Déjeuner du Forum Canada-Thaïlande des gens d'affaires


Le 17 janvier 1997
Bangkok (Thaïlande)

Le Canada et la Thaïlande sont devenus deux partenaires importants de l'Asie-Pacifique au cours des 20 dernières années. Comme les Canadiens et les Thaïlandais devront bientôt relever les défis du XXIe siècle, c'est un partenariat que nous, d'Équipe Canada, voulons élargir et améliorer.

Je serai très franc avec vous, un des principaux objectifs de cette visite est de sensibiliser les Canadiens et Canadiennes aux nombreuses occasions d'affaires qu'offre la transformation économique de la Thaïlande.

Nous voulons aussi montrer aux gens d'affaires thaïlandais que le Canada est le partenaire idéal pour les défis auxquels la Thaïlande fait face aujourd'hui. Il y a une concordance naturelle entre le savoir-faire des entreprises canadiennes et vos besoins dans certains secteurs clés.

Les Canadiens doivent être conscients que la Thaïlande est une plaque tournante régionale en Asie. En effet, plus de la moitié de la population planétaire vit à mois de cinq heures d'avion de la Thaïlande. Cela offre des possibilités de coentreprises canadiennes dans la région avec des sociétés thaïlandaises d'expérience.

Afin de poursuivre ces objectifs, je suis accompagné en Thaïlande par une délégation d'Équipe Canada composée de premiers ministres, de dirigeants municipaux, de dirigeants d'entreprise, de représentants du monde de l'enseignement et de jeunes entrepreneurs. Il s'agit de la plus imposante délégation commerciale de l'histoire du Canada.

Notre décision d'effectuer à Bangkok un arrêt clé de la mission témoigne de notre engagement à établir un nouveau partenariat économique avec la Thaïlande. Pour moi, comme pour plusieurs membres de notre délégation, il s'agit de notre première visite en Thaïlande. Nous avons une occasion unique de goûter la légendaire et gracieuse hospitalité thaïlandaise.

Nous sommes surtout impressionnés par le processus de modernisation qui est partout en cours autour de nous dans la ville débordante d'activité qu'est Bangkok.

Cette transformation dynamique de votre capitale est une preuve éloquente que vous connaissez une croissance économique qui s'est classée parmi les meilleures au monde au cours des dix dernières années. La Thaïlande bénéficie aujourd'hui des avantages découlant du processus de libéralisation des échanges qui a accompagné son développement démocratique.

Mais je me réjouis de constater que les impressionnantes réalisations économiques de la Thaïlande n'aient pas été accomplies au détriment des libertés individuelles et du développement démocratique.

Nous avons assisté à un transfert pacifique du pouvoir politique au cours des trois dernières élections nationales, une démarche par laquelle la Thaïlande se distingue de nombreux pays d'Asie. La Thaïlande bénéficie également de médias qui comptent parmi les plus libéraux et les plus ouverts à l'information de toute la région.

Tous ces facteurs se conjuguent pour faire de la Thaïlande un pays d'avenir, dans la région de l'avenir. Et croyez moi, en tant que pays du Pacifique, le Canada veut jouer un rôle actif dans cette région. C'est pour cette raison que j'ai déclaré, il y a quelques semaines, à Vancouver, que 1997 sera l'Année canadienne de l'Asie-Pacifique. Pendant toute l'année, les Canadiens et Canadiennes souligneront le fait que nous sommes un pays du Pacifique, à l'aube du siècle du Pacifique.

Cette année nous donne l'occasion de bâtir l'avenir sur les bases historiques de notre présence dans la région. L'histoire de notre engagement et de notre participation dans l'ensemble de la région -- et ici en Thaïlande.

Il y a plusieurs décennies, nos pays ont travaillé ensemble pour favoriser la paix et réduire la souffrance humaine en Indochine. Le Canada s'était alors inspiré de son expérience de plus de 20 ans acquise dans la région par sa participation aux travaux de la Commission internationale de contrôle. Nos gouvernements se sont rencontrés à maintes reprises pour discuter de la situation régionale, alors que le point de vue du Canada était fortement apprécié par la Thaïlande.

Par nos efforts, nous avons démontré notre engagement commun à favoriser la paix et une meilleure compréhension. Nos efforts témoignaient des valeurs que nous partageons.

Les ravages de la guerre ont déplacé des centaines de milliers de réfugiés d'Indochine; le Canada avait alors offert une terre d'accueil à 100 000 d'entre eux, dont 48 000 personnes de la Thaïlande. Aujourd'hui ces réfugiés d'alors sont devenus des citoyens canadiens qui contribuent à l'évolution de leur pays d'adoption.

Il y a plus de 15 ans, le Canada et la Thaïlande sont devenus partenaires en matière de coopération au développement. Grâce à nombre de projets soutenus par l'Agence canadienne de développement international, nous avons contribué à accroître les capacités technologiques de la Thaïlande dans certains secteurs économiques clés.

