« Le rôle de l'Ontario et la sauvegarde du Canada »

Notes pour une allocution devant
les Clubs Rotary de London et de sa région

London (Ontario)

le 14 novembre 1996


Benjamin Franklin disait qu'il n'y a que deux choses d'inévitable dans la vie : la mort et les taxes. Vous serez heureux d'apprendre que je ne vous entretiendrai ni de l'une ni de l'autre, mais plutôt d'un troisième incontournable auquel fait face le Canada : son entrée dans le XXIe siècle. Ou, du moins, ce devrait être un incontournable. Mais le Canada entrera-t-il uni dans le XXIe siècle?

Comme les autres grands pays occidentaux, le Canada doit affronter un certain nombre de défis : la nouvelle économie, une restructuration des soins de santé, la garantie d'un traitement équitable pour toutes les régions, les questions autochtones. Pourtant, seul le Canada est menacé par la sécession.

À l'heure actuelle, le gouvernement fédéral a entrepris de renouveler la fédération et de travailler à instaurer un nouveau sentiment de réconciliation nationale. Les Canadiens d'un océan à l'autre -- y compris les Québécois -- souhaitent voir leurs gouvernements oeuvrer ensemble pour relever les défis auxquels fait face notre pays, de sorte que les services qu'ils reçoivent leur soient fournis avec une efficacité et une efficience optimales. Et ils veulent que ces changements aient lieu selon notre tradition de solidarité, au sein d'une société où chacun a sa place, où personne ne se sent rejeté.

C'est en opérant une réconciliation nationale et en renouvelant la fédération que nous veillerons à ce que notre pays entre uni et fort dans le XXIe siècle -- ou, comme l'évoque le titre de mon allocution, que nous assurerons la sauvegarde du Canada. Aujourd'hui, tout en abordant ces questions en termes généraux, je tiens à vous entretenir plus particulièrement du rôle de l'Ontario. Tout au long de l'histoire du Canada, la richesse des ressources, la forte population et l'emplacement stratégique de l'Ontario ont aidé la province à se bâtir une économie puissante. Cette force économique a, à son tour, entraîné des contributions volontaires importantes de la part de l'Ontario dans l'intérêt de tous les Canadiens. Elle a permis à la province de prendre l'initiative à bien des occasions dans l'histoire de notre fédération. Aujourd'hui, les gens de l'Ontario ont la possibilité de jouer un rôle particulier dans le processus de renouvellement et de réconciliation nationale.

Les Ontariens sont profondément attachés à l'idéal canadien de tolérance et d'ouverture. Bien que les liens commerciaux et une même langue puissent logiquement attirer l'Ontario vers les États-Unis, les valeurs que partagent les Ontariens avec les autres Canadiens les aident à résister à cette force d'attraction. À cet égard, ils sont comme les germanophones de la Suisse qui, malgré leurs liens linguistiques avec l'Allemagne, sont parmi les partisans les plus loyaux de la Suisse, parce qu'ils aiment son système de valeurs.

La Suisse et le Canada sont deux pays très tolérants. Peter Russell, un éminent politologue de l'Université de Toronto, a fait observer que la réalité de la citoyenneté canadienne, c'est qu'au niveau psychique, elle est extraordinairement hétérogène. Selon monsieur Russell, les Canadiens autochtones, les Canadiens québécois, les Canadiens qui s'identifient aux communautés de minorité linguistique ou aux minorités ethniques ou raciales de même que les Canadiens qui aspirent à s'identifier à une nation canadienne unie ont connu historiquement des rapports avec le Canada de façons fort différentes. De même, en Suisse, les citoyens des différents cantons et les groupes linguistiques peuvent être Suisses à leur façon. Mais, en Suisse, il n'existe pas de mouvement sécessionniste. Pourquoi? Une des raisons, c'est qu'aucun des trois groupes linguistiques n'est concentré massivement dans un seul canton.

L'exemple de la Suisse met en lumière un autre aspect important du fonctionnement de notre fédération. Lorsqu'il s'agit de questions nationales, même si la langue devient un facteur d'unité quand se posent des questions culturelles, les cantons suisses concluront des alliances très différentes quand il s'agit d'autres questions. Ainsi, en ce qui concerne les question économiques, des alliances se forment selon le clivage rural-urbain. Au Canada, les alliances tendent aussi à s'établir en fonction des préoccupations. Le Québec s'alliera souvent avec l'Ontario en ce qui concerne les questions industrielles, avec les provinces de l'Atlantique et des Prairies lorsqu'il s'agit de normes sociales, et avec l'Ouest pour le libre-échange. Dans le cas des questions linguistiques, cependant, les Québécois sont très conscients qu'ils sont seuls dans une mer d'anglophones.

