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  « Quand une population anglophone se fait de plus en plus l’alliée de la cause du français : l’exemple du Canada »

Notes pour une allocution
de l’honorable Stéphane Dion
Président du Conseil privé et
ministre des Affaires intergouvernementales

Allocution prononcée dans le cadre du colloque sur le rayonnement du français

Paris (France)

le 17 octobre 2003

L’allocution prononcée fait foi


Le Canada a hérité de son histoire la chance, le privilège et l’obligation de promouvoir la langue française et les cultures d’expression française au Québec, en Acadie, dans l’ensemble du Canada et partout dans le monde, et de rendre cet héritage accessible aux Canadiens de toutes origines. C’est un défi exaltant, mais exigeant, dans une Amérique du Nord massivement anglophone, en cette période où les forces d’assimilation sont telles que, pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, le nombre de langues parlées dans le monde diminue au lieu d’augmenter. Mais nous, Canadiens, arriverons à relever ce défi.


Pour la cause du français, le Canada déploie des efforts sur tous les fronts. Sur la scène internationale, le gouvernement du Canada et ceux du Québec et du Nouveau-Brunswick apportent une contribution substantielle que tous leurs partenaires de la francophonie apprécient. Au Québec, notre seule province à majorité francophone, la presque totalité de la population parle français (95 %). Cela ne va pas tout seul, cependant : le gouvernement fédéral et le gouvernement provincial mènent des politiques linguistiques et culturelles de promotion du français qui, toutes différentes qu’elles soient, se complètent bien sur le terrain. J’espère qu’on ne m’en voudra pas de souligner au passage que le gouvernement fédéral dépense plus pour la culture au Québec que le gouvernement provincial et toutes les municipalités réunies.1


Au Nouveau-Brunswick, seule province du Canada officiellement bilingue, le tiers de la population est francophone. L’Assemblée législative de la province vient d’ailleurs d’adopter une nouvelle loi sur les langues officielles qui a été très bien accueillie tant par les francophones que par les anglophones, alors qu’il y a dix ans, la même loi les aurait probablement divisés.


Dans les autres provinces et territoires, les francophones forment partout moins de 5 % de la population. Malgré la force assimilatrice de l’anglais, ces communautés se développent et sont maintenant dotées d’institutions et de droits sans pareil par rapport au passé. Par exemple, on ne trouvait pas d’école française dans la moitié des provinces en 1982. Encore en 1990, les francophones administraient leurs écoles seulement au Québec, au Nouveau-Brunswick et un peu en Ontario. Aujourd’hui, des structures de gestion scolaire francophones sont en place dans les dix provinces et les trois territoires.


L’autre front sur lequel le Canada fait avancer la cause du français est celui de sa propre population non francophone. Celle-ci est nettement majoritaire, formant 22 des 29 millions de Canadiens.2  Des efforts sont déployés pour rendre l’apprentissage du français plus accessible à ces Canadiens non francophones, qui sont constitués essentiellement d’anglophones. Je vais vous parler aujourd’hui de cet aspect de la question. Je voudrais, ici, à Paris, devant un auditoire francophone international évidemment préoccupé par la progression de l’anglais, considérer la question sous un autre angle, et voir dans quelle mesure une population anglophone peut se faire l’alliée du français, et ainsi faire partie de la solution plutôt que du problème.


Je vais faire ressortir, d’une façon frappante, je crois, à quel point l’avenir du français dans le monde passe non seulement par sa préservation là où il est parlé de longue date, mais aussi par son apprentissage là où, hier encore, on ne le connaissait pas. Je voudrais montrer combien l’apprentissage du français par les anglophones canadiens est un enjeu important, en quoi des anglophones canadiens peuvent avoir eux-mêmes intérêt à apprendre le français, indiquer dans quelle mesure des progrès sont faits à cet égard et suggérer comment on pourrait en faire encore davantage.



