Acceptation du prix Franklin Delano Roosevelt International Disability Award


Le 2 mars 1998
New York

Je suis honoré d'accepter le Franklin Delano Roosevelt International Disability Award au nom du Canada.

Et je le dis en toute humilité. Ce prix n'est pas décerné à notre gouvernement - ni à aucun autre gouvernement d'ailleurs. Ce prix est celui des personnes et d'un engagement inébranlable en l'égalité.

Cet engagement est au coeur des travaux de REACH, qui a parrainé la nomination du Canada pour ce prix.

Et la meilleure façon que je connaisse pour expliquer l'expérience canadienne sur les questions touchant les personnes handicapées consiste d'abord à parler de la délégation représentant le Canada. Il y a ici dans l'auditoire une délégation de treize personnes vraiment extraordinaires. Elles ne sont pas nos invitées, elles sont les partenaires de notre gouvernement.

Nous ne sommes qu'un petit groupe représentatif du partenariat canadien. Il s'agit d'un partenariat d'organisations bénévoles, d'entreprises et de pouvoirs publics. Mais en fait, c'est un partenariat de personnes, qui croient au principe simple voulant que les personnes handicapées aient le droit de jouir des possibilités qu'offre la vie. A vrai dire, nous croyons qu'il s'agit d'un droit fondamental de la citoyenneté.

Le Canada est un pays qui bénéficie de nombreux avantages. Nous sommes riches en ressources -- naturelles et humaines. Et un des grands buts que nous poursuivons au Canada est de faire en sorte que tous les Canadiens puissent partager ce que le Canada a à offrir et contribuer à renforcer davantage leur pays. Nous croyons simplement que nous n'avons pas les moyens d'exclure les Canadiens et Canadiennes handicapés de notre développement social et économique. Cela serait injuste envers eux et, plus important encore, cela serait injuste envers notre société, sa prospérité économique future ainsi que sa qualité de vie.

L'intégration de tous est au centre de notre Charte des droits et libertés à laquelle j'ai eu le privilège de contribuer à la rédaction et à l'adoption, en 1982, en tant que ministre de la Justice. L'Article 15 est une disposition constitutionnelle qui a interdit d'exercer une discrimination fondée sur les déficiences physiques et mentales. Elle a également autorisé la mise en place de programmes d'accès à l'égalité pour aider les Canadiens handicapés -- un fait dont nous sommes particulièrement fiers. En 1985, la Loi canadienne sur les droits de la personne a été modifiée pour étendre la portée de cette interdiction. Et, plus récemment, une législation a été déposée devant le Parlement pour élargir encore davantage le concept d'intégration.

Ces textes législatifs historiques ont donné lieu à une foule d'initiatives visant à relever le défi posé par une participation accrue des Canadiens handicapés à la vie sociale et économique de leur pays. Le défi de l'accès, de la mobilité et - par-dessus tout - du changement des mentalités.

Nous cherchons à appliquer ces principes au Canada et à l'étranger. Ici même à l'ONU et dans la foulée de la convention mondiale sur les mines terrestres pour que les victimes des mines puissent reprendre une vie productive et utile.

Comme je l'ai dit, je fais partie d'un partenariat national. Les Canadiens handicapés ne sont pas des partenaires muets. Ils ne se contentent pas de subir passivement les politiques. Ils occupent activement la place qui leur revient dans la création et l'élaboration des politiques.

Au cours du premier mandat de notre gouvernement, nous avons créé un groupe de travail sur les questions touchant les personnes handicapées.

Ce groupe était constitué de parlementaires et était guidé par des représentants des personnes handicapées. Il a formulé d'importantes recommandations qui ont déjà permis d'apporter des changements.

Notre budget de 1997 contenait de nouvelles mesures fiscales novatrices, notamment la création d'un fonds d'intégration, qui aidera les Canadiens handicapés à trouver un emploi et à le conserver. Notre budget de 1998 propose des mesures additionnelles.

Mesdames et Messieurs, je ne voudrais pas donner l'impression qu'il n'y a pas de divergence d'opinion entre les membres de notre partenariat. Dans tout bon partenariat, il y a toujours des points de vue différents. Et croyez-moi, les personnes handicapées du Canada n'ont pas hésité à le faire savoir à notre gouvernement lorsqu'elles ne souscrivaient pas aux mesures que nous prenions.

Cependant, nos désaccords concernaient les moyens, et non la fin. Notamment le rythme des changements et la disponibilité des ressources.

Tous les Canadiens ont consenti des sacrifices pour nous permettre de rétablir l'équilibre budgétaire de notre pays.

Aujourd'hui, je tiens à dire à mes partenaires - ici présents et aux autres - qu'alors que le Canada entre à peine dans l'après-déficit et que nous effectuons des investissements stratégiques afin d'accroître les possibilités pour tous, il n'oubliera pas les Canadiens handicapés.

En acceptant ce prix, au nom du Canada, je m'aperçois que cela nous donne l'occasion de regarder dans deux directions. Un regard vers l'arrière nous permet de savourer pleinement les nombreuses réalisations accomplies par notre pays pour permettre aux Canadiens handicapés de jouer un plus grand rôle dans la société. Et un regard vers l'avenir nous montre que l'intégration complète des Canadiens handicapés est un objectif auquel nous nous devons d'accorder toute notre détermination.

J'ai également le plaisir d'annoncer que l'Association nationale des étudiants handicapés au niveau postsecondaire a été désignée pour recevoir le prix FDR de 50 000 $.

Cette association est dirigée par et pour les étudiants handicapés au niveau postsecondaire. Elle vise à assurer l'égalité des chances. L'argent aidera de jeunes diplômés à accéder au marché du travail et à réaliser tout leur potentiel.

Le Canada est fier de recevoir le prix FDR, qui témoigne éloquemment de nos réalisations, de nos valeurs et de la force de notre partenariat.

Rien ne me rendrait plus fier que d'être ici de nouveau dans cinq ans - encore une fois en compagnie de mes partenaires - pour accepter un autre prix FDR en reconnaissance de ce que nous aurons accompli à compter d'aujourd'hui.

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