Discours d'ouverture du Congrès biennal de 1998 du Parti libéral du Canada


Le 20 mars 1998
Ottawa (Ontario)

Cette assemblée est le premier rassemblement national de la famille libérale depuis l'élection. Au nom de tous les hommes et les femmes de l'équipe libérale au Parlement, je tiens à vous dire merci! C'est grâce à votre travail, à votre discipline, à votre engagement, si nous avons été réélus en juin dernier.

C'est grâce à vous si nous avons remporté les deux premières majorités successives libérales en plus de 40 ans. C'est grâce à vous si nous avons élu des députés libéraux d'un océan à l'autre et dans le Grand Nord - de sorte que l'équipe libérale est la seule équipe véritablement libérale à la Chambre des communes.

J'aimerais profiter de cette occasion pour remercier l'exécutif national sortant pour la qualité de son travail, et je tiens à rendre un hommage particulier à mon très bon ami le sénateur Dan Hays pour ses efforts énormes et son travail acharné à la présidence du Parti ces dernières années.

J'aimerais également vous rappeler que deux autres de nos amis sont absents ce soir. Ils ont joué un rôle extrêmement important au cours de la campagne. Ils sont hospitalisés en ce moment -- le président de la campagne, David Smith, et notre président en Colombie-Britannique, David McPhee. Ils sont dans nos pensées et dans nos prières.

Mais nous ne sommes pas ici cette fin de semaine simplement pour célébrer notre victoire électorale ni pour faire le bilan de nos réalisations communes. Nous sommes ici pour penser à l'avenir, pour planifier et pour commencer le travail qui conduira à notre troisième gouvernement libéral majoritaire lorsque nous déclencherons des élections dans trois ou quatre années.

J'ai le plaisir de vous informer que nous ne nous sommes pas reposés sur nos lauriers, que nous ne nous sommes pas contentés de nos succès, depuis les dernières élections. Nous avons travaillé très, très fort à poursuivre le travail amorcé en 1993 et à consolider les réalisations de notre premier mandat.

Et en cours de route, nous avons continué - de concert avec le peuple canadien - à écrire une nouvelle page de notre histoire.

Le moment qui a inspiré la plus grande fierté à notre gouvernement fut celui, il y a trois semaines et demi lorsque nous avons pu annoncer aux Canadiens que pour la première fois en trente ans, le Canada est sorti du rouge. Et pour la première fois en près de cinquante ans, nous pouvons nous attendre à au moins trois budgets équilibrés de suite.

Je sais que tous les libéraux et l'ensemble des Canadiens sont d'accord avec moi lorsque je félicite Paul Martin pour cet exploit remarquable. Nous lui devons une immense reconnaissance pour un travail bien fait. Il nous a montré ce que nous pouvons accomplir à force de persévérance, de détermination et de pur entêtement.

Et tout en félicitant Paul, et alors que j'apprécie vos applaudissements, je me dois également de parler du Président du Conseil du Trésor, Marcel Massé, et de son prédécesseur, Art Eggleton, qui ont accompli cette tâche. Mais je voudrais remercier en particulier Marcel pour son excellent travail au Conseil du Trésor et aussi pour le travail qu'il a fait en dirigeant l'équipe libérale fédérale dans la province de Québec.

Et je voudrais remercier chacun des ministres qui ont eu la tâche difficile de faire le travail nécessaire dans leurs ministères et, tout particulièrement, les membres du groupe libéral qui, par leur discipline, leur engagement, leur confiance, nous ont été d'un secours important, indispensable à ce succès.

Mesdames et messieurs, je réserve toutefois mes plus grands éloges pour le peuple canadien. Car le mérite de cet exploit ne revient pas au gouvernement. Le mérite en revient au pays tout entier. C'est la réalisation d'un peuple : du peuple canadien. Ce sont les Canadiens qui ont exigé que des mesures soient prises. Eux qui ont fait les sacrifices nécessaires. Et, mes amis, ce sont eux qui en récolteront les avantages au cours des mois et des années à venir.

Ce sont eux aussi qui en ressentent la fierté. Vous savez, dans les communautés canadiennes que nous avons visitées, mes collègues et moi depuis le budget, nous avons été frappés de constater à quel point les Canadiens sont fiers de ce que nous avons accompli ensemble.