1. En quoi le français a-t-il besoin des anglophones canadiens?

Trois considérations entrent en ligne de compte. La première est une question de nombre. Rien n’est plus important en sociolinguistique que le nombre. Or, en raison de la chute de la natalité, la population de Canadiens de langue maternelle française ne croît presque plus, comme le montre le tableau 1. Le même tableau indique aussi qu’elle décroît en proportion de la population canadienne, laquelle se renouvelle de plus en plus par l’immigration. Entre 1996 et 2001, le pourcentage d’immigrants non francophones (définis en fonction de la langue maternelle) se situait à 95 %. Malgré les efforts déployés pour attirer plus d’immigrants francophones, tout indique que l’immigration au Canada continuera à réduire la proportion de Canadiens de langue maternelle française.


Mais si l’on définit un francophone comme étant une personne en mesure de tenir une conversation en français, que sa langue maternelle soit le français ou non, alors on voit se dégager une tout autre perspective. Comme le montre le tableau 2, le nombre de francophones croît à une bonne cadence et se maintient en proportion de la population canadienne. Je doute même qu’il y ait, en ce moment, un pays dont le nombre de locuteurs francophones croît à un rythme plus rapide qu’au Canada.


Ainsi, de plus en plus, la croissance du fait français au Canada vient de l’apprentissage de notre langue par des Canadiens d’une autre langue maternelle. C’est là une tendance sociolinguistique que rien ne paraît devoir inverser dans un avenir prévisible. Voilà donc une première raison pour laquelle l’apprentissage du français par des anglophones canadiens est d’une importance cruciale : une simple question de nombre.


Après le nombre, la deuxième considération est l’empathie. J’entends par là la disposition favorable que de nombreux anglophones canadiens éprouvent envers la dimension francophone de leur pays. Au Canada comme ailleurs, ce n’est que lors des dernières décennies que le multilinguisme en est venu à être perçu comme un apport et une richesse plutôt que comme une contrainte ou un problème. On peut même parler d’une révolution des esprits au Canada : un sondage a évalué l’appui au bilinguisme officiel à 69 % chez les jeunes anglophones (18-29 ans) vivant à l’extérieur du Québec, comparativement à 27 % chez leurs aînés de 60 ans et plus.3


Bien sûr, ce sentiment d’empathie pour une langue peut naître même si on ne la parle pas. De nombreux Canadiens anglophones ne parlent pas du tout français, mais se sentent tout de même fiers de ce qu’il représente au Canada et solidaires de leurs concitoyens francophones. Mais le fait demeure que l’apprentissage du français tend à renforcer ce sentiment d’empathie. Des études confirment que le soutien au bilinguisme canadien est plus fort là où on le pratique.4


La troisième considération est plus forte que l’empathie : il s’agit de rien de moins que ... l’amour. Oui, l’amour! Les francophones et les anglophones s’éprennent de plus en plus les uns des autres et forment ce que les sociolinguistes appellent, dans leur jargon, des couples exogames, c’est-à-dire des couples de langues différentes. Les jeunes francophones sortent de leurs communautés, s’en vont dans les grands centres cosmopolites pour travailler ou pour y poursuivre des études, et ils fondent de plus en plus souvent des familles avec des anglophones. En fait, en dehors du Québec, près des deux tiers des enfants francophones canadiens (définis comme ayant moins de 18 ans) se trouvent maintenant dans des familles exogames, c’est-à-dire des familles dont seulement l’un des deux parents est de langue maternelle française. C’est ce que montre le tableau 3. Cette exogamie est, de loin, la principale cause de l’assimilation à l’anglais.


 Les chiffres sont, à cet égard, indiscutables. En effet, considérons la situation en dehors du Québec, dans les provinces et territoires à majorité anglophone. Lorsque les deux parents sont francophones, il n’y a pour ainsi dire pas d’assimilation : la transmission de la langue française aux enfants se fait presque toujours (à un taux de 95 %). Mais ce taux baisse à 42 % lorsque l’un des deux parents n’est pas francophone (tableau 4).


