PROFIL DE LA PAUVRETÉ : ÉDITION SPÉCIALE
Comparativement aux personnes non ethnicisées vivant dans la pauvreté, les personnes ethnicisées vivant dans la pauvreté sont plus susceptibles d'être :
En général, leur revenu est plus faible que celui des personnes non ethnicisées qui vivent dans la pauvreté. Par contre, quand elles travaillent à temps plein toute l'année, leur revenu d'emploi est supérieur à celui des personnes non ethnicisées dans la même situation.
Ce terme désigne les personnes, autres que les Autochtones, qui ne sont pas de race blanche ou qui n'ont pas la peau blanche.
Dans le présent bulletin, le terme « personne ethnicisée » fait référence aux personnes qui se sont désignées comme une minorité visible dans le recensement de 2006. Pour plus de renseignements concernant la terminologie, consultez la section Méthodologie à la fin du présent bulletin.
Les communautés ethnicisées sont aux prises avec des niveaux de pauvreté élevés. Le recensement de 2006 révélait que le taux global de pauvreté au Canada était de 11 %. Par contre, chez les personnes ethnicisées, il était de 22 %, contre 9 % chez les personnes non ethnicisées.
Au sein de la communauté ethnicisée, les taux de pauvreté varient largement, atteignant un sommet de 40 % pour les personnes qui s'identifient comme coréennes, et allant aussi bas que 11 % pour les personnes s'identifiant comme philippines.
Dans deux des plus grandes villes du Canada, plus de la moitié des personnes qui vivent dans la pauvreté sont issues de groupes ethnicisés :
La pauvreté prend de l'ampleur dans les communautés ethnicisées. Par exemple, à Toronto, le nombre de familles ethnicisées qui vivent dans la pauvreté a augmenté de 362 % entre 1980 et 2000, taux bien plus élevé que l'augmentation de leur population, qui est de 219 %1.
Le problème frappe particulièrement les immigrants les plus récents, dont la plupart appartiennent à des groupes ethnicisés. De façon générale, au cours des deux dernières décennies, les taux de pauvreté ont augmenté chez les immigrants et ont diminué chez les personnes qui sont nées au pays2. Cela est indissociable du fort déclin des gains relatifs chez les immigrants pour la même période. Le déclin s'est produit en même temps que les niveaux d'instruction augmentaient chez les immigrants. Selon les estimations découlant d'une étude, vers la fin des années 90, 41 % des immigrants pauvres de façon chronique possédaient un diplôme3.
En cherchant des renseignements statistiques sur les communautés ethnicisées au Canada, nous avons trouvé plusieurs profils démographiques et socioéconomiques.
Par contre, nous n'avons trouvé aucun profil qui se concentrait sur les personnes vivant dans la pauvreté.
Afin de combler cette lacune, nous avons créé un aperçu des caractéristiques démographiques et socioéconomiques des personnes ethnicisées vivant dans la pauvreté au Canada. Afin de créer le profil, nous nous sommes servis des données fournies par le recensement de 2006.
Nous avons également observé les différences qui existaient entre ce groupe et les personnes non ethnicisées vivant dans la pauvreté.
Premièrement, ce profil est un aperçu de toutes les personnes ethnicisées vivant dans la pauvreté. Il ne porte pas sur un groupe ethnicisé en particulier. Nous reconnaissons qu'il existe une grande diversité au sein de la communauté ethnicisée et qu'elle n'est pas prise en compte dans cet aperçu.
Deuxièmement, bon nombre des facteurs qui composent cet aperçu sont codépendants. Par exemple, la connaissance de la langue peut avoir un effet sur l'employabilité. Ces relations peuvent disparaître quand on regarde chaque facteur séparément. Nous encourageons les lecteurs à prendre du recul par rapport à des enjeux particuliers et à considérer la situation dans son ensemble.
En dernier lieu, les raisons expliquant les différences que nous avons constatées entre les personnes ethnicisées et non ethnicisées vivant dans la pauvreté dépassent la portée du présent profil statistique. Les lecteurs intéressés à en connaître les raisons peuvent consulter la liste des lectures choisies qui se trouve à la fin du bulletin pour approfondir la question.
Le profil se concentre sur les personnes ethnicisées vivant dans la pauvreté. Bon nombre des résultats reflètent la composition générale de l'ensemble de la population ethnicisée du Canada. Par exemple, l'ensemble de cette population est relativement jeune. Par conséquent, il n'est pas surprenant que la population ethnicisée vivant dans la pauvreté soit également jeune. Voici certaines statistiques clés concernant la population ethnicisée au Canada, qui sont tirées du recensement de 2006.
Accroissement de la population : La population ethnicisée augmente plus rapidement que celle non ethnicisée. On prévoit que, en 2031, environ un Canadien ou une Canadienne sur trois pourrait appartenir à un groupe ethnicisé, contre un sur 20 en 19814.
