À travers les années, le Collège a connu sa
part de difficultés et celles-ci, semble-t-il, furent ressenties
de façon aiguë lors du 75e anniversaire du Collège,
soit en mai 1965. C’était toujours le même problème
-celui du financement. En plus, les édifices étaient en pauvre
condition, le besoin de rénovations se faisait ressentir, les inscriptions
étaient très basses et même la programmation avait
besoin d’améliorations, mais que faire sans argent? Face à
tous ces problèmes, c’est la question de la vie ou de la mort du
Collège Sainte-Anne qui remontait à la surface. C’est l’avenir
du Collège qui paraît peu prometteur. À qui la responsabilité
d’assurer ou non la survivance du Collège? Ainsi commença,
de 1965 à 1969, une série de requêtes et d’enquêtes.
Mais plus important encore étaient les solutions proposées
par mgr Garneau (homme chargé de faire enquête sur les problèmes
d’avenir du Collège), afin de régler ce problème.
Laliberté et LeBlanc mentionnent quelques-unes des recommandations
de Garneau, soit : l’affiliation avec l’Université de Moncton, la
reformulation des programmes académiques et la plus pénible
fut celle de la relocation du Collège à Yarmouth et sa transformation
en Junior College. Dans une lettre au Grants Committee of Nova
Scotia, en 1966, Garneau mentionne les raisons qui justifient cette
relocation :
a) It would establish the college in the geographical centre
of the whole area it can be expected to serve.
b) It could operate more economically, mostly as a day school,
in Yarmouth, thus enabling the French-speaking Acadians to commute to it
as easily from Pubnico as from Meteghan.
c) It would also provide both the French and English-speaking
students from Yarmouth and the vicinity with post-secondary educational
facilities closer to their home…
Les recommandations n’ont pas plu aux Acadiens de Pointe-de-l’Église
et un professeur de l'Universié Laval, Marc-Adélard Tremblay,
avait passé quinze ans à étudier les Acadiens de la
Baie Sainte-Marie et en mars 1966 avait préparé un mémoire
concernant ce problème. D’après Tremblay, le choix
de Yarmouth comme étant le nouveau site pour le Collège allait
entraîner pour les Acadiens une perte d’identité culturelle
et allait mener à l’assimilation. Il rejettait les recommandations
de Garneau car selon lui, elles créeraient un genre de génocide
culturel et le genre d’Institut proposé ne paraissait pas réalisable
dans la situation actuelle. Comme le dit M-A Tremblay dans son exposé
traitant l’avenir du Collège Sainte-Anne, «Le Collège
est le symbole d’une présence française au Sud-Ouest; sa
disparition entraînerait des sentiments d’une nouvelle déportation
pour les Acadiens.» Nul besoin d’élaborer que la population
de Clare souhaitait maintenir l’institution à Pointe-de-l’Église,
mais ceci n’était que le début de la lutte connue sous le
nom de la Crise de 1971 qui aboutit à l’abandon du Collège
par les pères Eudistes et à sa prise en main par un bureau
de directeurs laïcs.