Cela nous amène à un élément important de notre processus de réconciliation nationale. Nous pouvons travailler à renforcer et à étendre les liens qui unissent déjà le Canada. Mais il nous faut aussi nous attaquer à l'insécurité qui a cours. Et ce qui domine à cet égard, c'est le sentiment d'isolement du Québec pour ce qui est de la langue et de la culture. À l'encontre des cantons suisses, le Québec n'a pas d'allié naturel dans les provinces canadiennes quand il s'agit de ces questions.

Il semble de circonstance de discuter de renouvellement et de réconciliation du Canada devant des membres des clubs Rotary, puisque, selon la définition qu'en donne votre documentation, votre intérêt est altruiste, il s'étend à la collectivité, à la nation et au monde, l'équité régit vos relations et vous vous efforcez de favoriser la bonne volonté et d'avantager tous et chacun. Ce sont exactement les qualités que nécessite le processus de réconciliation nationale et je tiens à remercier les clubs Rotary de London et de sa région de me donner l'occasion de prononcer cette allocution aujourd'hui.

D'abord, je vous entretiendrai de ce que l'Ontario et le Québec ont en commun pour expliquer pourquoi la sécession aurait des conséquences radicales sur les liens solides entre nos deux provinces. Ensuite, je décrirai comment le renouvellement de la fédération et la reconnaissance du Québec comme société distincte sont importants pour tous les Canadiens, et pour les Ontariens en particulier. Enfin, je parlerai, comme l'évoque le titre de mon exposé, du rôle que doit jouer l'Ontario pour sauver notre pays.

L'Ontario et le Québec : des amis et des partenaires dans le Canada

Les populations de l'Ontario et du Québec ont un long et important passé d'association et d'amitié. En tant que premières régions industrielles du Canada, nous avons contribué au développement des régions vers l'ouest et vers le nord, régions qui sont maintenant devenues nos partenaires. Aujourd'hui, nos deux provinces sont unies par un tissu complexe de liens personnels, économiques et professionnels. Ensemble, nos provinces représentent plus de la moitié de la population du Canada et, en tant que producteurs d'au-delà des trois quarts des biens manufacturés du Canada, nous demeurons le centre industriel et manufacturier du pays.

Nos villes principales -- Toronto et Montréal -- sont des exemples vivants de la vie métropolitaine multiculturelle. Elles partagent le même esprit de respect et de tolérance parmi les différentes cultures qui en sont les composantes et le principe vital. Elles sont des modèles dynamiques de coexistence culturelle où l'on est parvenu à éviter le racisme qui frappe tant d'autres grandes villes occidentales. Ces réalisations ne sont pas passées inaperçues. Une enquête publiée en 1995 par le Swiss Corporate Resources Group a classé ces deux villes parmi les régions métropolitaines du monde où il fait le mieux vivre -- Toronto vient au quatrième rang et Montréal au septième. Incidemment, une autre ville canadienne, Vancouver, s'est classée deuxième.

Ces villes ont été capables d'accueillir les diverses vagues de nouveaux immigrants avec chaleur et ouverture pour la bonne raison, je crois, que la tolérance et l'acceptation de la diversité s'y sont développées, parce que les francophones et les anglophones ont appris à vivre ensemble dans les décennies et les siècles précédant l'arrivée de ces nouveaux Canadiens.

Beaucoup de Québécois d'origine ont joué un rôle important dans la vie de votre province, y compris Richard Monette, directeur artistique du Festival de Stratford, et Yves Landry, Président du conseil d'administration, Président et directeur général de Chrysler Canada. Entre-temps, ma province a bénéficié des talents d'Ontariens d'origine, notamment Paul Desmarais, de Power Corporation, et Paul E. Gagné, Président et directeur général de Avenor Inc. Ces individus incarnent la magnifique synergie qui existe entre nos deux provinces.

Dans l'histoire de nos deux provinces, les collectivités de langue officielle minoritaire ont joué un rôle important. De nos jours, la collectivité anglophone continue de jouer ce rôle important dans la vie de ma province. Et l'Ontario est le foyer de la plus grande minorité francophone au Canada.

Une personne malavisée a un jour comparé les francophones hors-Québec à des cadavres tièdes. Quiconque connaît un tant soit peu la communauté franco-ontarienne sait qu'elle est loin d'être une morte vivante! En 1993, l'écrivain franco-ontarien François Paré a gagné le Prix du Gouverneur général pour Les littératures de l'exiguïté tandis qu'en 1988, l'auteur dramatique Jean-Marc Dalpé s'est vu remettre un Prix du Gouverneur général pour sa pièce Le Chien. Par ailleurs, le festival franco-ontarien d'Ottawa, LeFranco, est devenu le premier événement culturel francophone de son genre en Amérique du Nord. Les francophones possèdent plus de 7 500 entreprises ontariennes. Et c'est de la communauté franco-ontarienne aussi que nous vient mon nouveau collègue du Cabinet, Don Boudria, ministre chargé de la Coopération internationale et de la Francophonie.

