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Discours du Trône ouvrant la premième session de la
38e législature du Canada
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HONORABLES SÉNATEURS ET SÉNATRICES,
MESDAMES ET MESSIEURS LES DÉPUTÉS,
MESDAMES ET MESSIEURS,
Je tiens à féliciter à la fois les députés qui sont de retour et la
centaine de leurs collègues nouvellement élus et qui viennent assumer leurs
fonctions à la Chambre des communes à l’occasion de cette trente-huitième législature
du Canada.
Cette année, les Canadiens et les Canadiennes ont commémoré le 60e
anniversaire du Jour J et le débarquement des forces alliées en Europe – un
événement qui a marqué le début de la fin de la Deuxième Guerre mondiale.
Des soldats, des marins, des aviateurs canadiens se sont battus avec acharnement
et bravoure et ont finalement remporté la victoire sur la plage Juno ce jour-là.
Je vais prochainement me rendre en Italie pour commémorer les importantes
batailles où six mille Canadiens ont sacrifié leur vie. En ce qui me concerne,
ces cérémonies sont un symbole de notre éternelle gratitude, et elles
attestent bien que nous n’avons pas oublié.
En de telles occasions, nous nous rappelons l’immense dette que nous avons
contractée envers ceux et celles qui ont porté l’uniforme et qui ont servi
ce pays dans le passé et qui le servent maintenant. Nos anciens combattants créent
un lien entre les générations et entre les Canadiens et Canadiennes.
Collectivement et individuellement, nous voyons grandir notre fierté et notre
sens du devoir grâce à leurs actions et à leur service.
J’ai effectué récemment de longues visites dans six villes de tailles
diverses – Saint-Jean, au Nouveau-Brunswick, Québec, Toronto, Saskatoon,
Calgary et Vancouver. À chaque endroit, j’ai trouvé des projets remarquables
et innovateurs qui visaient le renouvellement social et l’engagement
individuel. Des projets qui témoignent de la confiance et de l’amour que nous
éprouvons tous et toutes envers ce pays qui est nôtre. C’est bien là
l’esprit du Canada que j’observe comme Gouverneure générale.
Le gouvernement entame cette nouvelle session en s’engageant, d’un commun
accord avec tous les parlementaires – et indépendamment de toute affiliation
politique – à faire des progrès réels, et cela, pour les Canadiens, pour
notre pays et pour notre avenir. Le gouvernement se présente devant un
parlement nouvellement élu. La population canadienne veut que ce gouvernement
et que tous les parlementaires s’élèvent au-dessus de la partisanerie pour
servir l’intérêt public. Les Canadiens et les Canadiennes entretiennent des
rêves ambitieux pour leur pays, et ils envisagent avec confiance leur intégration
dans le monde. Ils veulent que leurs dirigeants politiques leur emboîtent le
pas.
Chacun de nous doit prendre ses responsabilités. Le gouvernement fera sa
part afin d’assurer le bon fonctionnement de ce parlement minoritaire. Nous
devons tous travailler ensemble. De cette façon, nous pourrons harmoniser les
voix de tous les Canadiens vers un but commun.
Les mesures que prendra le gouvernement au nom des Canadiens seront guidées
par les sept engagements que voici :
- exercer une discipline financière rigoureuse, cette même discipline qui
explique, pour une grande part, le succès du Canada au cours de la dernière
décennie;
- promouvoir l’intérêt national en fixant les objectifs de notre pays et
en créant un consensus sur la façon de les atteindre;
- poursuivre ces objectifs de telle manière que soit respectée la diversité
du Canada, ce creuset où se fondent le talent et l’innovation;
- viser des résultats tangibles et concrets pour les Canadiens et leur
faire rapport afin qu’ils puissent exiger de leurs gouvernements qu’ils
rendent des comptes;
- soutenir la Charte des droits et libertés et défendre l’inclusion avec
vigueur;
- exiger l’égalité des chances pour que tous les Canadiens profitent de
la prospérité;
- énoncer clairement les intérêts du Canada et affirmer nos valeurs dans
le monde.
Grâce à nos efforts communs, le Canada pourra aller de l’avant.
UNE ÉCONOMIE VIGOUREUSE
Pour maintenir notre qualité de vie, promouvoir l’emploi et subvenir aux
besoins liés à nos objectifs sociaux, il faut être compétitifs dans l’économie
mondiale.
Le bilan économique du Canada est solide. Au cours des dix dernières années,
nous avons créé plus de trois millions d’emplois. Depuis 1997, nous devançons
tous les pays du G7 sur le plan de la hausse du niveau de vie. Les taux d’intérêt
étant bas, devenir propriétaire d’une maison s’avère plus facile
aujourd’hui que depuis bien longtemps.
