Notes pour un discours du Premier ministre Jean Chrétien à l'occasion de la soirée hommage au Premier ministre

Le 13 novembre 2003
Toronto (Ontario)

Mes amis,

Que de beaux souvenirs me sont revenus en regardant cette vidéo. Quel beau et long voyage. Combien de souvenirs – combien de liens et d'amitiés noués – combien de milles parcourus, pour un jeune homme issu d'une famille nombreuse de la classe ouvrière de Shawinigan.

Je suis très fier d'avoir fait ce voyage à vos côtés.

Car si – comme je l'ai toujours dit – le Canada est ma vie, le Parti libéral a été comme une famille pour moi.

C'est le Parti libéral qui m'a donné la chance de m'épanouir. De rencontrer des gens partout au Canada. D'apprendre le sens véritable de la démocratie et du service à la collectivité. Qui m'a ouvert de nouveaux horizons et a mis le monde à la portée de ma main.

J'ai commencé comme président des Jeunes libéraux à l'Université Laval. Mais c'est en avril 1963 que je suis entré, avec fierté, au Parlement comme député de Saint-Maurice–Laflèche sous la tutelle de l'exceptionnel Lester B. Pearson.

Un si grand nombre de ses réalisations profiteront encore longtemps aux Canadiens.

Il m'a traité avec beaucoup de bonté et de confiance, surtout lorsqu'il m'a envoyé recevoir de Mitchell Sharp la formation nécessaire pour devenir le premier ministre des Finances francophone. Mitchell, encore jeune à 92 ans, est avec nous ce soir. Il m'a montré dès les premières années que le libéralisme est une question de coeur et de passion, certes, mais qu'il implique aussi le sens des responsabilités et de l'équilibre, la promotion de la croissance et de l'égalité des chances.

Et Pierre Elliott Trudeau. Plus grand que nature. Une présence si influente qu'il a changé pour toujours la perception que nous avons de nous-mêmes en tant que Canadiens.

J'étais très fier de faire partie de l'équipe de monsieur Trudeau, fier de la confiance qu'il me témoignait en m'attribuant des tâches exigeantes comme la transformation de la politique relative aux Autochtones, la création de parcs nationaux, le référendum de 1980 au Québec ou le rapatriement de la Constitution et la négociation de la Charte des droits et libertés.

Voilà le libéralisme à l'oeuvre, mes amis. L'esprit et la vision de gouvernements comme ceux de Lester Pearson et Pierre Trudeau. L'esprit qui a bâti le Canada moderne que nous aimons tant. Qui a bâti les programmes sociaux auxquels les Canadiens tiennent si fort. Qui a donné au pays un drapeau bien à lui. Qui a donné naissance au régime national d'assurance-maladie. À la Charte des droits. Au Régime de pensions du Canada. À un Canada véritablement bilingue où sont venus s'établir des gens du monde entier. Un Canada qui est aujourd'hui un modèle inspirant de cohabitation d'êtres humains dans la paix, le progrès et la prospérité.

Ce sont les gouvernements de ces deux grands Canadiens qui ont cimenté la réputation du Canada à titre de défenseur du multilatéralisme sur la scène internationale. À titre aussi de gardien de la paix digne de confiance, d'intervenant honnête dans le monde, d'artisan de la paix et de la stabilité.

Mes amis, voilà ce que nous célébrons pendant ce congrès : la vision, la passion et l'esprit libéral.

En juin 1990, à Calgary, vous m'avez investi de l'honneur et de la responsabilité immenses de porter le flambeau libéral. De succéder à un grand libéral, John Turner. De défendre nos principes et traditions immuables. Et de les adapter aux défis contemporains, comme tous les chefs doivent le faire.

C'est ce que j'ai tenté de faire.

Car, mes amis, en période difficile, en temps de crise, quand la situation au pays a besoin d'être redressée, les Canadiens se tournent toujours vers des gouvernements libéraux.

