Whoosh!, 1999

Musique dans le métro

Je travaille comme photographe depuis environ dix ans et je ressens toujours de l'excitation quand une image apparaît dans un plateau de révélateur. Le tirage est une partie très importante du procédé puisqu'il me permet d'amener une image de sa conception jusqu'à son achèvement. Dans la chambre noire, je peux interpréter une image jusqu'à ce qu'elle dise ce que je veux. La sensation qu'évoque une photographie, son sens, voilà ce qui est important pour moi. Je veux vous communiquer ce que je sens - une émotion, un sentiment, une sensation auditive, un sensation de joie, de tristesse, de peur, etc.

Le Métro évoque toute une gamme d'émotions. La vitesse, la propulsion des rames, les wagons métalliques qui transportent des étrangers ensemble dans un monde souterrain vers le travail, le foyer, une soirée de plaisir, au chevet d'un ami malade, n'importe où. Parfois, seule la nuit dans une station déserte, on éprouve un sentiment d'agitation, voire de peur. Il y a des fois où les foules sont si denses et se dépêchent avec tant de rapidité que l'on se sent presque emportée avec elles.

Mais il y a un rythme, une chanson et une musique dans le métro. Le crescendo à l'approche de la rame, l'accelerando à son départ et lorsqu'elle disparaît dans l'obscurité. Les doux sons des cloches qui chantent « do-sol-mi ». Attendre dans la station d'un terminus, regarder les rames faire demi-tour pour revenir dans l'autre sens et recommencer leur trajet, c'est comme se retrouver à l'intérieur d'un rondeau. Les mélodies des rames tournent et tournent encore.

Combiner deux images en une, c'est comme écrire une chanson. Une image est la mélodie, l'autre est l'harmonie.

Jackie Cytrynbaum