Ce n'est là qu'un survol rapide de la communauté francophone de l'Ontario, mais je suis sûr que vous conviendrez avec moi que cette contribution est essentielle à la vie tant de l'Ontario que du pays. Ce matin, j'ai eu le plaisir de visiter l'école secondaire Frederick Banting, une école d'immersion en français qui donne aux jeunes anglophones une occasion formidable d'acquérir une connaissance pratique de l'autre langue officielle du Canada. Il peut être, je le sais par expérience, extrêmement enrichissant sur le plan personnel d'apprendre l'autre langue officielle. Mais cela ouvre aussi toute une gamme de possibilités d'emploi et de perspectives commerciales ici et à l'étranger.

Plus généralement, le pays tout entier tire avantage de sa situation bilingue. Par exemple, le gestionnaire en communications du comité de présentation de la candidature de Calgary pour Expo 2005 a déclaré, il y a quelques semaines, que le bilinguisme du Canada lui donne un « avantage stratégique » sur ses concurrents unilingues du Japon et de l'Australie, puisque le français n'est pas seulement une langue internationale importante, mais aussi la langue officielle du bureau de l'exposition internationale.

Pour en revenir aux liens qui unissent l'Ontario et le Québec, je ferai observer que, sur le plan économique, ces liens sont parmi les plus étroits qui puissent exister entre des provinces canadiennes. Selon les derniers chiffres connus de Statistique Canada, ceux de 1990, plus de 60 pour cent des exportations du Québec étaient dirigées vers l'Ontario et plus de 70 pour cent de ses importations provenaient de votre province. Inversement, près de 40 pour cent des exportations de l'Ontario étaient destinées au Québec et plus de 50 pour cent de ses importations provenaient de ma province. Le Québec est le plus grand partenaire commercial de l'Ontario et vice versa.

Nous partageons aussi des valeurs similaires. De fait, selon un nouveau livre d'Angus Reid, Shakedown: How the New Economy Is Changing Our Lives, la grande majorité des Canadiens dans toutes les régions du pays partagent quatre certitudes persistantes. Premièrement, les Canadiens sont convaincus qu'ensemble, ils ont bâti quelque chose de spécial -- un pays au « créneau unique dans la communauté mondiale » [traduction]. Pour moi, le Canada prouve au monde que la cohabitation des cultures dans un même État fait de nous tous de meilleurs citoyens et de meilleurs êtres humains, puisqu'il nous est offert par là une occasion fantastique de cultiver la tolérance et d'aborder de différentes façons les défis auxquels nous devons tous faire face.

Deuxièmement, selon M. Reid, presque tous les Canadiens sont d'avis que les anglophones et les francophones peuvent vivre en harmonie au Canada, qu'avec de la bonne volonté et de la persévérance, une réconciliation nationale est possible. Nous sommes toujours convaincus de pouvoir surmonter les différences et relever les défis d'aujourd'hui.

Troisièmement, les Canadiens croient en la civilité. Ils pensent que les désaccords peuvent se résoudre par la raison et la diplomatie et ils se refusent à toute forme de violence et à toute solution arbitraire. Comme l'affirme M. Reid, « on peut prétendre que la civilité est ennuyeuse, si l'on veut, mais pour les gens qui, partout sur la planète, vivent constamment dans la peur de la violence physique, elle n'a rien d'ennuyeux ». Pour eux, le Canada offre un exemple resplendissant d'espoir pour le monde.

Quatrièmement, enfin, les Canadiens croient que nous devrions bâtir notre société et nos communautés selon le principe de l'équité. Notre croyance en la création de règles du jeu équitables nous a menés à établir un filet de sécurité sociale pour protéger les membres vulnérables de la société et ceux qui ont besoin d'un soutien temporaire, de même qu'un système de paiements de transfert sans pareil. En outre, notre Constitution et la Charte des droits et libertés garantissent la protection d'un large éventail de droits individuels et collectifs.

Les valeurs que nous partageons, comme Canadiens, offrent une assise solide sur laquelle bâtir le renouvellement de notre fédération et la réconciliation nationale. Traditionnellement, les dirigeants de l'Ontario se sont faits les champions de la fédération et ont été de puissants partisans de l'unité canadienne. Sur le plan économique et politique et par les liens tissés individuellement par de nombreux citoyens, l'Ontario a été un ami et un partenaire à toute épreuve du Québec. Ce sont là des rôles que l'Ontario peut continuer de jouer -- dans l'intérêt de tous les Canadiens.

Renouveler la fédération, reconnaître le caractère distinct du Québec

Le fédéralisme que nous connaissons aujourd'hui est fort différent de ce qu'il était il y a cinquante ans et, dans cinquante ans, notre fédération aura connu d'autres changements encore plus profonds. C'est l'une des forces des systèmes fédéraux : ils sont assez souples pour s'adapter et pour évoluer face à de nouveaux défis et à de nouvelles circonstances.