C'est ce qui est arrivé au Canada il y a dix ans.

Vous vous souvenez de la situation nationale il y a dix ans. Les Canadiens s'en souviennent. Je sais que, moi, je ne l'oublierai jamais.

C'était clairement un état de crise. La pire crise que le Canada ait connue en plus d'un demi-siècle. Une crise économique. Une crise financière. Une crise d'unité nationale. Et, ce qui était encore plus troublant, une crise de confiance.

Les Canadiens avaient cessé de croire que le Canada pourrait fonctionner de nouveau comme avant.

Nous étions presque en faillite. Au pied du mur. Le déficit annuel atteignait 42 milliards de dollars – du jamais vu dans l'ensemble de notre histoire. Sur chaque dollar d'impôt perçu, 37 cents étaient consacrés au service de la dette nationale. Le taux de chômage et les intérêts étaient beaucoup trop élevés à 11 % dans les deux cas.

Le Fonds monétaire international frappait à la porte. Le Wall Street Journal nous qualifiait de candidat au tiers monde.

Ce malaise n'était pas seulement économique non plus. Il était beaucoup plus profond. L'unité nationale avait été jouée aux dés. Et le Canada était au bord de la catastrophe. Il risquait l'éclatement. Au Québec, l'appui au séparatisme avait atteint son point culminant.

La population de l'Ouest tournait le dos aux partis nationaux au profit d'un parti étroitement régional. C'est difficile à croire maintenant, mais les gens commençaient à penser sincèrement que le Canada était une cause perdue.

Les Canadiens nous ont confié un mandat. Ils nous ont confié une mission. Une responsabilité solennelle. Ils voulaient récupérer leur pays. Ils voulaient que la situation soit redressée. Ils voulaient retrouver la fierté.

Nous nous sommes alors attelés à la tâche, mes amis. Ensemble, en équipe. Les députés, les ministres et une fonction publique professionnelle. Une équipe d'hommes et de femmes compétents et dévoués, qui avaient à coeur de servir le Canada avec beaucoup d'ardeur. Je tiens à les remercier tous et toutes personnellement ce soir de leur contribution et de leur dévouement.

Pensez à tout ce que nous avons accompli avec les Canadiens en dix ans.

Tout le monde sait – le monde entier sait – comment nous avons redressé les finances nationales. Ce fut difficile et douloureux. Les Canadiens ont fait des sacrifices. Mais nous avons réussi à transformer ce déficit de 42 milliards de dollars en six budgets équilibrés de suite.

Aujourd'hui, notre pays est le seul du G-7 en équilibre budgétaire. Aujourd'hui, nous montrons la voie dans le monde industrialisé en matière de responsabilité financière. Le Canada entreprend sa septième année d'équilibre. Et ce n'est pas tout. En plus, nous avons remboursé plus de dix pour cent de la dette nationale.

En dix ans, notre économie a créé trois millions d'emplois. Les taux d'intérêt sont plus bas qu'ils ne l'avaient été depuis des décennies. Les jeunes familles peuvent obtenir du crédit pour acheter une maison. Nous avons pu offrir à la population canadienne la baisse d'impôt la plus considérable dans toute l'histoire du Canada.

Nous avons pu investir des sommes importantes dans la santé.

De plus, nous avons créé la Prestation nationale pour enfants – le plus important programme social depuis l'assurance-maladie.

Mes amis, nous avons compris la nécessité de libérer nos jeunes gens pour qu'ils puissent réaliser leurs rêves et apporter leur contribution au pays et à notre avenir.

Dès le déficit éliminé, notre première priorité a été d'investir massivement dans l'éducation, dans nos jeunes, dans leur intellect et dans leurs capacités.

Avec les Bourses du millénaire, les Chaires de recherche du Canada, les Bourses d'études supérieures, la Fondation canadienne pour l'innovation, les Instituts de recherche en santé du Canada et une foule d'autres mesures, nous faisons du Canada l'endroit par excellence pour les jeunes au XXIe siècle.