Nous avons prouvé au monde et, ce qui est encore plus important, nous nous sommes prouvés à nous-mêmes que nous pouvons nous fixer des objectifs audacieux comme pays. Et que nous pouvons les atteindre et les surpasser. Nous avons prouvé qu'en travaillant ensemble, nous pouvions faire de l'aspirant au titre de pays du tiers monde que nous étions selon les journalistes il y a quelques années le « miracle à la feuille d'érable » dont ils parlent aujourd'hui. Le quotidien parisien Libération parlait, il y a quelques mois, du « miracle canadien ». The Economist de Londres parlait de « virtuosité budgétaire ».

Il s'agit d'une réalisation historique. Il n'est pas surprenant que le Canada soit perçu comme l'enfant prodigue du monde industrialisé. Il n'est pas surprenant que l'état d'esprit de la population soit si différent de ce qu'il était il y a quelques années.

Je veux partager avec vous la une de l'édition de samedi dernier du Ottawa Citizen. La manchette dit : « Jobs Jobs Jobs: National Unemployment Rate Hits Eight Year Low » (Des emplois, des emplois, des emplois : le taux de chômage national tombe à son niveau le plus bas en huit ans). Le sous-titre dit : «The Dawn of a Golden Age: Finance Experts Echo Martin's Prediction of Twenty Year Boom » (L'aube d'un âge d'or : les milieux financiers font écho à la prédiction de Martin concernant un essor de vingt ans).

Lorsque nous sommes arrivés au pouvoir il y a quatre ans et demi, le déficit de 42 milliards de dollars était en hausse, les taux d'intérêt étaient plus élevés que ceux aux États-Unis et continuaient de grimper, le chômage s'établissait à environ onze et demi pour cent et un profond pessimisme régnait au pays. Qui aurait prédit alors que le Canada, à peine quelques années plus tard, serait sur le point d'entrer dans un nouvel âge d'or comparable à celui de l'après-guerre? Vous connaissez mon grand optimisme; pourtant, moi-même je n'ai jamais été aussi optimiste que cela!

Mesdames et messieurs, quand nous regardons ce que nous avons accompli ces dernières années, nous avons pleinement le droit de nous inspirer de cet âge d'or des années 50; nous avons pleinement le droit d'être convaincus que l'histoire se répétera. Nous pouvons anticiper de nouveau une longue période de faible inflation, de chômage réduit et de création d'emplois rapide, de forte croissance économique, de hausse des revenus personnels, de protection sociale au moyen de programmes viables et de confiance illimitée dans l'avenir.

Cette époque dont les gens parlent aujourd'hui fut non seulement un âge d'or pour le Canada sur les plans économique et social. Je peux affirmer ici, à ce congrès libéral, qu'il fut également un âge d'or pour les libéraux. Ce fut l'époque de victoires électorales ininterrompues.

Il y a une cinquantaine d'années, au moment où le Canada entrait dans une nouvelle ère de budgets équilibrés, de croissance et de prospérité économiques ainsi que d'espoir renouvelé, de confiance et d'optimisme face à l'avenir, le Parti libéral a remporté la plus grande victoire électorale de son histoire - 193 sièges à la Chambre des communes.

Frères et soeurs du Parti libéral, la source de mon inspiration et de ma détermination est le fait que Louis Saint-Laurent ait remporté cette grande victoire ... à l'âge de 67 ans. Et ce soir, je veux rappeler à ... Aline, à qui je veux rappeler que par la suite, monsieur Saint-Laurent a obtenu une autre majorité quatre ans plus tard, à l'âge de 71 ans. Si je devais suivre l'exemple de l'oncle Louis et me retirer à l'âge de 75 ans, ne vous en faites pas, Herb Gray sera disponible !

Aujourd'hui, notre tâche comme libéraux consiste à tirer parti de ce nouvel esprit de confiance qui règne au pays en adoptant le genre de politiques et d'approches qui assureront une nouvelle ère d'égalité des chances et de prospérité pour les Canadiens.