Il n’est rien qu’un gouvernement puisse faire contre l’amour : les gens se marient avec qui ils veulent! Mais c’est ici qu’entre en jeu une donnée très intéressante : la connaissance du français par le conjoint non francophone. S’il connaît notre langue, le taux de transmission du français à l’enfant est, toujours hors Québec, de 70 %. S’il ne connaît pas le français, ce taux chute à 32 % (tableau 5). Donc, en gros, du point de vue de la langue française, on « rescape » deux enfants sur trois dans le premier cas, on en « perd » deux sur trois dans le second. La différence est énorme.


Si les gouvernements ne peuvent rien contre l’amour, ils peuvent favoriser l’apprentissage d’une langue. Il faut accroître les probabilités que les jeunes francophones canadiens fondent des familles avec des jeunes anglophones qui, sans forcément maîtriser pleinement le français, ont eu l’occasion de le connaître.



2. En quoi les anglophones canadiens ont-il besoin du français?

Il est dans l’intérêt des anglophones canadiens, surtout les jeunes, de ne pas rester unilingues, et apprendre comme deuxième langue le français, langue internationale, langue maternelle de près du quart de leurs concitoyens, est un choix logique pour eux.


Devant un public européen, je ne crois pas avoir à insister beaucoup sur l’importance de l’apprentissage des langues. Mais cette importance ressort peut-être moins aux yeux d’un anglophone nord-américain. Nous ne parlons pas d’un continent multilingue comme l’Europe. L’Amérique du Nord d’aujourd’hui est, si l’on excepte le Mexique, sans doute le continent le plus linguistiquement uniforme de l’histoire de l’humanité. Et l’anglais est, dans notre monde moderne, la lingua franca plus que le latin a pu l’être dans l’Antiquité. Quel anglophone n’a pas un jour tenu ce raisonnement : « À quoi bon apprendre une autre langue? Chaque fois que je voyage et que j’essaie de dire quelques mots, les gens s’impatientent et me répondent en anglais »?


Pourtant, dans notre monde global où les Canadiens sont de plus en plus appelés à interagir avec d’autres pays et d’autres cultures, s’emmurer dans l’unilinguisme, serait-il anglais, est certainement une erreur. Si le Canada veut demeurer un pays toujours plus ouvert aux différentes cultures, dynamique, hautement compétitif, si, face aux jeunes Européens notamment, les jeunes Canadiens tiennent à se donner les meilleures chances d’emploi, il faut que notre pays développe les compétences langagières de sa population. Plus précisément, il faut que le Canada mise davantage sur l’immense potentiel que représente pour lui le fait que ses deux langues officielles sont des langues internationales.


Quand on y pense, l’anglais et le français forment une excellente combinaison. L’anglais, d’abord : voilà une langue qui ne risque pas d’être supplantée. Lorsqu’un jeune Suisse alémanique converse avec un jeune Suisse romand, il paraît qu’ils le font de plus en plus souvent en anglais. Chez nous, il est rarissime qu’un francophone et un anglophone doivent passer par une troisième langue pour se comprendre.


Le français, maintenant : l’une des rares langues d’envergure internationale. Le Canada n’a pas le problème de la Belgique, dont l’une des deux langues, le néerlandais, malgré tout le respect qu’on lui doit, a un rayonnement limité. D’après les estimations, il y aurait entre cent et deux cent cinquante millions de francophones dans le monde. Vingt-quatre pays comptent le français comme langue officielle.5 Selon une étude Eurobaromètre de la Commission européenne, réalisée en 2001, la langue la plus couramment parlée par les Européens en plus de leur langue est l’anglais (41 %), suivie du français (19 %), de l’allemand (10 %), de l’espagnol (7 %) et de l’italien (3 %).6 Autrement dit, presque le cinquième des Européens non francophones disent connaître le français. Il est souvent mentionné que c’est également la deuxième langue en importance parmi toutes les langues enseignées dans le monde.7  Le français est l’une des langues officielles des Nations Unies, de la Croix-Rouge internationale, du Comité international olympique, de la Communauté économique européenne, de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord et du Bureau international du Travail.