Tout cela n’est pas le fait du hasard. Un cercle vertueux a stimulé
la confiance, la baisse des taux d’intérêt et une augmentation marquée du
nombre d’emplois bien rémunérés. À leur tour, la hausse des revenus et le
retour à l’autonomie financière ont permis au gouvernement de réduire les
impôts et de les rendre plus équitables, et d’effectuer de nouveaux
investissements sociaux et économiques. Et cette dynamique se poursuivra.
Nous avons connu du succès, mais ce n’est pas le moment de baisser la
garde. Ce gouvernement n’acceptera pas de gonfler ses dépenses au point de
sombrer dans le déficit. Il continuera de rembourser la dette, son objectif étant
d’en réduire la taille pour qu’elle s’établisse à 25 p. 100 du PIB dans
un délai de dix ans. Le gouvernement assurera une gestion transparente et
responsable, et il traitera l’argent des contribuables avec respect. Il
prendra les décisions difficiles qui permettront de trancher entre des priorités
concurrentes et il examinera systématiquement toutes les dépenses pour réaffecter
les sommes d’hier à des programmes nouveaux, laissant le passé derrière et
se tournant vers l’avenir.
Notre pays doit maintenant hausser son rendement économique d’un cran. Les
progrès technologiques et la forte concurrence mondiale exigent du Canada
qu’il vise l’excellence et une productivité accrue, et qu’il se tourne
vers les défis et les possibilités qu’offre le marché mondial.
Le gouvernement souscrira à une stratégie en cinq points pour rendre notre économie
durable et encore plus compétitive sur la scène internationale.
Le premier élément de cette stratégie consiste à investir dans nos gens
– c’est là la plus grande force créatrice et économique du Canada.
Nos investissements aideront les travailleurs à se perfectionner sans cesse
pour pouvoir suivre l’évolution constante du milieu de travail. Dans cette
optique, le gouvernement mettra au point une nouvelle Stratégie des compétences
en milieu de travail conçue pour améliorer les régimes d’apprentissage,
favoriser l’alphabétisation et rehausser d’autres aptitudes
professionnelles. À cela s’ajouteront des installations de formation modernes
et des ententes relatives au marché du travail qui seront mises en place en
collaboration avec les provinces et les territoires, les syndicats et les
conseils sectoriels.
Le gouvernement continuera en outre d’examiner le régime
d’assurance-emploi pour s’assurer qu’il répond toujours aux besoins de la
main-d’œuvre canadienne.
Les tentatives pour améliorer la reconnaissance des titres de compétence étrangers
et de l’expérience professionnelle antérieure n’ont pas produit les résultats
escomptés. Compte tenu de la contribution croissante que les Néo-Canadiens
devront apporter à notre société vieillissante, le gouvernement redoublera
d’efforts, en collaboration avec les provinces et les ordres professionnels,
pour faciliter leur intégration au marché du travail.
Afin de favoriser l’accès à l’enseignement postsecondaire, le
gouvernement déposera un projet de loi de mise en œuvre du Bon d’études
canadien, l’instrument d’épargne novateur dont il a annoncé la création
pour aider les familles à faible revenu à économiser en vue des études
postsecondaires de leurs enfants.
Le deuxième élément de la stratégie économique consiste à accroître la
capacité du Canada d’engendrer et de mettre en application de nouvelles idées.
Le gouvernement du Canada a effectué des investissements considérables –
plus de 13 milliards de dollars depuis 1997 – qui ont établi des bases
solides en science fondamentale et en technologie. Mentionnons la Fondation
canadienne pour l’innovation, la recherche en santé et d’autres initiatives
visant à stimuler les possibilités de la technologie de pointe. Le
gouvernement continuera de s’appuyer sur ces bases.
Le conseiller national des sciences aide le gouvernement à s’assurer que ces
investissements sont stratégiques, ciblés et fructueux. Il s’emploie à
mieux intégrer les activités internes substantielles auxquelles se livre le
gouvernement en science et en technologie.
Il faut ensuite relever le défi qui consiste à convertir davantage les
bonnes idées des Canadiens en entreprises dynamiques, en emplois valorisants et
en revenus d’exportation. À cette fin, le gouvernement mettra du capital de
risque à la disposition des entreprises, surtout celles en démarrage, par
exemple par l’intermédiaire du programme de capital de risque de la Banque de
développement du Canada.
