Discours du Premier ministre Jean Chrétien
à l'occasion du Dîner du chef de Vancouver
Le 4 décembre 2002
Vancouver (Colombie-Britannique)
Je suis enchanté d’être ici ce soir à Vancouver, en compagnie des
ministres, députés et sénateurs de la Colombie-Britannique. J’aimerais
prendre quelques instants ce soir pour faire le point sur la situation dans
laquelle se trouve le pays plus de neuf ans après notre arrivée au pouvoir.
Mais surtout, j’aimerais vous parler de certains des principaux éléments
de notre programme d’action. Des enjeux comme l’économie, les enfants, les
villes, la ratification du Protocole de Kyoto, la protection de l’environnement
et le renouvellement du régime de santé
Quand je suis devenu Premier ministre, le Canada était un pays très
différent de ce qu’il est aujourd’hui. Plus fragile. Moins uni. Moins
confiant.
Eh bien, comme les choses ont changé en neuf ans!
En 2002, l’économie canadienne crée des emplois plus vite qu’elle ne l’a
fait depuis des décennies. Près de 450 000 emplois au Canada au cours des
neuf premiers mois de l’année, y compris 87 000 en Colombie-Britannique.
Les taux d’intérêt, les taux hypothécaires sont très modérés. Le
revenu disponible des particuliers progresse d’année en année depuis cinq
ans. Le nombre d’enfants dont la famille est sous le seuil de faible revenu a
diminué de 25 p. 100 entre 1996 et 2000, passant de 16,7 p. 100
à 12,5 p. 100.
L’unité nationale est plus forte que jamais. Le pays est aujourd’hui
particulièrement fort et confiant.
Pendant le récent ralentissement mondial, notre économie s’est
brièvement contractée, alors que l’économie américaine reculait lors des
trois premiers trimestres de 2001.
Peu de temps après mon accession au poste de Premier ministre, le Wall
Street Journal qualifiait le Canada de candidat au tiers monde. J’avoue
avoir ressenti une grande fierté la semaine dernière quand le Fonds monétaire
international a publié un rapport sur le Canada.
Voici ce qu’il dit : « Dans la foulée d’une performance
macroéconomique exceptionnelle depuis le milieu des années 1990, l’économie
canadienne a remarquablement bien résisté au repli mondial. La performance
solide de l’économie est attribuable en grande partie à un cadre
stratégique judicieux et à l’habile mise en oeuvre des politiques. Les
perspectives macroéconomiques du Canada demeurent favorables. »
Ces résultats sont en grande partie le fruit de notre engagement
inébranlable envers la discipline financière. Nous avons réduit les impôts,
effectué des remboursements sur la dette et équilibré les finances.
La responsabilité financière et l’équilibre budgétaire demeurent
impératifs pour nous.
Le programme d’action libéral reconnaît néanmoins que pour maintenir un
bilan financier et économique sain nous devons continuer d’investir dans
notre société : dans l’apprentissage, dans la santé, dans nos enfants et
dans l’environnement.
Mais pour conserver la confiance du public, il ne suffit pas d’avoir fait
avancer les choses. Il faut continuer d’avancer.
Car, mes amis, il nous reste encore beaucoup de travail à accomplir.
Il y a encore trop de familles et d’enfants pauvres. Ces enfants ont besoin
d’un bon départ dans la vie. Ils ont besoin de l’aide du gouvernement.
Investir dans les gens, c'est à la fois une bonne politique économique et
une bonne politique sociale. Nous devons offrir les meilleures perspectives
possibles à nos enfants – notre avenir en dépend.
C'est la raison pour laquelle nous nous sommes engagés dans le dernier
discours du Trône à bonifier de nouveau la Prestation nationale pour enfants
en faveur des familles à faible revenu, comme nous l'avons fait à plusieurs
reprises ces dernières années. Et comme nous le ferons dans notre prochain
budget.
La Prestation nationale pour enfants est le fruit d’un effort de
collaboration fédérale-provinciale. En fait, sa création a été proposée en
1996, lors d’une réunion des premiers ministres de l’Ouest. Elle constitue
un exemple de ce que les gouvernements peuvent accomplir ensemble.