Nous avons soutenu le développement de la situation de la femme ainsi que les programmes sociaux et de formation. Nous avons soutenu le secteur environnemental.

Notre intérêt commun envers le développement durable a impulsé la mise en oeuvre du projet de gestion des richesses naturelles et écologiques, qui aide les pouvoirs publics de votre pays à répondre de façon équilibrée aux besoins actuels du développement et aux préoccupation futures de la conservation.

Et à mesure que la Thaïlande rattrape les pays les plus industrialisés, notre partenariat axé sur le développement évolue graduellement vers un véritable partenariat commercial.

Au cours des cinq dernières années, les échanges bilatéraux se sont accrus rapidement pour atteindre 1,6 milliard de dollars en 1995. Aujourd'hui, la Thaïlande est devenue notre deuxième plus important marché d'exportation parmi les pays membres de l'ASEAN. Les exportations du Canada vers la Thaïlande ont totalisé la somme impressionnante de 580 millions de dollars en 1995. Mais cette performance peut s'améliorer beaucoup. Les investissements directs du Canada en Thaïlande se sont également accrus pour atteindre 359 millions de dollars en 1995.

Il y a deux ans, lors de la visite du Premier ministre Chuan au Canada, nous avions tous deux lancé un défi aux gens d'affaires, soit d'accroître nos échanges bilatéraux à 2 milliards de dollars d'ici l'an 2000. Aujourd'hui, je réitère l'engagement du Canada à atteindre cet objectif.

Nous pourrons compter sur le regain de la vigueur de l'économie canadienne. Au cours des trois dernières années, notre gouvernement a en effet travaillé à l'assainissement des finances publiques. Les gouvernements provinciaux ont fait de même. Résultats : une très grande baisse de notre déficit, des taux d'intérêt parmi les plus bas depuis des décennies, et une reprise de la confiance, tant au pays qu'à l'étranger, en l'économie canadienne.

Toutefois, nous ne sommes pas arrivés au point où, comme dans votre pays, le gouvernement est la cible de critiques parce que le taux de croissance est de 7 p. 100 par année et qu'on l'accuse d'être la cause de ce « ralentissement économique ». Croyez-moi, c'est le genre de problèmes que les premiers ministres provinciaux et moi-même aimerions bien avoir !

La croissance économique du Canada n'est peut être pas aussi impressionnante que la croissance enregistrée en Thaïlande mais, tout de même, le FMI et l'OCDE prévoient tous deux que le Canada connaîtra une croissance économique qui sera supérieure à tous les autres pays du G7 au cours des deux prochaines années.

Au cours des trois derniers mois, il y a eu 83 000 créations d'emplois au Canada. Des conjoncturistes du secteur privé prévoient qu'il y aura 350 000 créations d'emplois en 1997 et une croissance semblable en 1998.

Ce regain de vigueur de l'économie canadienne s'accompagne d'un changement d'attitude relativement au commerce sur les marchés étrangers. Les Canadiens et Canadiennes croient que nous pouvons et devons réussir sur la scène internationale. Et ils cherchent activement à faire des affaires à l'étranger. Au Canada comme en Thaïlande, les exportations sont le moteur de l'économie. Les exportations pèsent désormais pour 40 p. 100 de notre PIB, comparativement à 25 p. 100, il y a cinq ans seulement. Et cela se traduit par des millions d'emplois pour les Canadiens et Canadiennes.

C'est pour cette raison qu'il y a eu trois missions d'Équipe Canada et que la libéralisation des échanges est l'une de nos grandes priorités. Parce qu'elles sont la clé de la croissance de notre économie, de la création d'emplois et de débouchés pour la population canadienne.

C'est cette détermination qui est à la base de nos relations commerciales avec la Thaïlande. Au cours de la dernière année seulement, cinq ministres canadiens ont visité votre pays. Les nouveaux accords bilatéraux signés ce matin sont le résultat du travail acharné des ministres de l'environnement et des finances de nos deux pays.

Lors de nos entretiens de ce matin avec le Premier ministre Chavalit et les membres de son Cabinet, nous nous sommes entendus pour chercher à conclure un accord sur la protection des investissements étrangers. Cet accord protégerait davantage les investisseurs thaïlandais et canadiens. Cela indiquera aux investisseurs de la communauté internationale que nos deux pays sont ouverts au défi de la mondialisation.

Plus tard dans la journée, nous assisterons à la signature de plusieurs ententes commerciales. Certaines seront très grandes et d'autres seront à la mesure de sociétés plus petites. Ces ententes mettront en évidence la diversité de la coopération économique entre nos deux pays.

