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Discours

Les sciences et la technologie au Canada: Leur importance dans le secteur de la construction

Discours-programme-Congrès mondial du bâtiment du CIB Toronto (Ontario)

Arthur J. Carty

Le 3 mai 2004

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Introduction

Good morning everyone – Bonjour à tous.

Je vous remercie Sherif de votre aimable mot d’introduction. Je suis très heureux que le CIB m’ait demandé d’ouvrir le présent évènement en vous faisant un bref exposé sur l’importance des sciences et de la technologie dans le secteur de la construction, au Canada et dans le monde entier.

Le CIB a encore une fois démontré ses qualités de chef de file dans la promotion de l’innovation en offrant aux chercheurs, aux intervenants et aux gestionnaires d’immeubles de partout dans le monde, cette occasion sans pareil de se familiariser avec les plus récents développements en matière de technologies et de pratiques de la construction.

Bâtir le futur – L’importance de l’innovation

L’essentiel de ce congrès porte sur bâtir le futur. Pour moi, à titre de Conseiller national des sciences, cela signifie innover.

(DIAPO 1)

C’est presque un cliché maintenant de dire que les connaissances et l’innovation, plutôt que les ressources naturelles, sont les moteurs de la croissance économique d’un pays, ainsi que de la prospérité et de la qualité de vie de ses habitants. J’aimerais citer un économiste de Harvard, Michael Porter : « L’innovation continue et l’amélioration de la productivité sont les principaux moyens de soutenir la concurrence internationale dans l’économie moderne. »

On reconnaît de plus en plus que seule l’innovation dans toutes sortes de domaines permettra à l’humanité de relever les défis sociaux, culturels et environnementaux du 21e siècle.

Partout dans le monde, les gouvernements, les entreprises et les organisations investissent dans la recherche et le développement de nouvelles technologies et de nouvelles connaissances scientifiques, de même que dans le développement et dans l’adoption de nouveaux procédés et de nouvelles méthodes de gestion organisationnelle.

Au Canada, par exemple, le gouvernement fédéral a augmenté les dépenses en R.-D. de 13 milliards de dollars CAN depuis 1997.

Et en quoi cela concerne-t-il le secteur de la construction?

Je dirais qu’il s’agit d’un secteur clé.

Parce que la conception, la construction, l’exploitation et l’entretien de notre environnement bâti sont des activités cruciales qui sous-tendent presque tous les aspects de l’activité économique et de la vie quotidienne.

(DIAPO 2)

Aujourd’hui, le secteur de la construction représente environ 15 pour 100 du PIB à l’échelle mondiale. C’est l’un des secteurs qui génèrent le plus d’activités économiques dans presque tous les pays du monde.

Mais que se passerait-il si l’on augmentait la capacité du secteur en matière d’innovation? Et en particulier, si l’on favorisait encore plus l’assimilation et la mise en application des sciences et de la technologie?

Des études réalisées en Nouvelle-Zélande et en Australie ont indiqué qu’une augmentation de 10 pour 100 de l’efficacité dans le domaine de la construction, favorisée par la mise en application à plus grande échelle de technologies nouvelles ainsi que de techniques et de procédés de gestion novateurs, pourrait entraîner une augmentation supplémentaire du PIB de 1 à 2,5 pour 100 .

(DIAPO 3)

L’impact d’un tel infléchissement sur les économies nationales, régionales et locales serait significatif, c’est-à-dire qu’il favoriserait la rentabilité des entreprises et la création d’emplois plus spécialisés.

Il y aurait également d’autres avantages. Un secteur de la construction qui ferait preuve de plus d’innovation serait en mesure d’augmenter la qualité, la durabilité et la sécurité du milieu bâti, notamment des ponts et des centrales de production d’énergie de même que des immeubles d’habitation de grande hauteur et des maisons unifamiliales.

Et ces effets pourraient être ressentis non seulement ici, au cœur du monde développé, mais également dans des parties du monde plus éloignées ou en développement.

Un secteur plus novateur serait également mieux préparé pour répondre aux nouveaux et pressants défis que présentent la sécurité publique, la santé des occupants, la protection de l’environnement et le développement durable ainsi que le respect des pratiques et des préférences des collectivités.

Tout ceci est plus facile à dire qu’à faire.

De par sa nature fragmentée, l’industrie – qui est dominée par de petites et moyennes entreprises dans presque toutes les parties du monde – ne favorise pas l’investissement en R.-D., non plus que la diffusion des résultats de R.-D., le cas échéant. Les petites entreprises considèrent que le risque associé à l’innovation est trop élevé.

Cependant, pour aborder résolument le 21e siècle, le secteur de la construction se devra d’innover.

À cet égard, en m’inspirant notre expérience, au Canada, je voudrais maintenant tenter de vous amener à réfléchir en ce sens en vous présentant quelques exemples des percées significatives, dans le domaine de la construction, qui ont été mises au point par les chercheurs du secteur public et du secteur privé à l’échelle nationale.

Le secteur de la construction au Canada et le système d’innovation

Commençons par un bref aperçu.

