RIVIÈRE KAZAN


INTRODUCTION

La rivière Kazan coule dans une région qui fut le berceau de la culture Inuit Caribou. Au coeur de la toundra de Nunavut, la rivière traverse la voie de migration de la harde de caribous de Kaminuriak, qui compte 320 000 têtes et qui forme la plus imposante masse de mammifères terrestres en mouvement du monde. Lorsque le glacier se retira, il y a 7000 ans, les peuples inuit ancestraux venus de la côte de la baie d'Hudson se mirent à fréquenter la région de façon saisonnière pour y chasser le caribou. À la fin des années 1800, les Inuit commencèrent à passer toute l'année près des rivières Kazan et Thelon, où ils développèrent un mode de vie unique parmi les Inuit.


La rivière Kazan

Au cours des siècles, les Inuit ont laissé une empreinte subtile dans le paysage tourmenté de la vallée de la Kazan, où les arbres sont rares et où les affleurements rocheux du Bouclier sont à nu. Les rives de la Kazan présentent une riche variété de traces d'une occupation antérieure, dont des amoncellements de roches appelés "inuksuit" en raison de leur ressemblance avec un homme debout tel une sentinelle, veillant sur les franchissements des cours d'eau, les campements et les caches. Cette concentration unique de sites historiques et préhistoriques ajoute à l'expérience du visiteur une atmosphière fascinante. La nature sauvage et désolée permet la subsistance non seulement de vastes troupeaux de caribous, mais aussi de nombre de boeufs musqués, du carcajou, et de plus de 60 espèces d'oiseaux. Le faucon pèlerin niche aux flancs des spectaculaires falaises des chutes Kazan et les eaux pures de la Kazan abritent un variété de poissons, dont le touladi et l'ombre arctique.

La Kazan, avec la Thelon, est toujours au coeur de la vie des Inuit Caribous. Quelque 20 000 Inuit vivent dans la région de Nunavut et 1 000 d'entre eux, les Inuit Caribous, vivent dans la collectivité de Baker Lake. C'est en raison de leur puissant désir de voir commemorés par tout le Canada la rivière et leur mode de vie traditionnel que, en juillet 1990, la Kazan a été désignée rivière du patrimoine canadien.


GÉOGRAPHIE

La Kazan prend naissance près du lac Kasba, près de la frontière de la Saskatchewan, et coule vers le nord sur 850 km jusqu'à son embouchure au lac Baker, lequel à son tour se déverse dans la baie d'Hudson par l' inlet Chesterfield. Son bassin hydrographique est d'une superficie de 71 500 km2, dont 5 000 km2 en Saskatchewan et dans le nord du Manitoba. La rivière traverse une région marquée par la transition de la forêt boréale à la toundra dépourvue d'arbres, mais la section désignee de 615 km, du lac Ennadai au lac Baker, se trouve à la ligne de forêt continue.

La collectivité inuit de Baker Lake est au centre géographique du Canada, à 1500 km au nord de Winnipeg et à 900 km à l'est de Yellowknife. Bien qu'inaccessible par la route, Baker Lake fournit hébergement, des provisions et des services de pourvoirie parmi les meilleurs dans le Grand Nord et offre au voyageur l'inoubliable expérience de la vie actuelle des Inuit Caribous.


HISTOIRE

Les traces des Inuit Caribous et des peuples qui sont venus avant eux sont visibles tout au long de la rivière, évocations de l'époque où leur subsistance dépendait entièrement de la terre. Les ancêtres des Dénés et des Inuit fréquentaient l'aire l'été il y a plus de 5 000 ans; autrefois, ils se retiraient à la limite forestière ou sur la cote.