Aujourd'hui, les possibilités remarquables qui s'offrent à nous s'accompagnent de lourdes responsabilités. De même que toutes les démocraties occidentales, nous vivons à une époque de cynisme envers les gouvernements. Pendant trop longtemps, les déficits élevés, le fardeau des impôts et les services réduits ont amené les Canadiens à se détourner de leur gouvernement national. Et pendant trop longtemps, les erreurs du passé ont amené les Canadiens à craindre qu'un gouvernement national dont la situation financière serait bonne ne gaspille l'argent des contribuables sur des programmes politiques à courte vue qui ne procurent pas d'avantages durables. Ainsi au Canada, comme ailleurs dans le monde, ils sont devenus sceptiques à l'égard de l'action du gouvernement national.

Nous avons un important défi à relever en tant que libéraux - celui de montrer que l'action du gouvernement peut être positive au XXIe siècle. Le défi qui se pose à nous consiste à rebrancher les citoyens et les gouvernements. Les Canadiens souhaitent de nouvelles approches pour faire face aux défis d'une ère nouvelle. Nous devons adopter ces nouvelles approches et nous le ferons.

Cela signifie tout d'abord que nous ne pourrons jamais revenir aux anciennes façons de faire. Nous ne pouvons pas revenir au genre de politique et de gouvernement qui a créé le déficit de 42 milliards de dollars dont nous avons hérité en arrivant au pouvoir. Permettez-moi d'être bien clair. Fini les expédients politiques. Fini les dépenses extravagantes. Ces jours-là sont finis pour de bon. Point final.

L'équilibre budgétaire n'avait pas pour but de me permettre d'aller à New York pour réciter des statistiques - bien que l'expérience ait été très agréable pour moi.

Nous savions qu'il était critique que le premier budget de l'après-déficit rétablisse la confiance des Canadiens envers le gouvernement. Nous savions que ce budget mettrait à l'épreuve les rapports entre le gouvernement et les citoyens. Je crois que notre budget a commencé à rétablir cette confiance et que nous avons réussi cette épreuve.

A mon sens, il ne saurait y avoir de rôle plus important pour le gouvernement que de préparer les Canadiens à l'économie du XXIe siècle. Une économie dans laquelle les connaissances sont les produits de base les plus importants. Une économie dans laquelle la technologie, et non pas les ressources, déterminera la richesse des nations. Une économie dans laquelle l'accès à l'égalité des chances est fonction de la possession des compétences requises. Et où la prospérité dépend plus que jamais auparavant d'un niveau d'instruction plus élevé.

Par conséquent, nous avons décidé que le premier budget de l'après-déficit mettrait l'accent sur les jeunes d'aujourd'hui. Ce sont eux qui ont le plus en jeu dans l'économie de demain. C'est ainsi que nous avons choisi d'investir des sommes importantes dans la jeunesse, dans l'accessibilité de l'enseignement supérieur à court, à moyen et à long terme. C'est avec grande fierté que tous les libéraux ont choisi d'investir dans l'avenir des jeunes Canadiens et d'en faire la première priorité dans notre premier budget de l'après-déficit.

Nous savons à quel point il est important que les jeunes voient des gestes concrets de la part de leur gouvernement national et n'entendent pas seulement des discours creux. Il ne suffit pas de déplorer l'exode des cerveaux, d'assister sans réagir au départ vers les États-Unis de nos plus brillants jeunes esprits.

Il ne suffit pas de regretter l'endettement de plus en plus lourd des étudiants. Et il ne suffit assurément pas de dire que nous sommes profondément troublés par la perte de potentiel humain que représente le jeune Canadien ou la jeune Canadienne qui ne peut fréquenter l'université ou le collège faute d'argent.

Il y a trois semaines et demi, le gouvernement national... le gouvernement de tous les Canadiens... le gouvernement libéral... a pris les mesures concrètes que les jeunes Canadiens et l'ensemble des Canadiens attendaient. Et je suis très, très fier de ce que nous avons accompli.