Je suis persuadé que les gouvernements fédéral et provinciaux pourraient s’inspirer
de l’exemple de la Prestation nationale pour enfants pour collaborer dans les
dossiers de la santé et du changement climatique.
De la même façon, les gouvernements fédéral et provinciaux peuvent
travailler ensemble à une stratégie urbaine, afin de veiller à ce que les
villes comme Vancouver jouent un rôle important dans le développement
économique de notre pays.
Aujourd’hui, le Premier ministre Campbell et moi avons annoncé que nos
gouvernements vont investir dans la construction du Centre de congrès et d’expositions
de Vancouver.
Le projet consiste à ériger deux nouveaux centres sur le site de Burrard
Landing, à l’ouest de la Place du Canada, à rénover les installations
louées à l’intérieur de la Place du Canada et à relier les deux sites
pour former un centre de congrès et d’expositions intégré.
L’investissement fédéral de plus de 200 millions de dollars est le
premier effectué par le Fonds canadien pour l’infrastructure stratégique
dans l’Ouest du Canada. Il représentera une contribution majeure à l’industrie
du tourisme, génératrice de tant d’emplois et de tant d’activité
économique dans cette province. Nous travaillons en collaboration étroite avec
le Premier ministre Campbell à préparer de nouveaux accords au cours des dix
années sur lesquelles s’étendra notre programme d’infrastructures
stratégiques.
J’aimerais passer maintenant à une question d’une importance capitale
pour l’avenir. Le débat sur la ratification du Protocole de Kyoto se déroule
actuellement à la Chambre des communes. Et je tiens à remercier David Anderson
ce soir pour son excellent travail.
Dans l’intérêt des générations qui suivront, il incombe à la
génération actuelle de Canadiens de s’atteler à la tâche. Et c’est un
défi que les Canadiens sont prêts à relever.
J’ai parlé de cette question en détail hier soir à Edmonton. J’ai
déclaré très clairement que tous reconnaissent maintenant que l’accord sera
ratifié et qu’il s’agit désormais de veiller à en tirer le meilleur parti
pour le Canada. L’industrie et les gouvernements y travaillent ensemble.
Nous avons ébauché un plan pour rapprocher le Canada de ses objectifs. Nous
avons commencé à travailler avec les intervenants et les provinces à l’étoffer
de manière à ce que sa mise en oeuvre remplisse les conditions indispensables
au maintien d’une forte croissance économique.
J’en ai discuté avec le Premier ministre Campbell. Il aurait peut-être
souhaité que nous procédions d’une autre façon, mais nous reconnaissons
maintenant que nous devons travailler ensemble, que nous pouvons travailler
ensemble, que nous allons travailler ensemble pour veiller à ce que la
Colombie-Britannique et l’ensemble du Canada profitent de notre engagement de
réduire les émissions de gaz à effet de serre.
Nous avons dix ans pour respecter nos obligations aux termes du Protocole.
Nous pouvons progresser ensemble. Nous allons ratifier Kyoto et respecter nos
obligations à l’aide d’un plan conçu au Canada.
Les nombreuses bonnes idées de l’industrie et des gouvernements des
provinces nous permettront de faire un bon bout du chemin. La technologie nous
amènera encore plus loin.
Si nous travaillons ensemble, si nous saisissons les opportunités et si nous
laissons de côté la rhétorique, je suis persuadé que le Canada sera à la
hauteur du défi.
Nous allons atteindre nos objectifs d’une manière responsable, dans l’intérêt
de l’économie, de l’environnement et des générations qui suivront.
Mes amis, j’aimerais vous parler maintenant d’une question qui revêt une
importance fondamentale pour les Canadiens : la santé.
La semaine dernière, Roy Romanow a rendu public le rapport de la Commission
royale sur l’avenir des soins de santé – un jalon très important sur la
voie de la réforme et de la viabilité à long terme du régime public d’assurance-maladie
au Canada.
Je tiens à féliciter monsieur Romanow ce soir pour son excellent travail.
Pas simplement parce qu’il a livré son rapport en respectant le délai et le
budget alloués, mais en raison de la qualité de son travail, de l’étendue
de ses consultations et du caractère réfléchi de ses recommandations.
