Monique
Parizeau
L’art de créer,
c’est l’art de donner. L’artiste donne à voir, à découvrir sans
aucun doute, à appréhender le monde à qui veut bien s’en donner
la peine.
Pendant des
siècles, les femmes artistes ont été ignorées. Que d’obstacles à
franchir pour la femme artiste! Elle a eu à vaincre des préjugés
masculins, à l’occasion féminins, pensons à Camille Claudel. Ces
préjugés existent-ils encore ? Les choix sont difficiles pour la
femme artiste, et ils le demeureront. Exercer son art ou pas, avoir
des enfants ou pas.
1970 - École
des Beaux-Arts de Montréal - réflexe tout naturel des étudiantes
en art : celui de signer leurs oeuvres de leur nom de famille, précédé
d’une initiale. Pourquoi ? Parce qu’à cette époque pas si lointaine,
pour les hommes connaisseurs ou pas, une oeuvre signée d’un nom
féminin n’avait aucun intérêt à leurs yeux. C’était l’attitude masculine
qui dictait en quelque sorte notre comportement. Combien de fois
certains hommes, jeunes ou vieux, nous interrogeaient sur la nécessité
d’entreprendre des études en art. Pour eux, mariage et enfants suffisaient;
par conséquent, ces études étaient une perte de temps! Même quelques
professeurs féminins émettaient des remarques qui en disaient long
sur leur attitude face à l’étudiante. Sachant que nous avions mari
et enfants, elles s’interrogeaient sur notre présence en ces lieux.
Tous et chacun s’attendaient à ce que nous soyons à nos tâches familiales.
Heureusement,
les temps ont changé, les mentalités ont évolué. Le Dinner Party
de l’Américaine Judy Chicago, présenté au Musée d’art contemporain
de Montréal en 1982, fut une révélation pour tous. La moitié de
l’exposition portait sur l’énumération de quelques artistes-femmes
depuis l’Antiquité et cela, dans les pays dits civilisés seulement.
De nos jours,
la société demande aux femmes de réussir en tout. La femme aura
toujours à choisir et ce sera un dilemme constant. Si elle a des
enfants, doit-elle mettre en veilleuse ses aspirations artistiques
? Ou doit-elle renoncer aux enfants pour se réaliser en tant qu’artiste
? Si elle accepte les enfants, que de déchirements, petits et grands,
et que de préoccupations de tous ordres qui, hélas, sont loin de
faciliter la création. Pour l’artiste masculin, le problème ne se
pose même pas; il ira à son atelier tous les jours, son bien-être
étant souvent assuré par sa conjointe qui verra à tout, et aux enfants
évidemment! Certes, il y a eu quelques progrès, mais les tâches
familiales restent le plus souvent l’apanage de la femme.
Que de grands
défis à relever. Les femmes ont des choses à dire, qu’elles soient
artistes ou écrivains. Ces dernières, depuis une vingtaine d’années,
prolifèrent et les meilleures oeuvres sont traduites de par le monde.
Les écrivains se servent de mots, les artistes se servent de formes,
de lignes et de couleurs. Les femmes artistes ont elles aussi beaucoup
à donner et font découvrir à l’autre moitié du genre humain leur
aspect de la vie, leur créativité, leur intuition, leur sensibilité.
Elles sont conscientes de leurs possibilités. Elles sont près de
la vie et c’est une richesse. La femme, parce qu’elle donne la vie
et la fait grandir, et cela est déjà une grande création, touche
à l’essentiel : la vie, la lente progression vers un tout avec ses
joies et ses douleurs. Tout cela passe dans son art, c’est une évidence.
Les préoccupations de la société qui l'entoure se révèlent également
à travers l'expression de son art. Elle ne se limite pas à son univers
quotidien. Son regard s'étend au-delà. L’être se révèle dans ses
oeuvres. À l’autre d’aller y puiser.
Somme toute,
la créativité fait appel aux émotions. Les femmes artistes savent
les exprimer avec mille et une nuances et touchent celui qui sait
voir.
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