Démarche
artistique
La
vie quotidienne dans ce qu'elle a d'imprévisibilité
forme une partie du grand réservoir d'anecdotes qui alimente
mes oeuvres. Mon travail est de préparer un lieu qui propose
des atmosphères par des indices-images où le spectateur
peut promener son regard sur les frontières incertaines entre
la luminosité et l'obscurité de l'installation-projection.
Ainsi, j'esquisse
en photo et en vidéo des scènes et des passages familiers.
J'associe les images prises à des objets-supports (table,
mur, sol, plafond, ...) dans les installations. La rencontre de
la projection et des objets crée un dialogue sensible entre
les éléments et évoque la résurrection
d'une mémoire obscure. J'apprécie le contact du spectateur
avec la lumière qui crée une ombre dynamique dans
les installations « Brume légère »
et « Le wagon détaché ». L'opacité
de l'espace et de l'ombre métamorphosent notre perception
pour détourner la signification de l'image et de l'objet.
C'est une ombre métaphorisée qui n'impose pas une
pensée, mais qui suggère au spectateur de la créer.
Mes projections
photographiques, dans les pièces « La tache de naissance
», « La nuit blanche » et « Pissenlits »
, cherchent une possibilité de mise en lumière
des images négatives: il s'agit de l'inversion du processus
de la capture. Ce «rétro-processus» ne va pas
du négatif au positif, mais bien de l'intérieur vers
l'extérieur. Dans « la nuit blanche », le tube
de néon usé inspirent un sentiment d'instabilité
et de fatigue. À travers un processus «réductif»,
mes images tentent de retourner à un état primordial
de la perception, en questionnant avec une économie de moyens
la substance propre d'un objet. En conséquence, mes travaux
s'orientent vers une présentation «non-ressemblante»
de la vie. Je cherche l'exil, la «non-ressemblance»:
une imprécision, comme une gaucherie qui nous ferait voir
l'ambiguïté et l'aliénation de la ressemblance
telle que dégage la pièce « Brume légère
». Ceci amène une fusion entre mes expériences
vécues et celles des autres.
Le flou, l'ombre,
la tache et la surexposition introduisent généralement
une imprécision et une «négativité»
dans la photographie. Pourtant, ces images imprécises et
négatives s'identifient aux mémoires latentes les
plus sensibles et les plus fluides. Une répétition
de ces images n'évoque pas simplement l'accumulation de regrets,
elle devient plutôt un processus de remémoration. Ces
images fermentent dans le temps. Il s'ensuit que cette remémoration
devient une collecte sans fin des dépôts d'une mémoire
évaporée.
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