Nous avons redonné au pays un gouvernement national progressiste qui joue un rôle actif, qui parle et agit au nom de l'ensemble du pays, comme seul le gouvernement national peut le faire. Et nous l'avons fait conformément aux principes et traditions immémoriaux du Parti libéral.

Tout comme il a fallu du temps pour redresser les finances publiques, il a aussi fallu plusieurs années pour rebâtir l'unité du pays.

Mais lentement, soigneusement, délibérément, nous avons pris les mesures nécessaires pour resserrer les liens qui unissent notre pays. Ce n'était pas facile de combattre les mythes entretenus pendant des années par ceux qui voulaient détruire le Canada.

Mais le combat en valait la peine. Oui, mes amis, le combat en valait la peine.

Nous nous sommes jurés de ne plus jamais risquer de perdre le Canada dans l'ambiguïté et la confusion, et faute d'être présents.

Mesdames et Messieurs, ne vous y trompez pas, la loi sur la clarté a préservé l'avenir du Canada. Cela n'a pas été facile non plus. Tous les pontes de la presse, toutes les élites, nous croyaient cinglés de prendre un tel risque. Mais la population du Canada – et la population du Québec en particulier – savait à quoi s'en tenir.

Nous avons dit la vérité aux Québécois. Nous ne leur avons pas promis mer et monde. Nous n'avons pas louvoyé. Nous avons été francs et directs. Et nous avons bien gouverné.

Aujourd'hui, comme libéraux, nous pouvons nous tenir la tête bien haute au Québec.

Ce n'était pas une période facile, je vous l'assure, mes chers amis. Ce n'était pas facile de défendre le Canada. C'était difficile pour moi personnellement.

J'ai beaucoup souffert, ma famille a souffert, d'être vilipendé dans ma province natale – dans la province que j'aime – simplement pour avoir défendu le Canada. Parce que j'étais si profondément convaincu, comme je le suis encore aujourd'hui, que la place du Québec est au sein du Canada.

Cependant, même quand nous nous sentions bien seuls, nous avons tenu bon.

Et je peux vous dire ce soir, mes chers amis, que rien ne m'apporte plus de satisfaction que de savoir que nous avons réussi au Québec. Que nous avons mérité le respect de la population québécoise.

Que nous avons tourné la page et que nous pouvons travailler sur de vraies solutions aux vrais problèmes.

Du fond du coeur, je remercie mes concitoyens québécois.

Je tiens à souligner que notre succès n'aurait pas été possible sans la patience et sans la compréhension des Canadiens dans tout le pays pendant une période très difficile. Je m'en sentais d'autant plus fier d'être Canadien.

Nous avons eu fort à faire pour ramener la fierté et pour rétablir la confiance au Canada, mes amis.

Et notre action ne s'est pas limitée aux dossiers de l'économie ou de l'unité nationale.

Nous avons travaillé fort pour veiller à ce que nos valeurs – les valeurs canadiennes – orientent notre gouvernement et ses politiques.

C'est pour cela que nous avons l'une des lois sur les armes à feu les plus sévères au monde. En tant que Canadien, j'en suis très, très fier.

Nous avons fait renaître la fierté à l'égard de notre identité. Voyez la vitalité culturelle du Canada d'aujourd'hui. Nous avons vu les merveilleux artistes ici ce soir.

La féerie du Cirque du Soleil séduit les auditoires du monde entier et transforme l'art du spectacle au XXIe siècle.

Dans la foulée de deux de mes grands amis, Paul Anka et Oscar Peterson, qui ont montré la voie il y a de nombreuses années, les interprètes canadiennes sont aujourd'hui le phénomène le plus remarquable dans l'histoire de l'industrie du disque. De Céline Dion à Shania Twain, et de Diana Krall à Alanis Morrissette en passant par Avril Lavigne, elles ont conquis la planète d'une manière toute canadienne.