Le gouvernement élaborera des politiques pour favoriser le développement
des capacités canadiennes dans d’importantes technologies habilitantes –
telles que la biotechnologie, l’information et les communications, et les
nouveaux matériaux – qui seront les moteurs de l’innovation et de la
productivité dans l’économie du XXIe siècle.
Assurer un « gouvernement intelligent », le troisième élément de notre
stratégie économique, nous amènera à simplifier de manière générale la
conduite des affaires au Canada.
Un gouvernement intelligent comprend un régime de réglementation
transparent et prévisible qui permet d’atteindre les objectifs d’intérêt
public de manière efficace tout en évitant des répercussions non voulues. Le
Canada pourrait en retirer un net avantage concurrentiel. C’est pourquoi le
gouvernement se réjouit de la publication récente du rapport du Comité
consultatif externe sur la réglementation intelligente.
Un gouvernement intelligent signifie entre autres offrir au monde des
affaires un cadre législatif moderne. Le gouvernement proposera donc que des
changements soient apportés à la Loi sur la concurrence.
Le quatrième élément de la stratégie économique globale du gouvernement
est son engagement à l’égard du développement régional et sectoriel.
Le gouvernement fera sa part pour contribuer au succès de secteurs
importants comme l’automobile, l’aérospatiale et les autres secteurs liés
à la fabrication, ainsi que l’agriculture et les industries axées sur les
ressources naturelles.
Les économies régionales sont une source essentielle de vigueur et de
stabilité économiques. Le soutien au développement économique régional et
rural s’attachera aux éléments de base : renforcement des compétences,
soutien de la recherche et du développement, développement des collectivités,
infrastructures modernes (par exemple, la transmission à large bande), et ce,
par l’intermédiaire d’organismes régionaux et au moyen d’outils comme le
Fonds d’innovation de l’Atlantique.
Les objectifs régionaux du gouvernement seront appuyés par la réforme la
plus fondamentale du programme de péréquation au cours de ses quarante-sept
ans d’existence. Cette réforme vise à rendre plus stable et plus prévisible
le financement versé par le gouvernement fédéral aux provinces les moins
riches pour la prestation de services publics essentiels.
Le Nord canadien, vaste région d’une importance culturelle et écologique
unique, présente des défis particuliers et un grand potentiel. Le gouvernement
élaborera, de concert avec ses partenaires territoriaux, les Autochtones et les
autres résidants du Nord, la toute première stratégie globale pour cette région.
La stratégie favorisera un développement économique et humain durable; protégera
l’environnement nordique et renforcera la souveraineté et la sécurité du
Canada; et encouragera la coopération avec la communauté circumpolaire
internationale.
La promotion du commerce et de l’investissement constitue le cinquième
pilier de la stratégie économique du gouvernement.
C’est principalement grâce à des investissements considérables qu’on
pourra, dans l’avenir, soutenir la croissance et créer des emplois de qualité.
Le gouvernement favorisera l’investissement en veillant à instaurer des
conditions qui favorisent les entrepreneurs et les sources de capital de risque,
notamment des politiques monétaire et budgétaire judicieuses ainsi qu’une
fiscalité compétitive, en vue de stimuler la croissance économique.
Le Canada a toujours été une nation commerçante, mais jamais autant
qu’il ne l’est aujourd’hui. Il est donc vital de garantir et d’accroître
l’accès aux marchés nord-américains et mondiaux. Pour ce faire, le
gouvernement continuera de faire pression pour que le système commercial
international soit réglementé et ouvert et pour que les négociations
internationales de Doha sur le commerce donnent des résultats satisfaisants.
Par exemple, l’intérêt accordé aux conflits sur le bois d’œuvre et
sur la maladie de la vache folle souligne l’importance que le gouvernement
attache à l’obtention d’un accès fiable aux marchés américains. Celui-ci
misera sur le succès de l’initiative Frontière intelligente et sur les
mesures visant à garantir une relation plus complexe et éclairée avec les
entreprises et les représentants gouvernementaux américains.
Le gouvernement renforcera sa capacité à accroître les échanges
commerciaux avec l’étranger, surtout au sein de l’Amérique du Nord et avec
les pays émergents.
Comme complément à ses programmes en matière de commerce international, le
gouvernement est résolu à renforcer l’union économique canadienne. Une
union libérée des barrières internes qui freinent encore les possibilités et
réduisent notre compétitivité.
LA SANTÉ DES CANADIENS
Les Canadiens ont demandé à leurs gouvernements, année après année, de
renouveler le système public de santé, de cesser leurs disputes et de
travailler ensemble à assurer le maintien du régime pour eux-mêmes et pour
leurs enfants. Les gouvernements ont réagi. Le 15 septembre, les quatorze
premiers ministres ont donné leur assentiment au Plan décennal pour consolider
les soins de santé.
