Feu de la Baie des Chaleurs
Les personnes questionnées :
M. : Arthur Legère (50 ans)
M. Legère (73 ans)
M. Marcelin Blanchard (73 ans)
Existence :
Nous avons déjà vu l'un de ces
phénomènes. Nous le voyons sur la mer le soir
surtout quand les pêcheurs alliont à la pêche.
Il essaye de les emporter dans des trous mauvais pour leur
faire peur.
En quelle année l'a-t-on vu pour
la dernière fois?
Nous le voyons tous les jours toutes les semaines
on le voit toujours.
Temps :
Quand apparaît-il? L'été,
le printemps, l'hiver, l'automne, on le vois à toutes
les saisons, surtout le soir.
Forme :
Comment apparaît-il? Sous forme de feu
et parfois de bateau. Et parfois sous forme d'homme en feu.
Interprétations : quelle est son
origine? Sa signification?
C'est de faire peur aux pêcheurs et
les jeter dans des courants d'eau ou faire frapper les bateau
sur des pierres ou de les faire échouer.
Autres remarques :
Tel que M. Marcelin Blanchard, 73 ans, raconte
son histoire. Il dit que le feu du mauvais temps, c'était
un bateau des Roussi. Ces hommes-là étaient
des Roussi. Il dit que c'était tous des hommes courts
de 4 pieds et demi. Ils avaient les cheveux roux, ils venaient
par ici pour acheter une charge d'animaux chez les Robin,
une compagnie de Caraquet, et en s'en retournant ils ont eu
une tempête. Il dit que ces hommes-là juraient
et blasphémaient à cause qu'ils avaient du mauvais
temps. Il dit qu'ils ont tous péri et le diable a pris
possession de leur bateau et depuis ce temps-là ils
essayent de faire écarter et de faire périr
les autres bateaux.
Tel que M. Blanchard dit nous l'avons toujours appelé le feu du mauvais temps et le feu de la Baie des Chaleurs. Et puis il dit que le feu de Saint-Elme n'est qu'un homme qui venait s'établir par ici, il pêchait le poisson comme les autres et cet homme-là c'était un Arabe, il s'appelait « Arbe ». Une fois il était à la pêche et M. Blanchard et son père aussi n'étaient pas loin de lui. Tout à coup, ils virent le feu du mauvais temps ou le feu de la Baie des Chaleurs, si proche qu'ils eurent peur. Ils s'éloignèrent mais l'Arabe resta proche de là; il parla au bateau-fantôme, qui jetait du feu dans la mer et les Roussi leur répondit : « Shut up » et prononçaient des jurements. Alors l'Arabe dit : « Venez me chercher pour que je puisse aller jeter du feu moi aussi. » Alors l'Arabe disparut, et les cordages du bateau, les mâts et la cale du bateau étaient toute une belle flamme et à la place de la cale c'était toute une grosse cuve remplie de tisons que les hommes jetaient hors du bateau. Ils ont fait le tour du bateau à environ 50 verges et jetèrent l'ancre. Ils ont vu que c'était trop creux; il y avait 75 pieds d'eau. Ils sont revenus de nouveau où ils étaient et ils ont compris que c'était ce bateau-fantôme qui les avait entraînés là pour les faire périr. Ils sont allés voir leurs filets et en levant la tête, ils ont vu que le bateau était disparu. Ceci, M. Blanchard l'a vu lui-même. Il vit encore le bateau quelques temps et après ils regardèrent et le bateau était si loin, à peine que nous le voyions dit M. Blanchard. Et depuis ce temps-là, nous l'avons toujours appelé le feu Saint-Elme (Arabe). Et puis les vieux, depuis ce temps-là, l'ont toujours appelé le feu du mauvais temps.
Il apparaît le plus souvent la veille
d'un mauvais temps. Et à cause de par ici, les vieux
l'ont toujours appelé le « feu de la Baie des
Chaleurs. »
Adelin Legère (16)
Middle-Caraquet (Gloucester), NB
27 avril 1960
Université de Moncton, Centre d'études
acadiennes, Fonds Catherine-Jolicoeur, 63.022
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