Jean-Joseph Girouard, 1837-1838

Artiste : Lorimier, François-Marie-Thomas (1803-1839)

Médium : mine de plomb avec estompage sur papier vélin

Dimensions : 23,9 x 20,1 cm

Collection Jean-Joseph Girouard

Archives nationales du Canada, n° de négatif C-133430

La collection Jean-Joseph Girouard documente d'une façon exceptionnelle une des pages les plus dramatiques de l'histoire canadienne, la Rébellion de 1837-1838. Les Patriotes, menés par Louis-Joseph Papineau, cherchaient à obtenir le contrôle politique et économique de la province.

D'origine acadienne, J.-J. Girouard est né à Québec le 11 novembre 1795. Grâce à son cousin Thomas Baillairgé, Jean-Joseph s'initie au dessin, à l'architecture et à la sculpture. Il entrepend des études en droit en 1811, les interrompt au moment de la guerre de 1812, et les termine finalement en juin 1816. Le mois suivant, il ouvre son étude de notaire dans la maison du marchand Jean-Baptiste Dumouchel, de Saint-Benoît. Le 23 novembre 1818, il épouse Marie-Louise Félix.

L'engagement politique de J.-J. Girouard remonte à janvier 1828 au moment où il devient secrétaire du Comité constitutionnel du comté de York. Impliqué dans la lutte constitutionnelle de 1837, il collabore à la préparation des 92 Résolutions et participe aux assemblées tenues à travers la province. Un mandat d'arrestation est porté contre lui le 1er décembre 1837 et une récompense de 500 livres (2000 $) est offerte pour sa capture. En apprenant l'arrestation de ses amis les Dumouchel et les Masson, il se livre aux autorités et est emprisonné le 26 décembre 1837.

La première incarcération de Girouard à la Nouvelle Prison de Montréal dure sept mois, au cours desquels il réalise les portraits de ses compagnons d'infortune. La collection comprend environ 75 portraits de cette époque, dont 70 de Patriotes. Girouard est finalement libéré le 16 juillet 1838, lors de l'amnistie du gouverneur général Lord Durham, moyennant un cautionnement de 5000 livres. Il est de nouveau incarcéré le 4 novembre 1838, au lendemain du déclenchement de l'attaque par les Patriotes. Ce second séjour en prison, d'une durée de sept semaines, prend fin le 27 décembre 1838. La collection renferme 15 portraits de Patriotes, qui datent de ce deuxième emprisonnement.

Les portraits, au crayon, parfois rehaussés de fusain, mesurent environ 25 cm sur 20 cm et portent des inscriptions d'origine et des notes plus récentes. Girouard a utilisé une grande variété de papier et a parfois été contraint de couper les feuilles en deux, car le papier se faisait rare en prison. Des trous, en nombre variable, probablement réalisés à l'aide d'aiguilles, apparaissent au haut de nombreux dessins. Certains portraits peuvent avoir été reliés sous forme de livre. Vingt-cinq portraits de la collection sont sur papier-calque. Par ailleurs, certains des trous portent à croire que des feuilles ont été attachées ensemble, en haut, à l'aide d'une aiguille, pour faire un double des portraits. Il est donc possible que Girouard ait réalisé un double de certains portraits, qu'il ait conservé l'exemplaire qui nous est parvenu par l'entremise de ses descendants et qu'il en ait remis un autre aux parents des détenus. Cependant, comme aucun des portraits des Patriotes réalisés par Girouard ne semble avoir été signé, seuls les initiés sauront les reconnaître.

Après la Rébellion, Girouard quitte la politique active et retourne à la pratique du notariat. Son épouse, Marie-Louise Félix, meurt le 2 avril 1847 et, le 30 avril 1851, il épouse Émilie Berthelot. C'est avec l'appui de cette dernière et grâce à la maigre indemnité de 3996 $ qu'il a reçue pour les pertes subies à Saint-Benoît qu'il y fait construire l'hospice d'Youville en 1853. Jean-Joseph Girouard s'éteint à Saint-Benoît le 18 septembre 1855.