Les années 1969 à 1971 sont des années marquantes
dans l’histoire du Collège Sainte-Anne. Ces années sont remplies
de crises, de troubles et de misères. Le manque d’argent ainsi que
le faible taux d’inscriptions avaient hanté le Collège depuis
plusieurs années et étaient presque devenus des symboles
de cet établissement. Le petit groupe d’Acadiens qui souhaitait
voir le Collège demeurer à Pointe-de-l’Église ne
représentait qu’une minorité dans la région et il
a dû lutter pour obtenir gain de cause.
Cependant, on doit se rappeler que le tout ne s’est pas fait sans heurts et que ce sont des sentiments d’incertitude et de désespoir qui régnaient dans l’esprit des gens à Sainte-Anne et des communautés acadiennes.
Collège Sainte-Anne à Yarmouth ?
Le manque d’argent menaçait encore une fois le futur du Collège
Sainte-Anne mais cette fois, de façon aiguë. La possibilité
de fermer les portes du Collège semblait être une décision
logique vers la fin des années 60. Afin d’explorer les différentes
solutions à ce problème, une série d’enquêtes
débuta dès 1965. Suite aux études et aux enquêtes
de Garneau et de Tremblay, le problème de financement du Collège
ne fut pas réglé. Afin d’alléger le fardeau financier
et d’assurer la survie du Collège Sainte-Anne, la création
d’un Junior College bilingue à Yarmouth fut suggérée.
Les Acadiens de Clare étaient inquiets et mécontents face
à cette suggestion mais ceux d’Argyle en étaient ravis. Entre-temps,
un Bureau des aviseurs fut créé au Collège afin de
négocier avec le Grants Committee mais les démarches
prenaient du temps et les suggestions du Bureau des aviseurs passaient
souvent inaperçues. La lenteur de la décision d’un site ne
faisait que propager l’incertitude à tous les niveaux. Que ce soit
la question de la programmation ou des rénovations, le tout était
en état d’attente. Le Grants Committee ainsi que le ministre
de l’Éducation, M.Gérald Doucet, souhaitaient voir la fermeture
du Collège et l’ouverture d’un Junior College à Yarmouth.
Ils étaient de l’avis que le Collège Sainte-Anne était
trop petit et coûtait trop cher à entretenir. Ils pensaient
qu'un Junior College à Yarmouth serait un gros avantage car
il desservirait une plus grande population et procurerait l’occasion aux
anglophones d’apprendre le français. Lors de sa tournée en
1968, Gérald Doucet, accompagné de Normand Belliveau, tenta
d’influencer les gens en faveur de l’établissement de ce
Collège à Yarmouth. Ces deux ont réussi à influencer
les prêtres et l’évêque du diocèse de Yarmouth
car ceux-ci leur ont donné leur appui. L’appui favorable du diocèse
de Yarmouth créa un mécontentement général
au Collège Sainte-Anne car en apprenant ceci, l’Association des
étudiants du Collège déclara une grève générale
le 5 décembre 1968.