Nos auteurs remportent des prix prestigieux aux quatre coins du globe. C'est rien de moins qu'une renaissance de la littérature canadienne.

Mes amis, quelle que soit la discipline, les arts canadiens rayonnent comme jamais auparavant.

Par ailleurs, les Canadiens sont fiers d'avoir réaffirmé l'indépendance du Canada sur la scène mondiale.

Nous avons une belle histoire à raconter. Sur la façon de vivre ensemble dans la paix et la diversité. Sur la façon de régler les différends avec civilité. Sur le respect mutuel. Sur la façon de bâtir des ponts. C'est une façon de dire qu'un peu plus de Canada serait bon pour le monde.

Et nous répondons à l'appel, avec la Convention sur les mines terrestres, la Cour pénale internationale et un nouvel espoir pour l'Afrique – le NEPAD.

Les Canadiens attachent beaucoup d'importance à l'effort en vue de combler le fossé entre les pays les plus riches et les plus pauvres.

Nous y avons consacré beaucoup d'énergie, parce que nous les Canadiens savons à quel point ces disparités alimentent la haine et la violence dans les régions les plus troublées du monde.

Nous n'avons pas craint d'affronter cette haine. C'est pour cela que nos braves militaires canadiens sont allés en Bosnie et au Kosovo avec l'OTAN. C'est pour cela qu'ils sont en Afghanistan en ce moment.

Et c'est pour cela que nous nous sommes tenus coude à coude avec notre plus grand ami et allié, les États-Unis, quand il a été attaqué un terrible jour de septembre. Nous sommes avec lui et toutes les nations civilisées dans la lutte contre le terrorisme. Les Canadiens apportent une contribution vitale à cette lutte – et nous en sommes très fiers.

Cependant, nous avons également su quand il faut choisir notre propre voie sur la scène internationale, conformément à nos valeurs. Quand il faut faire ce qui nous paraît juste, aussi difficile que soit ce choix. Et c'est en raison de notre profond attachement, en tant que Canadiens, aux valeurs du multilatéralisme et aux Nations Unies que nous n'avons pas participé à la guerre en Iraq.

Il en va de même avec le Protocole de Kyoto. Quand il s'agit d'une décision aussi importante que la survie de la planète, on ne regarde pas par-dessus son épaule pour voir ce que fait son voisin. On n'attend pas que d'autres décident d'abord. On ne baisse pas la tête. On prend la bonne décision, pour aujourd'hui, mais surtout pour l'avenir. Pour nos enfants. Pour leurs enfants. Pour notre planète. C'est comme quand nous avons affronté les Européens dans la guerre du flétan noir en 1995.

C'est ce que souhaitent les Canadiens. Et c'est ce que les libéraux leur ont donné.

Et ce n'est pas tout. Nous avons pris des mesures historiques pour restreindre l'influence des grandes entreprises et des gros syndicats sur les élections. Parce que le libéralisme consiste à accorder le pouvoir au peuple, et non aux groupes d'intérêts spéciaux. À assurer l'ouverture démocratique. À veiller à ce que tous les Canadiens soient libres d'exercer leurs droits fondamentaux.

Vous savez, en parlant de droits de la personne, que nous sommes admirés dans le monde entier pour notre libéralisme social.

Nous avons pris les valeurs libérales classiques dont je vous ai parlé et nous les avons adaptées pour une nouvelle ère.

La société a bien changé et au cours des 40 dernières années, et elle continue de changer. Il faut évoluer avec elle. Nous sommes conscients qu'il faut s'occuper de la question des unions entre conjoints du même sexe, parce que la Charte des droits constitue un précieux héritage pour les libéraux.

Chaque fois que l'on demande aux libéraux et aux Canadiens de choisir entre enlever des droits et reconnaître plus de droits, nous choisissons toujours d'accorder plus de droits, et surtout aux minorités.

