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 Déclaration du Conseil national du bien-être social

à l’occasion de la publication de

 Revenus de bien-être social 2009

 

13 décembre 2010, Ottawa

 

Prononcée par

Kizzy Paris, Joane Dallaire et Barb Gosse

 

 

 

seul le texte prononcé fait foi

Kizzy

Bonjour et bienvenue au lancement du nouveau rapport sur la situation de l’aide sociale au Canada.

Bienvenue à cette conférence de presse.

Je m’appelle Kizzy et, bien que je ne reçoive pas d’aide sociale, c’est une question importante pour moi.

En 1997, je suis partie de Montréal pour m’installer à Ottawa, avec celui qui est devenu mon ex-mari. J’avais alors un plan d’action : je voulais faire des études postsecondaires, décrocher un bon emploi et m’acheter une maison.

Depuis que je suis à Ottawa, j’ai fait des études et j’ai passé plus de dix ans à travailler dur pour donner à ma famille un mode de vie sain.

Je suis instruite, j’ai un emploi et je suis une mère divorcée. À titre de mère seule qui travaille et qui doit prendre soin de deux enfants, je me sens vulnérable aux risques de perdre mon emploi et de devoir recourir à l’aide sociale.

Si un jour je devais faire appel à l’aide sociale, j’aimerais que le processus de demande et le soutien accordé respectent ma dignité, au lieu de me donner l’impression d’être une citoyenne de seconde classe.

Même avec mon plan d’action en main, et ma détermination à le respecter, la vie a toujours été difficile en raison de circonstances échappant à mon contrôle. Et je ne suis pas la seule dans cette situation. Mais cela ne devrait pas être ainsi.

J’espère que vous écouterez attentivement ce qu’ont à vous dire John et Glen, du Conseil national du bien-être social.

Joane

Comme vous venez de l’entendre je suis conseillère budgétaire pour un organisme spécialisé en littératie financière, Entraide budgétaire Ottawa.

Mon travail consiste, entre autres, à offrir des conseils et du support aux gens qui font face à des problèmes d’ordre budgétaire.

Dans bien des cas, l’exercice se fait assez aisément et ‘’sans douleur’’.  J’encourage mes clients à planifier leur budget quelques mois  d’avance  et on s’assure  que les dépenses auxquelles  ils doivent faire face seront bien réparties au cours des mois à venir. Naturellement  j’insiste beaucoup pour qu’ils mettent un peu d’argent de côté pour les imprévus.

Malheureusement, en ce qui concerne les gens qui se retrouvent sur l’aide sociale et particulièrement les personnes  sans enfant et vivant  seules, il est rarement possible d’équilibrer leur budget. Dans bien des cas, les prestations qu’ils reçoivent  ne couvrent même pas les frais réels de logement et de nourriture. Plusieurs doivent utiliser l’argent prévu pour la nourriture pour couvrir les coûts du loyer. Les solutions qui restent ensuite pour manger et pour les autres besoins de base : aller à la banque alimentaire, manger dans les soupes populaires,  faire attendre un compte d’électricité avec le risque de se faire débrancher, ne  pas payer sa facture de téléphone, compter sur la charité des autres pour se vêtir  et évidemment oublier l’idée d’aller acheter des Tylenols pour ses maux de tête.

Comment on fait un budget avec une personne sur l’aide sociale? Une fois qu’on a déduit de ses revenus les coûts d’habitation, de transport, de téléphone, et une partie de ses besoins en nourriture, il faut identifier avec elle tous les endroits où elle pourra obtenir gratuitement des services ou des biens pour combler ses autres besoins essentiels.

Les  gens qui tombent sur l’aide sociale et qui ont recours à nos services n’ont évidemment pas de fonds d’urgence, ce petit coussin qui permettrait de faire face aux imprévus, ou de combler leur déficit budgétaire mensuel. Quand on tombe sur l’aide sociale avec Ontario au travail, il faut d’abord avoir écoulé presque toutes ses réserves d’argent.

Lorsqu’on se retrouve aussi démuni,  vous comprendrez qu’on doit se débattre pour trouver des solutions  pour combler ses besoins de base.

Et à mettre autant d’efforts à simplement essayer de survivre, il ne reste finalement pas beaucoup d’énergie pour se sortir de l’aide sociale.

Je vous remercie de m’avoir écouté.

