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Discours

Vers un cadre régissant les grands projets d'investissements scientifiques au Canada - considérations scientifiques et incidences de la science concernant les affaires sociales et la santé

Discours-programme-Enquêtes longitudinales sur les sciences sociales et la santé dans une perspective internationale

Arthur J. Carty

Montréal (Québec) Le 26 janvier 2006

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Bonsoir,

Bonsoir et merci de votre accueil, Joseph. C’est pour moi un honneur que d’être parmi vous ce soir et de vous adresser quelques mots sur l’importance des grandes enquêtes longitudinales consacrées aux questions sociales et à la santé.

Ce n’est pas sans une certaine part d’inquiétude que j’ai accepté votre invitation :

(a) Premièrement, je ne suis un spécialiste ni des sciences sociales ni de la santé. Je suis chimiste, ce qui suffit habituellement à laisser tout le monde bouche bée autour d’une table. Cela dit, et certains d’entre vous songeront peut-être d’ailleurs à m’en féliciter, je n’ai transmis ma passion des sciences exactes à aucun des enfants que j’ai mis au monde avec ma charmante épouse, Hélène. Le mieux que j’ai pu faire dans ce domaine, en effet, aura été deux fils spécialisés en économie, une science autrefois qualifiée de « sinistre », et une fille brillamment douée pour la linguistique!

(b) Deuxièmement, je me retrouve ici au milieu d’experts internationaux des études de cohortes en sciences sociales et en santé, des gens qui possèdent une vaste expérience d’une sphère d’activité dont la complexité continue de s’accroître et qui consiste à fournir de l’information et à transmettre des connaissances sur l’organisation et l’état de santé à long terme de la société dans laquelle nous vivons.

(c) Troisièmement, vous avez droit ce soir à mon premier exposé public depuis le scrutin fédéral qui a eu lieu lundi dernier, et je suis convaincu que je ne tarderai pas à me faire prendre en défaut.

Mon exposé est divisé en trois grands thèmes qui, je l’espère, sauront amorcer un dialogue fructueux sur l’avenir des enquêtes longitudinales en sciences sociales et de la santé au Canada.

Je commencerai donc par un survol rapide des progrès scientifiques et technologiques réalisés au Canada au cours des dernières années, ainsi que des défis que nous réserve l’avenir.

Je poursuivrai en vous dressant les grandes lignes d’une ébauche de cadre d’évaluation, d’approbation et de suivi des grands projets d’investissements scientifiques au Canada à laquelle mes collaborateurs travaillent de concert avec la collectivité de la recherche.

Pour terminer, je vous signalerai les études de cohortes longitudinales qu’il y aurait avantage à prendre en compte dans ce cadre.

Les sciences et la technologie au Canada : Un survol

(Diapo 2 Tendances internationales en R-D - Dépenses intra-muros de R-D du secteur de l'enseignement supérieur)

Ceux et celles d’entre vous qui ne sont pas natifs du Canada ne peuvent avoir qu’une vague idée des changements majeurs qui se sont opérés dans nos milieux de la recherche par suite de certains investissements massifs en R-D et en innovation. Depuis 1997, le gouvernement fédéral a investi en surplus quelque 14 milliards de dollars, dont une bonne partie est allée aux universités et aux hôpitaux de recherche, une générosité qui a suffi à placer le Canada en tête de peloton parmi les grands pays industrialisés qui forment le G8 au chapitre des sommes investies dans la recherche universitaire par rapport au nombre d’habitants, et tout de suite derrière la Suède parmi tous les pays membres de l’OCDE, comme on peut le voir ici. Le paysage a radicalement changé : notre infrastructure de recherche universitaire est maintenant comparable, sinon supérieure, à celle de n’importe quel pays au monde; nos institutions peuvent attirer et retenir les spécialistes canadiens et internationaux les plus réputés et investir dans une mesure sans précédent dans de nouveaux secteurs et dans de grands projets scientifiques.