Au XVIIIe siècles la fréquentation de la rivière par les Dénés y connut un déclin tandis que les Inuit locaux - les Inuit Caribous de première génération commençaient à y passer toute l'année, après avoir constaté qu'ils pouvaient capturer suffisamment de caribous pour subvenir à leurs besoins durant tout l'hiver. Les Inuit se ramifièrent en trois groupes distincts: les Ahiarmiut, vivant au sud du lac Angikuni; les Harvaqtormiut, au nord du lac Yathkyed; et les Padleimiut, au sud du lac. À la fin du XIXe siècle, le père Alphonse Gasté consigna dans son journal les célébrations pacifiques qui réunissaient les Dénés qui fréquentaient la rivière et les Inuit Caribous qui y vivaient.


Inuit sur la Kazan

Les Dénés Tchippevayans firent connaître la toundra au premier Européen, Samuel Hearne, en 1770. Celui-ci franchit la Kazan à Padlerjuaq et il nota le nom tchippewayan du lac, "Yathkyed", qui signifie cygne blanc, dans son journal intitulé "Journey from Prince of Wales Fort to the Northern Ocean".

La carte de la Kazan ne fut établie que lorsque J. B. Tyrrell, premier géologue à y circuler, la descendit en canot jusqu'au lac Forde en 1894. Son nom fut donné au bras est du lac Yathkyed, le bras Tyrrell, et à la mer postglaciaire, la mer Tyrrell, qui s'était formée dans la dépression de la baie d'Hudson. Tyrrell y visita 39 tentes abritant au moins 500 personnes. À chaque campement, de la viande de caribou séchait ou était cachée pour l'hiver.

La 5ième expédition pour l'études des Thuléens, dirigée par Rasmussen, explora la rivière de 1921 à 1924. Kaj Birket-Smith, anthropologue qui accompagnait l'expedition, fut le premier à décrire la culture Inuit Caribous, dans le document Report of the Fifth Thule Expedition, publie en 1930 par Rasmussen.

La plus récente expédition d'étude de la Kazan, fut l'Opération Raleigh, en 1988. Les participants à ce programme international d'éducation, de recherche et d' exploration pour les jeunes franchirent 500 km en 7 semaines, et repérèrent 186 sites archéologiques.


PATRIMOINE NATUREL

Dans son cours supérieur, la Kazan coule dans une région de transition entre la forêt boréale et la toundra. Prés du lac Ennadai, la forêt éclaircie ne compte plus que de rares épinettes noires et mélèzes laricins, d'une hauteur de moins de 1 ou 2 m.

Dans les cours moyen et inférieur, le paysage passe des collines rocheuses à la plaine mais ne présente pas de traces d'eskers ni de moraines, ce qui est une caractéristique remarquable de la formation de la région: la Kazan ne se trouvait pas à la limite de l'inlandsis qui recouvrait la région mais en son centre, sous la ligne de partage des glaces, durant une bonne partie de la glaciation du Wisconsin. La glace, qui y atteignait sa plus grande épaisseur, s'étendait vers l'est et vers l'ouest et elle y persista plus longtemps que dans tout autre endroit de la partie continentale du Canada.

Sur la majeure partie de son cours, la Kazan traverse un paysage rocheux particulier, les hautes terres de Kazan. La topographie varie de la toundra luxuriante, au roc dénudé; des collines doucement arrondies, aux falaises abruptes; et des lacs aux eaux calmes, aux torrents impétueux. Parmi ses caractéristiques remarquables, mentionnons le "Three Cascades", une série de chutes de 5 à 7m entre les lacs Angikuni et Yathkyed, et les belles chutes Kazan, où les eaux rapides tombent de 25 m pour s'engouffrer dans une gorge de grés rouge s'étendant sur 2 km. Le long du portage se trouve un cairn où sont conservés les messages laissés par les voyageurs depuis 1973.


