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eune étudiant à l'École des beaux-arts de Montréal en 1937-1939, Jacques de Tonnancour se dissocie des méthodes d'enseignement académiques qui y prévalent. À la même époque, ses articles dans Le Quartier Latin critiquent le régionalisme, «ce mal incurable de l'art canadien» et réclament «une peinture canadienne sans recette nationale».
Après avoir été l'élève de Goodridge Roberts, à qui il voue une profonde admiration, de Tonnancour reçoit une bourse du gouvernement brésilien et se rend à Rio de Janeiro en 1945-1946.
Copacabana figure parmi plusieurs représentations qu'il fait de la baie de Rio et de ses fameux «pains de sucre». L'amplitude du geste a magnifié les formes qui s'ordonnent en une série de courbes et de masses aux contours fortement appuyés. L'œil attentif aura noté la similitude de composition avec Boulevard sous la pluie de Philip Surrey.
Le point de vue adopté par l'artiste est particulier : la baie, les montagnes et les dunes de sable se profilent au gré des courbes du pinceau, tandis que l'artiste a traité l'eau de la mer à l'aide de larges traits de pinceau à tonalité réduite. Contrastant avec les gestes amples du paysage naturel, des traits plus ponctuels laissent deviner les bâtiments qui bordent la plage. Émerge ici un paysage privilégiant le jeu des formes et des lignes au détriment d'un rendu réaliste. De Tonnancour exprime ainsi son attrait pour l'art moderne.
Il se joint à la Société d'art contemporain de Montréal, un groupe d'artistes formé à Montréal en 1939, qui s'intéresse aux nombreux mouvements artistiques en «isme» qui se succèdent en Europe, au début du 20e siècle : cubisme, fauvisme, expressionnisme, surréalisme… Le principal critère d'adhésion à cette société : ne pas être associé à une académie et n'en favoriser aucune.