Titre : Polly, détenue au pénitencier du comté de Carleton

Lieu : Ottawa (Ontario)

Date : février 1895

Photographe : Topley, William James (1845-1930)

Archives nationales du Canada, n° de négatif PA-027436

C'est depuis vingt ans seulement que les archivistes et les historiens étudient méthodiquement la vie des couches moins favorisées de la société, notamment celles des pauvres, des marginaux et des citoyens moyens. Les femmes qui, par tradition, ont été confinées au foyer et privées de la possibilité de s'instruire, de travailler à l'extérieur et de jouer un rôle sur la scène politique, forment une large proportion de ces marginaux qui, évidemment, ont laissé peu de témoignages écrits sur leur vie. Cependant, par des voies indirectes, le chercheur tenace peut se trouver des choses intéressantes à leur sujet : par exemple, des lettres et des journaux trouvés dans les collections de parents du sexe masculin; quant aux sources nouvelles de l'histoire comme la photographie, elles peuvent fournir des témoignages fort éloquents.

Les années 1870 à 1940 marquent une période exaltante dans l'histoire des femmes canadiennes. Ces dernières commencèrent à prendre une part active, en tant que citoyennes, au développement urbain et industriel de la société. Cette audace des femmes fit couler beaucoup d'encre dans les journaux et souleva de vives protestations chez beaucoup d'hommes en vue qui considéraient la femme comme le pilier du foyer, gage d'une société stable. Les femmes qui s'intruisaient et apprenaient un métier pour s'adapter à la vie moderne mettaient donc en péril l'institution du mariage et, par voie de conséquence, la stabilité même de la société.

Toute rupture avec la tradition naît d'une idéologie nouvelle; celle qui devait justifier l'émancipitation de la femme fut qualifiée par les historiens contemporains de « féminisme maternel ». Ils croyaient en effet que les femmes cherchaient à améliorer le milieu du travail, à rendre la concurrence moins féroce : bref, à humaniser le monde des affaires et de la politique dirigé par les hommes, grâce à leur bonté et à leur respect innés.

Les femmes d'antan firent preuve d'un courage et d'une ténacité remarquables pour améliorer les conditions de vie de leurs semblables.