(Diapo 3 Survol de la R-D au Canada)

(Diapo 4 - Quelques-uns des impacts majeurs des récents investissements dans la recherche universitaire - 1. Financement et infrastructure)

Ces investissements ont été facilités par la création de programmes et de partenariats qui ont permis à la recherche de prendre son envol au Canada. En voici des exemples :

  • Des budgets qui ont presque doublé au Conseil de recherche en sciences naturelles et en génie (CRSNG), aux Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC), de création récente, et au Conseil de recherches en sciences humaines (CRSH) 
  • Une infrastructure et de l’équipement à la fine pointe sur la scène mondiale (Fondation canadienne pour l’innovation (FCI) et Génome Canada)
  • Cofinancement avec les provinces et d’autres partenaires, des investissements accrus Les Réseaux de centres d’excellence (maintenant au nombre de 21) et les 52 Alliances communautaires pour la recherche (CRSH), un encouragement à la collaboration et autant de sources d’inspiration partout dans le monde 
  • Le Canada retient l’attention sur la scène internationale où il fait figure de « point chaud » et d’acteur de tout premier plan dans le domaine de la recherche, en Finlande et aux Pays-Bas, pour ne nommer qu’eux, où l’on ne cesse de le citer en exemple. Un récent communiqué de presse hollandais disait à peu près ceci : « Malgré tout le bien qu’on peut dire de ce qui se passe en Finlande, il reste que les efforts novateurs déployés au Canada ne sauraient passer inaperçus plus longtemps. Si vous ne voyez dans le Canada que le pays des Inuits, des bûcherons et des magnats du pétrole, vous vous trompez. Et l’un de ses plus beaux fleurons est Research in Motion, l’entreprise qui nous a donné le Blackberry, un chef de file dans le domaine des portatifs utilisables pour les communications téléphoniques aussi bien qu’électroniques. Tous les politiciens hollandais à La Haye s’en servent pour discuter en haute vitesse des lignes du parti. »

(Diapo 5 - Quelques-uns des impacts majeurs des récents investissements dans la recherche universitaire - 2. Recrutement et maintien en poste de chercheurs de talent)

Les premiers résultats importants se font déjà sentir dans les milieux de la recherche :

  • Le Programme des chaires de recherche du Canada, mis sur pied en 2000, ainsi que les programmes de financement de la FCI ont déjà réussi à attirer chez nous des jeunes chercheurs déjà reconnus chez eux
  • Les étoiles montantes canadiennes ont choisi de demeurer au pays
  • Le renouvellement du corps professoral survient à un moment critique. Plus de 3 000 nouveaux professeurs ont été recrutés dans des universités en 2003-2004 (dont 700 en provenance des États-Unis et 500 d’autres pays)
  • Un nombre considérablement plus élevé d’étudiants de troisième cycle et de niveau postdoctoral ont été engagés
  • 4 000 nouveaux programmes de bourses d’études supérieures ont été créés
  • D’une façon générale, le recrutement en R-D est en hausse

Il s’agit là de progrès remarquables. Si nous pouvons, comme nous le devons par ailleurs, maintenir l’élan qui a été donné, le Canada en bénéficiera grandement, en termes non pas seulement de renommée scientifique pour lui-même, mais aussi de qualité de vie pour ses citoyens grâce à la croissance de son économie, à la viabilité de son environnement, à une santé améliorée et à une cohésion sociale accrue.

Nonobstant tout cela, certains défis nous guettent aussi. Dans un monde qui se transforme rapidement et gagne en complexité, du fait de la mondialisation, de l’avènement de nouvelles puissances économiques aussi bien que des bouleversements politiques et sociaux qui se succèdent, les sciences et la technologie sont appelées à jouer un rôle sans cesse plus indispensable pour nous tous et toutes en tant que société.

(Diapo 6 - Déterminants stratégiques socioéconomiques du Canada du XXIe siècle)

La prochaine diapositive donne un aperçu des enjeux que nous réserve l’avenir.