Nous examinons attentivement le rapport. Nous le lisons dans le contexte des
rapports précédents. Nous écoutons les intervenants. Et je parle au ministre
des Finances aussi!
Le Rapport Romanow établit un plan directeur exhaustif pour l’évolution
du régime public d’assurance-maladie au 21e siècle. Et ce que j’ai
vu jusqu’ici me plaît en grande partie. Le rapport s’inscrit dans le
prolongement de l’accord de septembre 2000 sur la santé qu’ont conclu tous
les premiers ministres.
Les nouveaux investissements devront être axés sur le changement. Et sur
les résultats. Comme celui d’assurer aux citoyens l’accès à des soins de
santé de qualité 24 heures par jour, 7 jours sur 7.
C’est l’objectif de la réforme des soins primaires. Les soins à
domicile à l’intention des malades qui viennent de sortir de l’hôpital. De
meilleurs appareils diagnostiques en plus grand nombre. Des services améliorés
pour les Canadiens dans les régions rurales et isolées. Des solutions au
problème du coût des médicaments. Une imputabilité et une transparence
accrues.
Je vais vous promettre une chose ce soir : le Rapport Romanow ne restera
pas sur une tablette. Nous allons agir sans tarder.
Le rapport de monsieur Romanow de même que le rapport du Comité sénatorial
et divers rapports provinciaux aideront les gouvernements à élaborer une
approche nationale en vue de répondre aux besoins des Canadiens en matière de
soins de santé.
Notre gouvernement apportera sa contribution. Nous allons consacrer nos
énergies à travailler avec les provinces au cours des prochaines semaines à
élaborer une approche fédérale-provinciale. Les Canadiens s’attendent à ce
que tous leurs gouvernements collaborent sur un plan de réforme de la santé.
Ils peuvent compter sur ma pleine collaboration.
La politique partisane n’a pas sa place dans ce dossier. Ce n’est pas le
moment de tenter de marquer des points politiques.
Chacun sait que l’argent ne permettra pas de régler tous les problèmes
dans le secteur de la santé.
Chacun reconnaît aussi qu’un plan d’action concret pour moderniser l’assurance-maladie
et pour réaliser des changements importants à long terme nécessitera de l’argent.
Si nous avons un plan pour créer des changements importants à long terme et
si tous les gouvernements s’entendent sur ce plan, je peux assurer les
Canadiens ce soir que les dollars fédéraux nécessaires seront disponibles.
Les premiers ministres se réuniront à la fin de janvier afin de parvenir à
une entente sur un plan global de modernisation de l’assurance-maladie. La
réunion doit être un succès. Elle sera un succès. Les Canadiens n’accepteront
rien de moins de la part de leurs dirigeants. Le chef de gouvernement qui ferait
obstacle au succès d’une réunion sur la santé aurait un prix politique
très élevé à payer.
Je peux assurer les Canadiens et Canadiennes qu’à l’issue d’une
réunion fructueuse, nous serons prêts à verser la part fédérale du
financement de ce plan à long terme.
Avant de conclure, il y a un autre sujet que j’aimerais aborder avec vous :
celui du bois d’oeuvre. Je sais à quel point la situation est difficile pour
la Colombie-Britannique. Pour l’industrie. Et surtout pour les travailleurs et
leurs familles. Je ne peux pas vous dire qu’une solution est en vue. Mais je
peux vous dire que nous poursuivons nos efforts assidus pour convaincre le
gouvernement américain qu’il est dans l’intérêt de tous de parvenir à
une solution à long terme.
J’ai soulevé la question chaque fois que j’ai rencontré le Président
Bush. Les ministres en parlent à tous leurs homologues américains. Les
parlementaires en parlent à leurs homologues au Congrès. Et le gouvernement de
la province travaille la main dans la main avec l’ambassade du Canada à
Washington.
Je suis convaincu que si l’industrie, les provinces et le gouvernement
fédéral continuent de collaborer en présentant une position canadienne
unifiée, nos efforts seront récompensés. Seulement, je ne peux pas prédire
combien de temps cela prendra.
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