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Le secteur de la construction au Canada est l’un des plus importants et des plus intéressants segments de notre économie – lequel génère 11,2 pour 100 du PIB. Quelque 215 000 entreprises – la plupart de petites et de moyennes entreprises – emploient plus de 850 000 personnes dans le domaine de la construction même, et près de 180 000 autres dans les domaines de la conception et de la fabrication de produits de construction. Ensemble, elles assurent l’entretien et la réparation/rénovation de biens immobiliers dont la valeur totale s’élève à plus de 5 billions de dollars.2

En ce qui concerne les sciences et la technologie, le secteur bénéficie d’un système d’innovation efficace et bien conçu. Le gouvernement travaille de plus en plus en étroite collaboration avec les laboratoires universitaires – et avec l’industrie – en partenariat et en réseau, dans le but d’accroître les connaissances et de mettre au point de nouvelles technologies qui permettront au secteur de la construction de répondre aux besoins actuels et nouveaux.

(DIAPO 5)

Le système comprend un ensemble dynamique de codes nationaux du bâtiment destinés à assurer la sécurité du public, et de normes destinées à aider les organisations à évaluer et à certifier les nouvelles technologies, et à leur fournir une gamme de moyens pour en faire la démonstration et pour diffuser l’information pertinente liée à la construction.

Plusieurs de ces organisations – comme le Conseil national de recherches du Canada et la Société canadienne d’hypothèques et de logement – sont les principaux commanditaires de ce congrès.

Je voudrais ici mentionner que le Canada procède présentement à l’élaboration d’un nouveau système de codes axés sur les objectifs qui, nous l’espérons, favoriseront une plus grande flexibilité et stimuleront l’innovation dans le cadre des différents projets. Ces nouveaux codes devraient entrer en vigueur au cours de la prochaine année.

Les sciences et la technologie au Canada – Une entreprise fructueuse

(DIAPO 6)

En ce qui concerne les sciences, le système d’innovation en construction du Canada a permis jusqu’ici de mettre au point de nouvelles technologies et de nouvelles connaissances scientifiques qui ont grandement bénéficié à la fois aux consommateurs et à l’industrie.

Le rôle de chef de file du Canada dans le domaine de l’efficacité énergétique en est un bel exemple. La mise au point et l’adoption rapides de technologies du bâtiment éconergétiques – encouragées en partie par notre climat rigoureux – ont fait de l’industrie canadienne le leader mondial dans ce domaine ainsi que dans la mise au point de technologies connexes, notamment la ventilation, la qualité de l’air intérieur et la conception/construction de bâtiments sains.

(DIAPO 7)

Une multitude de projets de recherche intéressants sont présentement en cours dans ce domaine – notamment le projet concernant les systèmes avancés d’enveloppe de bâtiment, de l’Institut de recherche en construction du Conseil national de recherches du Canada, et l’initiative eKOCONFORT de Ressources naturelles Canada. Ce dernier projet a mené à la mise au point des premiers appareils autonomes éconergétiques conçus pour les maisons d’habitation et destinés à assurer à la fois le chauffage ambiant et le chauffage de l’eau ainsi que la ventilation centralisée en continu.

La recherche dans le domaine de l’efficacité énergétique est essentielle si le Canada veut être en mesure de respecter les engagements qu’il a pris en signant l’accord de Kyoto relatif aux changements climatiques.

Il importe également de souligner la façon dont la recherche visant des méthodes de construction « traditionnelle » intègre maintenant d’autres sphères d’investigation scientifique et de développement technologique.

(DIAPO 8)

Prenons par exemple la recherche de pointe effectuée sous l’égide d’ISIS Canada – l’un des réseaux de centres d’excellence du Canada, mis sur pied par le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada (CRSNG), également appelé maintenant Recherches en sciences et en génie Canada.

Grâce à cette initiative, des équipes de chercheurs du secteur public, du secteur privé et des universités mettent en commun leurs compétences et leur expérience dans les domaines du génie civil, du génie électrique, de même que leurs connaissances des derniers développements relatifs aux matériaux et aux produits de pointe, dans le but de favoriser la mise au point de nouvelles idées novatrices en matière de conception de structures qui permettront d’augmenter la durée de vie de ces dernières.

(DIAPO 9)

À cet égard, il existe deux courants de recherche et de développement.

  • Premièrement, l’incorporation aux structures de composants en polymère renforcé de fibres (PRF), anticorrosion, légers et très résistants – soit sous forme d’enveloppements PRF, dans le cadre de travaux de restauration, soit sous forme d’armatures PRF, en remplacement des barres d’armature traditionnelles en acier.
  • Deuxièmement, l’installation de capteurs miniatures, de dispositifs d’éclairage et de câbles à fibres optiques, au moment de la construction ou de la restauration des structures, destinés à fournir des données en temps réel qui pourraient servir à surveiller l’état de ces dernières.