Le Plan traduit un engagement clair, que partagent toutes les provinces et
tous les territoires, à produire des résultats tangibles pour les patients. Ce
qui a rallié tous les premiers ministres a été l’engagement à réduire de
façon notable les temps d’attente touchant les services de santé parce que
c’est une mesure essentielle pour transformer le système de santé. Le Plan
oblige tous les gouvernements à rendre des comptes en exigeant des points de
repère fondés sur des preuves ainsi que des indicateurs comparables, des
objectifs clairs et des rapports transparents destinés au public sur l’accès
aux soins de santé. Cela signifie que ce sont les besoins des patients qui
guideront les changements.
Le Plan accélérera la réforme et améliorera l’accessibilité aux
principaux traitements et analyses. Il prévoit une augmentation du nombre des médecins,
des infirmières et des autres professionnels de la santé. Cela sera facilité
par une évaluation et une intégration plus rapides de ceux qui ont reçu leur
formation à l’étranger. Grâce à ce plan, les services de soins à domicile
et de soins communautaires seront plus accessibles, tout comme les médicaments
sûrs à prix abordable.
Le Plan, étalé sur dix ans, comporte un engagement de financement substantiel
à long terme qui est prévisible et qui permettra de combler ce qu’il est
convenu d’appeler « l’écart Romanow ». Il crée le Fonds pour la réduction
des temps d’attente, de sorte que les Canadiens pourront constater des progrès
tangibles dans des domaines majeurs tels le traitement du cancer et des maladies
du cœur, l’imagerie diagnostique, le remplacement d’articulations et la
restauration de la vue.
Le Plan traite des difficultés particulières à la prestation des services
de santé dans le Nord du Canada, y compris les coûts du transport des malades,
et il favorise une prestation novatrice des services dans les régions rurales
du pays.
Dans le cadre du Plan, les gouvernements établiront pour la première fois,
des buts et des objectifs en vue d’améliorer l’état de santé des
Canadiens. Le Conseil de la santé du Canada présentera un rapport annuel sur
l’état de santé de la population et sur les résultats obtenus à cet égard,
et rendra compte des progrès accomplis dans la réalisation du Plan.
Les arrangements de financement exigent que les administrations se conforment
aux exigences convenues par les premiers ministres en matière de rapports.
L’amélioration de la santé des Canadiens ne se limite pas à accélérer
la prestation des soins de santé : elle oblige aussi à favoriser des habitudes
de vie saines; à se pencher sur des facteurs de risque comme l’inactivité
physique et la mauvaise nutrition; à prévenir les blessures; et à mettre en
place des stratégies de lutte contre la maladie. Le gouvernement s’emploiera
en outre, avec des partenaires, à accroître les activités sportives aux
niveaux communautaire et compétitif.
Le gouvernement a déjà nommé, pour le Canada, un administrateur en chef de
la santé publique qui est chargé de susciter des changements réels. De plus,
il présentera une nouvelle mesure législative visant la protection de la santé,
en plus de saluer la création du Réseau pancanadien de santé publique. Ce réseau
resserrera la collaboration entre les organismes de santé publique de tout le
pays. Il renforcera les moyens existants et permettra de coordonner les
interventions en cas d’épidémies de maladies infectieuses et d’autres
urgences en matière de santé publique.
LES ENFANTS, LES AIDANTS NATURELS ET LES PERSONNES ÂGÉES
Depuis une décennie, tous les gouvernements reconnaissent que
l’investissement le plus important qui soit concerne nos enfants. C’est
pourquoi, même lorsqu’il s’attachait à réduire le déficit, le
gouvernement fédéral a instauré la Prestation nationale pour enfants, qui est
le programme social national le plus notable depuis l’avènement du système
public de santé.
Il faut cependant faire davantage pour aider les familles à soutenir leurs
enfants. Les parents doivent avoir des choix véritables, et les enfants, des
possibilités réelles d’apprentissage. Il est temps d’adopter un système
vraiment national concernant l’apprentissage et la garde des jeunes enfants,
un système basé sur les quatre grands principes reconnus par les parents et
les spécialistes des services de garde : la qualité, l’universalité,
l’accessibilité et le développement.
Le gouvernement jettera les fondements de ce système en collaboration avec
ses partenaires provinciaux et territoriaux, arrêtant une orientation nationale
de façon à mettre l’accent sur les résultats, à exploiter les pratiques
exemplaires et à rendre des comptes aux Canadiens sur les progrès réalisés.