La souplesse de notre fédération lui permet de bien réagir aux aspirations nouvelles de tous ses citoyens, des différentes provinces, régions et cultures qui la composent. De nos jours, la collaboration entre les divers paliers de gouvernement en vue d'offrir des services efficaces et adaptés aux besoins des régions est une priorité pour les Canadiens. Le gouvernement fédéral collabore donc avec les gouvernements provinciaux et territoriaux pour trouver de meilleurs moyens de faire les choses et créer des partenariats plus efficaces et plus efficients.

Nous avons appelé ce processus le renouvellement de la fédération. Le renouvellement de la fédération n'a pas pour but d'apaiser une province ou une autre, ni les exigences des séparatistes. Il a pour but d'améliorer les services offerts aux citoyens, en précisant l'ordre de gouvernement le mieux placé pour les offrir, et de créer de meilleurs partenariats avec les provinces. Nous cherchons à améliorer le sort des Canadiens dans tout le pays, pour que les citoyens bénéficient de meilleurs soins de santé, pour que les travailleurs puissent facilement acquérir la formation dont ils ont besoin, et pour que tous les Canadiens puissent profiter également de la prospérité de notre pays.

Examinons un aspect du renouvellement qui constitue un véritable progrès dans la création de nouveaux partenariats avec les provinces -- la formation professionnelle. Le gouvernement fédéral continuera d'accorder des prestations d'assurance-emploi ainsi que de tenir un système de renseignements et d'échange sur le marché du travail et un réseau de prestation de services. Mais nous avons offert aux provinces la possibilité de gérer des mesures actives d'aide à l'emploi d'une valeur de 2 milliards de dollars environ. Veuillez excuser le jeu de mots, mais c'est là, je pense, une répartition du travail très convenable!

Bon nombre d'entre vous qui êtes réunis ici aujourd'hui sont des gens d'affaires. Inutile de vous rappeler l'importance d'une adaptation du marché du travail aux besoins régionaux et aux impératifs de la nouvelle économie mondiale. En vertu des nouveaux accords, les provinces seront en mesure de veiller à ce que leurs citoyens aient accès aux compétences et aux outils appropriés aux emplois disponibles dans leur région. Dans l'intervalle, le gouvernement fédéral s'efforcera de s'assurer du plein respect des droits des travailleurs à la mobilité. La mobilité est un aspect important de notre union socio-économique et aussi la clé permettant de veiller à un rendement économique optimal du Canada dans son ensemble.

Autre aspect du renouvellement de la fédération, nous nous sommes engagés, dans le discours du Trône de février, à ne pas nous servir du pouvoir fédéral de dépenser pour créer de nouveaux programmes co-financés dans les domaines de compétence exclusivement provinciale sans le consentement d'une majorité de provinces. De plus, une province qui choisirait de ne pas participer à ces nouveaux programmes recevra une compensation financière.

Cet engagement fait suite à une demande traditionnelle des provinces, qui ont allégué par le passé que le recours unilatéral au pouvoir fédéral de dépenser sapait leur capacité de fixer des priorités et de s'y conformer. Nous voulons créer un climat de confiance et de collaboration avec les provinces, pour le bien de tous les Canadiens. La limite que nous avons imposée au pouvoir fédéral de dépenser est sans égale dans d'autres fédérations. Elle confirme la fermeté de l'engagement que nous avons pris de changer les choses.

L'union sociale est un autre domaine où nous nous sommes engagés à l'amélioration et au renouvellement. Nous visons à renforcer cet aspect fondamental du Canada, en modernisant le filet de sécurité sociale et en clarifiant les rôles et les responsabilités des deux ordres de gouvernement. Un pas important a été fait en juin dernier, quand les premiers ministres ont mis sur pied un nouveau conseil fédéral-provincial-territorial chargé du renouvellement de la politique sociale.

Parmi les questions prioritaires qu'il abordera, il faut mentionner les prestations pour enfants et pour les personnes handicapées, deux groupes vulnérables dont le haut niveau de pauvreté est inacceptable. Les personnes handicapées ont besoin d'outils pour devenir plus autonomes et jouer un rôle aussi actif que possible dans la société et sur le marché du travail. Par ailleurs, un enfant canadien sur cinq est élevé dans une famille à faible revenu. Ces enfants sont partie intégrante de notre avenir. Il nous faut remanier nos régimes de soutien du revenu pour les aider, eux et leur famille.

Les gouvernements fédéral et provinciaux ont aussi convenu d'un plan d'action en vue d'un partenariat renouvelé dans le domaine de la gestion de l'environnement. Ce plan a pour but un accord-cadre global et multilatéral entre les deux paliers de gouvernement de même que des accords multilatéraux sur les normes, les services d'inspection et l'évaluation environnementale. Cette approche consensuelle constructive de création d'un nouveau partenariat pourrait permettre une rationalisation sensible de l'activité entre les paliers de gouvernement, une protection renforcée de l'environnement et un système de gestion de l'environnement plus transparent, plus facile à utiliser et plus rentable. Voilà de bonnes nouvelles pour les Canadiens, pour notre environnement et pour nos entreprises.