Tout ce que nous avons accompli - l'élimination du déficit, la réduction du fardeau fiscal qui pèse sur les Canadiens, la Stratégie canadienne pour l'égalité des chances, la Subvention canadienne pour l'épargne-études, qui mettra les études postsecondaires à la portée des étudiants de demain, et les bourses du millénaire dont nous sommes si fiers - qui donneront espoir et ouvriront des portes à plus de 100 000 Canadiens et Canadiennes par année - n'a qu'un objectif simple : aider les jeunes Canadiens et Canadiennes à concrétiser leurs rêves et leur potentiel; non seulement cela, mais aussi faire en sorte que nos jeunes les plus doués puissent réaliser ces rêves et ces promesses ici-même au Canada.

Grâce aux travail et aux sacrifices consentis par les Canadiens et Canadiennes au cours des quatre dernières années, le gouvernement national -- le gouvernement de tous les Canadiens -- peut de nouveau répondre aux besoins et aux aspirations des individus. Au fil des ans, nous continuerons d'accroître cette capacité d'y répondre.

Nous avons également transformé le fonctionnement du gouvernement fédéral, nous avons accompli d'énormes progrès dans nos rapports avec les provinces, de même qu'avec le secteur privé et les organisations non gouvernementales.

Le prétendu « statu quo » d'il y a quelques années est méconnaissable aujourd'hui.

Le transfert des pouvoirs en matière de main-d'oeuvre. L'harmonisation des dispositions environnementales. L'élimination des chevauchements et des dédoublements dans les secteurs des mines, des forêts, du tourisme et du logement. Les modifications constitutionnelles permettant la réforme scolaire au Québec et à Terre-Neuve. Le nouvel esprit de collaboration en faveur de la promotion des échanges. La concertation des efforts fédéraux-provinciaux en vue de réduire la pauvreté des enfants au moyen de la Prestation fiscale canadienne pour enfants.

La Déclaration de Calgary, qui reconnaît le caractère unique de la société québécoise et l'égalité des provinces.

La liste des changements est longue et impressionnante. Comme vous le savez, nous faisons des changements un à la fois, et c'est définitivement la meilleure méthode.

Nous avons démontré au-delà de tout doute que le Canada peut se transformer en profondeur, que le Canada peut se moderniser, et surtout, que le Canada peut fonctionner -- et qu'il fonctionne.

Toutefois, les tenants de la séparation ont raison sur un point. Le «statu quo» existe bien quelque part. Il y a quelque chose d'inflexible. Il y a des idées dogmatiques. Et où les retrouve-t-on ? Dans les discours des tenants de la séparation.

Il n'y a qu'eux qui soient allergiques au changement. Leur rhétorique et leur argumentation n'ont pas changé au cours des trente dernières années. Or le Canada a changé radicalement au cours de cette période. Et nous savons tous à quel point le monde a changé. Mais pas eux.

Toutefois ils continuent d'avoir raison de dire que le Canada n'est pas un pays normal ... Ils ont raison, il ne l'est pas. Ce n'est pas un pays normal; c'est un pays extraordinaire... un modèle pour le monde.

Cette semaine, en Nouvelle-Angleterre, M. Bouchard se vantait du caractère bilingue de Montréal. J'espère qu'il le répétera à l'occasion du prochain conseil général du PQ à Montréal.

Le message que j'adresse à tous les libéraux au cours de cette fin de semaine est celui-ci : que pouvons nous faire pour continuer à bâtir le Canada comme un modèle pour le monde. Au cours des deux prochains jours, vous discuterez de politique et vous voterez pour l'adoption de résolutions. Ce sera un travail important, puisqu'il s'agit de notre dernier congrès national avant la fin du siècle. Ce que vous accomplirez pendant la fin de semaine contribuera à définir l'orientation de notre parti et de notre pays à l'aube du nouveau millénaire.

Je vous demanderais, dans vos débats et dans vos discussions sur ces politiques, de ne pas oublier une chose : une politique positive, constructive ne se mesure pas à ce qu'elle en coûtera en fonds publics, à l'envergure du programme qu'elle créera ni au nombre d'emplois qu'elle produira dans la fonction publique, mais plutôt à la différence qu'elle fera dans la vie des Canadiens. Nous n'avons pas besoin de résolutions qui ne font que cerner un quelconque problème, grand ou petit, et qui nous imposent des dépenses, que nous ayons de l'argent ou non. Nous devons insister sur ce qui est prioritaire.