Dans ce cadre national, provinces et territoires auront la souplesse voulue pour
combler leurs besoins particuliers en fonction de leur propre situation.
Notre société vieillit. Les familles canadiennes doivent prendre soin non
seulement des jeunes enfants, mais aussi, de plus en plus, des conjoints âgés
et des grands-parents.
Le gouvernement reconnaît le rôle essentiel des Canadiens et des
Canadiennes qui s’occupent de parents âgés ou invalides ou de personnes
lourdement handicapées. Il améliorera le niveau de soutien fiscal prévu
actuellement, et il demandera au Parlement de consulter l’ensemble des
citoyens au sujet d’éventuelles initiatives supplémentaires.
S’appuyant sur des mesures antérieures, le gouvernement aidera les
personnes handicapées à accroître leur autonomie; à cette fin, il
s’inspirera des recommandations du Comité consultatif technique sur les
mesures fiscales pour les personnes handicapées.
Les Canadiens âgés ont une meilleure santé et vivent plus longtemps que
jamais. Nombre d’entre eux veulent demeurer actifs et participer à la vie
communautaire. Pour leur venir en aide, le gouvernement a annoncé la création
du programme Nouveaux Horizons, et il envisagera d’autres moyens d’empêcher
que se perdent les talents et la contribution que les personnes âgées peuvent
offrir à la société.
Nos aînés méritent d’être traités avec dignité. Une des mesures
prises par le gouvernement consistera à bonifier le Supplément de revenu
garanti pour les plus démunis d’entre eux.
LES CANADIENS AUTOCHTONES
Nous devons redoubler d’efforts pour que la prospérité du Canada profite
aussi aux peuples autochtones du Canada : les Premières nations, les Inuits et
les Métis. Nous avons fait des progrès, mais ils sont éclipsés par la forte
incidence du syndrome d’alcoolisation fœtale et par le taux élevé de
suicide chez les adolescents dans les collectivités autochtones. Ce sont là
des conséquences intolérables des immenses écarts qui séparent tant
d’Autochtones des autres Canadiens – des écarts inacceptables en matière
de réussite scolaire, d’emploi, de conditions de vie élémentaires comme le
logement et l’eau salubre, et d’incidence de maladies chroniques comme le
diabète.
La Table ronde Canada-Autochtones qui a eu lieu en avril dernier est une étape
marquante dans une nouvelle voie de partenariat et de prospérité. Le
gouvernement et les dirigeants autochtones ont convenu d’objectifs mesurables
qui permettront d’atténuer les écarts ainsi que leurs conséquences.
Que pourrait-on faire de plus significatif que de viser un changement réel
dans la fréquence du syndrome d’alcoolisation fœtale et le taux de suicide
chez les jeunes?
Lors de leur réunion du 13 septembre dernier, tous les premiers ministres et
les dirigeants autochtones ont passé à l’action. À cette occasion, le
gouvernement s’est engagé à consacrer 700 millions de dollars pour
encourager les Autochtones à œuvrer davantage dans les professions de la santé,
pour lutter contre les maladies chroniques comme le diabète, et pour créer un
fonds de transition pour la santé des Autochtones en vue de mieux adapter les
services de santé à leurs besoins.
Le gouvernement coopère avec les Canadiens autochtones et avec les
gouvernements provinciaux et territoriaux en vue d’instaurer des conditions
propices au développement à long terme (apprentissage, perspectives économiques
et institutions modernes de gouvernance autochtone) dans le respect des droits
et des ententes historiques.
Le gouvernement et les Autochtones élaboreront de concert des indicateurs spécifiques
de la qualité de vie ainsi qu’un « bulletin », destinés à assurer la
reddition de comptes par tous les intervenants et à stimuler le progrès.
LES VILLES ET LES COLLECTIVITÉS DU CANADA
Les Canadiens veulent qu’il fasse bon vivre dans leurs villes et leurs
collectivités : sécurité, logement abordable, transports publics adéquats,
pureté de l’air et salubrité de l’eau, espaces verts abondants. Les
collectivités sont essentielles à la concrétisation de nos objectifs sociaux
et à notre compétitivité économique. Elles sont au cœur même d’une
meilleure qualité de vie.
Grâce au Nouveau Pacte pour les villes et les collectivités du Canada,
et en travaillant avec les provinces et les territoires, le gouvernement réservera
à l’intention des municipalités une part de la taxe fédérale sur
l’essence. Cette part, qui augmentera au cours des cinq prochaines années,
permettra aux municipalités de prendre les engagements financiers à long terme
qui s’imposent pour contrer l’étalement urbain et financer de nouveaux
projets d’infrastructure durable dans des domaines comme le transport, les
routes, l’épuration des eaux et les réseaux d’égouts.
