STÉPHANE DION RÉPLIQUE À BERNARD LANDRY
JOLIETTE (QUÉBEC), le 3 mars 1997 – Le quatrième budget du ministre
fédéral des Finances Paul Martin, qui a été bien reçu, notamment au
Québec, a été critiqué par le vice-premier ministre du Québec Bernard
Landry. Le ministre des Affaires intergouvernementales du Canada, l’honorable
Stéphane Dion, a qualifié d’injustes les critiques de M. Landry, qui
prétend que c’est un budget «centralisateur», qui reflète un fédéralisme
«prédateur», et que le gouvernement fédéral continue à «pelleter» son
déficit dans la cour des provinces.
S’adressant aux membres de la chambre de commerce du Grand Joliette, Stéphane Dion
a répliqué à ces trois points et a fait valoir à son auditoire que le budget
Martin «nous montre à quel point sont liés l’équilibre budgétaire, la
croissance économique et l’unité de notre pays». Faisant référence au
«miracle canadien» évoqué par les économistes d’ici et d’ailleurs,
ainsi que par les gouvernements étrangers et par l’OCDE, M. Dion a fait état
des progrès réalisés par le gouvernement fédéral et les provinces dans l’assainissement
de leurs finances publiques respectives. Il a fait valoir à son auditoire que
ces progrès ont été réalisés à la faveur de la collaboration de tous les
Canadiens et que les quatre budgets du ministre Martin ont fait preuve de
rigueur, de discipline et d’équité.
En réponse aux critiques de M. Landry voulant que le gouvernement fédéral
pellette son déficit dans la cour des provinces, M. Dion a fait valoir que le
gouvernement fédéral aura coupé davantage dans ses propres dépenses -- 14 p.
100 -- que dans celles des provinces -- 9,9 p. 100 -- entre 1993-1994 et
1998-1999, et que les réductions dans les transferts aux provinces -- en
espèces et en points d’impôt -- représentent à peine 2 p. 100 du total des
recettes provinciales.
Quant aux critiques répétées du Parti Québécois et du Bloc Québécois
voulant que le Québec ne reçoit pas sa part de transferts fédéraux,
Stéphane Dion réplique que le Québec, qui compte pour le quart de la
population canadienne, reçoit 31 p. 100 des dépenses de transfert fédérales,
dont 46 p. 100 en paiements de péréquation. «Le Québec», d’ajouter
M. Dion, «continue de recevoir les transferts les plus élevés au
Canada». Le tableau d’ensemble indique qu’en 1994, dernière année pour
laquelle les données sont disponibles, les dépenses fédérales au Québec se
sont élevées à 24,5 p. 100 alors que les Québécois ont contribué pour 21,4
p. 100 des revenus du gouvernement du Canada. «Pas mal pour un fédéralisme
prédateur!» d’en déduire le Ministre.
Stéphane Dion reproche à M. Landry et aux autres chefs sécessionnistes d’entretenir
du ressentiment à l’égard d’Ottawa en utilisant toujours la même
stratégie qui consiste à livrer une interprétation tronquée d’un nombre
limité de postes de dépenses et à lancer des généralisations victimisantes
sur le sort réservé au Québec.
Prenant l’exemple de la recherche et développement, où le PQ et le Bloc
Québécois prétendent que le Québec est perdant, le Ministre fédéral
réplique avec les dernières données disponibles (1994-1995), qui indiquent
que 23,8 p. 100 de l’ensemble des dépenses fédérales en R&D ont été
effectuées au Québec, ce qui est près de son poids démographique et
supérieur à sa part dans l’économie canadienne. Ces données incluent les
laboratoires qui sont dans la région de la capitale nationale, comme par
exemple le Conseil national de recherche, dont la vocation n’est pas lucrative
mais plutôt auxiliaire, soit d’aider à la recherche partout au pays. «Si on
s’en tient aux seules dépenses qui sont distribuées sur une base régionale»,
renchérit le Ministre, «la part du Québec est encore plus intéressante : les
entreprises québécoises reçoivent 40,2 p. 100 des subventions et 42,8 p. 100
des contrats fédéraux pour la R&D, les universités québécoises, elles,
reçoivent 27,6 p. 100 des sommes distribuées aux universités canadiennes.»
Stéphane Dion précise aussi que le gouvernement du Québec reçoit des
paiements de péréquation sans condition et qu’il peut les utiliser comme il
veut, y compris pour la recherche et le développement.
Le ministre Dion reproche aussi à M. Landry d’imputer au gouvernement
fédéral les problèmes financiers que connaît actuellement le gouvernement du
Québec et rappelle que «tous les gouvernements provinciaux ont dû composer
avec une réduction de transferts fédéraux, ce qui n’a pas empêché une
majorité de provinces de surmonter la crise de leurs finances publiques». Et d’ajouter
Stéphane Dion, «nous sommes capables, nous les Québécois, de relever notre
économie à un point tel qu’un jour c’est nous qui donnerons de la
péréquation aux provinces moins riches ».
Chiffres à l’appui, le Ministre fait valoir que la fédération canadienne
est une des fédérations les plus décentralisées au monde, avec la Suisse :
«Les dépenses propres au gouvernement fédéral ne représentent plus que 11
p. 100 du PIB et 37 p. 100 des dépenses de programmes, 27 p. 100 si on enlève
la dette». Il rappelle aussi les mesures que le gouvernement fédéral est en
train de mettre en place pour clarifier les rôles dans un grand nombre de
domaines.
Le Ministre explique que le nouveau budget Martin poursuit sur cette lancée.
Décrivant les principales initiatives suivantes, Stéphane Dion montre à quel
point elles se font en accord avec la Constitution et dans un esprit de
concertation avec les provinces : la réforme du Régime de pension du Canada,
le Régime national de prestation pour enfants, les initiatives visant les soins
de santé, le Programme de travaux d’infrastructure et la Fondation canadienne
pour l’innovation. Et il ajoute : «Nous avons la chance, au Canada, d’être
une fédération, de pouvoir allier les forces et la solidarité de l’ensemble
canadien à la souplesse et au génie de l’autonomie régionale. Grâce aux
efforts conjugués des gouvernements provinciaux et fédéral, nous pouvons
regarder l’avenir avec confiance.»
Le ministre Dion conclut en disant que «c’est une erreur de croire que notre
unité nationale repose sur une discussion sèche tournant autour de la
Constitution, et que les questions de croissance économique, d’emploi, de
qualité de vie, n’en font pas partie. Tous ces sujets sont liés [... et] c’est
par une bonne compréhension du fonctionnement de notre fédération que nous
pourrons réussir à vaincre le chômage et à faire reculer la pauvreté,
notamment chez les enfants. Tout ça fait partie de l’unité nationale ».
-30-
Pour informations :
André Lamarre
Secrétaire de presse
(613) 943-1838
Retour à la page Web:
http://www.pco-bcp.gc.ca/aia/default.asp?Language=F&Page=archive&Sub=PressRelease&Doc=19970303_f.htm