Pour le Canada, les débouchés en Thaïlande ne se limitent pas seulement aux grands projets d'infrastructure. De fait, nombre des entreprises signataires d'ententes sont des petites et des moyennes entreprises de nos deux pays. Des entreprises comme celles-là sont le meilleur moteur de croissance et de création d'emplois dans nos pays respectifs, C'est pour cette raison qu'elles représentent plus de cinquante pour cent de la délégation de gens d'affaires d'Équipe Canada cette année.

Les sociétés canadiennes sont de bons partenaires pour les Thaïlandais. Nous possédons un savoir-faire, des produits, des technologies et des capitaux qui nous rendent concurrentiels sur la scène internationale et qui peuvent répondre à vos besoins actuels et futurs.

La présence d'entreprises canadiennes n'est pas nouvelle en Thaïlande -- des sociétés telles le fabricant de chaussures Bata y est implanté depuis plus de 50 ans et fait partie du paysage local, tandis que les sociétés Seagram, Northern Telecom et Champthai Co. Ltée sont présentes depuis plusieurs années.

Par le passé, nous ressentions l'absence d'une composante de nos relations commerciales, soit une présence financière du Canada en Thaïlande. Aujourd'hui nous sommes heureux de compter sur la présence de deux institutions financières. Nous accueillons avec plaisir la récente décision du gouvernement thaïlandais d'accorder à la Banque de Nouvelle-Écosse un permis d'exploitation de services bancaires au détail, et d'accorder à la Banque royale du Canada le privilège d'ouvrir un centre bancaire international.

L'engagement de ces deux grandes banques canadiennes en Asie, en particulier en Thaïlande, est un exemple à suivre pour les autres. Nous espérons que leurs succès paveront la voie à des réussites semblables dans le secteur des services.

Et le Canada s'intéresse également aux infrastructures. Nous sommes des chefs de file en matière d'édification et de conception d'infrastructure économique. Qu'il s'agisse de transports, des technologies de l'information, de l'énergie, de la construction et des matériaux de construction, nos entreprises sont parmi les meilleures au monde. Nous offrons également le savoir-faire nécessaire pour assurer le fonctionnement de ces infrastructures.

Et n'oublions pas nos forces dans les secteurs de l'agroalimentaire et des produits de base. Je suis heureux de voir la conclusion d'une nouvelle entente entre la Commission canadienne du blé et la Thaïlande.

Ce sont des secteurs dans lesquels le Canada excelle. Ce sont également des secteurs dont les produits et services sont fortement en demande dans l'économie dynamique de la Thaïlande.

Par exemple, la demande énergétique de la Thaïlande s'accroîtra énormément dans l'avenir. Une des options envisagées est la production d'énergie nucléaire. Si la Thaïlande choisit d'explorer cette solution, je pense que la technologie nucléaire du Canada pourrait répondre à ses attentes. Au Canada, comme ailleurs dans le monde, la technologie CANDU a fait ses preuves.

Il y a également des perspectives de collaboration en matière de services éducatifs. Plus de 10 000 Thaïlandais viennent étudier au Canada chaque année. Le Thailand Development Research Institute évalue que, d'ici l'an 2000 en Thaïlande, la demande pour des diplômés en sciences et en génie sera deux fois plus grande que le nombre de diplômés disponibles. Cela représente un écart de 14 000 personnes. Nos établissements d'enseignement peuvent vous aider à combler cet écart.

Le Canada a appuyé la création de bourses d'études et soutenu la formation des jeunes Thaïlandais. Et nous avons récemment ouvert un Centre canadien d'éducation qui aide les étudiants thaïlandais intéressés à étudier au Canada. Faire ses études au Canada signifie recevoir un enseignement de qualité à des prix concurrentiels, dans un environnement sûr, propre et amical. Demain, j'inaugurerai le Salon canadien de l'éducation à Bangkok en compagnie de plusieurs représentants des milieux de l'éducation membres d'Équipe Canada. Nous espérons que de telles activités sensibiliseront un plus grand nombre de Thaïlandais à la qualité des services éducatifs offerts au Canada.

Plus de 100 00 Canadiens et Canadiennes visitent la Thaïlande chaque année et les touristes thaïlandais visitent le Canada en nombre croissant. La Thaïlande est devenue un des marchés touristiques du Canada qui connaissent une forte croissance. Durant ma visite à Bangkok, j'inaugurerai le Salon canadien du tourisme qui mettra en valeur l'offre touristique du Canada.

Chers amis, cette visite en Thaïlande est fertile et bien remplie pour la délégation d'Équipe Canada. Comme c'est toujours le cas entre bons amis. Nous devons rattraper le temps perdu et nous avons beaucoup à célébrer. Nous avons beaucoup de choses à planifier pour l'avenir. C'est ainsi entre amis véritables. C'est ainsi que les choses se passent au cours de notre visite en Thaïlande.

Et je sais que tout ce que nous accomplissons ensemble pendant cette visite resserrera encore davantage nos relations amicales.




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