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La pietà
/Deuils, 1997
satin, tulle, acrylique sur toile, 250 cm x 150 cm, Galerie Verticale,
Laval.
Deuils
La représentation du deuil le plus connu de l'histoire est
certainement celle du Christ mort dans les bras de Marie. C'est
cette iconographie de la reine des douleurs (Mater Dolorosa) que
Renée Chevalier transforme dans sa Pietà. En
attirant l'attention, entre autre par son travail de déplacement
ou de travestissement des indices sexuels,
... Cette pratique de détournements, si caractéristique
de l'artiste, pervertit évidemment la vision conventionnelle
des liens de la Vierge au fils de Dieu fait homme et permet de faire
apparaître, dans l'espace du mourant, cette exceptionnelle
figure de l'Amour ; rencontre ultime de la vie et de son excès.
Marcel Saint-Pierre,
peintre et historien de l'art à l'UQAM, Superviseur de
l'exposition Deuils à la galerie Verticale. Extrait de l'opuscule
Deuils, 1997.
Litanies de
la bonne mort
Sous plusieurs angles, Renée Chevalier explore la relation
du sacré au profane. Le sentiment de révérence
religieuse associée à l'image codifiée de la
Pietà permet à Chevalier une appropriation et un
détournement de ce thème classique au profit de sa propre
interprétation... cette séduction visuelle s'établit
par des objets clinquants, des ajouts décoratifs ou des rinceaux
issus du vocabulaire architectural. Le regard prolonge la main qui
se laisse tenter par cette étoffe de satin, par l'effleurement
de la peau.
... Piquée à même le mur, cette toile de coton
brut, au traitement sali parce que peinte avec les mains, ne va pas
sans rappeler le saint suaire ou le voile de Véronique. Ce
traitement profanateur veut désacraliser le métier de
peintre et les normes établies du tableau. On oublie le cadre,
la forme parfaite à angle droit, la préparation, etc.
On leur substitue des produits d'apparat, des vêtements, des
décors, des bijoux ; matériaux venant investir le tableau
et amplifier l'ambiguité.
Soraya-Hanneh
Bassil, commissaire pour Deuils à la galerie Verticale.
Extrait de l'opuscule Deuils. 1997
Laval
Ressusciter la mort
L'exposition
Deuils reprend, pour sa part, l'univers eschatologique chrétien
en s'attachant à l'après-mort, aux rituels funéraires
et aux inscriptions du vivant dans la matière.
... Dans sa réinterprétation du thème de La
Pietà, R. Chevalier fait porter le propos sur l'incertitude
sexuelle du fils ou de la fille gisant dans les bras de sa mère
ou de son amante. Le corps du défunt (e) offert nu au regard
laisse voir, à la manière des natures mortes, toute
la déliquescence de la chair et l'aspect périssable
du désir.
Louise Fournel,
Extrait de Revue ETC, automne 1997
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