Pour s’attaquer aux grands dossiers comme le réaménagement urbain,
l’intégration des immigrants et les difficultés des Canadiens autochtones à
l’extérieur des réserves, le gouvernement étendra l’approche de
partenariat utilisée pour instaurer les ententes avec Vancouver et Winnipeg, et
il entreprendra de mettre en œuvre l’entente de collaboration qu’il a
conclue récemment avec le gouvernement de l’Ontario en matière de prestation
de services. Le gouvernement s’appuiera aussi sur les travaux du Comité
consultatif Harcourt.
Le logement est l’un des fondements de la santé des collectivités et de
la dignité des personnes. Le gouvernement élargira et améliorera les
programmes existants, dont l’Initiative en matière de logement abordable,
l’Initiative de partenariats en action communautaire à l’intention des
sans-abri, et le Programme d’aide à la remise en état des logements.
Nos collectivités tirent leur dynamisme de la volonté d’hommes et de
femmes de tous les milieux de prendre en main leur avenir et de se porter
garants les uns des autres. Cela se constate dans le nombre d’organismes bénévoles
et d’entreprises d’économie sociale qui trouvent des solutions locales aux
problèmes locaux. Le gouvernement est déterminé à favoriser cette économie
sociale – ces innombrables activités et entreprises à but non lucratif qui,
partout au Canada, canalisent les énergies des citoyens et des entrepreneurs
pour le bien des collectivités. Il aidera à réunir les conditions nécessaires
à leur réussite, entre autres en rendant leur milieu plus propice aux
affaires. À cette fin, il déposera une nouvelle loi sur les entreprises à but
non lucratif.
Notre engagement profond à l’égard des droits de la personne et du
respect mutuel cimente nos collectivités. Le gouvernement est déterminé à défendre
ces valeurs. Il modernisera la Loi sur la citoyenneté du Canada pour réaffirmer
les droits et les devoirs relatifs à la citoyenneté canadienne ainsi que les
valeurs que constituent le multiculturalisme, l’égalité entre les sexes et
la dualité linguistique. Il s’emploie à appliquer le Plan d’action en matière
de langues officielles, et il continuera de promouvoir la vitalité des
communautés minoritaires de langue officielle. Il prendra des mesures pour
renforcer la capacité du Canada à lutter contre le racisme, la propagande
haineuse et les crimes motivés par la haine, ici même, dans notre pays, et
dans le reste du monde. De plus, il présentera des dispositions législatives
visant à enrayer le trafic de personnes et à réprimer la pornographie juvénile.
Le dynamisme et la créativité de nos collectivités tiennent à la qualité
de leur vie culturelle. Le gouvernement encouragera les institutions et les
politiques culturelles qui aspirent à l’excellence, qui reflètent une société
diversifiée et multiculturelle, qui relèvent les nouveaux défis de la
mondialisation et de l’économie numérique, et qui favorisent la pluralité
des opinions et des expressions culturelles au Canada et à l’étranger.
NOTRE ENVIRONNEMENT
Dans l’intérêt de la qualité de vie de la génération actuelle et de
celles qui suivront, il faut changer en profondeur notre conception de
l’environnement.
Le gouvernement veillera, en collaboration avec ses partenaires, à intégrer
systématiquement le développement durable dans les processus décisionnels.
À une époque où le monde entier prend davantage conscience de
l’obligation morale et pratique de veiller à la durabilité de
l’environnement, l’humanité s’ingéniera de plus en plus à trouver des
moyens plus propres et plus efficaces de produire et d’utiliser l’énergie,
de débarrasser l’atmosphère, l’eau et le sol de leurs toxines, et de bâtir
des collectivités plus viables. À ce titre, les possibilités économiques
sont immenses à l’échelle mondiale. Les entrepreneurs canadiens doivent
viser à se tailler une place à l’avant-garde du monde.
À cette fin, le gouvernement collaborera avec le secteur privé pour
favoriser la commercialisation des meilleures technologies environnementales de
pointe. Des investissements considérables effectués grâce au produit de la
vente de nos actions dans la société Petro-Canada appuieront le développement
et le déploiement de ces technologies.
Le gouvernement doit faire le ménage dans sa propre cour. Il consolidera les
évaluations environnementales fédérales, et œuvrera avec les provinces et
les territoires à mettre en place au Canada un processus d’évaluation unique
et plus efficace. D’ici 2006, il assujettira ses achats à une nouvelle
politique d’approvisionnement écologique. Il présentera également des
mesures législatives qui mettront davantage l’accent sur l’intégrité écologique
des parcs nationaux de notre pays.