Mes amis, voilà quelques-unes des réalisations que les libéraux ont accomplies ensemble, avec l'aide des Canadiens.

Dix ans. En dix ans, nous sommes passés du Wall Street Journal qui nous décrivait comme un candidat au tiers monde, au magazine The Economist qui disait au monde il y a quelques semaines que le Canada est cool!

Nous sommes fiers de ce que nous avons accompli. Mais ce soir, j'aimerais vous confier un secret. J'aimerais vous dire ce qui me réjouit le plus. Ce n'est pas simplement ce que notre gouvernement a accompli. Ce n'est pas seulement notre économie. Ce n'est pas seulement les problèmes que nous avons réglés.

C'est l'esprit général. On le voit. On le sent. La fierté retrouvée des Canadiens. Notre optimisme. Notre audace. Jamais la confiance n'a été plus grande. Jamais nous n'avons été plus fiers. Jamais nous n'avons été plus unis. Jamais nous n'avons été plus sûrs de notre identité. Jamais nous n'avons été davantage prêts à nous mesurer à la concurrence mondiale.

Mes amis, voilà le Canada de 2003. Voilà le chemin que nous avons parcouru en dix ans. Je me sens honoré d'avoir eu l'occasion de jouer un rôle dans cette évolution.

Quand on posera la question de savoir si les Canadiens se trouvent dans une situation plus avantageuse aujourd'hui qu'il y a dix ans, la réponse sera claire et incontestable : oui, trois fois oui.

Le vent a été favorable aux libéraux. Les libéraux ont le vent dans les voiles. Le pays vogue allégrement. Et, au moment de quitter la direction du Parti, je peux affirmer fièrement qu'avec notre bilan, nous sommes très, très bien placés pour former un quatrième gouvernement libéral majoritaire de suite.

Nous devons certes célébrer nos réalisations, mais nous ne devons pas nous en contenter.

N'oubliez pas, mes amis, que nous ne gouvernons pas par droit divin. Nous ne sommes pas abonnés au pouvoir en permanence. Ce n'est pas notre dû.

Nous gouvernons grâce au pouvoir et à la confiance que la population canadienne place en nous. Cela, il ne faut jamais l'oublier. Il ne faut jamais tenir l'appui des Canadiens pour acquis. Il faut le mériter jour après jour.

Les libéraux pensent toujours en fonction de l'avenir. Ce soir, j'aimerais donc lancer un défi au Parti, au moment de passer le flambeau.

Ce soir, je veux vous demander, à vous ma famille libérale, ce que nous pouvons faire pour nous assurer que notre pays soit dans une situation encore meilleure dans dix ans.

Gouverner c'est montrer la voie. Nous nous définissons par les choix difficiles que nous faisons. Par les décisions que nous prenons. Nous l'avons vu avec le déficit. Nous l'avons vu avec la loi sur la clarté. Nous l'avons vu dans le cas de l'Iraq.

Nous l'avons vu chaque fois que nous nous sommes tenus debout pour le Canada.

Il ne faut pas penser seulement aux manchettes d'aujourd'hui, mais au monde de demain.

Il faut faire ce qui est juste au pays et à l'étranger.

Le monde entier voit en nous un modèle et un phare. Regardez autour de vous dans cette salle.

Vous voyez rassemblés ici toutes les physionomies, toutes les races, toutes les couleurs et les religions qui composent l'humanité. Tel est le Canada d'aujourd'hui.

Et telle est notre mission envers le monde. Montrer qu'il est possible de vivre ensemble dans la diversité et l'harmonie. Cependant, pour pouvoir remplir cette mission, nous avons la responsabilité solennelle de faire entendre notre propre voix – une voix indépendante.

Nous ne pouvons pas l'échanger ni la céder, pas pour des motifs économiques, ni pour un avantage commercial ni pour quelque raison que ce soit.

