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Traîneux


En 1915, l'abbé Étienne Blanchard publie son Dictionnaire de Bon Langage à Montréal. Dans ce bouquin, l'abbé relève des mots mal utilisés par ses concitoyens du Québec de l'époque. Aujourd'hui, en Saskatchewan, on continue à utiliser ces mots que le bon curé avait essayé de corriger en 1915.

Tous ceux qui ont vécu sur une ferme savent que, dès un tendre âge, on était mis au travail. Il y avait le train à faire, soir et matin; il fallait tirer les vaches, nettoyer les étables, aider à concasser, et ainsi de suite.

L'expression, faire le train, est tellement commune dans nos communautés fransaskoises que j'avais toujours pensé qu'elle était juste. Selon l'abbé Blanchard, nous devons dire «soigner le bétail, faire le ménage ou mettre la maison en ordre.»

D'où vient l'expression faire le train? Dans le Petit Robert, on dit: «Train: III. 1. Vieilli (XIIe). Manière d'aller, d'évoluer, marche (des choses). «Leur existence avait pris le train actif et monotone des campagnes.» (Zola)» Le langage évolue constamment et l'expression en est une qui peut dater du Moyen Âge. Dans l'Ouest canadien, nous avons gardé intact plusieurs de ces expressions du Moyen Âge.

Revenons à nos activités de la ferme. Ceux qui n'étaient pas disposés à travailler étaient souvent accusés d'être des traîneux, ou des bretteux. Au lieu de dire «c'est un traîneux», l'abbé Blanchard nous propose «il est lent ou négligent». Le bretteux est celui qui «est flâneur ou fureteur.» Selon l'abbé, au lieu de dire bretter on devrait dire «flâner, fureter ou baguenauder». Dans le Petit Robert, on peut lire: «Baguenauder, v. intr. (XVe) 1. S'amuser à des choses vaines et frivoles. 2. Se promener en flânant.»

Par contre, si l'individu était vaillant et un travailleur acharné, il était appelé un bûcheux. Le mot bûcheux était aussi utilisé pour décrire le bûcheron: «Les bûcheux sont revenus des bois pour les fêtes.»

Plus tôt, j'ai utilisé le verbe concasser qui veut dire réduire une matière en petits fragments. Chez-nous lorsqu'on allait concasser, on allait préparer la nourriture du bétail. Le concassage était le produit obtenu qu'on soignait aux animaux. Selon le Petit Robert, concassage «est l'action de concasser» et non pas le produit final. On utilisait également le mot chop, un anglicisme, pour décrire le grain concassé.

Dans bien d'autres communautés fransaskoises, on parlait de la moulée, un terme qu'on retrouve dans le Dictionnaire de la langue québécoise de Léandre Bergeron. Selon lui: «Moulée n.f. – Grain moulu pour les animaux.» Mais, même moulée semble être faux. On doit plutôt dire le grain moulu.

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