Concentration géographique : Plus de la moitié (54 %) de la population ethnicisée vit en Ontario, qui est suivi par la Colombie-Britannique (20 %), le Québec (13 %) et l'Alberta (9 %). Toronto accueille 43 % de l'ensemble des personnes ethnicisées au pays.
Jeunesse relative : La population ethnicisée est composée à 38 % de personnes âgées de moins de 25 ans, contre 30 % de la population non ethnicisée.
La plupart vivent avec des membres de la famille : seulement 8 % des personnes ethnicisées ne vivent pas avec un membre de la famille, contre 15 % des personnes non ethnicisées.
Beaucoup sont des immigrants : les deux tiers des personnes issues des communautés ethniques sont immigrantes, et la majorité d'entre elles sont originaires d'Asie. Le quart des immigrants ethnicisés sont arrivés récemment au pays, soit depuis 2001.
Beaucoup de diversité : Les personnes ethnicisées ont des origines bien diversifiées. Les Asiatiques du Sud (25 %), les Chinois (24 %) et les Noirs (15 %) représentent les groupes les plus importants, même s'il existe une grande diversité au sein de ces trois groupes.
Souvent très instruits : Quarante-quatre pour cent des personnes ethnicisées âgées de 25 à 64 ans possèdent un certificat ou un diplôme d'études universitaires, contre 25 % des personnes non ethnicisées.
Revenu plus faible : En 2005, le revenu médian des personnes ethnicisées était de 19 100 $, comparativement à 27 100 $ pour les personnes non ethnicisées.
La plupart travaillent, mais les revenus d'emploi sont plus bas : le taux d'emploi du noyau d'adultes en âge de travailler5 chez les personnes ethnicisées était de 75 % au moment du recensement de 2006, et le taux de chômage, de 6 %. Les revenus d'emploi étaient plus faibles chez les personnes ethnicisées que chez celles qui ne le sont pas — une médiane de 22 400 $ contre 27 900 $.
Il y avait 1,1 million de personnes ethnicisées qui vivaient dans la pauvreté au Canada, en 2006. Elles comptaient pour :
Un peu plus de la moitié d'entre elles (52 %) vivent en Ontario, qui est suivi par la ColombieBritannique (20 %) et le Québec (18 %).
Toronto abrite 41 % de toutes les personnes ethnicisées vivant dans la pauvreté. En deuxième position, Vancouver est de loin derrière, avec 18 % d'entre elles, suivie par Montréal, qui en abrite 17 %. C'est dans ces trois villes que résident 76 % des personnes ethnicisées vivant dans la pauvreté.
Les 2,4 millions de personnes non ethnicisées vivant dans la pauvreté n'étaient pas aussi concentrées en Ontario. Environ le tiers d'entre elles (32 %) vivait en Ontario. Le Québec arrivait en deuxième position (30 %), suivi par la Colombie-Britannique (13 %).
Par ville, 16 % des personnes pauvres non ethnicisées vivaient à Montréal, qui était suivie par Toronto (11 %) et Vancouver (6 %). Cela totalise 34 %, ce qui est loin des 76 % de personnes pauvres ethnicisées vivant dans ces trois villes.
La population ethnicisée vivant dans la pauvreté est composée à 52 % de femmes contre 48 % d'hommes.
Cette situation est similaire à celle de la population non ethnicisée, où 54 % des personnes vivant dans la pauvreté sont des femmes, et 46 %, des hommes.
La plupart des personnes ethnicisées vivant dans la pauvreté habitaient avec d'autres membres de la famille (81 %). Chez les personnes pauvres non ethnicisées, ce pourcentage est beaucoup plus faible (58 %). Autrement dit, seulement 19 % des personnes pauvres ethnicisées ne vivaient avec aucun membre de la famille, contre 42 % des personnes pauvres non ethnicisées6.
Une grande part de cet écart est attribuable au fait qu'un grand nombre des personnes non ethnicisées vivant dans la pauvreté habitaient seules —29 %, contre 10 % des personnes pauvres ethnicisées.
Chez les personnes ethnicisées âgées de 15 ans et plus qui vivaient dans la pauvreté, un plus grand nombre étaient mariées que célibataires (44 % contre 41 %).
Cela contraste vivement avec les personnes non ethnicisées vivant dans la pauvreté, dont 19 % étaient mariées et 52 %, célibataires.
Les personnes non ethnicisées vivant dans la pauvreté étaient plus enclines à vivre en union de fait — 8 %, contre 3 % des personnes ethnicisées.
La population de personnes ethnicisées vivant dans la pauvreté est jeune. Près de la moitié d'entre elles (46 %) sont âgées de moins de 25 ans.