  • Notre avenir économique – productivité, commerce et innovation
  • Le Canada est un petit marché, une nation fortement tributaire des échanges commerciaux – Nous devrons tout mettre en œuvre pour préserver notre niveau de vie face aux puissances économiques nouvelles, comme la Chine et l’Inde, qui chercheront elles aussi à s’imposer à l’avant-scène de l’innovation scientifique et technologique.
  •  
  • Nos ressources naturelles
  • Nous aurons besoin de l’avantage concurrentiel durable que peuvent nous procurer des procédés novateurs pour l’extraction, l’exploitation et la préservation de nos ressources naturelles
  • Notre environnement – les répercussions fondamentales du réchauffement planétaire sur notre économie, notre environnement et notre société • 
  • Dans nos régions septentrionales et côtières, ces changements se feront sentir beaucoup plus vite que partout ailleurs sur le globe. Le rôle que le Canada est appelé à jouer durant l’Année polaire internationale, en 2007-2008, lui donnera l’occasion d’étudier la dimension humaine des sciences de l’Arctique et du Nord, notamment les changements environnementaux.
  • Notre santé et notre sécurité
  • Populations vieillissantes
  • Virulence et rapidité de propagation accrues des maladies infectieuses
  • Une société en évolution
  • Le paysage social canadien évolue rapidement et ne cesse de gagner en complexité – facteurs démographiques, immigration, bouleversement de la cellule familiale, migration des campagnes vers les villes, transports intelligents.
  • Nos institutions sociales et politiques ainsi que nos établissements d’enseignement sont forcés de s’adapter aux besoins nouveaux.

Somme toute, la collectivité scientifique a bien travaillé durant la dernière décennie. Depuis 1994, les dépenses en S & T sont passées de 3,6 % à 4,9 % du total des dépenses publiques. Cela dit, afin que nous progressions ensemble et dans la même direction, il est important que nous nous entendions d’abord sur les difficultés qui attendent notre collectivité scientifique.

(Diapo 7 Les défis inhérents aux activités scientifiques et technologiques)

Si nous voulons demeurer en tête des pays qui investissent le plus dans la recherche universitaire proportionnellement à leur population, nous devons exposer clairement, et systématiquement, la valeur de nos travaux, leur importance et leur utilité à long terme ainsi que notre capacité manifeste de trouver des solutions.

Certes, les problèmes à régler sont à la mesure des investissements. Et au Canada, la collectivité scientifique doit faire face à des enjeux nationaux dont les répercussions ont une portée internationale. En s’efforçant de se montrer à la hauteur des dossiers les plus préoccupants et des besoins les plus pressants des citoyens, nos scientifiques se sont chargés d’une tâche plus urgente encore, celle de prémunir les Canadiens contre les pandémies et les maladies infectieuses, de nous assurer d’un accès continu à des réserves d’eau potable et de protéger notre environnement contre la pollution. Ces questions inquiètent les Canadiens, mais les recherches qu’elles suscitent peuvent aussi s’avérer profitables pour la collectivité mondiale. Même si nous sommes conscients de leur importance absolue, notre responsabilité collective demeure de multiplier les occasions de mobiliser la population sur les enjeux importants tout en préservant la qualité et l’intégrité de nos recherches aussi bien que notre propre ouverture d’esprit.

Mégascience et grands projets d’investissements scientifiques

J’aimerais maintenant passer à ce que d’aucuns désignent sous le nom de mégascience, ce que nous appelons d’une façon générale les grands projets d’investissements scientifique.