Le Canada est un pays multiculturel qui accueille de plus en plus d’immigrants qui, au départ, ne parlent ni l’anglais ni le français. C’était le cas de près de la moitié des immigrants reçus en 2002 (tableau 6). Lorsqu’ils s’établissent en dehors du Québec, leur priorité, outre de transmettre leur langue d’origine à leurs enfants, est d’apprendre l’anglais. Aucune de ces multiples langues n’est pour autant en mesure de ravir au français le statut qui est le sien au Canada. Le français demeure, et de loin, le choix le plus fréquent des Canadiens anglophones qui décident d’apprendre une autre langue (tableau 7).8 Je connais très peu de Canadiens d’origine non chinoise qui parlent mandarin; en revanche, j’ai rencontré plusieurs jeunes Canadiennes et Canadiens d’origine chinoise qui parlaient un excellent français dans les écoles d’immersion de Colombie-Britannique.


De même, plus d’un Canadien unilingue anglophone m’a dit que, s’il avait à apprendre une deuxième langue, ce serait l’espagnol plutôt que le français. Pourtant, la plupart des Canadiens que je connais qui parlent espagnol parlent aussi français et anglais. Le fait est que nos deux langues officielles sont des tremplins naturels pour apprendre subséquemment une troisième ou une quatrième langue.


En somme, l’intérêt est mutuel. Si les Canadiens francophones doivent souhaiter que leurs concitoyens anglophones soient de plus en plus nombreux à apprendre leur langue, ces derniers y gagnent aussi au change. Le Canada anglais a intérêt à miser sur la dimension francophone de notre pays. Le fait-il suffisamment? Je vais maintenant démontrer que non, qu’il y a place à amélioration.



3. Un pays officiellement bilingue trop unilingue dans les faits

Le bilinguisme des Canadiens a certes augmenté avec le temps. La jeune génération de Canadiens est certainement la plus bilingue de notre histoire. En 1981, seulement 8 % des jeunes anglophones hors Québec pouvaient parler français. Aujourd’hui, 14 % de ces jeunes anglophones parlent français. La moitié des Anglo-Québécois âgés de 15 à 24 ans maîtrisaient le français en 1971, alors qu’en 2001, huit sur dix y parvenaient. En l’espace d’une génération, un nombre impressionnant de Québécois d’expression anglaise sont devenus bilingues. Quel exemple pour les autres Canadiens!


Pourtant, malgré ces progrès, la performance du Canada en matière de bilinguisme n’est guère reluisante si on la mesure avec des critères européens. Elle est même médiocre si l’on ne tient pas compte du Québec, dont les populations francophones et anglophones sont nettement plus bilingues que la moyenne canadienne. Avec 69 % d’unilingues, le « Canada moins le Québec » accuse un taux d’unilinguisme plus élevé que tous les pays européens. Mince consolation : les États-Unis et aussi la Nouvelle-Zélande, deux autres pays anglophones, font plus mauvaise figure que lui (tableau 8).


Cette performance décevante du Canada est étonnante si l’on considère que mon pays est reconnu dans le monde pour avoir développé des méthodes d’apprentissage des langues d’une grande efficacité. Nos programmes d’immersion linguistique servent de modèle dans plusieurs pays, dont les États-Unis, l’Australie, la Finlande, Singapour, l’Espagne et une région comme Hong Kong.9


Aussi suis-je d’avis que le problème ne vient pas des méthodes pédagogiques utilisées au Canada. Il prend plutôt son origine dans le fait que trop peu d’heures d’enseignement sont consacrées à l’apprentissage des langues. C’est aussi simple que cela.


De nombreux pays européens consacrent plus de 300 minutes par semaine à l’apprentissage d’une deuxième langue, alors que, dans les provinces canadiennes, le nombre est beaucoup moins élevé. Au Nouveau-Brunswick, on y consacre 250 minutes par semaine, et partout ailleurs au Canada, 200 minutes ou moins.10


De plus, bien que le Canada se situe dans la moyenne par rapport aux pays européens en termes de pourcentage d’élèves qui apprennent une deuxième langue à l’école primaire (de 6 à 13 ans), il se classe beaucoup moins bien dans les écoles secondaires (de 13 à 18 ans).11