Dans aucun autre domaine les défis et les possibilités de la durabilité ne
sont aussi évidents que dans nos façons d’utiliser et de produire l’énergie.
En matière d’énergie, le gouvernement axera ses efforts sur l’efficacité
et la recherche-développement. Il entreprendra de mettre au point, de concert
avec les intervenants, des approches globales visant à promouvoir la production
et l’utilisation d’énergie propre et renouvelable, et à favoriser une
efficacité énergétique accrue. Il donnera notamment plus d’ampleur à des
activités déjà en cours, telles que le soutien à la production d’énergie
éolienne, et il quadruplera le programme Encouragement à la production d’énergie
éolienne.
Le gouvernement du Canada respectera les engagements qu’il a pris en signant
l’accord de Kyoto relatif au changement climatique, selon une stratégie qui
donne des résultats de longue durée tout en soutenant une économie forte et
prospre. cette fin, il mettra au point et appliquera un plan
national équitable de concert avec les administrations provinciales et
territoriales ainsi que d’autres intervenants.
Parallèlement à ses efforts pour édifier une société durable chez nous,
le gouvernement poursuivra une action multilatérale et bilatérale pour relever
des défis qui, ultimement, sont planétaires. Ainsi, il travaillera en
collaboration avec les États-Unis et des organismes comme la Commission mixte
internationale sur des questions comme la pureté de l’air, la salubrité de
l’eau et les espèces envahissantes. En 2005, le gouvernement présentera la
prochaine génération de programmes relatifs aux Grands Lacs et au
Saint-Laurent, soulignant ainsi son engagement à protéger et à préserver ces
écosystèmes partagés d’importance internationale.
Le gouvernement ira de l’avant avec son plan d’action pour les océans en
maximisant l’utilisation et le développement de technologies océaniques, en
créant un réseau de zones de protection marine, en mettant en œuvre des plans
de gestion intégrée et en renforçant l’application des règles régissant
les océans et la pêche, dont celles qui ont trait aux stocks de poissons
chevauchants.
UN RÔLE INFLUENT QUI SUSCITE LA FIERTÉ DANS LE MONDE
Dans le monde d’aujourd’hui, il faut prendre un engagement efficace et
productif sur la scène internationale pour faire avancer nos aspirations
nationales. Puisque le temps et la distance ne sont plus des facteurs
d’isolement, on ne peut plus dissocier politique intérieure et politique
internationale. La vision internationaliste du Canada est un avantage véritable,
mais il nous faut trouver de nouvelles façons de l’exprimer si nous voulons
faire valoir nos intérêts et affirmer nos valeurs efficacement dans un monde
en changement.
Tout comme notre politique intérieure doit aller de pair avec notre
politique internationale, nos efforts dans les domaines de la défense, de la
diplomatie, du développement et du commerce doivent eux aussi aller de pair.
Cet automne, le gouvernement publiera un énoncé global de sa politique
internationale qui reflétera ce principe d’intégration. Les parlementaires
et les autres Canadiens auront la possibilité de discuter des analyses et des
orientations qui seront proposées.
Entre-temps, le monde n’attend pas. Les menaces nouvelles qui pèsent sur
la sécurité du Canada exigent que l’on adopte sans tarder une approche
nouvelle. Et le gouvernement a déjà posé des gestes. En avril dernier, il
s’est donné, pour la première fois, une politique globale de sécurité
nationale permettant l’adoption d’une approche mieux ciblée, plus intégrée,
pour protéger notre société ouverte. Le gouvernement procède actuellement à
la mise en œuvre de cette politique. Dans ce contexte, il intensifie sa
collaboration avec les États-Unis au chapitre de l’assistance mutuelle en cas
de désastre majeur d’origine naturelle ou humaine.
Ce nouveau contexte exige que nous gérions adroitement nos relations avec
les États-Unis, cherchant ainsi à mieux connaître cet allié et à renforcer
les liens qui nous unissent en matière d’économie et de sécurité. Ces
relations doivent reposer sur des valeurs communes, un respect mutuel, et une
voix canadienne forte et indépendante.
Pour accroître la sécurité du Canada, il nous faut investir davantage dans
nos forces armées, que ce soit pour assurer notre propre défense au pays ou
encore en Amérique du Nord et dans le monde. Nous devons mériter la place que
nous voulons occuper dans le monde. Mais notre force militaire ne sera jamais la
plus grande; il nous faut donc l’organiser de façon intelligente, stratégique
et bien ciblée.