Pensez à ce que nous pouvons faire de plus pour aider les enfants d'aujourd'hui à recevoir l'éducation dont ils auront besoin pour occuper les emplois de demain. Pensez à ce que vous pouvez faire pour que vos parents puissent recevoir les soins et l'attention qui leur reviennent - et ce, avec tout le respect et toute la dignité qu'ils méritent - à mesure qu'ils prendront de l'âge. Pensez à des moyens innovateurs qui permettront à ceux qui ont toujours vécu, malgré eux, en marge de la société d'y participer plus activement - les Autochtones, les enfants de la rue, les réfugiés, les victimes de discrimination, enfin tous ceux qui ont droit à leur part du rêve canadien.

Souvenez-vous qu'en trouvant une solution à ces problèmes, non seulement nous aidons les gens qui sont directement touchés, mais nous rendons aussi plus solides notre société et notre pays tout entier.

Je vous demande de vous rappeler aussi que même si nos façons d'aborder les questions importantes changent avec le temps, nos valeurs, celles du Parti libéral, ne changent jamais.

Considérez de quelles façons les valeurs libérales au gouvernement ont contribué à l'édification du Canada au cours des cent dernières années. Pensez aux gouvernements des Laurier, King, Saint- Laurent, Pearson, Trudeau.

Le mois prochain, nous célébrerons le 35e anniversaire de l'élection du premier gouvernement Pearson. En juin, nous célébrerons le 30e anniversaire du premier gouvernement Trudeau. Et j'ai eu l'honneur et le privilège de siéger dans leurs Cabinets.

Pensez à ce qu'ils ont légué d'important : un société intégrante, des mesures sociales qui servent de modèle au monde, des collectivités fortes et sécuritaires, le respect des différences et la compréhension de ce qui nous unit.

Chaque gouvernement libéral a été en mesure d'actualiser la pertinence des grandes valeurs libérales. C'est la tâche qui nous attend aujourd'hui. C'est ce que les Canadiens veulent que nous fassions.

Et il importe de s'en rappeler aujourd'hui alors qu'on parle d'unir la droite.

Un tel mariage vous donne le frisson. Je ne veux même pas penser à quoi ressembleraient ses enfants. D'un côté les conservateurs. Et je connais 42 milliards de raison pourquoi les Canadiens ne sont pas prêts de leur refaire confiance. De l'autre côté il y a le Parti réformiste. J'ai été élu pour la première fois à la Chambre des communes il y a 35 ans... et, avant l'arrivée des réformistes, je n'avais encore jamais vu personne faire un tel cirque à la Chambre des communes.

Lorsque nous formions l'opposition, nous étions coriaces. Vous vous souvenez de certains de nos collègues de l'époque. Toutefois, les Sheila Copps, Brian Tobin, Don Boudria et même John Nunziata n'ont jamais craint de répéter à l'extérieur de la Chambre des communes ce qu'ils avaient déclaré dans son enceinte.

Des attaques personnelles, des insultes, une rhétorique qui divise en opposant région contre région et Canadiens contre Canadien, un langage codé et de l'intimidation... voilà bien la marque de commerce du Parti réformiste. Il ne leur suffira pas de s'envelopper dans le drapeau national pour cacher cette réalité monstrueuse aux Canadiens.

Mesdames et messieurs, qu'elle s'unisse la droite. Nous les attendons de pied ferme les « réfor-vateurs » qui veulent éliminer le régime public de pensions... qui pensent que l'endroit de votre naissance détermine si vous pouvez ou non devenir premier ministre... et dont les modèles ne sont ni Laurier ni Pearson... Mais plutôt les Nixon et Gingrich.

Les Canadiens et Canadiennes leur diront ce qu'ils ont toujours dit à ceux qui tentent de nous diviser et essaient de faire ressortir nos pires défauts. Ce que les Canadiens et Canadiennes leur ont dit à chaque fois : non, non et non !!

Nous, libéraux, continuons de représenter la grande majorité des Canadiens et Canadiennes qui appartiennent sont modérés et bien ancrés au centre politique. Ces Canadiens sont occupés à tenir la promesse de faire du Canada une terre d'espoir et d'avenir. Ces Canadiens sont occupés à bâtir une nouvelle ère de croissance et de prospérité - un nouvel âge d'or pour le Canada.