Dix pour cent d'entre elles étaient âgées de 55 ans et plus.
Chez les personnes non ethnicisées vivant dans la pauvreté, le groupe est plus âgé. Seulement 36 % avaient moins de 25 ans.
Près du quart du groupe (23 %) était âgé de 55 ans et plus.
La majorité des personnes ethnicisées (66 %) vivant dans la pauvreté étaient immigrantes. Pour ce qui touche le reste, 8 % étaient des résidents non permanents7 et les 25 % restants sont nés au Canada.
Chez les personnes non ethnicisées, 12 % de celles vivant dans la pauvreté sont immigrantes.
Les personnes appartenant aux groupes ethnicisés représentent 54 % de l'ensemble des immigrants au Canada. Toutefois, elles forment 71 % de l'ensemble des immigrants vivant dans la pauvreté.
Chez les personnes ethnicisées, près de trois immigrants pauvres sur quatre sont nés en Asie et au Moyen-Orient. Dans les groupes non ethnicisés, près de trois immigrants pauvres sur quatre sont nés en Europe, et la plupart d'entre eux viennent de l'Europe de l'Est et du Sud.
Dans les trois villes étudiées, l'Asie et le Moyen-Orient sont les lieux de naissance les plus courants des immigrants ethnicisés vivant dans la pauvreté, mais les proportions varient largement :
Près des deux tiers (61 %) des immigrants ethnicisés vivant dans la pauvreté sont arrivés au Canada au cours des dix années précédentes, entre 1996 et 2006. Parmi eux, sept personnes sur dix sont arrivées au cours des cinq années précédentes, de 2001 à 2006. Une petite partie (9 %) des personnes vivant dans la pauvreté ont immigré avant 1981.
Chez les immigrants non ethnicisés vivant dans la pauvreté, un plus petit nombre (37 %) a immigré au Canada au cours des dix années précédentes. Plus souvent, ils avaient immigré avant 1981(42 %).
Le groupe des personnes ethnicisées vivant dans la pauvreté est composé à 90 % d'immigrants de première génération8. Cette situation pourrait aussi bien refléter le grand nombre de nouveaux immigrants de cette population que les difficultés auxquelles ils doivent faire face pour s'établir dans leur nouveau pays.
Seulement 15 % des personnes non ethnicisées vivant dans la pauvreté sont de première génération. La plupart (72 %) sont de troisième génération ou plus.
Près des trois quarts (72 %) des personnes ethnicisées vivant dans la pauvreté ont une autre langue que l'anglais ou le français comme langue maternelle.
Chez les personnes non ethnicisées, cette catégorie compte pour 12 % du groupe.
Les langues maternelles les plus courantes chez les personnes ethnicisées vivant dans la pauvreté sont les langues chinoises. Chez les personnes pauvres non ethnicisées, ce sont l'allemand, l'italien et le russe.
Les langues chinoises sont les langues maternelles les plus courantes chez les personnes ethnicisées vivant dans la pauvreté à Toronto (28 %) et à Vancouver (54 %). À Montréal, il s'agit de l'arabe (23 % des personnes pauvres ethnicisées).
Une personne ethnicisée vivant dans la pauvreté sur trois (33 %) a déclaré qu'elle parlait le plus souvent l'anglais à la maison. Il s'agit du français chez 6 % d'entre elles. Pour 5% du groupe, l'anglais et une langue non officielle étaient toutes deux parlées souvent à la maison.
Plus de la moitié (54 %) des personnes ethnicisées vivant dans la pauvreté ont déclaré qu'elles utilisaient le plus souvent une autre langue que l'anglais ou le français à la maison. Ce pourcentage est inférieur aux 72 % des personnes qui ont déclaré que leur langue maternelle n'était ni l'anglais ni le français.
Chez les personnes non ethnicisées vivant dans la pauvreté, 66 % ont déclaré que l'anglais était le plus souvent parlé à la maison, suivi par le français (26 %) et d'autres langues (6 %).
La plupart des personnes vivant dans la pauvreté ont des connaissances de l'anglais, du français ou des deux langues. Seulement 10 % des personnes ethnicisées et 1 % des personnes non ethnicisées ne connaissaient aucune des deux langues officielles.
La répartition par minorité visible des personnes ethnicisées vivant dans la pauvreté est très semblable à celle de la population ethnicisée en général.
Près du quart (24 %) des personnes ethnicisées vivant dans la pauvreté a dit appartenir au groupe chinois, suivi par les Asiatiques du Sud (20 %) et les Noirs (18 %).
