Allocution du Premier ministre Jean Chrétien à l'occasion de la Journée internationale de la Francophonie

Le 20 mars 2003
Ottawa (Ontario)

J’ai l’honneur de vous accueillir en cette journée où nous célébrons la Francophonie. Et nous avons aussi le grand plaisir d’avoir parmi nous le premier Secrétaire général de l’Organisation internationale de la Francophonie, Monsieur Boutros Boutros-Ghali.

La réputation de Monsieur Boutros Boutros-Ghali n’est plus à faire. Vous venez tous d’en témoigner.

Comme diplomate et comme politicien, il fut un artisan de la paix au Moyen-Orient et dans le monde entier. Nous savons tous qu’il s’agit là d’un défi sans cesse renouvelé. En ces temps troublés, permettez-moi, Votre Excellence, d’en souligner la valeur.

Oeuvrer pour la paix ne veut pas dire fuir les conflits. Tout au long de sa carrière d’avocat, d’universitaire, d’homme d’État, Monsieur Boutros Boutros-Ghali a fait face à des crises majeures.

Secrétaire général des Nations Unies, il s’est heurté à de graves perturbations en Somalie, au Rwanda, en Angola, dans l’ancienne Yougoslavie.

Pendant toute cette période, il s’est préoccupé d’égalité, d’équité, soulignant avec courage les lacunes d’un monde divisé. Il a marqué nos vies, nous rappelant à l’ordre quand nous en avions besoin.

Élu premier secrétaire général de la Francophonie en 1997, lors du sommet de Hanoï, Monsieur Boutros Boutros-Ghali a mis sa longue expérience des affaires internationales au service des États et gouvernements membres. Il a facilité le dialogue entre les cultures et il a donné à ce forum la stature et le dynamisme qu’on lui connaît aujourd’hui.

Vous avez dit, Votre Excellence, que « la Francophonie va bien au-delà de la défense de la langue française » pour devenir « un moyen de promouvoir la diversité linguistique et culturelle, tant au sein de notre communauté qu’à l’échelle mondiale ».

Au Canada, nous en avons aussi la conviction. Pour nous, faire partie de la Francophonie ouvre une fenêtre sur le monde. Nous, Canadiens, sommes sensibles aux avantages de la Francophonie comme élément rassembleur. C’est ce que j’essaie de faire valoir à mes homologues des autres pays chaque fois que j’en ai l’occasion.

Nous sommes fiers, au Canada, d’avoir une des langues les plus parlées sur la planète, le français, comme langue officielle au même titre que l’anglais. Ces deux langues de stature internationale font partie de notre héritage en même temps qu’elles sont un atout pour notre avenir. La reconnaissance et la promotion de notre dualité linguistique ont, dans une large mesure, permis cette coexistence et ce partage.

La semaine dernière, j’ai rendu public le plan d’action de mon gouvernement pour les langues officielles parce que nous voulons offrir au plus grand nombre possible de Canadiens – aux jeunes en particulier – la possibilité de parler français et anglais.

Nous croyons important de former des citoyens capables de bien saisir les enjeux du monde qu’ils habitent, pour ensuite mieux influencer le cours des événements. C’est pourquoi notre plan d’action pour les langues officielles met l’accent sur l’éducation.

Nous regardons de près aussi les services du gouvernement du Canada. Nous voulons pouvoir offrir des services aux citoyens dans la langue officielle de leur choix. En même temps, les institutions fédérales s’emploient activement à accueillir dans leurs rangs des Canadiens d’expression française aussi bien que des Canadiens d’expression anglaise et à leur offrir des chances égales d’avancement.

C’est une question d’équité, bien sûr, mais aussi une question de service aux citoyens.

C’est une question d’ouverture au monde également. Car les employés de l’État nous représentent partout où les appellent leurs fonctions. Ils sont nos ambassadeurs, nos négociateurs, nos contacts sur les scènes nationale et internationale.

Mesdames et Messieurs, notre politique des langues officielles représente l’expression des valeurs canadiennes. Elle découle d’une culture qui reconnaît et valorise ces deux belles langues et leur importance dans la vie de notre société et dans notre identité nationale. Elle fait partie de notre caractère distinctif.

De façon plus générale, notre dévouement et notre engagement envers la Francophonie témoignent de l’importance que nous attachons au multilatéralisme et de notre foi dans les institutions que nous nous sommes donné. Les Canadiens en sont convaincus – notre propre histoire nous a enseigné les vertus de la diversité. Nous sommes fiers de cette vision et nous allons continuer de la partager par l’entremise d’organisations internationales comme la Francophonie.

Merci beaucoup.

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