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Lointaine SaskatchewanUne boutade veut que la Saskatchewan ait été le pays le plus heureux du monde au début du siècle... parce qu'il y avait très peu de femmes! C'était le paradis des «batchleurs» ou «batcheux», des jeunes hommes célibataires venus des quatre coins du monde pour s'établir sur un homestead. La boutade perd une bonne partie de sa saveur lorsque l'on considère que la solitude était à la source de nombre de problèmes personnels et sociaux dans la nouvelle province. Les abandons de homesteads, par dizaines de milliers, en ont été l'une des plus tristes manifestations: incapable d'endurer un moment de plus sa solitude, le colon abandonnait tout et partait pour la ville, pour l'Est, pour la Colombie-Canadienne, pour les États-Unis, pour n'importe où... pourvu qu'il y ait du monde! La femme constituait, outre une présence apaisante et un symbole de permanence, une source de main d'oeuvre gratuite; c'est elle qui s'occupait, par exemple, du jardin, du poulailler, etc. On pourrait aller jusqu'à dire que c'est en grande partie sa présence et sa contribution qui décidaient du succès ou de l'échec d'une entreprise agricole. Dans les centres de colonisation française de la Saskatchewan, il était courant, pour suppléer à la rareté des jeunes filles franco-catholiques, d'aller chercher femme dans une vieille paroisse du Québec. C'est ainsi que Régina Lecoeur-Tessier est venue s'établir dans la lointaine Saskatchewan, à Saint-Front. La chanson suivante a été chantée, à son mariage, ainsi qu'à celui des cinq autres soeurs Lecoeur:
«Avant de m'embarquer pour un si long voyage,
Refrain:
Cher époux, me seras-tu fidèle, comme tu me l'as promis
Refrain:
Allons, embrassez-moi! Ne pleurez plus ainsi!
Refrain: (déposé au Musée de l'Homme à Ottawa, PEM 81C2-15, avec légères révisions: indications supplémentaires de Marie-Louise Perron. Archives provinciales) |