Comme le montrent ces exemples, notre plan de renouvellement de la fédération englobe un vaste champ d'action. J'ai parlé d'initiatives dans les domaines de la formation professionnelle, du pouvoir fédéral de dépenser, de la politique sociale et de l'environnement -- des questions importantes pour vous tous ici présents aujourd'hui. Mais j'aurais pu aussi facilement vous entretenir de nos nouvelles approches dans les domaines des mines, des forêts, des loisirs, du logement social, du tourisme, des pêches en eau douce et dans divers autres secteurs.

C'est au ministre des Finances, Paul Martin, et à d'autres membres du gouvernement fédéral qu'il a incombé d'étayer ce plan de renouvellement dans leurs efforts pour réduire le déficit et pour mettre de l'ordre dans nos finances. Pour ce faire, nous avons eu à prendre des décisions difficiles, mais ces décisions s'imposaient. En termes simples, au moment où notre gouvernement a été élu, il a hérité d'un déficit annuel qui avait atteint les 42 milliards de dollars. Nous avons pris des mesures concrètes pour que le prix à payer ne se traduise pas pour les Canadiens par des taux d'intérêt élevés et des pertes en matière d'investissement, de revenu et d'emplois.

Nos efforts ont maintenant commencé à porter fruit. Pour l'année financière 1997-1998, le déficit ne représentera que 2 pour cent du PIB. Au Canada, les taux d'intérêts à court terme se situent à environ 1,5 pour cent en-dessous de ceux des États-Unis. En outre, nos taux à court terme ont connu une chute de 4,5 points depuis le début de l'an passé. De janvier 1995 à juin 1996, ces taux d'intérêt réduits ont permis aux gouvernements provinciaux d'économiser environ 1,3 milliard de dollars. Pour sa part, l'Ontario a bénéficié d'économies se chiffrant autour de 315 millions de dollars. Mais ce n'est pas tout. La compétitivité du Canada comparativement à celle des États-Unis a atteint le seuil le plus bas en 46 ans, selon les données disponibles. Notre balance commerciale -- revenus d'exportations comparés aux dépenses d'importations -- est en voie d'atteindre le meilleur excédent jamais enregistré.

Malgré tout, un grand nombre de Canadiens ont éprouvé de la difficulté à s'adapter aux réalités de la nouvelle économie. En dépit de la diminution du taux de chômage résultant de la création de plus de trois quarts de millions de nouveaux emplois par les entreprises canadiennes depuis l'arrivée au pouvoir du Parti libéral, il n'en demeure pas moins que le chômage est encore trop élevé. Mais de plus en plus, les Canadiens ont droit à de bonnes nouvelles. Dans une publication récente intitulée Perspectives de l'économie mondiale, le FMI soutient qu'en 1997 l'économie du Canada sera plus florissante que celles de tous les autres pays du G-7. De plus, une étude publiée la semaine dernière par l'Institut C.D. Howe prévoit qu'une période de prospérité économique s'amorcera vers le début du prochain millénaire et durera plusieurs dizaines d'années. Notre gouvernement travaille à faire en sorte que le Canada soit en bonne position pour tirer avantage de cette période de prospérité.

Le fait de mettre de l'ordre dans nos finances apporte un soutien important au renouvellement de la fédération. J'ajouterais même que la reconnaissance du caractère distinct du Québec constitue un complément important. Et si vous me permettez cette parenthèse, j'aimerais appliquer à la reconnaissance du Québec en tant que société distincte les quatre critères qu'utilise le Club Rotary.

Ainsi, en premier lieu, est-ce conforme à la vérité? Le Québec est-il vraiment distinct? Je dirais que oui. Le Québec est le foyer de la langue et de la culture françaises -- non seulement au Canada, mais dans toute l'Amérique du Nord. Le Québec est la seule juridiction importante comptant une majorité de francophones, et les Québécois sont entourés sur ce continent de 300 millions d'anglophones. Cette province a également conservé le code civil hérité du système juridique français.

En second lieu, est-ce juste pour toutes les parties en cause? On a souvent soulevé cette question en ce qui a trait à la reconnaissance du Québec en tant que société distincte. D'aucuns craignent que cette reconnaissance ne confère aux Québécois plus de droits qu'aux autres Canadiens, ou qu'elle ne place en quelque sorte le Québec à un rang supérieur à celui des autres provinces. Mais en réalité, la reconnaissance des différences linguistiques et culturelles du Québec suit le principe sur lequel on s'appuie dans tous les autres secteurs d'activité et qui veut que l'on réponde à des besoins particuliers, dans des circonstances bien précises, sans pour autant menacer l'égalité des provinces entre elles, ni celle des citoyens entre eux.