Si le Canada fait piètre figure en ce qui concerne la formation en langue seconde au niveau secondaire, c’est que ces cours ne sont pas obligatoires pour les étudiants de plus de 15 ans dans toutes les provinces, sauf au Québec et au Nouveau-Brunswick. Les trois provinces des Prairies font partie des rares endroits dans le monde industrialisé où l’apprentissage de la seconde langue est facultatif à tous les niveaux d’études. Dans tous les pays d’Europe, l’apprentissage d’au moins une langue seconde est obligatoire jusqu’à 18 ans dans les écoles secondaires. De plus, dans 16 des 33 pays d’Europe examinés, il est obligatoire à l’école secondaire d’apprendre deux langues secondes.



Conclusion

Je suis parti de l’intérêt que représente la population anglophone canadienne pour la cause du français. J’en suis venu peu à peu à considérer la question dans l’autre sens : l’intérêt que le français représente pour la population anglophone canadienne. Quand deux intérêts coïncident si bien, il faut en tirer le meilleur parti. Je crois qu’il y a, sur ce plan, place à amélioration.


Le Canada s’assoit sur son statut de pays officiellement bilingue, ne réalisant pas qu’il prend du retard, surtout vis-à-vis l’Europe, du point de vue de la maîtrise effective des langues. L’augmentation du bilinguisme chez nos jeunes est un enjeu d’autant plus important que l’intérêt pour l’apprentissage des langues est en hausse ailleurs dans le monde, en Europe notamment, mais même aux États-Unis.12  Les Canadiens anglophones sont actuellement moins bilingues que les Britanniques, eux-mêmes les moins bilingues des Européens. Telle est la triste réalité. Un sérieux coup de barre est nécessaire.


Les gouvernements de notre fédération doivent procéder à ce redressement. Je suis sûr que les Canadiens les approuveront. D’après un sondage, 86 % des Canadiens (y compris 82 % d’anglophones) croient qu’il est important que leurs enfants apprennent une deuxième langue et 75 % de ces anglophones sont d’avis que cette autre langue devrait être le français.13 Un autre sondage indique que 65 % des Canadiens seraient d’accord pour que « des cours de français soient obligatoires à l’école primaire et secondaire au Canada »14


Il faut que les gouvernements de notre fédération répondent à la demande de tant de Canadiens pour que l’enseignement de la langue seconde et, en particulier, l’immersion française soient davantage accessibles à tous. Le gouvernement du Canada veut faire sa part. Le Plan d’action pour les langues officielles, que le Premier ministre du Canada, le très honorable Jean Chrétien, a lancé le 12 mars 2003, consacre à l’enseignement du français et de l’anglais comme langues secondes un nouveau fonds de 137 millions de dollars répartis sur cinq ans. Il s’agit d’un financement additionnel qui vient s’ajouter aux 42 millions de dollars par année que notre gouvernement consacre déjà à l’enseignement du français et de l’anglais comme langues secondes. On peut évaluer qu’en 2007-2008, dernière année du Plan d’action, le gouvernement du Canada consacrera à l’apprentissage des langues officielles un budget qui sera de 90 % supérieur.


Plusieurs des mesures énergiques prévues dans le Plan d’action vont permettre de donner un élan formidable à l’enseignement de nos langues officielles. Plus d’enseignants, du matériel didactique plus accessible et de meilleure qualité, plus d’emplois d’été, plus de programmes d’échanges, plus de possibilités pour les élèves de poursuivre des études postsecondaires en français, autant d’éléments que l’on retrouve dans le Plan d’action du gouvernement fédéral. Mais l’éducation est de compétence provinciale au Canada. Il faut que les gouvernements des dix provinces et des trois territoires du Canada redoublent d’efforts. Je suis optimiste, car il y a toute une nouvelle génération d’hommes et de femmes politiques anglophones qui ont fait l’expérience des écoles d’immersion française, ou qui y ont inscrit leurs enfants, et qui réalisent l’importance de cet enjeu pour le Canada tout entier.


