Friedhelm
Lach
paru
dans Drawings and Paintings, édition de 2 000 copies,
Derek Hart, National Printing, Montréal, 1988
Dessiner
un masque sur un visage, comme le font les danseurs et comme les
guerriers l'ont fait, dessiner un masque qui couvre parfaitement
la surface du visage réel, créer un double qui confonde le vrai
visage et qui crée une realité mythique simulée, aujourd'hui, ce
concept n'est pas viable pour I'art de Ghitta
Caiserman-Roth.
Le masque dans I'oeuvre de Ghitta n'est plus le mirroir, le double,
ni le concept de la réalité. Pour elle, le masque est une
génération d'après des modèles d'objets déformés - comme des sacs
de papier pliés qui n'ont en eux-mêmes aucun rapport avec une origine
définie ou avec une histoire ou tradition. Ce sont des hyperréalités
dont le territoire ne dessine plus le visage. Leur réalité
simulée devient le plan ou le modèle pour les masques de Ghitta.
Elle les examine pour découvrir un "nouveau" monde dissimulé dans
les restes de contacts, de caresses et de ruptures. Elle cherche
ce que la vie révèle dans le processus intérieurs de la peinture
et de I'impression.
Le visage et le masque n'ont pas de coexistence réelle sauf dans
leur juxtaposition. Le fonctionnement entre les deux est nucléaire
et génétique. Les images de l'enlèvement des masques sont produites
par des décisions et des réactions immédiates et des banques de
souvenirs.
Le
processus n'est pas rationnel ni mesure sur un idéal ou une négation.
Il est purement opérationnel en utilisant le hasard et l'interrelation
constante. Ce n'est pas le développement de l'imaginaire, c'est
une hyperréalité qui interroge tout rapport, c'est une résurrection
artificielle de nouveaux signes à choix multiples qui signifie qu'il
remplace le réel en le substituant avec des modèles de caractère
immediat de dialogue et de transformation; il crée le double opérationnel
des processus de la vie dans sa juxtaposition. Dans la situation
actuelle, non seulement l'expérience esthétique elle-même a été
rendue douteuse mais aussi la viabilité de quelque forme, figuration
ou moyen particuliers. Tout, même l'art reconnu est suspect de mauvaise
information et de mauvaise représentation. Ghitta répond à cette
situation avec des images du masque et de I'enlèvement de celui-ci.
Elles nous impressionnent parce qu'elles se situent entre la pureté
d'une certaine création logique de structures de dialogue et d'associations
architypales, et l'impureté de la vie réelle remplie d'imperfections
et de surprises.
En ce sens, elles nous informent des traditions de représentation
et par le fait même, elle nous montrent le processus de la destabilisation
et les moyens utilisés pour représenter le "naturel".
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