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Le Conseil national du bien-être social rend public son dernier rapport : Le sens des sous pour résoudre la pauvreté

Le Conseil national du bien-être social rend public son dernier rapport : Le sens des sous pour résoudre la pauvreté

Imaginez-vous debout au sommet des chutes du Niagara en pleine tempête de vent. Que préféreriez-vous voir? Une balustrade sécurisée, qui vous empêche de tomber, ou, aux pieds des chutes, une flotte de bateaux de sauvetage avec des ambulanciers, qui vous attendent pour vous sortir de l'eau?

C'est cette image que John Rook, président du Conseil national du bien-être social, a utilisée le 28 septembre dernier, lors du lancement du rapport du Conseil, intitulé Le sens des sous pour résoudre la pauvreté.

Le message de ce rapport, cependant, ne nécessite pas d'imagination, a déclaré Mark Chamberlain, homme d'affaires de Hamilton, membre du Conseil national du bien-être social, et ancien président de la Table ronde pour la réduction de la pauvreté à Hamilton: « La pauvreté est synonyme de grands frais. La pauvreté est synonyme de très mauvaise santé. »

Afin de discuter du rapport du Conseil national du bien-être social, Chamberlain s'est joint à d'autres conférenciers de marque et plus de 40 invité-e-s provenant d'un large éventail d'organisations, telles que des universités,  le Sénat du Canada, des organisations autochtones et divers instituts de défense des droits de la personne.

Le Canada ne peut plus se permettre la pauvreté. En dépit de dépenses se chiffrant en milliards de dollars, « la pauvreté ne recule pas », a déclaré Rook. Plus de trois millions de Canadiens et Canadiennes vivent encore dans la pauvreté. Plutôt que le modèle traditionnel de dépenses visant à tenter de réduire la pauvreté, dans son rapport, le Conseil préconise une approche d'investissement plus efficace : une approche porteuse d'espoir, qui se concentre sur les avantages.

Le sens des sous pour résoudre la pauvreté montre deux tendances claires. La première en est une de dépenses très coûteuses, puisque les Canadiens et Canadiennes paient très cher pour des solutions temporaires. « Nous payons pour du potentiel gaspillé – les gens contribuent plus s'ils ne sont pas affamés, mal payés, mal logés, stigmatisés ou ignorés », a déclaré Rook. Les coûts indirects et sociétaux de la pauvreté sont les plus élevés.

Le deuxième modèle, que présente le rapport, en est un d'investissements –  une voie pour un progrès soutenu, qui profite à toute la population canadienne, pas seulement à ceux et celles qui vivent dans la pauvreté. « Nous devons nous atteler à la tâche. Il est possible de transformer des vies, d'améliorer la société, et nous pouvons le faire en économisant l'argent des contribuables », a déclaré Rook. Pour investir efficacement, il faut comprendre les conditions qui créent le bien-être.

Ancien président de l'Association médicale canadienne et médecin à Ottawa, Dr Jeff Turnbull voit les conséquences de la pauvreté tous les jours. Dans la capitale du Canada, il voit des populations de sans-abri où la prévalence du VIH est plus élevée qu'en Afrique subsaharienne. Investir dans le logement et l'éducation peut avoir plus d'incidences sur la santé que les dépenses en santé ont d'effets à l'heure actuelle.

Investir dans les gens n'est pas un acte de charité, c'est protéger le droit de tous les Canadiens et Canadiennes à un niveau de vie décent. « Aucun Canadien ni aucune Canadienne ne devrait être exposé à la violence, à la faim ou à un manque d'éducation ou de logement », a déclaré le Dr Turnbull.

Le sens des sous pour résoudre la pauvreté clarifie le débat en explorant les coûts cachés de la pauvreté dans l'économie et dans les systèmes de santé, de justice et d'éducation. Les investissements dans la réduction de la pauvreté sont identiques aux investissements nécessaires à la prospérité et aux économies performantes.

Alain Noël, professeur à l'Université de Montréal et président du Centre d'étude sur la pauvreté et l'exclusion (CEPE) a déclaré que la crise actuelle en Europe montre bien que c'est très difficile et périlleux de construire un marché sans aussi construire une société.

Les participants et participantes au lancement du rapport ont encouragé les décideurs politiques et les défenseurs à dépasser l'argument moral contre la pauvreté pour privilégier une approche économique fondée sur les droits. « Comme société, nous payons chèrement les inégalités », a déclaré le Dr Turnbull. En effet, le rapport du Conseil montre que 20 p. cent des dépenses en soins de santé, soit 40 milliards de dollars par an, sont attribuables aux disparités socio-économiques.

