Première église, 1723-1752

Vers 1717, une paroisse se dessine discrètement au coeur de la seigneurie de St-Sulpice,
propriété du Séminaire de St-Sulpice de Paris. Cette étendue de terre de deux lieues de large
sur le fleuve, rejoint après six lieues de profondeur, le rang du Cordon qui relie St-Jacques,
St-Alexis et Ste-Julienne. Cette seigneurie concédée en 1640 en même temps que l’Île de
Montréal est une des plus anciennes de la région de Lanaudière.

Comme la paroisse est la première à s’enraciner à l’intérieur des terres, sa juridiction déborde bientôt sur les proches habitants des seigneuries avoisinantes comme celles de Repentigny, Lavaltrie et Lachenaie avec ses fiefs Bailleul et Martel. Elle accueille alors les croyants d’un territoire qui s’étend aux confins des futures paroisses de St-PauI-de-Joliette, de St-Jacques et de St-Roch.

Après le détachement de ces paroisses, L’Assomption dessert les fidèles de L’Achigan, aujourd’hui L’Épiphanie, jusqu’en 1857 et les paroissiens de St-Gérard-Majella (Vaucluse) jusqu’en 1905. Maintenant, la paroisse de l’Assomption-de-la-Sainte-Vierge se cantonne dans les limites de la Ville de L’Assomption autour d’une pittoresque presqu’île en forme d’ostensoir, remarquée autrefois par les seigneurs des lieux, les Messieurs du Séminaire de Montréal.

Reconnaissons-le d’emblée, la rivière est depuis toujours le témoin fidèle de notre histoire. Bien avant l’arrivée des Français, les Amérindiens utilisent la rivière pour atteindre les terres giboyeuses à l’intérieur du pays. Les Algonquins connaissent bien cette voie naturelle et l’appelleront " Outaragauesipi ", la rivière tortueuse. Issue des forêts du nord, elle dévale de sa source pour traverser la région en se tortillant du nord au sud. Dans la plaine, elle reprend son souffle et trace longuement un dernier méandre à quelques arpents du fleuve qui l’attend impassiblement quelques kilomètres plus loin.

On fait remonter son nom français à Champlain et même à Jacques Cartier, le découvreur du Canada. Mais chose certaine, la dénomination " Rivière L’Assomption " se trouve écrite en toute lettre dans l’acte de concession de l’Île de Montréal et de la seigneurie de St-Sulpice par la compagnie de la Nouvelle-France, à Pierre Chevrier et à Jérôme Le Royer, le 17 décembre 1640:

" une Etendue de terre de deux Lieues de large le long du fleuve st Laurent sur six Lieues de profondeur dans lesd terres a prendre du Costé du Nord sur le même coste ou se decharge la Rivière de l’assomption dans led. fleuve St Laurent et a commancer a une borne qui sera mise sur cette même coste a la distance de deux lieues de l’embouchure de lad Rivière de l’assomption... " (sic)

Également, dans les Relations des Jésuites, en l’année 1642, le père Barthélémy Vimont confirme cette appellation:

" Il sort des terres une autre petite rivière du costé du Nord, nommée des François la rivière de l’Assomption, et des Sauvages Outaragauesipi, laquelle se jette dans cette grande étenduë d’eau qui se rencontre à la pointe plus basse de Montreal. " (sic)

Au temps des fondateurs de la Nouvelle-France, alors qu’un impressionnant cortège de cathédrales glorifient Notre-Dame partout en Europe, l’Assomption, commémoration de l’entrée de Marie au ciel, est la principale fête célébrée dans l’Église en l’honneur de la Mère de Dieu, de sorte que dire Assomption ou fête de la Sainte-Vierge est équivalent, d’où l’attachement et la dévotion de nos ancêtres pour cette fête.

En 1717, les notaires mentionnent dans leurs contrats, les concessions "sur la rivière L’Assomption" et bientôt les premiers défricheurs sont désignés comme originaires de L’Assomption. Le notaire Comparet, dans un acte du 19 juillet 1747, signale son client, Jean Bodoin (sic) comme " habitant de L’Assomption " et présente le curé Jacques Degeay comme "preste missionnaire à L’Assomption" bien que la paroisse porte depuis 1724 le vocable de Saint-Pierre-du-Portage.

Avec l’usage et le temps, et le prestige de cette fête de la Vierge, la rivière finit par laisser son nom à la paroisse qui devient en 1838, avec la bénédiction de l’évêque du nouveau diocèse de Montréal, la paroisse de l’Assomption-de-la-Sainte-Vierge.

 

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