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Texas gate


Grand nombre de nos mots et de nos expressions typiquement fransaskois se rapportent au monde de l'agriculture. La ferme a toujours été le principal gagne-pain de la majorité des Franco-canadiens de la Saskatchewan et il n'est donc pas surprenant que cette industrie a donné naissance à plusieurs nouveaux mots.

Auparavant, dans la parlure fransaskoise, on a parlé de plusieurs mots et expressions venant de nos pionniers agriculteurs. Certains datent du début de la colonisation en Saskatchewan, tandis que d'autres ont une origine fransaskoise plus récente.

Par exemple, sur les ranchs de la province, on installe souvent une texas gate. Cette invention permet aux rancheurs de franchir une clôture sans être obligés de descendre de leur voiture pour ouvrir une barrière. Le rancheur creuse un trou, là où serait la barrière, et au-dessus de ce trou, il y place la texas gate, une invention de pipe qui empêche les chevaux, le bétail ou les autres animaux de traverser.

Le terme texas gate est relativement nouveau dans notre vocabulaire, mais ce type de barrière existe depuis bien des années. Autrefois, on disait «cattle guard». Dans le Dictionnaire de bon langage de l'abbé Etienne Blanchard, on trouve le mot cattle-guard à corriger. Pour remplacer cet anglicisme, l'abbé Blanchard suggère «un casse-pattes, ou un garde-bétail ou encore un saut-de-loup». Personnellement, je ne déteste pas cette dernière suggestion du vieil abbé – saut-de-loup.

À l'époque où les fermiers travaillaient encore leurs champs avec des chevaux ou des boeufs, un terme plutôt commun en Saskatchewan était le mot neckyoke, cette partie de l'attelage qu'on plaçait autour du cou de l'animal. Dans certains coins de la province, on le prononçait nickyooke. En français, on devrait dire le joug.

Chez-nous, on parlait aussi du yoke qui était utilisé pour transporter deux seaux d'eau. Dans le Petit Robert, on retrouve la traduction de ce terme: «palanche: n.f. (1723; de palan). Tige de bois légèrement incurvée pour porter deux fardeaux, deux seaux, accrochés à chacune des extrémités.»

Que dire de la fameuse chaudière à vache et à charbon? Comme tant d'autres Fransaskois, j'ai passé une bonne partie de ma jeunesse à traire, pour ne pas dire tirer, des vaches. Et, je me souviens de toutes ces chaudières de lait qu'il fallait transporter de l'étable à la maison en hiver puisque le séparateur à crême était dans la maison pendant les mois d'hiver. Pendant l'été, la tâche était plus facile, puisque le séparateur était installé dans une grainerie non loin de l'étable.

On savait tous qu'on devait dire un seau plutôt qu'une chaudière, l'ayant appris dans notre Bon Parler Français dans les cours de français de l'A.C.F.C. Mais, quand on en est au cinquième voyage entre l'étable et la maison, on a plutôt tendance à dire chaudière que seau. Il faut dire que j'ai tout de même été chanceux: puisqu'on a décidé d'échanger la vieille fournaise à charbon quand j'étais encore très jeune. Je n'ai donc pas eu à transporter des chaudières de charbon comme l'a fait mon père.

Si je me réfère une autre fois au dictionnaire de l'abbé Blanchard, il nous rappelle qu'on ne doit pas dire une chaudièrée d'eau tout comme on ne dirait pas une verrée d'eau, mais plutôt un seau d'eau et un verre d'eau. Hélas, je me pardonne puisque j'en ai charrié des chaudièrées d'eau pour s'abreuver le bétail ou pour aider ma mère à arroser son jardin.

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