Mesdames et messieurs, collègues du Parti libéral, notre vision de l'avenir est celle d'un nouveau siècle nous offrant de nouvelles possibilités et une nouvelle prospérité, une promesse d'une meilleure vie pour nous-mêmes et pour nos enfants et petits-enfants. Notre vision est à la fois ambitieuse et simple.

J'évolue dans la vie publique depuis un certain temps. On a souvent dit de moi, et j'en très fier, que j'étais un politicien « pratique ». J'aime penser qu'on entend par là quelqu'un qui voit à ce que les choses se fassent, quelqu'un qui cherche des solutions. Certains pensent que cela ne peut pas remplacer la vision. Que veulent-ils donc dire?

A ceux-là, je leur répond que la vision n'est pas de la rhétorique politique; c'est un jeune enfant à Rankin Inlet qui est branché sur le monde grâce au Réseau scolaire canadien et qui apprend que d'autres à Toronto, à New York et à Tokyo trouvent fascinante sa vie dans l'Arctique; c'est une mère célibataire travailleuse de Surrey, en Colombie-Britannique, qui, à la nouvelle qu'on lui a octroyé une bourse du millénaire, commence une nouvelle vie; c'est un enfant du centre-ville de Montréal, qui est né en santé parce que sa mère a pu profiter d'un programme d'alimentation prénatale. C'est un enfant de Brandon sur le chemin de l'école, vêtu convenablement, après avoir avalé un bon déjeuner, grâce à la Prestation fiscale canadienne pour enfants. C'est un enfant au Cambodge ou en Bosnie, qui peut encore s'attendre à jouer dans un grand champ, parce qu'un pays comme le Canada a fait preuve de leadership pour l'élimination des mines terrestres. C'est un gouvernement qui se préoccupait assez de l'avenir de nos enfants pour éliminer à tout jamais le fardeau du déficit qui pesait sur les espoirs et les rêves d'une génération tout entière.

Une vision, pour moi, et pour la plupart des Canadiens, je pense, c'est simplement la promesse incroyable qu'incarne la vie canadienne. Le Canada a tenu cette promesse envers les enfants de la famille Chrétien de Shawinigan, et envers tant d'autres. Mon engagement envers vous est d'aider à faire en sorte que cette promesse soit tenue pour les jeunes Canadiens d'aujourd'hui. Une vision, mesdames et messieurs, c'est des gens ordinaires qui s'entraident et qui rendent service à leur pays.

Dans quatre ans, quand nous regarderons tout ce que nous aurons accompli au cours de notre second mandat majoritaire, voici ce que nous verrons : nous aurons investi dans l'avenir des Canadiens et des Canadiennes pour mieux les préparer pour le vingt-et-unième siècle.

En luttant contre la pauvreté des enfants, nous aurons aidé ceux qui sont les plus vulnérables. Nous aurons réglé des problèmes qui affligeaient sérieusement le système de soins de santé. Nous aurons remis de l'argent dans les poches des contribuables en réduisant considérablement les impôts. Et nous aurons réduit le fardeau de la dette nationale.

C'est la vision libérale à l'oeuvre. Ce sont les valeurs canadiennes à l'oeuvre. C'est notre promesse aux Canadiens et aux Canadiennes.

A ce moment-là, les libéraux seront prêts à entreprendre leur troisième mandat majoritaire.

Mesdames et messieurs, en 1990, vous m'avez accordé un grand honneur et confié une lourde responsabilité. Et je crois qu'ensemble nous continuerons à faire du Canada un modèle et un exemple pour le monde au XXIe siècle -- au début du nouveau millénaire.

Une société qui a du coeur, qui croit à la générosité et à la confiance; une société qui croit au partage; une société qui croit qu'il est possible d'être différents et égaux en même temps; une société à l'intérieur de laquelle -- peu importe votre langue, votre religion, la couleur de votre peau -- nous pouvons tous être égaux... parce que le Canada est -- et demeurera -- le meilleur pays au monde.

Vive le Canada !

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