Le sénateur Hugh Segal a qualifié le rapport de fondamental pour les prochaines négociations sur le transfert aux provinces de fonds fédéraux pour la santé et d'autres enjeux. Le sénateur a rapporté que, selon le Fonds monétaire international, la menace future la plus importante est le fossé économique au sein des pays, et non les différences économiques entre les pays.

Le sénateur Art Eggleton a fait écho aux commentaires du sénateur Segal, en réclamant un plan national global pour éviter de continuer ce gaspillage financier. « Au mieux, nous maintenons les gens dans la pauvreté, et dans de nombreux cas, nous les y piégeons », a-t-il dit.

Bien qu'un effort concerté soit nécessaire d'urgence à tous les niveaux de gouvernement, les participants et participantes ont expressément souligné que les municipalités ont un rôle de premier plan à jouer dans la résolution de la pauvreté. Edgar MacLeod, un policier chevronné, a déclaré que la pauvreté ne se trouve pas dans les provinces ou au Canada, mais dans les municipalités, dans les rues.

Le Chef Ovide Mercredi a ajouté que les municipalités ne savent pas et ne peuvent pas répondre adéquatement aux besoins des Canadiens et Canadiennes Autochtones. Le rapport souligne que c'est le rôle des gouvernements responsables de fournir les infrastructures sociales positives.

Les participants et participantes au lancement ont réclamé une nouvelle façon de parler à toute la population canadienne. Dans l'esprit des citoyens et citoyennes, il n'y a pas de vision claire de ce qui cause la pauvreté, il n'y a donc aucun moyen de lutter contre ce phénomène. Les spécialistes doivent transformer des problèmes complexes pour permettre aux particuliers et aux familles qui ne connaissent pas l'insécurité économique de personnaliser la pauvreté.

Le Canada est parvenu à réduire de manière substantielle la pauvreté chez les aînés. Avec le potentiel de ses politiques publiques, le Canada a la capacité de réussir aussi sur d'autres plans. La coordination et la simplification des programmes sont essentielles pour garantir des modèles durables et intégrés de politique sociale.

L'intervention de Sherri Torjman, vice-présidente du Caledon Institute of Social Policy, s'est centrée sur les liens entre handicap et pauvreté. Elle a parlé de ce qu'elle appelle les 'trois fantômes de la pauvreté' - la sécurité économique des personnes prises en charge; le statut d'emploi précaire du fournisseur ou fournisseuse de soins; et le coût de la santé - ainsi que des biens et services reliés aux handicaps. Elle a ajouté que le plus grand défi tient dans la disponibilité générale des mesures de soutien pour les personnes handicapées, soit les biens et services qui permettent aux personnes handicapées et les aîné-e-s de santé fragile de vivre de manière indépendante au sein des communautés. L'accès varie d'une province à l'autre, et d'un territoire à l'autre, sur l'ensemble du territoire, ainsi que selon le type et la gravité de la condition, l'âge du prestataire et le revenu du ménage. Il faudra une plus grande cohérence avant que l'on puisse réellement parler de l'existence d'un système de mesures de soutien pour les personnes handicapées.

Dans ce rapport, le Conseil national du bien-être social recommande une solution en quatre parties pour résoudre la pauvreté :

  • élaborer une stratégie pancanadienne;
  • créer un plan d'investissement durable;
  • définir un cadre de conception uniforme;
  • créer une tribune ouverte aux fins de discussion et de prise de mesures.

Le rapport Le sens des sous pour résoudre la pauvreté indique clairement les raisons pour lesquelles un modèle d'investissement visant des solutions à long terme est le moyen le plus rapide pour mettre fin à la pauvreté au pays. Un Canada sans pauvreté serait avantageux pour tous les Canadiens et Canadiennes. « Le Canada a besoin d'une conversation informée, inclusive et raisonnée pour obtenir une action durable sur la pauvreté dans l'intérêt de tous et toutes », a déclaré Rook.

Le rapport est ambitieux dans sa portée et fait appel à des ressources provenant d'une variété de disciplines. Pour obtenir de plus amples détails sur le rapport : www.ncw-cnb.gc.ca.


2011-09-28

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Date de modification :
2012-09-27