Titre : Elizabeth « Elsie » Gregory MacGill, ingénieure aéronautique et féministe
Lieu : Montréal (Québec)
Date : avril 1983

Photographe : Polyphoto

Archives nationales du Canada, n° de négatif PA-148380

En 1979, la présidente de Femmes en sciences et en génie, Mme Claudette Lassonde, a demandé à Mme Elsie Gregory MacGill, âgée de 74 ans, de donner son appui à l'organisation nouvellement créée. Selon Mme Lassonde, Elsie MacGill était considérée comme l'exemple canadien de femme ingénieur. Ce compliment traduit deux grands aspects de la vie de cette femme exceptionnelle : d'un côté, le génie, la technologie, l'industrie; de l'autre, la défense des droits des femmes.

Le mot « première » est un véritable leitmotiv dans la carrière d'Elsie MacGill. En 1927, elle est la première femme à obtenir un diplôme d'ingénieur en électricité, de l'Université de Toronto. Peu de temps après, elle entre, à titre d'ingénieur, à l'Austin Automobile Company, au Michigan, puis s'intéresse à l'aéronautique lorsque son employeur aiguille ses activités dans le domaine de l'aviation. Elle s'inscrit à l'Université du Michigan et, en 1929, elle est la première femme à obtenir une maîtrise en génie aéronautique de cet établissement.

Malheureusement, la maladie l'empêche de commencer une carrière à plein temps avant 1934. Cette année-là, elle est embauchée, à titre d'ingénieur en aéronautique, par la Fairchild Aircraft Limited à Montréal. Elsie MacGill passe ensuite à la Canadian Car and Foundry Company, où à titre d'ingénieur principal en aéronautique, elle dessine l'appareil d'entraînement Maple Leaf, qui fut peut-être le premier appareil conçu par une femme.

Pendant la Deuxième Guerre mondiale, Elsie MacGill fut chargée de la production canadienne du chasseur Hawker Hurricane à Fort William (Ontario) où elle eut jusqu'à 4 500 employés sous sa responsabilité. En 1943, elle se met à son compte en ouvrant un cabinet de consultation en aéronautique à Toronto. À sa mort, en 1980, sa réputation d'excellence dans le domaine aéronautique n'est plus à faire.

Abattre des barrières semble avoir été un trait dominant de la famille MacGill. La mère d'Elsie, Helen Gregory MacGill, devint la première femme juge en Colombie-Brittanique en 1917. Elle avait été la championne du droit de vote pour les femmes dès le début de sa carrière de reporter, au début des années 1890. La jeune Elsie fut ainsi élevée dans l'idée que femmes et hommes doivent être égaux, et l'exemple de sa mère ne fut probablement pas étranger à son propre choix de carrière. C'est peut-être en reconnaissance de cette influence qu'elle choisit de conserver son nom de famille à son mariage en 1943, geste assez inhabituel à l'époque. En 1955, elle écrivit et publia une biographie de sa mère, My Mother the Judge, qui connut un grand succès.

Elsie MacGill donna également de son temps aux organisations de défense des droits des femmes et au mouvement féministe. Elle fut un membre en vue du Club de femmes de carrières libérales et commerciales de Toronto, à partir de 1943, année où elle déménagea dans cette ville. À partir des années 1950 et jusqu'à la fin de sa vie, elle se consacra à la défense de plusieurs causes reliées à la condition de la femme; mentionnons, entre autres, le congé de maternité payé, les garderies et les mesures législatives concernant l'avortement.

Parmi les nombreuses récompenses et les honneurs décernés à Elsie MacGill, on note la médaille Gzowski de l'Institut canadien des ingénieurs (1941), L'Award for Meritorious Contribution to Engineering de la Society of Women Engineers (organisation américaine), en 1953, et l'Ordre du Canada en 1971.

Les documents personnels d'Elsie MacGill ont été donnés aux Archives publiques du Canada en 1974 et en 1983. Ils couvrent la période de 1911 à 1983 et occupent 5,2 mètres de rayons. La cote topographique est MG 31 K 7. Aucune restriction ne s'applique à cette collection.