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TarauderMonsieur Albert Dubé de Régina m'a fourni une liste de mots qu'il utilisait couramment durant sa jeunesse à Duck Lake. À cause des grandes distances entre nos communautés fransaskoises, nous sommes souvent appelés à faire des appels longue distance au lieu d'appels interurbains. En Saskatchewan, on devrait peut-être dire un appel interrural, nos centres urbains n'étant ni plus ni moins des gros villages agricoles. Longue distance est venu du terme anglais «long distance». Un autre terme suggéré par monsieur Dubé est d'l'ice cream. On devrait sans doute dire de la crème glacée, mais dans plusieurs de nos foyers on utilisait le terme anglais «ice cream». Chez-nous, comme dans plusieurs régions du Québec, on appelait ça de la crème à glace. Voilà, à Bellevue, pas d'anglicisme! Faux, nous dit l'abbé Blanchard dans son Dictionnaire du bon langage. Selon lui, au lieu de dire «prendre de la crème à la glace, il faut dire prendre une glace ou une bombe glacée, ou un sorbet à la neige.» Une bombe glacée c'est sans doute la bébelle utilisée par l'URSS depuis quarante ans pour faire trembler les Américains. À Duck Lake, la famille Dubé mangeait du «peanut butter» avec leurs «toasts». Chez-nous c'était du beurre peanut alors qu'en réalité ce qu'on mangeait c'était du beurre d'arachides. En parlant des toasts, Gilles Colpron dans son Dictionnaire des anglicismes nous fournit une orthographe française pour ce mot, ainsi qu'une définition intéressante. «Tausse, f. toast. Toast, m., rôtie, f. Les définitions des dictionnaires ne permettent pas de distinguer ce terme du premier, malgré ce qu'en ont dit certains puristes. En particulier, le G.L.E. définit rôtie ainsi: tranche de pain grillé, que l'on sert avec le café au lait, le thé, le lait, le chocolat.» Serait-ce que toast est accepté en français? On le retrouve dans le Petit Robert – «toast, n.m. XIXe; toste, 1750; angl. pain grillé.» Grévisse donne la définition suivante: «toast, mot anglais. N.f. pain grillé.» Deux dictionnaires, même définition, deux genres. Est-ce bien une toast ou un toast? Le verbe tarauder, tel qu'utilisé en Saskatchewan, veut dire «visser ou tourner quelque chose pour le visser.» Selon le Petit Robert, tarauder veut dire: «creuser, percer (une matière dure) pour y pratiquer un filetage. Abusive – tarauder une vis.» Le terme tarauder a aussi un deuxième sens, comme nous le rappelle Albert Dubé. Selon lui, «ce même mot est employé pour désigner que l'on met une certaine pression sur quelqu'un pour qu'il ou elle fasse quelque chose.» Les chefs de la fransaskoisie se firent tarauder lors du récent colloque de la francophonie à Régina. Selon le Dictionnaire de la langue québécoise de Léandre Bergeron, tarauder dans ce sens veut dire «se faire embêter de questions.» D'autre part, dans son Livre des expressions québécoises, Pierre DesRuisseaux donne la définition suivante. «Tarauder – clore le bec à quelqu'un, l'immobiliser, le battre.» Enfin, dans Grévisse on trouve le sens figuratif suivant. «Tarauder quelqu'un, le presser d'agir, le harceler.» N'empêche que les communautés fransaskoises commencent à se réveiller et de plus en plus les chefs des associations provinciales commencent à se faire tarauder pour qu'ils répondent aux besoins des groupes locaux. |