Une déclaration du Premier ministre Jean Chrétien à l’occasion de la Conférence internationale des Nations Unies sur le financement du développement
Le 21 mars 2002
Monterrey (États-Unis du Mexique)
Au nom du Canada, je tiens à exprimer notre appui entier en faveur du Consensus de Monterrey – un consensus sans précédent par la portée et par la participation. Il représente un pas indispensable en ce sens qu’il exprime notre volonté de progresser ensemble en faveur d’une importante cause commune des Nations Unies. Une cause énoncée dans la Déclaration du millénaire.
Cette cause, c’est la création d’un véritable partenariat, ou pacte, international pour le développement, dont le but ultime n’est rien de moins que de veiller à ce que les bienfaits de la mondialisation soient véritablement mondiaux.
Le Canada note avec une satisfaction particulière que le Consensus reconnaît la complexité de la tâche à accomplir. La tentation de recourir à des solutions séduisantes mais simplistes a été évitée.
Le Consensus souligne l’importance de l’aide au développement. Le Canada a montré qu’il en était conscient ces dernières années en augmentant les sommes qu’il y consacre. Cependant, le Consensus tient également compte du fait que l’aide au développement en soi ne permettra jamais de créer la croissance économique soutenue que requièrent un développement réel et une meilleure qualité de vie.
Voilà pourquoi il est essentiel de relever le défi d’établir un partenariat véritable.
Par leurs politiques, les dirigeants des pays en voie de développement doivent instaurer un cadre propice à une croissance économique durable et à des investissements privés productifs. Ils doivent notamment démontrer leur engagement envers une bonne gouvernance et l’État de droit, adopter de saines politiques financières et monétaires, et accroître la transparence.
Le défi qui se pose aux dirigeants des pays industrialisés consiste à récompenser ces efforts au moyen d’une aide efficace. Le Consensus de Monterrey servira à orienter notre action commune pour relever cet immense défi.
Au-delà de l’aide, il reconnaît que nous devons régler la question de l’endettement écrasant. Le Canada continuera d’accorder la priorité à cette question. Il reconnaît aussi que les perspectives d’investissement et de commerce seront limitées si les pays en voie de développement n’ont pas accès aux marchés mondiaux. C’est un message que j’ai entendu clairement dans mes récentes discussions avec des dirigeants africains. En particulier en ce qui concerne l’agriculture.
À titre de président du G8, le Canada a fait de l’établissement d’un partenariat pour le développement avec l’Afrique une priorité et préconise à cette fin une approche qui reflète et favorise le Consensus de Monterrey.
L’objectif que nous nous sommes fixé est de faire adopter un plan d’action pour l’Afrique concret, issu du Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique. Ce partenariat marque un point tournant par rapport au passé en ce sens que l’initiative vient de l’Afrique. Il a en effet été conçu spontanément par des dirigeants progressistes d’États africains, et non à la demande d’organismes donateurs.
Il repose sur le principe selon lequel ce sont les Africains eux-mêmes qui détiennent la clé du progrès en Afrique.
Il implique de solides engagements de la part des gouvernements africains envers la bonne gouvernance et de saines politiques. Il vise aussi la mise sur pied d’un partenariat international pour remédier au problème de la dette et pour régler les questions commerciales. La fin de l’aide liée et le partage des savoir-faire sont deux autres des thèmes abordés. Nous avons réservé une somme additionnelle de 500 millions de dollars à la mise en oeuvre du Plan d’action du G8.
Les discussions avec les leaders du G8 vont bon train. Je me ferai un plaisir d’en annoncer les résultats en temps et lieu.
Il importe plus que tout de reconnaître que le dialogue mondial sur le développement doit se poursuivre. Un dialogue dont le Consensus de Monterrey et le Plan d’action du G8 pour l’Afrique ne représentent pas l’aboutissement. Ce sont plutôt des étapes préliminaires sur la voie de la création d’un monde plus juste, plus prospère et plus sûr.
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