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Toutoune


Lors de la récente Fête fransaskoise à Saint-Denis, plusieurs personnes sont venues me féliciter pour cette chronique. Je tiens à les remercier; surtout ceux qui ont pris le temps de me suggérer des mots pendant cette fin de semaine. Hélas, je n'avais pas toujours plume et papier en main et j'ai malheureusement oublié certaines des suggestions qu'on m'a faites. J'invite donc ces personnes à m'écrire pour me rappeler les mots qu'elles m'ont proposés pendant la Fête.

Monsieur Denis Roy de Domrémy m'a suggéré deux expressions: sacre-moi donc patience et arrête donc de siler, chrisse! Je dois admettre que même si je viens du coin de Domrémy, c'est la première fois que j'entendais ces deux expressions.

Selon monsieur Roy, son père disait toujours arrête donc de siler, chrisse! quand il voulait qu'un de ses rejetons cesse de chiâler. Je n'ai pu trouver qu'un seul exemple où le verbe siler est utilisé dans le sens de chiâler. Dans son Dictionnaire du bon langage, l'abbé Étienne Blanchard nous propose la définition suivante pour le verbe «siler: râler, se plaindre; tinter, bourdonner, corner (les oreilles), siffler (les balles, un fouet).» Donc, le verbe siler est parfois utilisé dans le sens de se plaindre, chiâler.

Chez-nous, siler était souvent utilisé pour décrire le vent qui sile dans nos oreilles, le silement du vent. Dans son Dictionnaire de la langue québécoise, Léandre Bergeron nous proposent «Les oreilles me silent», c'est-à-dire le bourdonnement des oreilles après avoir été longtemps au vent. Les vieux soldats, se remémorant des souvenirs de leurs exploits dans les tranchées, parlent souvent des balles qui silaient - par dessus leurs têtes.

Monsieur Roy propose aussi l'expression sacre-moi donc patience, c'est-à-dire fiche-moi donc la paix. Dans son Livre des expressions québécoises, Pierre DesRuisseaux nous parle de l'expression «sacrer patience à quelqu'un». Selon DesRuisseaux, cette expression qui veut dire de laisser quelqu'un tranquille ou en paix ne s'emploie qu'à la forme impérative. «Sacre-moi patience, tu vois bien que je suis occupé.» Une variante de cette expression, proposée par Pierre DesRuisseaux est «saprer patience à quelqu'un».

David Rogers, dans le Dictionnaire de la langue québécoise rurale a relevé un exemple de cette expression dans la littérature québécoise: «Patience (Sacrer patience) laisser en paix, foutre la paix à quelqu'un. "J'ai dit non... Comprenez pas? Et sacrez-moi l'camp, si vous êtes pas capable de m'sacrer patience!"» Les jours sont longs, page 98.

Le docteur Edmour Gaudet était aussi présent à la 10e Fête fransaskoise. Après m'avoir suggéré quelques mots qui sont issus de son métier de dentiste (palet ou dentier et crics ou des dents barrées), il m'a raconté l'histoire du mot toutoune. Selon Léandre Bergeron, toutoune est un nom féminin pour «une fillette ou jeune fille grosse et grasse».

Selon le docteur Gaudet, ce mot nous vient des Cantons de l'Est. Les Écossais établis dans cette région avaient l'habitude de décrire les jeunes filles grosses et grasses comme étant des two tons, des fillettes de deux tonnes. Les Canadiens français ont adopté cette expression et l'ont francisé en toutoune.

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