Le français ne fait pas seulement partie de notre patrimoine. Il constitue aussi, et surtout, un élément clé d’un avenir prospère pour tous les Canadiens. Dans un monde où les échanges se multiplient et où la capacité de communiquer dans plusieurs langues est de plus en plus valorisée, le Canada doit prendre plus que jamais appui sur le caractère international de ses deux langues officielles. Il le fera, j’en suis sûr, de sorte que le Canada aide la cause du français, et que le français aide la cause du Canada.



 


  1. Statistique Canada, Le quotidien, 27 mai 2002.
  2. Statistique Canada, Recensement 2001.
  3. Environics Focus Canada, 2000.
  4. Margaret Adsett et Michael Morin, « Contact and Attitudes towards Bilingualism in Canada », compte rendu du 4th International Symposium on Bilingualism, 2003.
  5. UNESCO, Rapport mondial sur la culture : diversité culturelle et pluralisme (2000), Paris, Éditions UNESCO, 2001.
  6. Commission européenne, Eurobaromètre, rapport 54, Les Européens et les langues, Bruxelles, 15 février 2001.
  7. Parmi plusieurs sources : données provenant du site Internet du chapitre albertain de l’organisme Canadian Parents for French; « Vive le français! French is Back at A&M Commerce », Commerce Journal, 9 août 2000; Christopher P. Pinet, « A Few Ideas on Why Americans Should Study French », The French Review, avril 1999; Richard Shryock, « French, the Most Practical Foreign Language », département des langues étrangères, Virginia Polytechnic Institute and State University (site Web : http://www.majbill.vt.edu/fll/french/whyfrench.html); Dyane Adam, Commissaire aux langues officielles, « A Tool for Promoting the International Francophonie », discours prononcé à la réunion du Club Richelieu d’Ottawa (Ontario) le 29 novembre 2000.
  8. « Le français est, de loin, la langue seconde la plus souvent enseignée dans un Canada dominé par l’anglais. » [Traduction]. Alister Cumming, Second Language Education in Schools in Canada, Centre des langues modernes, Institut d’études pédagogiques de l’Ontario, Université de Toronto (site Web : http://www.oise.utoronto.ca/mlc/pufahlrep.pdf).
  9. Dans un rapport préparé en 1993 pour l’UNESCO par la Fédération internationale des professeurs de langues vivantes, les auteurs mentionnent que, grâce aux initiatives canadiennes et aux débats professionnels qu’elles ont déclenchés, il est possible de formuler certains principes à recommander à ceux qui désirent régler les problèmes actuels découlant du bilinguisme de leur société. Cette opinion était de nouveau confirmée en décembre 2000 dans un rapport intitulé Foreign Language Teaching : What the United States can learn from other countries, préparé par le Center for Applied Linguistics, où l’on pouvait lire, en substance :« L’une des expériences les mieux réussies et les plus largement étudiées en éducation par immersion ces trois dernières décennies est celle du Canada. » [traduction]
  10. Ces données, recueillies par le secrétariat des Affaires intergouvernementales, sont fondées, entre autres, sur des rapports nationaux portant sur la situation en matière d’apprentissage et d’enseignement des langues modernes en Europe, préparés pour le Centre européen des langues vivantes, et sur les sites Web sur l’éducation provinciale au Canada.
  11. Il est à noter que les pourcentages canadiens englobent à la fois les élèves en immersion et ceux qui suivent des cours de français ou d’anglais de base, et ne comprennent pas les élèves inscrits à des cours de langue seconde autre que le français ou l’anglais, Statistique Canada ne fournissant pas de données précises à ce sujet. Toutefois, les sites internet de plusieurs ministères de l’Éducation au pays révèlent que le pourcentage d’étudiants qui ont choisi d’apprendre une langue autre que le français ou l’anglais est partout inférieur à 2%.
  12. Sondage Gallup, « About One in Four Americans Can Hold a Conversation in a Second Language », avril 2001.
  13. Centre de recherche et d’information sur le Canada, Portraits du Canada 2001, janvier 2002.
  14. Environics Focus Canada, Association d’études canadiennes, mars 2003.

 

 

 

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Mise à jour : 2003-10-17  Avis importants