Barb

Je suis heureuse d’être ici aujourd’hui pour témoigner de l’important travail entrepris par le Conseil national du bien-être social depuis 1986. Le rapport qui paraît aujourd’hui, Revenus de bien-être social de 2009, fait ressortir que partout au pays, les revenus de bien-être social demeurent bien en‑deçà de ce qui est socialement acceptable. Cela doit changer si nous souhaitons offrir à tous les types de ménage un niveau de vie de base qui soit réaliste, et si nous voulons voir diminuer le nombre de personnes et de familles qui ont recours à l’aide sociale et de ceux qui s’y trouvent pris au piège.

Il n’y pas de doute que la stabilité, la mobilité et le bien-être sont des éléments clés à promouvoir pour favoriser la fin de la dépendance à l’aide sociale. Toutefois, les politiques actuelles qui demandent aux ménages de « tout dépenser maintenant » leurs revenus et leurs liquidités avant de leur donner accès aux revenus et aux services de l’aide sociale font plus de tort que de bien. Au lieu de promouvoir la sécurité économique, de telles politiques empêchent les familles de monter dans l’échelle socio-économique. Nous convenons avec le Conseil national du bien-être social que les politiques prévoyant une faible exemption de liquidités sont néfastes. Nous croyons aussi que la conservation des actifs et des revenus, combinée à un revenu suffisant pour répondre aux besoins essentiels, ne constitue pas seulement un filet de sécurité : cela peut devenir pour ainsi dire un tremplin qui aide ces personnes et ces familles – et du même coup notre économie – à affronter les ennuis financiers et à redresser leur situation. En fait, il faut modifier les politiques sur l’aide sociale pour éviter qu’elles ne dépossèdent les demandeurs des avoirs qui leur permettront de devenir autonomes et de cesser pour de bon de recourir à l’aide sociale. C’est exactement ce à quoi doivent servir les mesures d’aide sociale.

L’organisme SEDI a vu comment cela fonctionne sur le terrain. Nous avons conçu, mis en place et géré plusieurs programmes pour inciter à l’épargne (en déposant un montant correspondant à celui épargné par la personne) et favoriser la littératie financière chez les bénéficiaires d’aide sociale. Dans le cadre de ces programmes, les incitatifs à l’épargne visent à accroître le degré d’autonomie, par exemple en favorisant l’accès aux études postsecondaires et à la formation professionnelle ou en encourageant à épargner le premier et le dernier mois de loyer. Nous avons vu des participants, comme Lynne Fisher, une mère seule vivant dans un refuge au centre-ville de Toronto, réussir à se sortir de l’aide sociale. Grâce au programme d’incitation à l’épargne et aux mesures de soutien à la littératie financière, Lynn a épargné assez d’argent pour emménager dans son propre logement, trouver un emploi et ainsi renoncer à l’aide sociale, et ce, en deux ans seulement. Lynn a réussi à conserver son autonomie et son logement depuis plus de quatre ans maintenant.

Comprenez-moi bien : rien n’est facile pour les bénéficiaires de l’aide au revenu, mais ces programmes sont au moins porteurs d’espoir, là où il n’y en a généralement pas beaucoup. Les bénéficiaires de l’aide sociale ont du mal à épargner et à accumuler des actifs, mais ils prouvent BEL ET BIEN que même les personnes à très faible revenu sont réceptives aux programmes d’incitation à l’épargne. Autre fait important à noter : six provinces ont décidé d’exempter l’épargne personnelle et les fonds d’épargne obtenus de programmes reconnus pour les bénéficiaires de l’aide au revenu.

La province du Manitoba a récemment pris les dispositions nécessaires pour que les bénéficiaires de l’aide au revenu puissent conserver jusqu’à 4 000 $ par personne en actifs financiers, afin de les aider à se sortir de l’aide sociale. Cet important changement de politique découle du fait que l’on a reconnu que ceux qui disposent de peu de liquidités (qui sont limitées en raison de règlements empêchant d’en conserver) ne peuvent rompre le cycle de la dépendance à l’aide sociale.  

L’heure est venue de passer à l’action sur la question de l’accumulation et de la conservation des actifs. Il faut voir, dans ces modifications aux règlements et les mesures d’aide qui y sont liées, des investissements et, qui plus est, des investissements dans la vie des gens qui en ont le plus besoin. Voilà des changements nécessaires qui aideront les familles canadiennes aux prises avec des difficultés financières et qui favoriseront la sécurité financière et la mobilité économique, car nous savons maintenant que : la pauvreté est bien sûr liée au revenu, mais ce n’est pas seulement une question de revenu.

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Date Modified:
2012-09-27