Lieu d’identité pour les Acadiens?


Si l’identité acadienne fut un atout, dès les débuts du Collège, elle le sera davantage sous le supériorat du père Patrice-Alexandre Chiasson, premier supérieur acadien au Collège Sainte-Anne. Chiasson poursuivit l’œuvre de Dagnaud, car il souhaitait améliorer la vie académique, sociale et religieuse du milieu. Mais, même s’il était d’origine acadienne, il avait sans doute subi l’influence française lors de son éducation et de sa formation religieuse.


L’Acadie après 1910 devient de plus en plus une Acadie renaissante. Petit à petit, les Acadiens s’affirment et s’organisent; c’est le début d’un réveil collectif amorcé au tournant du siècle. Les congrès et les fêtes religieuses sont des lieux où les premiers signes de ce réveil se font voir. Lors de ces événements qui avaient souvent lieu au Collège, les discours prononcés faisaient appel au nationalisme acadien. De plus en plus, les Acadiens se perçoivent comme étant «une grande famille» qui devait s’unir pour travailler au bien de la race et du pays. Et, chaque nouveau congrès apportait l’occasion de revivre les gains et les succès que le Collège avait apporté aux Acadiens. Laliberté et LeBlanc rapportent dans leur livre qu' «En ce tournant de 1930, l’activité patriotique acadienne, et l’identité dont elle témoigne, c’est de plus en plus le phénomène qui colore les attitudes et les démarches qui se prennent au Collège.» Avant ces années, c’était surtout la présence française qui se faisait ressentir. Les pères venaient directement de la France, ils avaient été influencés par la pensée, par la mentalité françaises. Arrivés au Canada, ils dégageaient encore les valeurs et les pensées françaises. Au Collège Sainte-Anne, il n’y avait pas de cours d’histoire et de littérature acadiennes. L’identité acadienne n’était pas valorisée à ce temps, elle était à l’arrière-plan car le caractère français prenait le dessus. Même si certains des pères s’intéressaient ou démontraient de l’intérêt envers la cause acadienne, ils souhaitaient créer en Nouvelle-Écosse une nouvelle France, et si le Collège Sainte-Anne fut un lieu où les Acadiens pouvaient s’identifier, il a fallu attendre après les années 1930 pour des activités acadiennes.


Pendant les années 40, 50 et 60, la valorisation acadienne se poursuivait et cette fois, l’avancement de la cause acadienne fut largement attribué au père LaPlante. En plus d’essayer de moderniser le Collège, LaPlante voulait remettre en valeur les besoins du peuple acadien. En juin 1950, l’Association acadienne d’éducation de la Nouvelle-Écosse voit le jour. La Chambre de Commerce de Clare fut créée en octobre 1949 et en 1955, c’est le premier Festival acadien de Clare qui voit le jour. La création de ces fêtes et associations réveilla un esprit de nationalisme chez les Acadiens. Par l’entremise de ces organismes, ils ont commencé à s’affirmer sur les plans politique, économique, culturel et social –reste le côté religieux.

Le 6 juillet 1953 fut un moment marquant pour les Acadiens du Sud-Ouest de la Nouvelle-Écosse car cette date marque la création du diocèse de Yarmouth, mais ce gain ne se fit pas sans luttes. C’est sous le supériorat du père LaPlante qu’il y eut la création de ce diocèse et c’est surtout grâce aux revendications de ce dernier, des Acadiens et de Monseigneur Ildebrando Antoniutti que ce nouveau diocèse a vu le jour. Ce nouveau diocèse comprenait les comtés de Lunenburg, Kings, Annapolis, Digby et Yarmouth. Plusieurs raisons expliquent le pourquoi de la création de ce diocèse et Micheline Laliberté les énumère dans Une dialectique du pouvoir en Acadie : Église et autorité. Les Acadiens faisaient des revendications en matière de langue, de nationalisme et de religion. Au début des années 40, les Acadiens se plaignaient du clergé anglophone qui menaçait de les assimiler. En plus, les Acadiens refusaient de contribuer financièrement à la construction de la Saint Mary’s University. En créant ce nouveau diocèse, les Acadiens allaient assurer la survivance de la religion dans leur langue.




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