Titre : Grenadiers du C.E.C. [Corps Expéditionnaire canadien] dans une tranchée à Armentières
Lieu : Armentières, France
Date : février 1915

Photographe : Brown, Horace (1897-1919)

Archives nationales du Canada, n° de négatif PA-107237

Pendant la Première Guerre mondiale, les soldats canadiens qui prenaient des photographies les expédiaient dans des lettres censurées. Parmi les quelques documents de cette sorte dont on dispose, il y a la collection de photographies que M. Howard Brown, de Carleton Place, en Ontario, a donnée aux Archives publiques. Ces photographies, fort intéressantes, ont été prises par le frère aîné de M. Brown, Horace, de 1914 à 1916.

John Horace Brown (1896-1919) s'est enrôlé dans la milice vers quinze ans, bien avant le début de la Grande Guerre. Quand celle-ci éclate en 1914, il se joint au 2e bataillon. Ce dernier livre bataille à Neuve-Chapelle, puis gagne la Belgique où il combat à Ypres et à Ploegsteert tout au long de 1915, avant de se replier sur le saillant d'Ypres en 1916. Le 13 juin, près du poste d'observation situé sur la colline 60, Brown trébuche contre son fusil muni d'une baïonnette, et celle-ci lui transperce l'épaule juste au-dessus du coeur.

Renvoyé de l'armée active, Horace Brown revient au Canada à l'automne et s'inscrit à l'école des officiers. Il passe plusieurs mois à faire du recrutement dans sa ville natale. Il s'engage ensuite dans le Royal Naval Air Service et, à l'automne de 1917, s'embarque pour l'Angleterre où il se plaint d'être tenu à l'écart.

En octobre, il est victime d'un accident : en faisant du vélo aux abords d'un aérodrome, il heurte de plein fouet une charrette et se blesse à la poitrine. Ayant contracté une pneumonie, il est hospitalisé dans divers établissements jusqu'à Noël. Après les fêtes, il écrit à sa famille qu'il aimerait bien être envoyé au front, en Russie, mais en l'espace de quelques semaines, il attrape une grippe qui dégénère en pneumonie. Brown meurt à la fleur de l'âge à l'hôpital Eaton de Londres, le 18 février 1919. Il n'avait que 22 ans.

On ne sait ce qui a amené Horace Brown à la photographie pendant ses années de combat. Mais, comme bien d'autres, il semble qu'il ait voulu garder le souvenir de ces événements mémorables. Ce qui comptait à ses yeux, c'était d'obtenir quelques images bien exposées.

Ces images, prises dans l'enfer des tranchées, ne sont pas des images de propagande. Elles diffèrent de celles des photographes de guerre attitrés, car elles nous font découvrir ce qu'était la vie des soldats canadiens au front, telle que la voyait l'un des leurs.