Les minorités visibles définies par la Loi sur l'équité en matière d'emploi masquent la plus grande part de la diversité qui existe au sein des groupes. Par exemple, les Asiatiques du Sud comprennent les personnes appartenant aux groupes des Indiens, des Pakistanais, des Sri Lankais et des Bangladais. La minorité visible regroupant les Noirs peut inclure des personnes ayant pour origine l'Afrique ou les Caraïbes.
Dans le recensement, les personnes pouvaient s'identifier à une origine ethnique ou plus. Pour cette raison, la somme des différentes origines ethniques peut dépasser 100 %.
Lorsqu'on examine les origines ethniques, la diversité qui existe au sein de la population des personnes ethnicisées vivant dans la pauvreté est évidente.
Chez les personnes ethnicisées vivant dans la pauvreté, les groupes d'Asiatiques de l'Est et du Sud-Est étaient les origines ethniques les plus souvent citées (40 %). La catégorie était dominée par le groupe chinois, suivi par les groupes, plus petits, coréens, philippins et vietnamiens.
La deuxième origine citée en importance était les Asiatiques du Sud (20 %). Les ressortissants des Indes orientales composaient environ la moitié de cette catégorie, suivis par le groupe pakistanais.
Les autres origines fréquemment citées étaient africaine (11 %), antillaise (9 %) et arabe (9 %).
Chez les personnes non ethnicisées vivant dans la pauvreté, l'origine ethnique la plus souvent citée était canadienne (38 %), suivie par les personnes issues des îles britanniques (36 %), les Européens (34 %) et les Français (20 %). Les personnes d'origine autochtone, qui se retrouvent dans la présente catégorie en raison de notre utilisation du concept de minorité visible, en composaient 10 %.
La minorité visible la plus courante changeait dans chaque ville :
À Toronto comme à Vancouver, l'origine ethnique la plus courante chez les personnes pauvres ethnicisées était l'Asie de l'Est et du Sud-Est — 35 % des personnes à Toronto, et 75 % à Vancouver. À Montréal, l'origine ethnique la plus courante était Asiatique de l'Est et du Sud-Est, ainsi qu'arabe. Ces origines comptaient toutes deux 21 % des personnes ethnicisées vivant dans la pauvreté.
Les personnes ethnicisées vivant dans la pauvreté sont plus susceptibles de déménager que les autres personnes dans la même situation. En 2006, 68 % d'entre elles vivaient à une autre adresse que cinq ans plus tôt. Ce pourcentage est plus faible dans la population non ethnicisée vivant dans la pauvreté, où il est de 56 %.
Chez les personnes pauvres ethnicisées qui ont déménagé, le déplacement le plus courant était depuis un autre pays vers le Canada. Cette donnée reflète le nombre élevé de nouveaux immigrants vivant dans la pauvreté.
Si on observe le statut de mobilité pour seulement une année, l'écart disparaît presque entre les personnes ethnicisées vivant dans la pauvreté et celles qui ne sont pas ethnicisées. Par exemple, 30 % des personnes ethnicisées vivaient à une autre adresse en 2006 qu'en 2005. Chez les personnes non ethnicisées, ce pourcentage était de 26 %.
Les personnes qui vivent dans la pauvreté ont tendance à se déplacer plus souvent que les personnes qui ne vivent pas dans la pauvreté. Elles peuvent être forcées de déménager pour trouver un logement plus abordable et qui leur convient mieux, ou parce que leur voisinage ne les satisfait pas. Aussi, elles peuvent déménager pour trouver de meilleures occasions d'emploi ou avoir un meilleur accès à des services.
En général, les personnes ethnicisées vivant dans la pauvreté possédaient un niveau de scolarité plus élevé que les personnes non ethnicisées.
Par exemple, on observe que plus de personnes non ethnicisées vivant dans la pauvreté (34 %) n'ont pas terminé leurs études secondaires que les personnes ethnicisées (24 %).
Pour ce qui est des niveaux de scolarité plus élevés, 11 % des personnes non ethnicisées vivant dans la pauvreté possédaient un certificat ou un diplôme d'études universitaires, contre 25 % des personnes ethnicisées.
L'écart est encore plus prononcé chez la population d'âge actif (25 à 64 ans).
Tableau 1 : Pourcentage des personnes, âgées de 25 à 64 ans, vivant dans la pauvreté par niveau de scolarité le plus élevé qui a été atteint
Personnes non ethnicisées |
Personnes ethnicisées |
|
---|---|---|
Sans diplôme d'études secondaires |
29 % | 17 % |
Certificat ou diplôme d'études universitaires |
13 % | 32 % |
Les niveaux élevés de scolarité chez les personnes ethnicisées reflètent la situation chez les immigrants, qui comptent pour les deux tiers des personnes ethnicisées vivant dans la pauvreté.
Des personnes ethnicisées vivant dans la pauvreté qui possédaient un diplôme d'études postsecondaires9, la majorité (68 %) ont reçu leur diplôme à l'extérieur du Canada. Les autres (32 %) ont obtenu leur diplôme au Canada.