Par exemple, lorsque nous négocions avec la Colombie-Britannique un accord spécial portant sur la pêche au saumon, cela n'accorde pas à la Colombie-Britannique tous les droits des autres provinces, plus un! Cela signifie simplement qu'il n'y a qu'en Colombie-Britannique que l'on pêche le saumon du Pacifique.

Naturellement, une fois le Québec reconnu en tant que société distincte, les tribunaux appelés à se prononcer sur des questions ayant trait à la Constitution ou à la Charte devront rendre leur décision, à la lumière de la situation singulière du Québec au sein d'une Amérique du Nord anglophone. Mais de l'avis de l'ancien juge en chef de la Cour suprême, Brian Dickson, en pratique, les tribunaux le font déjà. Et jusqu'à ce jour, personne n'a remis en cause la justesse des décisions de notre Cour suprême, reconnue à l'échelle internationale. Ainsi, la reconnaissance du statut distinct du Québec ne créerait pas une situation bien différente de celle qui prévaut actuellement. Elle permettrait plutôt de transformer les conventions et les pratiques en une forme de garantie plus ferme. En outre, cette reconnaissance ne serait aucunement injuste à l'endroit des autres Canadiens, pas plus qu'elle ne diminuerait leurs droits légaux ou ceux des provinces dans lesquelles ils vivent.

En troisième lieu, : est-ce susceptible de stimuler la bonne volonté et de créer des relations plus amicales? Eh bien, la reconnaissance du Québec en tant que société distincte répond certainement à ce critère. Elle permettrait, d'une part, de rassurer les Québecois qui se sont ralliés l'an dernier à l'option du OUI lors du référendum d'octobre par crainte pour l'avenir du français et de la culture québécoise. Elle témoignerait, d'autre part, du soutien chaleureux des autres Canadiens à l'égard de la préservation de la langue et du patrimoine. Elle laisserait voir à tous les Québécois que notre société est respectée pour ce qu'elle est, c'est-à-dire une société majoritairement francophone au sein de laquelle il est possible de travailler, de vivre et de prospérer en français.

En quatrième et dernier lieu, est-ce profitable à tous les intéressés? Un oui retentissant! Nous pouvons tous bénéficier de la stabilité qui découlerait de la reconnaissance du statut distinct du Québec et du grand pas ainsi franchi vers la réconciliation nationale. Une affirmation aussi claire du rôle et des qualités du Québec reviendrait à dire aux Québécois qu'ils n'ont pas à choisir entre deux identités, puisque le fait d'être Canadien ou Québécois n'irait plus l'un sans l'autre. Les Québécois en viendraient à s'identifier indissociablement en tant que Québécois et Canadiens, aussi naturellement que vous le faites vous-mêmes en tant qu'habitants de London et membres des Clubs Rotary! Les Canadiens pourraient ainsi être fiers d'avoir témoigné de leur engagement envers la préservation d'une partie de leur patrimoine commun : la culture francophone en Amérique du Nord, dont le Québec est le foyer.

La reconnaissance du Québec en tant que société distincte ne menacerait pas la diversité culturelle de la province. En fait, les communautés culturelles juive, grecque et italienne du Québec m'ont invité à participer à une série d'événements d'une durée d'une journée et organisés par leurs collègues de l'Ontario et dans lesquels ils entendent montrer à quel point les communautés culturelles du Québec ont foi en la réconciliation nationale et en la reconnaissance du statut distinct du Québec dans la Constitution. Ces événements auront lieu à Toronto le 26 novembre prochain. Je me réjouis à l'avance de l'occasion qui me sera alors offerte de dire aux participants, dans l'allocution que je prononcerai en soirée, que je suis convaincu que la tradition canadienne de reconnaissance et de célébration de la diversité peut servir la cause de la reconnaissance du Québec.

Je crois, en effet, que de plus en plus de Canadiens commencent à accepter l'idée d'accorder une forme de reconnaissance constitutionnelle à la spécificité du Québec. Trois premiers ministres provinciaux -- Roy Romanow, de la Saskatchewan, Frank McKenna, du Nouveau-Brunswick et Brian Tobin, de Terre-Neuve -- sont d'ailleurs allés jusqu'à demander à leurs citoyens de prendre parti pour le caractère distinct du Québec. Pour sa part, le premier ministre Ralph Klein, sans pour autant endosser le terme de « société distincte », s'est dit d'accord avec l'idée d'accepter le besoin du Québec d'être reconnu pour son caractère unique, qu'il a défini en fonction de sa culture, de ses traditions, de sa langue et de son droit. J'apprécie personnellement le leadership et la bonne volonté dont témoignent les paroles de ces hommes politiques provinciaux.