Un certain nombre de grands projets pilotes en cours montrent déjà la rentabilité et la souplesse des ces nouvelles technologies et nouveaux procédés de construction. Parmi ces projets, mentionnons l’incorporation de composants PRF et de systèmes de contrôle de l’état de la structure à l’imposant pont de la Confédération, d’une longueur de 13 km, lequel enjambe le détroit de Northumberland qui sépare les provinces du Nouveau-Brunswick et de l’Île du Prince Édouard, de même que la pénible restauration d’un pont couvert en bois, à valeur patrimoniale, dans la petite municipalité de Compton Station (Québec).

D’autres projets ont porté sur l’application de ces nouvelles solutions à des constructions ou des ouvrages comme des garages, des écoles, des canalisations et des installations de production d’énergie nucléaire ou hydroélectrique.

La gestion du risque est un autre secteur de recherche clé, surtout depuis les attentats terroristes du 11 septembre 2001.

Au Canada, l’Institut de recherche en construction du CNRC a renforcé son programme de recherches dans ce secteur essentiel qu’est la construction. Les scientifiques et les ingénieurs du CNRC collaborent à plusieurs projets réalisés en partenariat avec leur industrie et les universités, et portant sur la mise au point de meilleures techniques d’évaluation de la résistance au feu des matériaux de construction et sur le développement de systèmes novateurs de lutte contre les incendies.

(DIAPO 10)

Dans ce domaine aussi, on peut percevoir les répercussions de la convergence des disciplines et des technologies scientifiques – notamment l’intégration des technologies de l’information. Si l’on prend une fois de plus l’exemple du CNRC, l’Institut de recherche en construction utilise présentement des systèmes de modélisation computationnelle pour étudier les questions de sécurité incendie et de gestion de la fumée dans les grands espaces complexes, notamment les galeries souterraines, les atriums multiples et les étages interreliés qu’on trouve dans les bâtiments modernes.

Il a également mis au point un modèle d’évaluation du risque d’incendie et des coûts associés, connu sous le nom de FIRECAM™ - qui peut être utilisé pour évaluer le niveau de sécurité incendie que permettent d’assurer aux occupants d’un immeuble d’appartements ou de bureaux les systèmes et caractéristiques de conception d’un bâtiment, prévus à cette fin. Ce programme informatique peut également être utilisé pour évaluer les coûts associés à des caractéristiques de conception données, y compris les dépenses en capital, les coûts d’entretien et les coûts reliés aux pertes prévues directement imputables à un incendie. Ce programme est un excellent exemple qui démontre comment la technologie de l’information peut contribuer au processus décisionnel, autant sur le plan de la conception que sur le plan de la gestion des biens immobiliers.

Perspectives d’avenir

Comme le temps presse, espérons que ces exemples auront permis de démontrer à quel point les sciences et la technologie peuvent aider le secteur de la construction à relever les défis auxquels il aura à faire face au cours du 21e siècle, non seulement au Canada mais partout dans le monde.

Ceci dit, la recherche et le développement ne constituent qu’une partie du casse-tête. Pour que le secteur de la construction puisse progresser, l’innovation doit porter autant sur les plans techniques et scientifiques que sur les plans des procédés et de la gestion.

(DIAPO 11)

On s’entend de plus en plus sur le fait que, à des fins de rentabilité, il faut améliorer l’efficacité des procédés de gestion des matériaux et des projets de construction. Les entrepreneurs et les gestionnaires de biens immobiliers doivent être en mesure de prévoir des scénarios opérationnels de plus en plus complexes de même que les tendances quant à la demande des consommateurs, et de trouver à cet égard des solutions appropriées. Les compétences dans l’ensemble du secteur doivent être améliorées, d’abord pour incorporer les TI et la robotique à l’industrie et ensuite pour favoriser le recours à des solutions multidisciplinaires dans le cas des nouveaux projets de construction.

Conclusion

Je terminerai en citant l’auteur et philosophe scientifique Arthur C. Clarke : « Le monde a besoin de penseurs sans inhibitions, qui n’ont pas peur d’extrapoler, mais il a aussi besoins d’ingénieurs conservateurs et têtus qui feront de leurs rêves une réalité ».

C’est exactement ce qu’il faut : à la fois de la créativité et une volonté d’innovation.

Au Canada - comme ailleurs dans le monde – il est de plus en plus urgent que le secteur de la construction augmente sa productivité et fasse preuve d’innovation. En termes simples, il doit adopter une nouvelle façon de faire qui tienne compte des sciences et de la technologie de même que d’une collaboration multidisciplinaire et d’un processus décisionnel intégré.

L’atteinte de cet objectif nécessite un engagement de l’ensemble du secteur.

Le secteur de la construction a des répercussions très importantes sur les économies nationales, régionales et locales à l’échelle mondiale. Il joue également un rôle essentiel dans l’amélioration de la qualité de la condition humaine et de la durabilité de l’environnement partout dans le monde.

Le secteur de la construction a besoin de « champions » de l’innovation.

Devenez de tels champions. Voilà le défi que je vous lance. Profitez de cette rencontre pour échanger des points de vue et pour vous engager à travailler ensemble à accroître la capacité d’innovation du secteur de manière qu’il puisse atteindre son plein potentiel au cours des années à venir.

Merci.

 

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Mise à jour: 2004-05-03  Avis importants