Chez les personnes non ethnicisées vivant dans la pauvreté, c'est la situation inverse : la grande majorité (85 %) a reçu son diplôme au Canada, alors qu'un petit nombre (15 %) l'a reçu à l'extérieur du pays.
Chez les personnes ethnicisées aussi bien que celles non ethnicisées vivant dans la pauvreté et possédant un diplôme d'études postsecondaires, les deux domaines d'études les plus courants étaient :
En regardant les autres domaines d'études, on observe que les personnes ethnicisées vivant dans la pauvreté sont plus susceptibles de se spécialiser en sciences et en mathématiques. Treize pour cent d'entre elles ont étudié dans le domaine des sciences ou des mathématiques et de l'informatique, contre 7 % des personnes non ethnicisées vivant dans la pauvreté.
Chez les jeunes âgés de 15 à 24 ans vivant dans la pauvreté, les taux d'emploi et de participation à la population active étaient plus bas chez les jeunes ethnicisés que chez les autres jeunes.
Cet écart peut être en partie expliqué par le fait que, en général, les jeunes ethnicisés fréquentent plus l'école que les autres jeunes. Les jeunes étudiants immigrants sont également moins portés à combiner le travail et les études que ne le sont les jeunes nés au Canada10.
Chez les jeunes vivant dans la pauvreté qui désirent travailler, le taux de chômage était plus élevé chez les jeunes ethnicisés (23 %, contre 16 % chez les jeunes non ethnicisés).
En 2006, 64 % des adultes ethnicisés âgés de 25 à 54 ans vivant dans la pauvreté ont participé à la population active, c'est-à-dire qu'ils étaient soit employés soit à la recherche d'un emploi. Il s'agit environ du même taux que pour les personnes non ethnicisées vivant dans la pauvreté (63 %).
Les taux d'emploi étaient les mêmes pour les personnes ethnicisées et non ethnicisées vivant dans la pauvreté (53 %).
Les taux de chômage étaient plus élevés pour les personnes ethnicisées vivant dans la pauvreté — 17 % contre 15 % chez les autres.
Les taux de chômage chez les adultes ethnicisés vivant dans la pauvreté étaient beaucoup plus élevés à Montréal (28 %) qu'à Toronto (15 %) ou Vancouver (13 %).
Chez les hommes vivant dans la pauvreté, les taux de participation à la population active et d'emploi sont plus élevés pour ceux ethnicisés que pour les autres hommes. Toutefois, le taux de chômage est le même — 15 % — que celui des autres hommes pauvres.
Chez les femmes vivant dans la pauvreté, les femmes ethnicisées ont un taux d'emploi et de participation à la population active plus faible que celui des autres femmes. De plus, leur taux de chômage est plus élevé.
Tableaux 2.1 - 2.3 : Situation d'activité de la population d'âge actif (25-54 ans) vivant dans la pauvreté, 2006
Tableau 2.1 : Taux de participation
Personnes ethnicisées | Personnes non ethnicisées | |
---|---|---|
Femmes | 55 % | 57 % |
Hommes | 74 % | 68 % |
Tableau 2.2 : Taux d'emploi
Personnes ethnicisées | Personnes non ethnicisées | |
---|---|---|
Femmes | 44 % | 48 % |
Hommes | 63 % | 58 % |
Tableau 2.3 : Taux de chômage
Personnes ethnicisées | Personnes non ethnicisées | |
---|---|---|
Femmes | 19 % | 16 % |
Hommes | 15 % | 15 % |
Les femmes vivant dans la pauvreté sont moins portées à participer à la population active quand leurs enfants sont âgés de moins de six ans. Elles seront plus portées à participer quand les enfants seront tous âgés de six ans et plus.
Dans les deux cas, les femmes ethnicisées vivant dans la pauvreté ont un taux d'emploi et de participation légèrement inférieur à celui des femmes non ethnicisées, et leur taux de chômage est plus élevé.
Les femmes vivant dans un ménage pauvre sont moins susceptibles de participer à la population active que les femmes qui ne sont pas dans un ménage pauvre, sans égard à l'âge des enfants. Par exemple, dans les ménages où les enfants sont tous âgés de moins de six ans, 30 % des femmes ethnicisées vivant dans un ménage pauvre travaillent, contre 61 % des femmes ethnicisées vivant dans un ménage qui n'est pas pauvre.
Chez les travailleurs vivant dans la pauvreté, les hommes ethnicisés étaient plus enclins à occuper un emploi dans les industries suivantes :
La répartition par industrie chez les hommes non ethnicisés vivant dans la pauvreté était légèrement différente :
On trouvait plus d'hommes ethnicisés que non ethnicisés qui travaillaient dans le transport et l'entreposage, ainsi que dans les services professionnels, scientifiques et techniques.