De par ma formation en sciences naturelles et en ma qualité d’ancien président du CNRC (bailleur de fonds et administrateur d’installations nationales aussi bien qu’internationales), j’ai parfaitement conscience que les sommes investies dans les installations et les réseaux axés sur les grands projets scientifiques offrent au Canada des occasions sans précédent de se positionner à l’avant-garde des recherches en astronomie, en sciences de la santé, en physique corpusculaire, en science spatiale ou en sciences sociales. Pourtant, en tant que président du conseil d’administration du Centre canadien de rayonnement synchrotron, où un synchrotron de troisième génération a pu être mis en service officiellement en octobre 2004 (un grand moment pour la recherche scientifique canadienne que la CBC nous a permis de vivre en direct dans le cadre des « National News »), j’ai pu constater aussi, dans toute sa réalité, la multiplicité des sources de financement qui avaient permis de construire et, en partie du moins, d’assurer le fonctionnement de cette installation de calibre international. Seule l’intervention financière du gouvernement fédéral est finalement parvenue à la sauver. Un réveil brutal pour la collectivité scientifique et les gouvernements, un ultime avertissement qui leur était adressé de mettre en place un système plus global, plus efficace et plus transparent pour proposer, évaluer et financer les grands projets d’investissements scientifiques, et d’en assurer la viabilité à long terme.

(Diapo 8 - Grands projets d’investissements scientifiques : justification d’une approche plus cohérente)

Plusieurs points importants sont ressortis.

  • Absence de débouché naturel ou de guichet unique pour certaines propositions 
  • Difficultés à établir des priorités face à l’extrême diversité des propositions 
  • Fragmentation du financement et absence de coordination 
  • Surcharges et retards causés par une mauvaise planification financière
  • Questions de gestion et de supervision – difficulté à rétablir le lien entre les projets en cours et les pouvoirs de décision centraux pour les coûts de fonctionnement permanents et les mises à niveau

Bref, nous avions besoin d’un cadre plus cohérent.

(Diapo 9 Grands projets d’investissements scientifiques – Processus de consultation)

Le travail à cet égard a été amorcé par Tom Brzustowski (alors président du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie) et moi-même, avec le concours du personnel de nos deux organismes, et s’est poursuivi après ma nomination à mon poste actuel de Conseiller national des sciences, en avril 2004. Les présidents des conseils et des fondations responsables de la subvention ont examiné attentivement un document de travail avant de le distribuer aux membres de la collectivité pour fins de commentaires, en janvier 2005. Ce document propose un cadre de gestion des grands projets d’investissements scientifiques, qu’il justifie et remet en contexte.

  • Plus de 70 organismes nous ont soumis des commentaires détaillés et judicieux que nous avons étudiés tout au long de l’été.
  • En septembre 2005, nous avons produit un deuxième document de travail dans lequel nous recommandions un cadre de gestion s’inspirant d’un certain nombre d’options possibles.
  • Au mois d’octobre enfin, nous avons organisé un atelier auquel ont assisté une brochette impressionnante de vice-présidents en recherche représentant de grandes universités, de directeurs de projets en cours et de porte-parole gouvernementaux, plus d’une quarantaine en tout.

À la clôture des délibérations, les participants appuyaient résolument la mise en œuvre d’un modèle qui, j’en suis convaincu, aura des répercussions décisives sur le travail des collectivités spécialisées dans les produits de santé naturels, le génie et les sciences sociales.

(Diapo 10 Portée du cadre)

Qu’est-ce qu’un grand projet scientifique?

Les grands projets scientifiques «… traitent de problèmes d’une importance, d’une ampleur et d’une complexité telles qu’ils nécessitent une collaboration massive, en même temps que les installations, les ressources humaines et le soutien logistique que cela suppose. » De portée nationale aussi bien qu’internationale, ils ont des conséquences exceptionnelles. Nous avons adopté les critères suivants :

  1. Le projet a une ampleur et entraîne des coûts qui dépassent tout ce que peuvent absorber seuls une institution, un ministère ou un organisme gouvernemental
  2. Des questions comme la responsabilité financière ou les retombées à long terme doivent être étudiées de différents points de vue, notamment les coûts de fonctionnement permanents, les risques de déclassement et la gestion à long terme des données
  3. Les exigences en termes de masse critique et de coordination sur une vaste échelle
  4. L’objectif primaire est de faire progresser la recherche scientifique
  5. L’importance et la portée des avantages non scientifiques méritent une attention particulière

Entrent donc en jeu non pas seulement les coûts et la valeur marchande des projets d’investissements, mais aussi le caractère vraiment exceptionnel de leurs retombées. Tel est le critère définitoire à retenir.