Mes amis, l'heure n'est pas à la complaisance alors que l'opposition accorde ses violons et que, dans ce pays centriste, l'opposition se déplace vers la droite.

Les Canadiens doivent se méfier d'une droite qui fait passer les intérêts de Bay Street avant ceux de la rue Principale.

Les Canadiens doivent se méfier d'une droite qui fait passer les profits avant la collectivité. D'une droite qui fait passer la stricte rentabilité avant tout le reste.

Les Canadiens doivent se méfier d'une droite qui souhaite réduire les impôts au détriment des services publics essentiels. D'une droite qui ne se soucie pas de réduire les déficits sociaux et environnementaux.

Les Canadiens doivent se méfier d'une droite qui souhaite affaiblir le gouvernement national parce qu'elle ne croit pas que le gouvernement a un rôle utile à jouer.

Mes amis, mes chers compatriotes, mes confrères libéraux, si vous ne retenez qu'une seule chose de mes propos de ce soir, que ce soit ceci : ne perdons jamais notre conscience sociale.

Le message que je veux vous laisser avant de partir est simple. Faites confiance aux Canadiens. À leur sagesse. À leur générosité. À leur grand coeur.

Et surtout, faites confiance à la jeune génération qui monte. Je fonde beaucoup d'espoir sur la jeunesse du Canada. Aucune autre génération avant elle n'a été plus sûre d'elle et de son identité canadienne, tout en s'intéressant activement à ce qui se passe ailleurs dans le monde

Les jeunes ne sont pas indifférents. Ils comprennent.

Mes amis, je transmets la direction de notre parti à un nouveau chef, à un nouveau Premier ministre, à un grand libéral qui a grandement contribué à notre bilan, au bilan libéral, au bilan dont nous sommes si fiers.

Bien que nous ayons accompli beaucoup de choses, il reste encore tellement de travail à faire. Paul Martin aura besoin de tout notre appui – de notre appui à tous. Et je peux assurer Paul du mien.

Dans ses moments de solitude – et il en aura, je le sais – je l'invite à se rappeler, comme je l'ai moi-même fait, comment les chefs successifs ont puisé de la force dans nos valeurs libérales. Je l'invite à se rappeler de Laurier, de King, de Saint-Laurent, de Pearson, de Trudeau, de Turner.

Aucun privilège n'est plus grand que de pouvoir servir son pays, que d'être Premier ministre du meilleur pays au monde. Le Canada a toujours occupé une grande place dans mon coeur, et tous mes concitoyens aussi, quelles que soient leurs opinions politiques.

Je tiens donc à remercier du fond du coeur les Canadiens et Canadiennes de la confiance qu'ils m'ont démontrée pendant toutes ces années. Je leur en serai éternellement reconnaissant.

Je tiens à remercier le Parti libéral de la grande confiance qu'il ma témoignée depuis qu'il m'a élu comme chef il y a 13 ans. Et du privilège que j'ai eu de diriger le meilleur parti politique au monde.

Quand j'ai annoncé ma candidature à la direction du Parti libéral en 1984, j'ai dit : « Attachez vos ceintures – il va y avoir de l'action. »

Eh bien, mes amis, il y a eu de l'action.

Maintenant, je termine ma carrière comme je l'ai commencée, en tant que libéral ordinaire. Je serai là pour appuyer la nouvelle équipe. Je serai là pour encourager les jeunes Canadiens à rester engagés. Et je serai là pour appuyer notre nouveau chef.

Ce soir, je tiens à remercier les gens de Saint-Maurice qui m'ont accordé leur confiance tout au long des 40 dernières années, et aussi les gens de Beauséjour pendant trois ans. Sans eux, je ne serais pas ici ce soir.

Je serai là aux côtés d'Aline, mon roc de Gibraltar depuis près de 50 ans ...

Vive le Canada!

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