Galerie
La Seigneurie, Centre culturel Vanier, Châteauguay
Du 31 mai au 10 juillet
John
Grande
Vie
des Arts, no 176, automne 1999, p.75.
Les
peintures multimédia d'Élaine Boily sont des explorations
cinématiques, picturalement texturées comme une sorte
d'écriture visuelle. Une imagerie multiple prédomine
dans ses tableaux, projetant une impression de mémoires,
d'évènements rappelés de passé. Comme
l'indique l'artiste :
« Dans les oeuvres présentées à
cette exposition, je poursuis ma recherche poétique et picturale
sur le temps, la lumière, l'architecture et la la dualité
entre contenu et contenant déjà amorcé dans
mon travail. Je tenterai de la partager avec les spectateurs et
ensemble, nous traversons le miroir du temps
»
L'artiste
traduit le sentiment du passage du temps où fusionnent souvernirs,
rêves et réflexions, grâce à la juxtaposition
d'indices visuels qui forment une sorte de système coloré
de notation visuelle. Les uvres donnent l'impression d'émerger
de portes tournantes en perpétuelle rotation : une surprise
nous attend à chaque tour. Boily construit des abstractions
composées de fragments où se mèlent des créations
formelles et des éléments figuratifs réels.
Une cacophonie d'images et d'atmosphères évoque une
mythologie faites d'inventions personnelles et d'emprunts au répertoire
d'images qui caractérisent l'académisme contemporain
et l'académisme passé. Dans un triptyque intitulé
L'envoi de l'ange, se démarquent une chemise et des
fragments de cartes topographiques incorporés à des
effets picturaux colorés. L'évènement auquel
il est fait allusion est-il tiré de la propre expérience
de Boily ou est-il fictif ? Peut-être un peu des deux. Le
panneau central de L'envoi de l'ange reconstruit l'aile d'un
ange déchu quelconque. Peut-être l'aile de cet Icare
moderne appartient-elle à la personne dont la chemise a été
appliquée au premier plan de la toile. Sous cette aile, l'empreinte
moulée et inversée d'une aile ramène l'uvre
à son point de départ. Le panneau de gauche du diptyque
Correspondances planétaires II comprend des photos
de la Terre vue de l'espace, ainsi que l'image d'une femme d'âge
mûr portant des vêtements d'une autre époque,
on trouve aussi des références plus immédiates
: l'enrobage d'une barre Granola a été collée
sur la toile et Boily a peint une adresse de site Internet (www
)
sur l'extrémité droite de l uvre. Le panneau
voisin avec ses sacs de riz, ses calligraphies chinoises, ses formes
abstraites et son cortège d'éléments divers
se veut un écho de la nature bric-à-brac de la vie
contemporaine.
L'expression visuelle d'Élaine
Boily n'incarne pas une quête quelconque d'un paradis
perdu puisqu'elle inclut sa propre image parmi les indices et les
annotations, ce qui situe fermement ces uvres dans le présent.
La mémoire perdue puis retrouvée. Elle refait surface
comme dans un tourbillon d'expériences. L' uvre Toubillon
II, avec ses éléments picturaux abstraits où
se mèlent les image d'un bateau, d'une voie ferrée
et d'une corde, est aussi vertigineuse et troublante. Il en a vu
de même de Symbiose I, où un monarque, au centre,
est entouré de mots peints à la main qui traversent
le fond de la toile : Parcelles du quotidien dépeint
des structures urbaines archaïque fascinantes en elles-mêmes
: le clocher d'une église des escaliers en spirale et un
château d'eau. Juxtaposés les uns aux autres, ces éléments
projettent une impression tant de passage du temps que de l'histoire
d'un lieu à la fois personnel et pourtant tout aussi éloigné
de ce passé. L' uvre devient ainsi une réflexion
sur la nature de la vie quotidienne moderne.
Traduit
de l'anglais par Monique Crépault
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