C’est donc à ce stage précis, et ce, en grande partie grâce au concours de mes collègues de l’IRSC, du CRSH et de Statistique Canada, de même que de toute la collectivité canadienne de la recherche, que s’est fixé un cadre général :

(Diapo 11 Portée du cadre)

« Ces dernières années, les grands projets d’investissements scientifiques se sont multipliés et ont pris de plus en plus d’importance dans des secteurs comme la santé et les sciences sociales, sous la forme de projets de répartition de l’infrastructure cognitive qui ont donné naissance aux ensembles de données sur lesquels s’appuient les travaux de recherche. »

Pour illustrer mon propos, voici quelques exemples :

  • les installations et les réseaux qui ont été financés et implantés au Canada et qui font partie d’un réseau à couverture mondiale
  • les installations et les réseaux qui sont situés en territoire canadien et qui constituent une contribution importante, voire unique, aux efforts déployés par la collectivité scientifique internationale
  • les installations et les réseaux qui se trouvent en territoire étranger et où le Canada joue un rôle de partenaire
  • une infrastructure répartie qui, une fois envisagée globalement, représente un investissement scientifique de tout premier plan
  • un programme de recherche distribuée expressément axé sur un thème scientifique

Cela dit, un grand projet d’investissement scientifique représente non pas simplement la préparation d’une brochette de travaux qui n’ont l’un avec l’autre qu’un lien très diffus (comme une liste d’épicerie), mais bien plutôt une entreprise de tout premier ordre dont la coordination a été centralisée et dont le succès repose sur une masse critique et un investissement minimums.

(Diapo 12 Critère pour l’établissement des priorités)

Les projets peuvent être évalués à partir des critères essentiels suivants :

  • l’excellence scientifique
  • qualité de l’équipe de recherche et du projet lui-même
  • évaluation de l’intégration et des répercussions du projet par rapport au secteur visé et à l’ensemble du système de recherche, à l’échelle nationale et internationale
  • nécessité, dans certains cas, d’inclure des éléments interdisciplinaires
  • les avantages économiques, sociaux et environnementaux
  • les incidences en termes de personnel hautement qualifié
  • les coûts
  • coût total du cycle de vie, y compris les dépenses en immobilisations, les coûts de fonctionnement, les mises à niveau probables, les coûts d’accès, les coûts du risque et le déclassement
  • équilibre entre le coût prévu d’une part, et d’autre part, les bienfaits et avantages promis par ces investissements
  • l’évaluation et la gestion des risques
  • risques scientifiques et techniques
  • risques financiers, risques pour l’environnement ainsi que pour la sécurité des travailleurs et de la population en général
  • la gestion, la supervision et le contrôle des projets

Nous croyons qu’un processus rigoureux et transparent contribuerait certainement à réduire le caractère ponctuel de notre démarche à ce jour.

(Diapo 13 - Approbation des projets)

(Diapo 14 Avantages du modèle proposé)

En quelques mots, l’approche proposée :

  • favorise une trajectoire tantôt ascendante, tantôt descendante pour la présentation des projets
  • permet d’évaluer et de prioriser les projets de façon systématique dans le contexte du plan d’action du gouvernement
  • facilite la mobilisation rapide de tous les intervenants
  • prévoit une bonne coordination du processus décisionnel
  • insiste sur le fait que les propositions doivent faire état du coût total du cycle de vie, y compris les dépenses en immobilisations et les coûts de fonctionnement
  • prévoit la mise en place de solides mécanismes de supervision et diverses possibilités de prolongation des projets
  • tire parti du savoir-faire et de l’expérience des organismes

Alors, me demanderez-vous peut-être, quelles sont les incidences sur les travaux de recherche en sciences sociales et en santé?

