LE MINISTRE DION RAPPELLE L'IMPORTANCE DE LA CONTRIBUTION DU GOUVERNEMENT DU CANADA À LA RÉVOLUTION TRANQUILLE


MONTRÉAL (QUÉBEC), le 30 mars 2000 – Lors d'une allocution prononcée aujourd'hui à l'occasion d'un colloque organisé par l'UQAM ayant pour thème « La Révolution tranquille : 40 ans plus tard... », l'honorable Stéphane Dion, Président du Conseil privé et ministre des Affaires intergouvernementales, a fait valoir que le gouvernement du Canada a été un moteur trop souvent méconnu de la Révolution tranquille au Québec.

Le Ministre a d'abord rappelé que le sociologue Max Weber, dans son ouvrage L'éthique protestante et l'esprit du capitalisme, a affirmé que les sociétés protestantes s'adaptent mieux à l'industrialisation que les sociétés catholiques en raison d'une plus grande valorisation de l'enrichissement matériel et de l'initiative individuelle.

Le Ministre a poursuivi en affirmant que notre Révolution tranquille a été une révolution wébérienne : « c'est-à-dire une adaptation d'une société catholique à un monde séculier. Dans cette adaptation, notre gouvernement fédéral, qui n'était pas, comme notre gouvernement provincial, sous l'emprise du catholicisme conservateur, a joué un rôle moteur », a noté le Ministre. « Un rôle moteur amplifié par l'importance qu'ont pris les gouvernements centraux lors de la mise en place du keynésianisme et de l'État providence. »

M. Dion a cité un des artisans de la Révolution tranquille, M. Jacques Parizeau qui, lors d'une entrevue diffusée en janvier 1999 a déclaré : « Avant la Révolution tranquille, tous ceux qui ont développé parmi les jeunes Québécois une expertise économique (...) travaillent à Ottawa. C'est à Ottawa que les choses se passent. C'est Ottawa qui a créé le système de sécurité sociale au Canada, la politique de reconstruction qu'on a fait après la Deuxième Guerre mondiale. Le gouvernement sérieux, c'est Ottawa. »

Cette citation de M. Parizeau décrit bien deux rôles clés qu'a joués le gouvernement fédéral, a déclaré le Ministre. « Il [le gouvernement du Canada] a d'abord été le réformateur, celui qui a lancé les grandes politiques qui ont permis aux provinces de prendre le relais, ce que le gouvernement du Québec a fait avec beaucoup d'enthousiasme et d'originalité. Mais il a été aussi un refuge, une aire de liberté, une école (...). »

M. Dion a rappelé que le caractère décentralisé de notre fédération « a permis à certaines provinces (...) d'être de véritables laboratoires d'innovations, mais c'est le gouvernement fédéral qui a permis de consolider ces expériences et de les étendre à l'échelle du pays. »

Le Ministre a rappelé que de nombreux artisans de la Révolution tranquille, tels Jean Lesage et Georges-Émile Lapalme avaient d'abord oeuvré sur la scène fédérale. Il a également souligné la contribution du gouvernement du Canada à l'essor culturel du Québec grâce notamment à ses politiques de communication et de recherche scientifique, aux institutions telles que Radio-Canada, l'Office national du film ou encore le Conseil des Arts.

Le Ministre dégage deux conclusions utiles pour les débats d'aujourd'hui. La première a trait au nationalisme dont il dit qu'il n'est en soi ni bon, ni mauvais : « Avant la Révolution tranquille, il a souvent été une force de freinage à la modernisation du Québec, mais depuis il a été une stimulation. » Il a affirmé que le nationalisme ne doit cependant pas devenir un cran d'arrêt de la pensée, une référence impérative à un passé qui nous définirait pour toujours, une obsession du consensus comme gage de fidélité à nous-mêmes.

« La Révolution tranquille ne s'est pas faite au nom d'un "modèle québécois" ou de "demandes traditionnelles". (...) La Révolution tranquille a été faite par une génération de Québécois qui étaient résolus à brasser la cage et qui n'ont pas avancé les yeux rivés sur le rétroviseur." [Elle] nous a permis d'affirmer davantage les droits de la langue française et a fait apparaître de nouvelles formes d'inventivité québécoise, mais à bien des égards nos moeurs et nos institutions sont devenues moins distinctes de celles des autres Canadiens.  »

La deuxième conclusion a trait au fédéralisme. « Le gouvernement du Canada n'est pas une puissance étrangère pour nous. Il a puissamment contribué à forger notre société, durant la Révolution tranquille comme à d'autres époques. » Et le Ministre a terminé en déclarant que malgré nos différences d'opinion sur le rôle respectif de nos gouvernements, sur leur place vis-à-vis la société civile et les forces du marché, « l'important est nous considérions ces deux gouvernements comme les nôtres et que nous les encouragions à collaborer par delà leur concurrence naturelle. »

 

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