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Sur les pistes avec les MétisLe charroi des marchandises de traite, du pemmican et des fourrures entre la Rivière-Rouge et les postes disséminés à travers les Prairies et dans les forêts du Nord occupa un grand nombre de Métis pendant à peu près trois quarts de siècle, jusqu'à l'arrivée du chemin de fer. Leurs convois empruntaient les multiples pistes qui sillonnaient la plaine et ses régions environnantes, et la vie sur les pistes correspondait à leur goût de l'aventure et du changement. L'abbé Georges Dugas raconte:
«Autrefois quand les métis du Nord-Ouest avaient à faire de longs voyages à travers les prairies, ils formaient une caravane afin de se défendre contre les attaques des Sauvages. Une longue file de charrettes se mettait en marche de grand matin, pour s'arrêter lorsque les boeufs ou les chevaux paraissaient fatigués. Alors on les dételait auprès d'un lieu où il y avait de l'eau et de l'herbe, et c'était à cette 1re halte que se prenait le déjeuner. Quand les animaux paraissaient reposés, on partait de nouveau pour marcher jusque vers midi; c'était la halte pour le dîner. Après un repas plus ou moins long, d'après la chaleur du jour, on reprenait la marche jusqu'au soir après le coucher du soleil. «Alors on rangeait toutes les charrettes en cercle, de manière à former une enceinte, au milieu de laquelle campait tout le monde. Cette précaution était prise pour prévenir les attaques des Sauvages ennemis. Dans ce rond, on allumait un feu, où chacun faisait cuire son souper. Ceux qui avaient des tentes les dressaient, les autres couchaient à la belle étoile, sous les charrettes. Autant que possible, on choisissait pour camper les endroits où il y avait du bois et de l'eau. Avant de quitter un tel campement le matin, le guide de la caravane avertissait de se pourvoir de bois, s'il prévoyait l'impossibilité de s'en procurer le soir. Quand le bois manquait complètement, alors les gens faisaient bouillir leur thé et cuire leur viande en faisant du feu avec du fumier de buffalo, que l'on trouvait partout dans la prairie. «Les rivières se traversaient ordinairement à gué. On avait pris soin de diriger la marche pour les traverser aussi près que possible de leur source, surtout au printemps où elles se grossissaient des eaux d'une foule de petits affluents. Quand les rivières n'étaient pas guéables, ou qu'elles étaient trop larges pour que des arbres atteignissent d'une rive à l'autre, alors on faisait un radeau sur lequel on mettait le bagage ainsi que ceux qui ne pouvaient traverser à la nage. Ce radeau était poussé avec des perches ou tiré avec des cordes retenues de chaque rive. Avec l'une des cordes, on le tirait d'un côté de la rivière, et avec l'autre on le ramenait pour le charger de nouveau. Ce mode de navigation était assez expéditif.» (tiré d'un document manuscrit dans les papiers de l'abbé Clovis Rondeau, aux Archives provinciales) |