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Tête de rabiole


Dans cette chronique, je veux explorer d'autres termes suggérés par monsieur Wilfrid Fortier, anciennement de Debden et maintenant résident de Chase en Colombie-Britannique.

Toutefois, avant de m'arrêter sur ces quelques perles de la parlure fransaskoise que m'a proposées monsieur Fortier, j'aimerais traité d'un mot que j'ai entendu pour la première fois récemment. C'est monsieur Albert Beauregard de Moose Jaw qui m'a demandé si je connaissais l'origine du terme micouenne. J'ai dû lui admettre que non seulement je ne connaissais pas d'où venait le mot, mais que je n'avais aucune idée ce que le mot voulait dire. Il m'explique que la micouenne est la grande cuillère qu'on utilise pour servir la soupe. Monsieur Beauregard croyait que le terme était possiblement écossais.

J'ai réussi à trouver deux références de ce terme. Léandre Bergeron, dans son Dictionnaire de la langue québécoise nous offre la définition suivante: «micouenne – n.f. grande cuillère en bois pour mettre le sucre d'érable en moule. Louche.»

D'autre part, Bélisle dans son Dictionnaire nord-américain de la langue française est plus précis quant à l'origine du terme. Selon lui, «micouenne est un mot d'origine iroquoise (micouan) voulant dire cuillère.» La micouenne est selon Bélisle «la grande cuillère en bois ou en écorce pour puiser le sucre d'érable et le verser dans les moules.» Mais, il précise que le terme est aussi utilisé pour décrire la grande cuillère à soupe.

Revenons à la lettre de monsieur Fortier. Il écrit: «un de mes oncles disait souvent – va donc cri de l'eau – va cri les vaches. Ce mot m'intriguait au début mais par la suite, en étudiant mon français, j'ai vu qu'il venait du verbe quérir Selon tous les dictionnaires de conjugaison, le verbe quérir est un verbe transitif qu'on utilise seulement à l'infinitif. Ce serait alors une erreur de français de dire cri les vaches.

Cependant, Bergeron vient à la défense de monsieur Fortier. Selon lui, crir est le verbe transitif qu'on utilise souvent au Québec au lieu de quérir et cri est le participe passé de ce verbe.

L'expression était communément utilisée en Acadie. Dans son Glossaire du vieux parler acadien, Éphren Boudreau écrit: «cri (inf) – Ce mot est employé comme infinitif. Il a le sens de quérir (chercher). Peut-être, comme l'a fait remarqué quelqu'un, que le mot vient de crire, que je n'ai pas trouvé dans les dictionnaires. Va le cri. (Va le chercher).»

D'autre part, dans le Dictionnaire de la langue québécoise rurale, on peut trouver sous quérir la définition suivante: «chercher, quérir; on prononce souvent cri au Québec. – Son garçon s'en va qu'ri la tombe à Sorel.» Marie-Didace de Germaine Guèvremont, page 125.

En terminant, monsieur Fortier propose l'expression tête de rabiole. Cette expression semble être unique à la Saskatchewan française. La rabiole, c'est le chou-rave, une variété de chou-navet. Je n'ai pu trouver aucun indice de l'expression tête de rabiole dans aucun dictionnaire. Monsieur Fortier nous propose l'anecdote suivante pour expliquer le sens de l'expression. «Chaque printemps, les garçons chez-nous se faisaient raser la tête – ça sauvait beaucoup d'ouvrage au barbier (maman) et en plus c'était supposé être bon pour conserver nos cheveux mais aujourd'hui, les six garçons sont tous chauves ou à peu près.» L'expression tête de rabiole était utilisée pour décrire les jeunes garçons à qui on venait de raser tous les cheveux.

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