De plus, un sondage mené en mars dernier auprès des Canadiens vivant ailleurs qu'au Québec montre que 68 pour cent d'entre eux sont d'accord pour que la Constitution canadienne reconnaisse que tout en étant égal aux autres provinces, le Québec est tout de même différent, particulièrement en raison de sa langue française et de sa culture francophone.

Voilà des données encourageantes! J'ai également pris grand plaisir, le mois dernier, à constater que les membres de mon parti, les Libéraux de toutes les régions du Canada, ont choisi par voie de scrutin d'inscrire la reconnaissance de ce qui est distinct au Québec à notre programme de travail au chapitre du renouvellement et de la modernisation du pays.

Cependant, comme je l'ai dit auparavant à maintes reprises, notre gouvernement ne s'engagera pas sur le terrain de la reconnaissance constitutionnelle de la spécifité du Québec sans être certain de l'accord des citoyens. Je souhaite, par ailleurs, avoir réussi à aténuer les craintes de certaines personnes présentes ici aujourd'hui et qui hésitent à accepter la reconnaissance d'une société distincte. La population de l'Ontario a beaucoup de poids dans ce pays, et votre appui est important.

Le rôle de l'Ontario et la sauvegarde du Canada

Ce qui m'amène à la question principale : que peuvent faire les gens de l'Ontario pour sauver notre grand pays? Comme je l'ai mentionné plus tôt, l'Ontario a été capable à maintes reprises de jouer un rôle de première importance dans l'histoire de notre fédération. Comme vous l'aurez retenu du titre de ma présentation, et de mes propos jusqu'ici, je crois que nous arrivons à un moment de notre histoire où l'Ontario est encore une fois appelée à tenir un rôle important à l'échelle nationale.

C'est depuis l'époque de l'alliance entre sir John A. Macdonald et Georges-Étienne Cartier que les politiciens et les citoyens de l'Ontario et du Québec unissent leurs efforts pour le bien du pays. Cartier a placé cette collaboration dans son contexte, déclarant que la fédération avait dû être fondée sur les «  intérêts et les affinités  » de ses collectivités différentes. Comme je l'ai souligné dans la première partie de mon discours, je crois que nos deux provinces partagent un grand nombre de ces intérêts et affinités. Les Ontariens ont grandement contribué à l'évolution de notre fédération. Je pense à des noms comme Mowat, Frost, Davis, Peterson, Rae et John P. Robarts, d'ici même à London, qui a coprésidé avec le Québécois Jean-Luc Pépin un important groupe de travail dont le rapport est fondé sur le principe de la dualité linguistique au Canada. En ce moment où la réconciliation nationale est cruciale, l'Ontario et sa population occupent une position privilégiée qui leur permet de rejoindre directement leurs voisins, leurs partenaires commerciaux et leurs amis du Québec.

Prendre une part active à la réconciliation nationale implique, toutefois, de mettre de côté nos différences partisanes afin de travailler pour le bien de notre pays. Les différences partisanes entre les Libéraux et les Conservateurs, les Réformistes et les Néo-démocrates ne font pas le poids à côté des efforts à faire pour sauver le Canada. Les politiciens doivent aller au-delà de l'esprit partisan pour agir dans l'intérêt de tous les Canadiens. Après tout, quel autre enjeu pourrait avoir plus d'importance?

Les Ontariens ont impressionné les autres Canadiens -- ils se sont peut-être impressionnés eux-mêmes -- en votant successivement pour trois gouvernements très différents : les Libéraux de Peterson, les Néo-démocrates de Rae et les Conservateurs de Harris. Par le passé, abstraction faite des affiliations politiques des gouvernements au pouvoir à Queen's Park et sur la Colline du Parlement, des alliances puissantes se sont créées sur la question de l'unité nationale. Notre pays ne s'est pas limité jusqu'à présent au programme d'un parti politique et ne peut pas le faire aujourd'hui. Nous devons préserver un pays dans lequel les citoyens peuvent choisir entre les visions d'un Peterson, d'un Rae et d'un Harris -- pour le meilleur ou pour le pire. Les Libéraux ont travaillé côte à côte avec les Conservateurs et les Néo-démocrates pour le bien du Canada. Il s'agit là d'une merveilleuse tradition qui, j'en suis persuadé, ne disparaîtra pas; je suis aussi persuadé que nous arriverons à éviter de laisser nos élans partisans s'ingérer dans la question de l'unité nationale.

Je suis moi-même un Libéral, mais l'unité nationale n'est pas un enjeu libéral. C'est une question nationale qui nécessite que l'on mette de côté nos sentiments partisans et nos vues étroites pour songer au bien de notre collectivité nationale. En tant que Libéral, je sais que dans bien des domaines, les idées de mon parti diffèrent de celles des Conservateurs de Queen's Park, mais je sais aussi que le premier ministre Harris et mon homologue ontarienne, Dianne Cunningham, dont London est d'ailleurs la ville natale, sont tous deux impatients d'apporter leur contribution à la réconciliation nationale. Nous entretenons des relations de travail positives, et ensemble nous pouvons trouver des solutions aux défis que nous avons à relever.