Et c’est là précisément le troisième point de mon exposé.

(Diapo 15 – Les sciences et la technologie à l’ère du savoir – Approche globale en matière de politique gouvernementale)

  • Offre et demande insatiables et exponentielles de connaissances scientifiques à l’appui des politiques gouvernementales, qu’il s’agisse de leur contenu ou du débat qui les entoure
  • Application utile des fruits des travaux en S & T à l’élaboration des politiques : un défi pour les gouvernements Clientèle et population exigeantes, bien informées, dispersées, bien organisées au chapitre de la formulation des politiques
  • La recherche en santé et en sciences sociales représente une composante essentielle d’un système d’information complexe, dynamique et en constante évolution
  • Les technologies naissantes, les outils nouveaux et les approches interdisciplinaires suscitent de nouveaux débouchés pour la recherche

L’intégration, la coordination, le travail d’équipe, les partenariats et le recours à des politiques stratégiques sont autant de solutions possibles.

(Diapo 16 Les grandes études comparatives des cohortes dans les secteurs de la santé et des sciences sociales)

Comme l’a souligné Michael Wolfson dans le document qu’il a déposé dans le cadre de cette conférence, les grandes études comparatives des cohortes comportent bon nombre des éléments caractéristiques de la mégascience et des grands projets d’investissements scientifiques :

  • Recherches à long terme, extrêmement complexes, multidisciplinaires et soutenues qui couvrent plusieurs décennies et plusieurs générations
  • Nécessité de plus en plus pressante d’élaborer, de réunir, d’entreposer et d’analyser une masse colossale de données qui présentent des variables énormes
  • Besoin de plates-formes de recherches qui soient tout à la fois robustes et flexibles, accessibles et sures
  • Orientation nécessairement axée sur la recherche et sur l’utilité pour les différentes parties intéressées dans les sphères gouvernementales et au sein du grand public
  • Importance de la gouvernance et de la gérance ainsi que de la viabilité à long terme
  • Possibilités offertes d’intégrer les marqueurs biologiques et les facteurs génomiques dans les protocoles de relevé
  • Modélisation et simulation informatisées pour fins de mises à l’essai intégrées et de la formulation de théories

(Diapo 17 - Grandes études comparatives des cohortes – Enjeux et difficultés)

Les études de cohortes comportent en outre des difficultés propres qui sont souvent incomprises des gouvernements et de la collectivité des recherches en sciences naturelles :

  • la nature des hypothèses et des analyses
  • L’univers des humains est beaucoup plus complexe, plus dynamique et plus interactif que celui des atomes et des matières stellaires, d’où des hypothèses qui ne sont pas aussi clairement délimitées qu’en physique ou en chimie, par exemple. Dans un monde où tout ce qui touche l’élément touche aussi l’ensemble, il est fréquent de rencontrer des écoles de pensée rivales dont les essais ont donné des résultats qui demeurent difficiles à appréhender. La nature même de la recherche scientifique et des processus d’évaluation par les pairs leur donne un caractère potentiellement litigieux. 
  • la gestion de masses de données imposantes
  • La saisie, l’entreposage, la vérification qualitative et l’assurance de compatibilité des données sont des étapes essentielles. Les mécanismes permettant d’avoir accès à ces données doivent également se conformer aux principes de respect de la vie privée et des renseignements personnels…
  • l’établissement de liens avec les politiques
  • les sciences de la santé et les sciences sociales, de par leur nature même, se prêtent tout naturellement aux débats stratégiques sur les grandes questions de l’heure (beaucoup plus, par exemple, que la cosmologie), et ce, même si l’étude de vastes cohortes est plus apparentée à la recherche fondamentale qu’à la recherche appliquée
  • les coûts
  • Comme Michael l’a souligné - et qui suis-je d’ailleurs pour le contredire? -, la collectivité des sciences sociales est incapable de voir grand et de s’intégrer à de vastes équipes multidisciplinaires. La conception et la gestion continue de vastes équipes longitudinales nécessiteront de considérables investissements en temps ainsi que des efforts de coordination soutenus en vue d’arriver à une entente sur une démarche bien structurée et multidisciplinaire.
  • Le recrutement, la supervision et le maintien en poste des responsables d’une étude longitudinale n’ont absolument rien à voir avec les processus courants – il faut se rappeler, en effet, que les humains peuvent faire des choix, exprimer des opinions personnelles et faire valoir certains droits, contrairement aux pierres et aux molécules! 
  • la sécurité des données et les questions d’accès et d’éthique
  • La protection des renseignements personnels, le secret des affaires et l’intégrité des données sont autant de considérations essentielles dans des projets de cette nature.
  • l’intégration des systèmes – à l’échelle locale et nationale aussi bien qu’internationale