Les travailleuses vivant dans la pauvreté étaient plus susceptibles d'occuper un emploi dans les trois secteurs suivants :
Près de deux fois plus de femmes pauvres ethnicisées que d'autres femmes pauvres travaillent dans l'industrie manufacturière (9 % contre 5 %).
L'industrie manufacturière et le secteur de la construction sont parmi les domaines qui ont subi les pertes d'emploi les plus importantes pendant la récession de 2008-200911 — deux secteurs où travaillaient nombre des travailleurs pauvres.
Près de la moitié des femmes pauvres faisant partie de la population active rémunérée occupaient un emploi dans le domaine des ventes et services. Dans ce type d'emploi, les femmes ethnicisées étaient :
Chez les hommes vivant dans la pauvreté, les emplois les plus courants étaient liés aux domaines qui suivent :
Les hommes ethnicisés occupaient plutôt les emplois de la première catégorie (31 % des travailleurs). Les hommes non ethnicisés occupaient plutôt des emplois de la deuxième catégorie (28 % des travailleurs).
Les emplois dans les services ont tendance à offrir une sécurité d'emploi limitée, peu d'avantages en matière d'emploi et des salaires très bas12.
Les personnes vivant dans la pauvreté âgées de plus de 15 ans qui travaillaient dans la population active rémunérée étaient surtout des employés payés (82 % des personnes ethnicisées et 79 % des personnes non ethnicisées).
Les personnes non ethnicisées étaient plus enclines à être des travailleurs indépendants : 20 % contre 17 % des travailleurs pauvres ethnicisés13.
Il était plus fréquent pour les hommes vivant dans la pauvreté que pour les femmes d'occuper un travail indépendant. Les hommes pauvres non ethnicisés sont plus souvent des travailleurs indépendants que les hommes pauvres ethnicisés.
Tant chez les travailleurs ethnicisés que non ethnicisés vivant dans la pauvreté, seulement 1 % étaient des travailleurs familiaux non rémunérés.
Les hommes et les femmes pauvres ethnicisés passent plus de temps dans des activités de garde qui ne sont pas payées que les autres personnes vivant dans la pauvreté :
Toutefois, en observant les données concernant les personnes qui ont consacré de longues heures non payées au soin des enfants, les détails sont environ les mêmes chez les personnes ethnicisées et non ethnicisées vivant dans la pauvreté.
Les données montrent les revenus en 2005 pour les personnes âgées de 15 ans et plus. Comme pour le reste du présent profil, les données sur le revenu qui sont montrées concernent les personnes vivant dans la pauvreté.
Le revenu médian est le point milieu de la série des revenus. C'estàdire que la moitié des personnes ont un revenu plus élevé que la médiane et l'autre moitié, un revenu plus faible.
En 2005, 15 % des personnes ethnicisées vivant dans la pauvreté n'ont déclaré aucun revenu. Cela représente environ le double du pourcentage des personnes non ethnicisées vivant dans la pauvreté (8 %).
Les personnes pauvres ethnicisées gagnaient un revenu total médian plus faible que les autres personnes vivant dans la pauvreté (7 800 $ contre 9 300 $).
Afin de mettre en perspective le revenu des personnes vivant dans la pauvreté, soulignons que le revenu total médian des personnes ne vivant pas dans la pauvreté était de 24 700 $ pour les personnes ethnicisées, et de 30 100 $ pour les personnes non ethnicisées.
Le revenu médian était plus élevé chez les femmes vivant dans la pauvreté que chez les hommes, à la fois dans les groupes ethnicisés et non ethnicisés. La situation s'inverse chez les personnes ne vivant pas dans la pauvreté, où le revenu médian des hommes est plus élevé que celui des femmes.
Tableau 3 : Revenu total médian des personnes vivant dans la pauvreté, 2005
Personnes ethnicisées | Personnes non ethnicisées | |
---|---|---|
Les deux sexes | 7 800 $ | 9 300 $ |
Femmes | 8 600 $ | 10 100 $ |
Hommes | 6 700 $ | 7 800 $ |
Le revenu total médian pour les personnes ethnicisées vivant dans la pauvreté était nettement plus bas à Vancouver (6 500 $) qu'à Toronto (8 000 $) et Montréal (8 800 $).
En 2005, le revenu médian après impôts pour les personnes vivant dans la pauvreté était plus bas chez les personnes ethnicisées (7 800 $) que chez les personnes non ethnicisées (9 100 $).
Tant pour les personnes ethnicisées que non ethnicisées vivant dans la pauvreté, le revenu médian après impôts chez les femmes était plus élevé que celui des hommes.
