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Équipement agricoleL'exploitation des terres agricoles de l'Ouest a commencé avec des moyens primitifs à la Rivière-Rouge: charrue de bois à un seul soc, faux, fléau, panier à vanner. Mais il semble bien qu'on ait adopté avec empressement les machines agricoles «modernes» au fur et à mesure de leur invention et de leur perfectionnement. Ainsi, à la Rivière-Rouge, on employait un petit moteur à vapeur pour actionner un moulin à battre dès les années 1860. Plus à l'ouest, à Saint-Maurice de Bellegarde, un incident rapporté dans l'album du cinquantenaire de la paroisse et survenu à la fin du siècle dernier montre bien toute l'importance de l'adaptation de l'équipement agricole aux conditions particulières du terrain dans les diverses régions de l'Ouest canadien: «Au mois de juillet 1888, quand le regretté Mgr Jean Gaire, jeune prêtre alors, et nouvellement arrivé de France, fondait la paroisse de Grande-Clairière, au Manitoba, Saint-Maurice n'existait pas. En 1891, quelques colons résidant à Grande-Clairière, vinrent prendre des homesteads sur ce qu'ils appelaient, à cette époque, «la quatrième coulée». Parmi ces jeunes colons se trouvaient Alphonse Copet, Cyrille Delaite, Joseph Delaite, Cyrille Libert et d'autres. Au printemps de 1892, ces colons partirent de Grande-Clairière pleins d'enthousiasme, avec armes et bagages, c'est-à-dire des boeufs et des charrues. Après avoir essayé en vain de défricher la terre d'Alphonse Copet, ils se découragèrent et retournèrent à Grande-Clairière. À leur dire, il n'y avait rien à faire à Saint-Maurice. «Pendant ce temps-là, un fort contingent de colons, sous direction de l'abbé Gaire, s'était avancé de 25 à 30 milles plus à l'ouest et avait fondé la mission de Saint-Raphaël de Cantal, desservie par la station d'Alida, tête de ligne d'un nouvel branchement du Pacifique Canadien. «À son retour, M. Gaire s'abouche avec ce qu'il appelait «une énergique famille de Savoyards», composée du père, Cyrille Sylvestre, et de quatre solides garçons. Comme les Sylvestre, tout en ayant acheté une terre à Grande-Clairière, avaient pris d'avance quatre homesteads à Saint-Maurice, ils avaient bien l'intention de s'y fixer définitivement. Du reste, il fallait à tout prix essaimer. «Donc, vers le milieu de juin, le nouveau groupe se rend à la «quatrième coulée», étudie attentivement le district à tout point de vue, reconnaît qu'il y a là une terre de grande valeur, des pâturages immenses, du foin en abondance dans les bas-fonds et de futurs bosquets qui ne demandaient qu'une protection efficace contre les feux de prairie pour renaître et se développer; somme toute, une magnifique campagne, arrosée par une coulée admirable, aux superbes pièces d'eau, richesse et ornement de la vallée. Dès lors, Saint-Maurice ne fit que gagner des recrues. «Dès le printemps de 1893, on y construisit quelques cabanes faites avec le gazon de la prairie, défoncé à la charrue et coupé en longueurs maniables. Ces habitations n'étaient pas riches mais elles étaient fraîches en été, chaudes en hiver et, grand avantage pour des débutants peu argentés et éloignés de tout, ne coûtaient absolument rien, ou à peu près, si ce n'est quelques journées de travail. Pour l'hiver, tous les pionniers rentrèrent à Grande-Clairière chez leurs parents ou leurs amis. Au rapport de M. Gaire, une seule famille, celle de Jean-Baptiste Moreau, eut le courage de rester seule tout l'hiver dans cette solitude. «En 1894, les Moreau virent venir à eux les Sylvestre, les Stringer, les Carbotte, les Revet. Tout ce monde se mit à «casser» de la terre, chacun sur son lot. Il y eut une première récolte qui fut mise en meule. Les jeunes colons partirent du côté de Virden, à 50 milles au nord-est, pour se gagner un peu d'argent durant les battages, et ce n'est qu'au mois de décembre que des batteuses purent se rendre à Saint-Maurice. Grâce à une température assez favorable, il fut possible de sauver cette récolte. Il leur fallait charroyer ce grain à Reston, à 25 milles à l'est. En 1895, il y eut une deuxième récolte qui, à cause du retard des machines, fut battue dans de mauvaises conditions. Nos colons n'ayant pas grandes ressources financières durent vendre ce grain humide à des prix dérisoires, et même une partie de ce grain fut refusée aux élévateurs de Reston. Ils furent donc obligés de le charroyer à des distances plus éloignées pour le faire moudre.» On peut se demander pourquoi un premier groupe de colons a cru qu'il «n'y avait rien à faire à Saint-Maurice» (on rapporte qu'ils ont travaillé huit jours sans grand résultat) tandis qu'un second a conclu, à peine quelques mois plus tard, que c'était là «une terre de grande valeur». Il y a lieu, bien sûr, de comparer les connaissances agricoles et les qualités personnelles des uns et des autres, mais il faut aussi considérer un élément technique tout simple: le premier groupe s'était amené avec «des charrues arrangées pour le sol sablonneux et sans pierres de Grande-Clairière», tandis que le second s'était muni de charrues mieux adaptées à la terre forte et rocailleuse de Saint-Maurice. Il est donc certain que l'emploi d'une machinerie agricole appropriée a joué pour beaucoup dans la mise en valeur des terres agricoles de la Saskatchewan. Néanmoins, il y eut d'autres facteurs, comme la construction de nombreux embranchements ferroviaires pour faciliter la livraison et le transport des grains, ainsi que l'amélioration progressive des semences. (adapté de l'Esquisse historique de la Paroisse St-Maurice, Bellegarde; renseignements supplémentaires dans le Petit historique de la famille Cyrille Sylvestre, tous deux aux Archives provinciales) |