De nos jours, la fière tradition de leadership du Canada dans le maintien de
la paix est mise à l’épreuve par des exigences croissantes dans des
contextes extrêmement dangereux et politiquement complexes, qui mettent souvent
en cause des États dysfonctionnels. Nous avons vu, dans des endroits comme
l’Afghanistan, la Bosnie ou Haïti, le travail exceptionnel que peuvent
accomplir des Canadiens et des Canadiennes. Nous savons que les nôtres sont
parmi les meilleurs au monde pour relever le défi qui consiste à être soldats
pour gagner la paix, diplomates pour la négocier, et travailleurs humanitaires
pour la maintenir.
C’est pourquoi le gouvernement ajoutera quelque 5 000 membres à nos forces
régulières et 3 000 membres à la réserve, afin que le Canada soit mieux préparé
et mieux équipé pour relever ce défi.
Comme on l’a vu au Darfour et ailleurs, la meilleure forme d’intervention
est souvent celle de forces régionales acclimatées à la culture et à la géographie
locales. En pareil cas, particulièrement en Afrique, le Canada entend continuer
de jouer son rôle en formant des forces régionales de maintien de la paix afin
de les préparer à exécuter des opérations de sécurité délicates, tout en
respectant les principes du droit humanitaire international.
Dans de très nombreux points chauds du monde, établir l’ordre ne constitue
que le premier pas. La pauvreté, le désespoir et la violence prennent souvent
leur origine dans l’échec des institutions chargées d’assurer la
gouvernance fondamentale et la primauté de la loi. Parce qu’il croit au
pluralisme et aux droits de la personne, l’apport du Canada en ces régions
est peut-être unique.
C’est pourquoi le gouvernement met sur pied Solidarité Canada qui a pour
mandat, d’abord, de mettre notre idéalisme à contribution en aidant de
jeunes Canadiens à mettre leur enthousiasme et leur dynamisme au service du
monde. Il s’agit, deuxièmement, de mettre à profit nos talents et nos idées
en permettant à des experts de tous âges et de divers horizons
gouvernance, santé, économie ou droits de la personne, par exemple
d’aller là où l’on a besoin d’eux. Enfin, il s’agit de coordonner les
efforts déployés par le gouvernement et de collaborer avec la société
civile. Solidarité Canada permettra au monde de profiter au maximum de nos
valeurs et de notre expérience.
Pour tout ce que nous voulons accomplir en tant que Canadiens, et pour ce que
nous voulons offrir aux autres, il nous faut aussi des institutions
internationales qui fonctionnent. Des enjeux complexes comme « la responsabilité
de protéger » et la gestion du patrimoine mondial exigent que le leadership
vienne de tous les continents, du Nord comme du Sud. C’est pourquoi le
gouvernement s’emploiera à créer l’occasion d’une rencontre des leaders
du G20. On devrait alors se pencher sur des préoccupations communes et urgentes
comme la façon d’améliorer les système de santé publique, de lutter contre
le terrorisme et de réformer nos institutions multilatérales.
GOUVERNER DANS UN BUT COMMUN
Le programme du gouvernement pour cette législature est fondé sur une stratégie
globale. Celle-ci vise à doter le Canada d’une économie prospère et
durable, faite pour le XXIe siècle, à renforcer nos fondations sociales, et à
lui donner un rôle influent qui suscite la fierté dans le monde.
Soutenu par une fonction publique dévouée et compétente, le gouvernement déploiera
dans ce parlement minoritaire tous les efforts voulus pour donner suite aux
priorités qu’il a énoncées. Il proposera également d’autres initiatives
dans de nombreux domaines, faisant suite par exemple aux engagements qu’il a
pris dans le dernier discours du Trône. Il s’inspirera des travaux des comités
parlementaires; il fera participer les parlementaires à l’examen des
nominations stratégiques; il se penchera sur les besoins et les options
entourant la réforme de nos institutions démocratiques, dont celle du système
électoral.
Le gouvernement invite les parlementaires des deux chambres à se joindre à
lui dans un même esprit démocratique : tous résolus à faire l’unité du
pays et à écouter toutes les régions et toutes les voix, et tous convaincus
qu’il n’y a qu’un but commun, le bien du Canada.
Mesdames et Messieurs les Députés,
Vous serez appelés à voter les crédits nécessaires pour financer les
services et les dépenses approuvés par le Parlement.
Honorables Sénateurs et Sénatrices,
Mesdames et Messieurs les Députés,
Puisse la Divine Providence vous guider dans l’accomplissement de vos
devoirs et l’exercice de vos responsabilités.
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