L’avenir

(Diapo 18 L’avenir)

De mon point de vue, il serait on ne peut plus légitime de prendre en compte les études longitudinales dans le cadre devant régir les grands projets d’investissements scientifiques. En fait, ce serait là une innovation majeure dans l’histoire de la politique scientifique canadienne :

  • Donner une visibilité et une importance accrues aux recherches consacrées, au Canada comme à l’étranger, à la santé publique et aux sciences sociales
  • Faire connaître à tous les intervenants un ou plusieurs projets inédits d’envergure nationale et obtenir leur appui
  • Mettre en place un processus rigoureux et transparent pour contrôler la qualité et l’efficacité des projets, et pour obtenir les appuis financiers nécessaires à long terme
  • L’on s’accorde depuis longtemps à dire que le gouvernement joue un rôle essentiel dans le financement de la recherche fondamentale et de la recherche précompétitive – ces travaux formant la base de procédés novateurs adoptés dans le secteur privé afin d’accroître la productivité. Les grandes études longitudinales sur la santé et les sciences sociales peuvent, de la même façon, faciliter l’élaboration de politiques novatrices dans le secteur public.

(Diapo 19 Ce qu’il faut)

Je suis loin d’être un spécialiste de ces questions, et la présente conférence a précisément pour objet de nous faire mieux cerner le cadre de gestion des grands projets d’investissements scientifiques que nous espérons tous voir instauré dans les plus brefs délais. Quelles en sont donc les conditions préalables?

  • Il faut pour commencer que les personnes ici réunies donnent leur point de vue sur l’utilité d’une approche « mégascientifique » et de la réalisation d’études longitudinales de cohortes adaptées aux besoins du XXIe siècle pour faire progresser nos connaissances - Pareille démarche est-elle justifiée? Quelles améliorations faudrait-il y apporter? 
  • Il convient aussi d’avoir une vision précise de ce que ces investissements peuvent nous apporter face aux graves problèmes de société et de santé qui se posent à nous.
  • Autre facteur tout aussi essentiel, vous devrez accepter de travailler ensemble, au Canada et sur la scène internationale, et peu importe votre champ de spécialisation, à faire en sorte que le modèle que vous proposerez présente le degré d’intégrité scientifique le plus élevé et que sa valeur sur le plan social soit, à long terme, incontestable.

(Diapo 20 - Conclusions)

En guise de conclusion, je dirais qu’en ce début de XXIe siècle, les scientifiques sont arrivés à la croisée des chemins. Ils sont maintenant appelés à se pencher sur des enjeux qui nous touchent directement, et dont les incidences seront ressenties également par les générations à venir.

  • Je crois quant à moi qu’un vaste plan d’action s’appuyant sur un vaste réseau multidisciplinaire est tout à fait envisageable.
  • Cette conférence constitue une étape importante dans l’élaboration de ce plan, et c’est à nous qu’il appartient de tout mettre en œuvre pour qu’il puisse se concrétiser.

Merci.

 


  Impression accessible
Mise à jour: 2006-01-26  Avis importants