l'anglais «pudding». Dans plusieurs dictionnaires, y inclus le Petit Robert, on trouve le mot pouding au lieu de poutine.

Éphrem Boudreau, dans son Glossaire du vieux parler acadien, nous donne l'explication suivante de la poutine en sac. Il s'agit d'un mets du Cap-Breton-Sud. «On la met dans un sac de coton et on l'a fait cuire dans l'eau. Le mot poutine n'est-il pas plus joli que pudding, francisé en pouding?»

Chez nous on disait des toasts. Ailleurs c'était des rôties. Mais qu'allons-nous manger avec nos rôties et notre café? Oeufs et bacon? Trop de cholestérol! Des «pancakes» ou «flapjacks» ou ces petites crêpes françaises toutes minces?

Lorsque j'étais au Collège Mathieu, il y a vingt ans, il n'était pas question de manger les oeufs et le bacon; les deux ayant refroidi dans une grosse graisse épaisse depuis au moins une heure. Nous nous régalions de rôties et de soupone, le gruau des rois. Léandre Bergeron dit soupane qui nous donne une petite indication de l'origine du terme – soupape venant de l'ancien français papine «bouillie pour les enfants.»

Demain matin, essayez donc un bol de soupone, ou comme on le dit dans certains coins de la province, du farina.

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