Caribous sur la Kazan

La Kazan se trouve sur la voie de migration de la harde de caribous de Kaminuriak, et sur l'itinéraire occasionnel de la harde Beverly; elle assure également la subsistance d'une variété d'espèces animales:


ACTIVITÉS RÉCRÉATIVES

Le statut de rivière du patrimoine conféré à la Kazan repose en partie sur son incomparable valeur pour les activités récréatives en milieu sauvage:

Canot et kayak : Les Inuit Caribous circulent, pêchent et chassent toujours sur la Kazan. Entre juillet et septembre, une vingtaine de canotiers descendent la varient d'année en année selon les chutes de neige et la débâcle printanière.


Chutes d'eau

Les excursions en canot de 4 à 6 semaines commencent par un vol en hydravion jusqu'aux lacs Kasba et Ennadai. Comme la topographie varie, la Kazan peut offrir plusieurs expériences au pagayeur, des larges tronçons au courant paresseux jusqu'aux torrents aux eaux impétueuses et aux vastes lacs. Les lacs Dimma, Angikuni, Yathkyed, Forde et Thirty-Mile prennent 235 km de la longueur de la rivière. Les 380 km restants s'abaissent de 0,8m/km.

Camping et randonnées : Les emplacements de camping sont nombreux et facilement accessibles. Tous ont été occupés dans le passé et les voyageurs ont souvent l' impression de marcher dans des camps, des pistes, des belvédères et des cimetières inuit récents; mais presque tous ont été abandonnés il y a longtemps. Il ne faut pas perturber ces sites, qui sont protégés par la loi. Les randonneurs s'émerveillent devant la végétation aux couleurs vives: la linaigrette de Scheuchzer translucide, la dryade à feuilles entières, l'embléme des TN-O, et le brillant épilobe à feuilles étroites.

Pêche : La pêche de l'ombre arctique et du touladi est excellente. Il faut posséder un permis depêche, disponible aux commerces et aux bureaux gouvernementaux dans les TN-O.

Observation de la faune : D'innombrables pistes de caribous traversent la toundra. Outre le caribou, les voyageurs peuvent apercevoir le boeuf musqué et des animaux plus petits tels que le spermophile arctique et des espèces d'oiseau qui sont rares au sud: la sterne arctique, le cygne siffleur, le harfang des neiges et le lagopède. La Kazan et le lac Kasba tirent leurs noms du mot déné qui désigne le lagopède.


INFORMATIONS À L'INTENTION DU VISITEUR

Accès : L'accès à la Kazan se fait par avion nolisé depuis Baker Lake ou Lynn Lake au Manitoba. Baker Lake est relié au sud par une ligne aérienne régulière depuis Churchill et Winnipeg, et Lynn Lake est desservi par Winnipeg. Pour y accéder par la route ou le chemin de fer, les points les plus proches sont Lynn Lake et Thompson au Manitoba. Il est également possible de se rendre à la Kazan en canot depuis Lynn Lake, en remontant la Cochrane prés du lac Reindeer. Mais, les canotiers préfèrent se faire déposer par hydravion sur les lacs Kasba ou Ennadai.

Pour mettre fin à l' excursion, il est possible, moyennant arrangement préalable, de se faire ramasser par avion nolisé à nombre d'endroits le long du chemin. Mais le plupart des voyageurs se rendent directement à Baker Lake à l'aviron.

Des voyagistes de Baker Lake offrent également des excursions d'une journée sur la Kazan et des excursions en avion. L'excursion de 100 km aux chutes Kazan depuis Baker Lake par hydravion nolisé ou en canot automobile nolisé est tout à fait spectaculaire.


Baker Lake

Hébergement et services : Yellowknife, la capitale des TN-O (11 500 h), offre toute la gamme de services et d'hébergements. Baker Lake, terminus des excursions, peut servir aussi bien de point de départ. Elle compte deux hôtels et on trouve un pavillon au lac Schultz. On peut acheter des provisions à la Coopérative Sanavik, au Land Store et au Northern Store. Les boutiques Sanavik et Baker Lake Fine Arts vendent des sculptures inuit, des estampes, des tentures et des objets d'artisanat de renommée internationale. La communauté offre les services de pourvoirie, un terrain de camping, un centre d'interprétation et d' accueil des visiteurs et un camp d' été traditionnel illustrant les coutumes des Inuit Caribous. Outre à Yellowknife et à Churchill (1200 h), l'hébergement et les services sont également offerts à Chesterfield Inlet (300), Rankin Inlet (400), Arviat (1200), Whale Cove (200) et Snowdrift (300).