Pour sauver notre pays, nous devons également cesser de penser en terme de monnaie d'échange. Nous devons agir avec la seule conviction que c'est la bonne chose à faire, et nous devons être prêts à prendre en considération les intérêts de nos concitoyens ainsi que les nôtres. Un trop grand nombre de nos querelles naissent parce que nous tenons pour acquis que la fédération fonctionne en situation de gagnant-perdant : si Ottawa gagne, les provinces perdent; si le Québec gagne, c'est l'Ouest qui perd; si les provinces de l'Atlantique gagnent, l'Ontario est perdante. En fait, cette hypothèse est entièrement fausse. En bout de ligne, dans notre fédération, c'est la population du Canada qui en ressort gagnante.

Lorsque la question de la reconnaissance du Québec comme société distincte se pose, nous ne devrions pas dire : « Je veux profiter de cette occasion pour marchander quelque chose en échange ». Nous devrions plutôt dire : « Si vous pensez que c'est à l'avantage du pays, parlez-m'en et prouvez-moi que vous avez raison. »

Nous devons adopter la même attitude pour les nombreux autres défis que notre pays doit relever. L'Ontario se préoccupe de recevoir sa juste part dans les programmes fédéraux; la Colombie-Britannique se préoccupe de la pêche au saumon; les Autochtones veulent qu'on tienne compte de leurs revendications. Je partage l'opinion du Premier ministre Chrétien selon laquelle on devrait s'attaquer à ces questions une à une, étape par étape. De cette manière, nous pourrions accomplir de réels progrès sur plusieurs fronts. Si nous essayons de mettre ces questions dans le même paquet -- comme la juste part de l'Ontario et la reconnaissance du Québec en tant que société distincte -- nous risquons de nous retrouver dans une impasse et de n'éprouver que du ressentiment. Si l'Ontario a un problème, ou si le Québec veut être reconnu en tant que société distincte, franchissons les étapes nécessaires pour répondre à ces demandes, puisque c'est la bonne chose à faire.

Le Canada est un pays jeune, dynamique et prospère. Nous ne devrions pas le laisser dégénérer en une société menée par des « querelles familiales » hargneuses. Ce pays a été construit par des gens qui ont eu la prévoyance de laisser de côté la méfiance, la jalousie et l'étroitesse d'esprit à l'égard de ceux qui ne leur ressemblent pas. Il a été construit par des gens qui se sont résolument concentrés sur nos « intérêts et affinités » et qui ont agi avec de la bonne volonté et générosité. Ils ont construit un pays qui fait envie partout dans le monde. Nous devrions prendre appui sur l'héritage qu'ils nous ont légué, et non le détruire.

Je demande donc à mes voisins ontariens, aux nombreux amis et aux gens formidables que j'ai rencontrés ici, de s'engager à atteindre l'objectif suivant : agir avec audace et prévoyance à promouvoir la réconciliation de notre pays. Parce que nous vivons au coeur du Canada. N'empêchons pas ce coeur de battre!

Conclusion

Le Canada a un réel défi à relever en ce qui concerne la sécession du Québec. Il est important d'unir nos efforts pour envoyer aux Québécois, et à tous les Canadiens, des signes positifs quant au renouvellement et à la réconciliation.

Selon l'un des fils de London les plus connus, John Robarts, pour un pays jeune et en pleine évolution comme le Canada, « il est crucial de savoir s'adapter au changement. Est-ce que le changement nous bousculera, ou saurons-nous nous y adapter et le faire évoluer à notre manière? » [traduction]. J'ai confiance en la capacité de notre gouvernement de travailler en collaboration avec le gouvernement et les gens de l'Ontario pour faire évoluer les choses en faveur d'un renouvellement de la fédération et d'une réconciliation nationale.

Nous pouvons ensemble faire évoluer les choses pour garantir l'avenir de l'idéal canadien. Cet idéal est fondé sur le civisme, l'équité, le respect de la diversité de même que la volonté de travailler assidûment et de faire de temps à autre des sacrifices pour s'assurer que le Canada demeure un havre de tolérance dans un monde turbulent. Cet idéal dépasse les frontières de n'importe quelle province ou région. Des générations d'Ontariens ont grandement contribué à le construire, et je crois fermement qu'aujourd'hui les gens de l'Ontario peuvent relever le défi inhérent au maintien de cet idéal et le feront.

C'est ce qu'on attend de tous les Canadiens. Sauver le Canada pour que nos enfants et nos petits-enfants puissent, au XXIe siècle, considérer encore fièrement ce grand pays comme leur foyer.


L'allocution prononcée fait foi.


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