Comme c'est le cas pour le revenu total, le modèle observé est à l'opposé de celui des personnes qui ne vivent pas dans la pauvreté. Pour ces personnes, le revenu médian après impôts pour les femmes est de seulement 69 % à 75 % du revenu des hommes.
Les personnes ethnicisées vivant dans la pauvreté avaient un revenu d'emploi médian plus élevé en 2005 que les autres personnes vivant dans la pauvreté (6 600 $ contre 6 200 $).
Afin de mettre les choses en perspective, nous faisons remarquer que le revenu d'emploi médian pour les personnes ne vivant pas dans la pauvreté était de 26 500 $ pour les personnes ethnicisées et de 30 000 $ pour les personnes non ethnicisées.
Les hommes vivant dans la pauvreté avaient un revenu d'emploi médian plus élevé que les femmes, à la fois dans les groupes ethnicisés et non ethnicisés. On observe l'opposé pour le revenu total et le revenu après impôts. Ces données indiquent que le revenu total et après impôts plus élevé chez les femmes vivant dans la pauvreté provient d'autres sources qu'une rémunération.
Il nous a été impossible d'identifier ces autres sources de revenus dans nos données. Toutefois, il est probable que la principale source de revenus créant cette différence soit des prestations pour enfants. Les prestations fiscales canadiennes pour enfants sont habituellement payées aux mères. En 2005, une famille vivant dans la pauvreté ayant un enfant pouvait recevoir jusqu'à 3 000 $ en prestations.
Le modèle s'inverse quand on examine les villes. Le revenu d'emploi médian était plus faible chez les travailleurs ethnicisés de Montréal, de Vancouver et de Toronto. Cette différence est due au fait que, dans les villes, le revenu des travailleurs pauvres non ethnicisés était d'environ 1 000 $ de plus que la médiane nationale, alors que les revenus des travailleurs ethnicisés restaient près de la médiane nationale.
Pour les personnes ethnicisées vivant dans la pauvreté, le revenu d'emploi médian était 1,8 fois plus élevé chez les personnes travaillant toute l'année à temps plein que chez celles travaillant une partie de l'année ou à temps partiel14. Chez les personnes non ethnicisées vivant dans la pauvreté, l'écart était plus mince, soit de 1,5 fois.
Chez les travailleuses pauvres travaillant toute l'année à temps plein, les femmes ethnicisées gagnent un revenu médian plus élevé que les autres femmes. Par contre, le revenu médian de celles qui travaillent une partie de l'année ou à temps partiel était plus faible que celui des autres femmes pauvres.
Chez les hommes vivant dans la pauvreté, le revenu d'emploi médian des hommes ethnicisés était plus élevé que pour les autres hommes, que ce soit pour des travailleurs à temps plein ou à temps partiel.
Le revenu d'emploi médian était plus élevé pour les travailleurs ethnicisés que pour les autres travailleurs à Montréal, à Toronto et à Vancouver. L'écart entre les deux groupes était plus mince dans les villes qu'à l'échelle nationale.
Le revenu d'emploi médian était plus faible pour les travailleurs ethnicisés que pour les autres travailleurs, sauf pour les hommes, à Toronto.
Environ un travailleur ethnicisé vivant dans la pauvreté sur quatre (23 %) travaillait à temps plein toute l'année. Ce pourcentage est tout juste inférieur à celui des personnes non ethnicisées (25 %).
Les autres travaillaient une partie de l'année ou à temps partiel.
L'analyse des résultats pour les travailleuses ethnicisées et non ethnicisées vivant dans la pauvreté était exactement la même : 20 % travaillaient à temps plein toute l'année, alors que 80 % travaillaient pendant une partie de l'année ou à temps partiel.
Les hommes pauvres ethnicisés travaillaient moins à temps plein toute l'année que ceux non ethnicisés — 26 % des travailleurs contre 30 %.
Les seules données détaillées concernant les personnes ethnicisées et non ethnicisées vivant dans la pauvreté proviennent du recensement. Le Conseil national du bien-être social a acheté à Statistique Canada les tableaux semi-personnalisés du recensement de 2006 — appelés profils des groupes cibles. Les profils des groupes cibles fournissent un ensemble prédéterminé de caractéristiques du recensement pour un groupe cible personnalisé. Le nôtre visait les personnes qui s'identifiaient comme faisant partie des « minorités visibles » et les personnes qui ne le faisaient pas. Ces deux catégories étaient ensuite divisées entre les personnes vivant dans la pauvreté et celles ne vivant pas dans la pauvreté.
Minorité visible : Le concept de minorité visible utilisé par le recensement est issu de la Loi sur l'équité en matière d'emploi fédérale. Selon la Loi, les minorités visibles sont « les personnes, autres que les Autochtones, qui ne sont pas de race blanche ou qui n'ont pas la peau blanche ».
