Drapeau fransaskois le Musée Virtuel Francophone de la Saskatchewan
Accueil Musées Pionniers Récits Anecdotals Archives et Folklore Parlure Fransaskoise
Accueil Musées Pionniers Récits Archives Parlure
 
 

Animaux de ferme


On oublie souvent que la Saskatchewan n'est pas seulement un très important producteur de blé et d'autres grains, mais aussi un grand pays d'élevage. Il est toutefois peu facile de se faire une idée exacte du nombre actuel d'animaux d'élevage, tout autant que de l'évolution de ce nombre depuis les débuts de la mise en valeur des terres de l'Ouest. Le graphique (plus loin) trace l'évolution du nombre de bovins (comprenant le bétail d'engraissement, les vaches laitières et les boeufs de labour), de chevaux (y inclus les mulets), de porcs et de moutons en Saskatchewan entre 1885 et 1985.

C'est l'élevage des bovins qui a toujours largement dominé. Après des débuts plutôt lents, leur nombre a d'abord quadruplé entre 1901 et 1911, puis doublé au cours de la décennie suivante, pour atteindre un premier sommet en 1922. Avec l'assainissement du marché des céréales après le premier conflit mondial et aussi avec la stabilité des prix suite à la formation des Wheat Pools, les agriculteurs se sont tournés vers la culture du blé et le nombre de bovins a donc progressivement diminué du quart jusqu'en 1928, l'année de la «Grande récolte», la dernière des belles années. À mesure que la crise économique s'alourdissait, les agriculteurs se sont intéressés une fois de plus aux bovins, dont le nombre s'est mis à augmenter régulièrement. Cette augmentation s'explique par le fait que la demande en viande dépassait celle en céréales sur les marchés et que beaucoup d'agriculteurs, même ceux qui n'avaient jamais gardé d'animaux auparavant, avaient assemblé un petit troupeau pour subvenir aux besoins de la table familiale. Le nombre de bovins a pourtant chuté au plus profond de la sécheresse, en 1936 et 1937, alors que les pâturages se desséchaient et qu'il n'était même plus possible de récolter suffisamment de fourrages pour l'hivernement des troupeaux dans une grande partie du Sud de la province. De là, la courbe s'est mise à remonter, les soldats et les travailleurs dans les industries de guerre stimulant le marché de la viande fraîche et en boîte. Après des années difficiles entre 1945 et 1950, la progression a été rapide et presque continue jusqu'en 1975, alors qu'on dénombrait 3 350 000 bovins dans la province. Depuis lors, ce nombre a connu une nette diminution et il se maintient aujourd'hui aux environs de 2 250 000 têtes, représentant près de 20 p. 100 de la production canadienne.

À proprement parler, le cas des chevaux diffère de celui des trois autres animaux, puisqu'on les élève non pas pour leur viande, mais pour le travail des champs. Deux grands facteurs, la superficie des terres mises en valeur et l'avance de la motorisation du secteur agricole déterminent la pente de la courbe. Ainsi, alors que les grandes vagues d'immigrants viennent peupler la province entre 1903 et 1915, le nombre de chevaux fait plus que quadrupler. Après le sommet atteint en 1921, la progression se ralentit considérablement jusqu'en 1926. Après cette date, le nombre de chevaux décline sans cesse, plus de la moitié des bêtes disparaissant en vingt ans et 90 p. 100 en quatre décennies. Ce déclin s'explique presque entièrement par la mécanisation rapide de tout le secteur, la prospérité générale permettant aux fermiers de s'acheter un tracteur et une batteuse. Il faut noter que même au plus creux de la crise économique des années 1930, le mouvement se ralentit à peine. Contrairement à ce qu'on a souvent affirmé, les agriculteurs n'étaient nullement tentés de remiser leur tracteur et d'en revenir à un type d'agriculture plus lent et laborieux, mais moins dispendieux. Il faut comprendre qu'avec les maigres récoltes, il aurait fallu réserver une portion inacceptablement élevée de la ferme à la culture de l'avoine. Mieux valait acquitter les factures d'essence et tenter de récolter le plus de blé possible. De nos jours, il ne reste qu'environ 50 000 chevaux sur les fermes de la province.

C'est le nombre de porcs qui a connu les variations les plus marquées et les plus rapides. En gros, on peut dire que ce nombre atteint un sommet à tous les douze ou quinze ans avant de retomber à un seuil d'un demi-million. Ainsi, le graphique montre des pointes en 1916, 1931, 1943, 1958 et 1972; seul le sommet de 1924 semble échapper à la règle. On note aussi un accroissement phénoménal entre 1938 et 1943 – qu'explique, bien évidemment, la guerre – alors que le nombre de porcs quintuple, et la chute tout aussi précipitée dans les cinq années qui suivent. De nos jours, la production porcine dans la province ne représente que six p. 100 de l'ensemble de ce secteur au Canada, et la Saskatchewan fait figure de parent pauvre lorsqu'on la compare aux deux grandes provinces productrices, l'Ontario et le Québec.

Quant aux moutons, ils n'ont jamais eu la faveur des éleveurs, en partie à cause de la faiblesse persistante du marché, et en partie parce qu'ils exigent une surveillance plus étroite que le gros bétail, qu'ils sont plus facilement victimes des prédateurs et qu'en broutant, ils endommagent les pâturages fragiles. L'industrie des ovins a néanmoins connu de bonnes années entre 1931 et 1947, alors que les troupeaux dépassaient le niveau des 250 000 têtes. De nos jours, il n'y a qu'environ 60 000 moutons dans la province, soit huit p. 100 de l'ensemble de la production canadienne.

Par ailleurs, le nombre de poules et de poulets s'est stabilisé aux environs de dix millions d'animaux, celui des dindes et des dindons à 670 000 spécimens. La production d'oeufs de table s'élève à 20 millions de douzaines et celle du miel a connu une nette augmentation depuis une décennie, se situant aujourd'hui entre 4,5 et 9 millions de kilogrammes. De leur côté, les troupeaux laitiers fournissent 5000 tonnes de beurre, 1000 tonnes de fromage, sans compter un quart de milliard de litres de lait.

Pour impressionnants que ces chiffres puissent paraître, il ne faut pas perdre de vue le fait que c'est la culture du blé, des autres grains et des oléagineux qui fait vivre la plupart des fermiers. On n'a qu'à considérer, par exemple, que la valeur de la récolte de blé dépassait deux milliards et quart de dollars en 1983 et que les autres produits des champs – avoine, orge, seigle, lin, canola, moutarde, tournesol, lentilles, pois, fèves, sarrazin, luzerne, foin et trèfle – ont contribué un milliard de dollars à l'économie provinciale. Par comparaison, les recettes brutes de l'élevage du bétail s'élevaient à 450 millions de dollars; la valeur de l'ensemble de la production bovine, porcine, ovine, avicole et laitière se situait, pour la même année, entre 650 et 700 millions de dollars, soit moins de 20 p. 100 des revenus bruts des agriculteurs.

Retour