Terrebonne, une ville issue de l'industrialisation
Dès le début du 18e siècle, des moulins
y sont construits. " Une nouvelle phase de développement s'annonce
en 1802 lorsque la seigneurie est acquise par Simon Mc Tavish, baron de
la fourrure et principal partenaire de la Compagnie du Nord-Ouest . Terrebonne
devient alors une plaque tournante du commerce de la fourrure et un important
centre de production de farine, de biscuits de marins et de tonneaux. Une
boulangerie et un moulin à scier la pierre s'ajoutent au complexe
de moulins reconstruit en 1804". Simon Mc Tavish est un homme important
pour l'économie, mais également pour la vie sociale de Terrebonne.
Sa présence attire quelques bourgeois de la métropole montréalaise.
Ces derniers permettront à la région de conserver un certain
dynamisme lorsqu'elle vivra une période de ralentissement économique
entre les années 1816 et 1879. En 1816, en effet, la Compagnie du
Nord-Ouest ne renouvelle pas son bail avec l'Île des Moulins, privant
ainsi la région de retombés économiques importantes.
D'autres entreprises, représentatives des marchés économiques de l'époque, prennent toutefois la relève. Parmi celles-ci se retrouvent la manufacture de chapeaux d'Abner Bagg (1830) ainsi que la Moody's & Sons (1845), entreprise vouée à la fabrication de machinerie agricole. L'Île des Moulins, qui répond aux besoins de nouveaux marchés, est en expansion. En 1851, ce sont douze "moulanges " qui sont ajoutés au complexe des moulins. |
Le 8 mars 1882, un conseiller propose "qu'il soit
résolu, dans le but d'encourager l'exploitation manufacturière
actuellement exercée par messieurs Matthew Moody & Sons, d'exonérer
la propriété des dits Matthew Moody & Sons, occupée
par eux comme manufacture, de toute cotisation pendant la période
de deux ans à compter d'aujourd'hui". C'est la première
concession faite à une manufacture de Terrebonne. Des demandes de
toutes sortes parviendront par la suite au conseil. À ce sujet, celui-ci
fait publier dans les journaux La Minerve et le Star l'annonce qui suit
:
Avis Dans le but d'encourager l'établissement de
manufactures à Terrebonne, la Corporation de la Ville de Terrebonne
est prête à exempter de taxes pour une période de
temps raisonnable, toutes personnes qui voudront établir quelques
industries dans ses limites. Suite à la parution d'un second
avis, où des bonus importants sont offerts, de nombreuses manufactures
signaleront leur intérêt. Cependant, le conseil rejette
la plupart des offres, parce que trop coûteuses. Lorsque la ville
acceptera de supporter une entreprise, des représentants du conseil
s'assureront que les termes de l'entente soient respectés.
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D'autres entreprises profitent de ces bonus sans trop de difficultés. La manufacture Moody's & Sons, qui est pendant de nombreuses années le plus gros employeur de la région, en est un bon exemple. Lorsque l'entreprise est incendiée en 1892, le conseil ne reste pas indifférent. Une aide de 10 000$ ainsi qu'un terrain sont offerts aux propriétaires afin de les convaincre de demeurer à Terrebonne. Une délégation va de plus à la rencontre de M. Matthew Moody. Cette opération charme permettra de conserver l'un des joyaux de la ville. Par contre, les conseillers devront rappeler à l'entreprise que cette somme d'argent est conditionnelle à ce que les employés soient majoritairement résidents de la ville. |
M.E. Parent, manufacturier de chaussures, obtient en 1898 un bonus semblable. En échange, Parent signe une série de garanties ainsi que l'assurance écrite que l'entreprise demeurera à Terrebonne pour une période minimale de 10 ans. Malheureusement, l'année suivante l'entreprise déclare faillite. La ville, qui avait dû emprunter pour fournir une prime à l'entreprise, perd plus de 5000$. Cette somme est importante pour l'époque. En 1917, Terrebonne traverse une période difficile. Le chômage chronique sévit. Malgré de nombreuses démarches, les entreprises ne viennent plus s'installer dans la ville. En janvier, le maire, dans un discours, mentionne que " ( ) la grande affaire qui prime tout le reste actuellement est de doter Terrebonne de nouvelles industries afin d'enrayer l'émigration actuelle de la population ouvrière vers Montréal et d'accroître même, si possible, cette population ". |
Alors que l'économie va mal, la Home Shoe Reg'd, voit le jour en septembre 1933. Cette fabrique de chaussures traverse diverses crises. L'entreprise emploie jusqu'à 50 personnes. Située dans la grande bâtisse de la côte du Boulevard des Braves, elle ferme ses portes suite à un conflit syndical dans les années 70. | |
D'un autre côté, la Globe Shoe Ltd, entreprise fondée par des gens de la place en 1917, ferme ses portes en 1936. Le 4 octobre de la même année, un incendie majeur endommage sérieusement l'usine de la Compagnie de Tabac Terrebonne. Rénovée, elle ferme ses portes en 1955, les fumeurs de rouleuses et de pipes étant moins nombreux. |
Avec la seconde guerre mondiale s'installe à Terrebonne
l'Industrial Steel & Fibre Products Co. Établie dans un premier
temps dans le moulin neuf de l'Île des Moulins, l'entreprise est
ensuite transférée dans la manufacture de Limoge et Fils
de la rue St-Joseph. Cette usine fabrique principalement des tubes de
carton pour le ministère de la Défense. En 1963 l'Industrial
Steel & Fibre Products Co. s'associe à la Sonoco Products Co.
of Canada et s'installe dans le nouveau parc industriel. |
Désirant toujours conserver son titre de ville industrielle, la mairie se dote en 1951 d'une commission industrielle et d'une commission d'urbanisme. La commission industrielle a pour mission de faire connaître les avantages qu'offre la ville aux manufacturiers. Pour sa part, la commission d'urbanisme est responsable de l'aménagement du territoire. La même année, la Chambre de Commerce des Jeunes tient une exposition industrielle et commerciale à Terrebonne. À cette époque, tous les locaux des deux principaux immeubles à vocation industrielle de la municipalité sont occupés par des entreprises qui uvrent dans la confection de chapeaux et vêtements. Ces petites manufactures emploient du "cheap labour". Vient finalement en 1955, la manufacture Héroux & Fils. Celle-ci fabrique pendant plus de vingt ans des portes, fenêtres et armoires de cuisine. Terrebonne abrite, en 1960, 11 entreprises manufacturières. |