Racialisation : Le processus faisant en sorte que des groupes soient désignés comme différents et, pour cette raison, sujets à un traitement différent et inégal. Dans le présent contexte, les groupes ethnicisés comprennent les personnes qui pourraient subir un traitement différent en raison de leur race, leur origine ethnique, leur langue, leur statut économique, leur religion, leur culture, la politique, etc. (Glossaire de la Fondation canadienne des relations raciales).
Racialisation de la pauvreté : Phénomène où la pauvreté est concentrée et se répète de façon disproportionnelle au sein des membres d'un groupe ethnicisé.
Pauvreté : Dans le présent bulletin, les seuils de faible revenu (SFR) après impôts sont utilisés pour mesurer la pauvreté. Afin d'obtenir de plus amples renseignements sur les SFR et les mesures sur la pauvreté, veuillez consulter le bulletin Méthodologie, définitions et sources d'information de notre Profil de la pauvreté 2007. Le SFR est disponible seulement pour les personnes qui vivent dans un ménage privé dans l'une des dix provinces du Canada. Cela signifie que les données du présent bulletin excluent les résidents du Yukon, des Territoires du NordOuest et du Nunavut, les personnes qui vivent dans les réserves indiennes et les résidents d'établissements.
Dans certains textes, tableaux ou graphiques, il se pourrait que la somme des éléments ne corresponde pas au total affiché : les totaux proviennent d'éléments qui n'ont pas été arrondis. Nous n'avons pas calculé les totaux en additionnant les éléments arrondis.
Voici quelques ouvrages qui vous aideront à comprendre les causes et les répercussions de la racialisation de la pauvreté au Canada.
Il existe de nombreux travaux portant sur les immigrants au Canada. En voici un petit échantillon :
Si vous désirez suggérer d'autres lectures pertinentes, veuillez nous envoyer leurs références à : info@ncw-cnb.gc.ca.
Le Conseil voudrait remercier Grace-Edward Galabuzi, Margaret Sokol, Eden Thompson et Carla Valle-Painter pour leurs commentaires sur une version précédente du présent article.
Janvier 2012
1 United Way of Toronto et le Conseil canadien de développement social. Poverty by Postal Code: The Geography of Neighbourhood Poverty, 1981-2001. Toronto : United Way of Toronto, avril 2004.
2 Picot, Garnett et Feng Hou. La hausse du taux de faible revenu chez les immigrants au Canada. Produit no 11F0019MIE2003198 au catalogue de Statistique Canada, juin 2003.
3 Picot, Garnett, Feng Hou et Simon Coulombe. Le faible revenu chronique et la dynamique du faible revenu chez les nouveaux immigrants. Produit no 11F0019MIE2007294 au catalogue de Statistique Canada, janvier 2007.
4 Statistique Canada. Projections de la diversité de la population canadienne, 2006 à 2031. Ottawa : Statistique Canada, 2010. Produit no 91-551-X au catalogue de Statistique Canada.
5 Le noyau d'adultes en âge de travailler est défini comme des personnes âgées de 25 à 54 ans.
6 Les personnes qui ne vivent pas avec un membre de la famille peuvent habiter seules ou avec des personnes non-apparentées.
7 Les résidents non permanents sont les personnes d'un autre pays qui possèdent un permis de travail ou d'études, ou qui demandaient l'asile au moment du recensement, et les membres de la famille qui vivent au Canada avec elles.
8 Chez les personnes âgées de 15 ans et plus. Les immigrants de première génération sont les personnes nées à l'extérieur du Canada et les résidents non permanents.
9 Comprend les diplômes ou certificats d'études postsecondaires, c'est-à-dire les certificats d'une école de métiers, les diplômes d'études collégiales ou les certificats ou diplômes d'études universitaires que possèdent les personnes âgées de 18 à 64 ans.
10 Jean Lock Kunz. Jeunes et visibles : Accès des jeunes immigrants et membres de minorités visibles au marché du travail. Développement des ressources humaines Canada. Mai 2003.
11 Statistique Canada. « Étude : Repli de l'emploi au Canada ». Le Quotidien, 12 novembre 2009.
12 Martin Prosperity Institute. « Supersized and Precarious: The Service Class in Canada ». Rotman School of Management, Université de Toronto. 16 novembre 2009.
13 Comprend aussi bien les travailleurs indépendants constitués en société que ceux qui ne le sont pas.
14 Les personnes qui travaillent à temps plein toute l'année le faisaient de 49 à 52 semaines, surtout à temps plein (c.-à-d. 30 heures ou plus par semaine). Les personnes qui tirent leur revenu d'un travail indépendant sont comprises dans cette catégorie. Le revenu net est utilisé pour les travailleurs indépendants.