Cartes topographiques : La Kazan est couverte par des cartes de la Série nationale cartographique à l'échelle 1:250 000: 56D, 55M, 65P, 65I, 65J, 65K, 65F, 65C et 65D; et à l'échelle 1:50 000, pour fins de recherche. On peut se les procurer au Bureau des cartes du Canada, 615, rue Booth, Ottawa K1A OE9 (613-952-7000) et, à Énergie, Mines et Ressources, 4914,50e rue, Yellowknife (403-920-8299).


AUTRES RENSEIGNEMENTS

Rivière Kazan - Services, permis et règlements : Développement économique et Tourisme, Gouvernement des TN-O, Yellowknife X1A 2L9 (403-873-7115); Baker Lake (TN-O), X0C 0A0 (819-793-2992); Sac postal 002, Rankin Inlet (TN-O) X0C 0G0(819-645-2881); Service canadien de la faune, C. P. 2310, Yellowknife X1A 2L9.

Information touristique - Hébergement, avions affrétés, guides et pourvoyeurs : Travel Keewatin,C.P. 328, Rankin Inlet, (TN-O) X0C 0G0 (819-645-2618); Travel Arctic, Yellowknife X1A 2L9 (403-873-7200 ou 1-800-661-0788); Baker Lake Municipal Council, Baker Lake (TN-O) X0C 0A0(819-793-2874); Travel Manitoba, 155 Carlton St., Winnipeg, Man. R3C 3H8 (1-800-665-0040).

Réseau des rivières du patrimoine canadien : Représentant des TN-O, Commission des rivières du patrimoine canadien, Sous-ministre adjoint, Développement économique et Tourisme, Yellowknife X1A 2L9; ou Secrétaire, Commission des rivières du patrimoine canadien, Ottawa K1A 0M5.

Lectures additionnelles :


LE RÉSEAU DES RIVIÈRES DU PATRIMOINE CANADIEN

Le Réseau des rivières du patrimoine canadien (RRPC) est un programme conjoint conçu et géré par les organismes responsables des parcs des gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux en vue d'accorder une reconnaissance nationale aux rivières importantes du Canada. Le principal objectif du programme est d'assurer que les rivières qui sont des exemples remarquables du patrimoine naturel du Canada, qui ont joué un rôle important dans l'histoire canadienne, ou qui offrent des occasions exceptionnelles de loisirs soient gérées de manière que leur valeur distinctive soit conservée et que leur utilisation à des fins récréatives soit mise en valeur.

La Commission des rivières du patrimoine canadien a été établie le 18 janvier 1984. Elle a pour mandat de gérer le Réseau de rivières du patrimoine canadien et d'encourager et recommander aux ministres responsables la candidature et la désignation des rivières remarquables au RRPC. La Commission est maintenant composée de deux représentants du gouvernement fédéral et de dix autres représentants, un de chaque gouvernement provincial et territorial participant au Réseau. En date du 1 janvier 1997, des tronçons de 29 rivières, d'une longeur totale de 6500 km, ont été mises en candidature au Réseau.

Bien que les candidatures puissent être proposées seulement par les gouvernements participants, des particuliers ou des groupes peuvent présenter à l'organisme des parcs de la province ou du territoire responsable, le cas d'une rivière dont la candidature mérite d'être étudiée.







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Rédigé par : M. Greco
Traduction : Secrétariat d'État
Conception cartographique : D. Batista
Photos fournies par : Parcs Canada
Révisé en 1990